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ENTER SHIKARI @ La Cigale (02/02/15)

Déjà plus d’un an qu’Enter Shikari ne s’était pas produit sur les terres françaises, composition du quatrième album oblige. C’est dans une Cigale loin d’être sold out (les balcons étant fermés et par conséquent, vides) mais survoltée que l’on retrouve enfin le quatuor de St Albans, pour la première date de son “The Mindsweep Tour”.

Rares sont les groupes français capables d’ouvrir pour Enter Shikari, qui plus est à La Cigale. C’est pourtant la tâche confiée à MERGE, et relevée avec brio. On aurait pu, en vue du contexte, s’attendre à déceler les signes d’un stress profond ou les voir crouler sous la pression. Que nenni. La formation, bien consciente de l’opportunité qui lui est offerte, donne son maximum avec des titres comme “Wolf’s Dagger”, “Ecclesiast”, ou encore “Joy Illusion” pour convaincre une audience qui n’est, pour la majeure partie, pas familière au groupe, mais qui apprécie cependant ce qu’elle entend et ce qu’elle voit, à savoir quatre musiciens aussi appliqués qu’énergiques, menés par un Anthony (chant) ultra communicatif et investi, n’hésitant pas à investir la fosse afin d’encourager les premiers rangs à participer activement au set. Une jolie petite réussite pour un groupe prometteur. Souhaitons le meilleur pour Merge.

 

 

Maintenant place à un trio déjà familier pour les chanceux présents à La Flèche d’Or l’année dernière : ARCANE ROOTS. Livrant un rock planant, vacillant entre math et prog, les musiciens bougent peu, mais réussissent tout de même à captiver une bonne partie de l’audience et offrir une musique enivrante grâce à une harmonie parfaite entre la puissance des instruments et la voix transcendante d’Andrew Groves. La poignée de fans au rendez-vous devra se contenter de seulement cinq chansons comprenant “Resolve” ou même “Energy Is Never Lost, Just Redirected”, mais ce n’est que partie remise car on espère revoir rapidement les Anglais !

 

 

Les Anglais, justement, parlons-en. L’heure fatidique approche et, comme il y a deux ans dans cette même salle, le décompte sonore est de retour, annonçant le groupe tant attendu par un “showtime in ten minutes!”. 21h, les lumières s’éteignent. Backdrop à l’effigie du dernier effort musical et guirlandes lumineuses futuristes, place à la tête d’affiche. Ce début de tournée s’inscrit surtout comme l’ère du changement pour ENTER SHIKARI. En effet, exit la fédératrice “System/Meltdown” en chanson d’ouverture, c’est la très récente “The Appeal & The Mindsweep I” qui prend la relève et la foule est en transe dès les premières paroles récitées par Rou Reynolds. Pas de “Sorry You’re Not A Winner”, de “Solidarity” ou de “Zzzonked” non plus, les Britanniques mettant l’accent sur leur dernier –excellent- opus, “The Mindsweep“. Qu’importe, le résultat reste le même : ce soir, on voit Enter Shikari, et par définition, on ressortira de la salle avec au mieux quelques bleus, au pire son clinquant iPhone 6 éclaté en milles pièces sur le sol ET la mâchoire cassée, mais dans tous les cas, avec des étoiles dans les yeux (et un peu trop de transpiration sur le corps). “Destabilise” résonne, les musiciens mouillent la chemise et le plancher de La Cigale vibre (pour de vrai) sous les sauts des fans, qui s’égosillent dans la bonne humeur, fredonnant même la partie instrumentale précédant le refrain. Mais que serait Enter Shikari sans sa petite dose de surprises ? Ni une ni deux, le frontman, qui était quelques secondes auparavant sur scène, se retrouve désormais au beau milieu des fans installés dans la coursive de la salle avant d’entamer le discours enflammé de “Gandhi Mate, Gandhi”, ponctué d’un “WE’RE SICK OF THIS SHIT!” repris à l’unisson, digne des Choristes version post hardcore. Toutefois, c’est malheureusement un Enter Shikari plus modéré dans ses coups de folie que l’on retrouve ce soir, eux qui nous avait habitués à courir, sauter, nager dans la foule, monter sur les épaules de leurs acolytes, casser le décor quand ils avaient un peu trop bu ou escalader tout ce qui était escaladable lors de leurs précédents shows dans la capitale. Peut-être était-ce dû à la fraîcheur de cette tournée, peut-être étaient-ils trop concentrés à s’appliquer sur les chansons cadettes que sont “The Last Garrison”, “Never Let Go Of The Microscope”, “Myopia” ou “Torn Apart” (jouée pour la première fois), qui, malgré une certaine perte de profondeur en live et du côté très épique présent sur l’album, rendent tout de même bien. On ne leur en veut pas car 1) ils sont gentils. 2) ce sont des petits génies. 3) Rory C avait une jolie chemise. Et surtout, le temps fera les choses. Le concert n’en demeure pas moins efficace, preuve à l’appui avec l’indescriptible “Motherstep 2.0/Mothership” et son important jeu de lumières à en faire criser Ian Curtis. Tout passe à une vitesse folle lorsque l’on s’amuse, et il est déjà l’heure de la dernière chanson, “Anaesthetist”. La salle est à nouveau sans dessus dessous, la bande part, puis revient pour le rappel. Le staff installe un piano. Un ange passe. C’est beau. Rou s’installe et un peu stressé, informe la foule que c’est la première fois qu’il va jouer “Dear Future Historians…”, et par conséquent, qu’il se fait littéralement pipi dessus (les premiers rangs pourront confirmer). Elle est, sans surprise, merveilleusement bien interprétée et sera acclamée aux dernières notes, avant que l’hystérie reprenne avec la bonus track du dernier opus, “Slipshod”, pendant laquelle le vase placé sur le piano sera gaiement brisé par Mr Reynolds, en référence au clip. Il est cette fois-ci réellement l’heure de la dernière chanson. Le “come and join the party, leave anxieties behind!” annonce “Sssnakepit”. Enter Shikari remercie sincèrement le public, quitte la scène, et laisse derrière lui une Cigale en pagaille.

 

 

Pogos, moshing, stagediving et même chenille humaine (parce qu’il faut bien remplacer les pyramides humaines de “Sorry You’re Not A Winner” d’une manière ou d’une autre), force est de constater que l’assemblée, qui semblait avoir révisé les paroles aussi assidument qu’une dictée, s’en est donnée à cœur joie. Une ambiance électrique pour une formation toujours au top, et en somme, un retour réussi pour les Britanniques, toujours aussi bien accueillis en France !

Setlist :

The Appeal & the Mindsweep I
Destabilise
Radiate
Gandhi Mate, Gandhi
The Last Garrison
Juggernauts
Never Let Go Of The Microscope
Myopia
Torn Apart
Interlude
Stalemate
The Paddington Frisk
Motherstep 2.0/Mothership
Anaesthetist
—-
Dear Future Historians…
Slipshod
Sssnakepit