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DROPKICK MURPHYS @ Zénith (16/02/18)

Quand le Zénith décide de se mettre au vert, il ne fait pas les choses à moitié. Deux soirées pour fêter la Saint Patrick avec un mois d’avance, voilà le champ libre donné aux Dropkick Murphys. Accompagnés cette fois des Flogging Molly, la bande de Boston emprunte le rythme de croisière de Motörhead en terme de fréquentation de cette même salle parisienne, un challenge de taille.

Le froid des rues de Dublin se répercute sur notre capitale et les robustes gaillards en kilt n’ont pas froid qu’aux yeux. C’est une invasion de casquettes irlandaises et de T-shirts arborant des trèfles qui arpente le passage pavé avant de nous retrouver devant les grilles. Une fois à l’intérieur, le stand de merchandising est tout aussi pris d’assaut que les nombreux espaces dédiés à la vente de bière. Le bémol majeur réside dans le fait que la Guinness n’est pas au rendez-vous, même à titre exceptionnel. La foule se masse doucement vers la scène, les camarades se relayeront pour faire la file d’attente aux comptoirs.

Présenté en grandes pompes, GLEN MATLOCK monte sur scène muni d’une guitare acoustique pour interpréter une petite compilation de ses meilleures compositions. Au programme, du Sex Pistols et de l’Iggy Pop. Comment donc ? Qui est cet homme aux allures de chanteur de Nashville qui ne fait pratiquement que des reprises ? Tout simplement le bassiste originel des Sex Pistols, remplacé au pied levé par le tristement nommé Sid Vicious pour divergences avec Johnny Rotten. Matlock, en bon prince, enregistre quand même la majorité des sessions de basses de “Nevermind The Bollocks, Here’s The Sex Pistols” (1977) avant d’être oublié par l’Histoire tout en continuant à collaborer discrètement avec d’autres musiciens. Le court set ne bénéficie pas d’une qualité optimale, Matlock jouant seul et de façon non amplifiée. Bassiste qui se débrouille bien à la guitare, la question du chant se pose tout de même. Le Zénith n’est pas connu pour son acoustique, et même si la base du punk est présente, elle ne fait pas le poids contrairement à ce qui va suivre. On regrette de ne pas avoir découvert ou redécouvert cet artiste avec une autre formation. Même en étant loin d’être très réceptive, la foule donne à Glen Matlock les honneurs qu’il mérite.

 

 

Une fois les vessies vidées et les gobelets remplis, les FLOGGING MOLLY continuent dans la lancée de la ponctualité de cette série de concerts. “The Hand Of John L. Sullivan” démarre en trombe, et nous voilà en route avec Dave King et ses acolytes. La chevelure du chanteur est devenue immaculée, mais le temps n’a pas de prises sur sa musique et son énergie. La fosse s’enflamme et va crescendo au fur et à mesure des titres, de “Swagger” à “Drunken Lullabies”. Un set de lumières plutôt sobre s’active pour une ambiance survoltée, ne laissant guère le temps de souffler pour nous insuffler un lot d’émotions qui nous va droit au cœur. Le punk celtique a toujours de beaux jours devant lui, comme le démontre les sept musiciens. Entre chaque morceau, King y va de son petit mot, allant de la brève élocution à l’anecdote personnelle. Il est fier d’être ici, entouré de ses amis et de son public pour célébrer ses racines irlandaises. “Devil’s Dance Floor” sera l’un des morceaux les plus dynamiques de la soirée, avant que vienne une légère accalmie entre la présentation de la chère et tendre de King, Bridget Regan au violon et à la flûte irlandaise, et l’hommage à toutes les victimes du Bataclan en leur dédiant “If I Ever Leave This World Alive”. Le temps de reprendre sa respiration et de digérer cette douce influence des Pogues, “The Seven Deadly Sins” retentit et il est de bonne guerre de donner tout ce que l’on a pour les Flogging Molly. Du moins, essayer de leur donner autant que ce qu’ils nous ont donnés ce soir.

 

 

Les boys de Los Angeles nous ayant laissé avec les pieds en sang, nous commençons à nous demander dans quel état nous étions prêts à finir avec les boys de Boston. Le noir complet se fait tandis que la chanson de Sham 69, “If The Kids Are United”, s’élève. “The Lonesome Boatman”, issu du dernier album de DROPKICK MURPHYS, sert d’introduction avant d’embrayer sur “Famous For Nothing” qui met instantanément le feu aux poudres. Jeu de lumières très verdoyant, Al Barr arpente la scène et accompagne de son chant entraînant la voix de Ken Casey, campé sur ses appuis en balançant ses lignes de basse. Tim Brennan passe de la guitare à l’accordéon avec aussi d’aisance que la formation enchaînant ses morceaux les plus célèbres, de “Johnny, I Hardly Knew Ya” à “Rose Tattoo”. “Paying My Way” est déjà anoblie, chanson culte dont l’audience reprendra l’intégralité des paroles.

 

 

Place également aux reprises, avec un “Folsom Prison Blues” qui aurait pu faire pleurer de joie le père Cash, et l’émouvante reprise de Rodgers Et Hammerstein, “You’ll Never Walk Alone”. La salle est en ébullition constante sur un show que la plupart d’entre nous connaît déjà. Entre nous, il est impossible de s’en lasser tant il est exécuté avec passion et honnêteté. Le final en apothéose, avec les hymnes “The Boys Are Back” et “I’m Shipping Up To Boston”, voit une horde féminine venant de l’auditoire monter sur scène et finir dans une bonne humeur indescriptible. C’est aussi ça, le charme irlandais. Passer un formidable moment et en profiter comme s’il s’agissait du dernier.

 

 

Alors que nous quittons la salle des cornemuses et des mélodies aux banjos en tête, nos corps respectifs se réveillent et commencent à nous faire comprendre qu’il faut se mettre le plus rapidement au lit avec un petit thé au miel. C’est bête, ils ne savent pas encore que nous prenons la direction opposé de la maison pour s’enfiler des pintes de Guinness en bonne compagnie, tout en sachant que le cycle se reproduira à la prochaine venue des boys. Il faut l’admettre, ça nous manque déjà. “We’ll meet again”.

Setlist :

The Lonesome Boatman
Famous For Nothing
I Had A Hat
Worker’s Song
Johnny, I Hardly Knew Ya
Heroes From Our Past
First Class Loser
Gonna Be A Blackout Tonight
Prisoner’s Song
Paying My Way
Citizen C.I.A.
Rose Tattoo
Captain Kelly’s Kitchen
Time To Go
Cruel
The State Of Massachusetts
Folsom Prison Blues
Going Out in Style
You’ll Never Walk Alone
The Hardest Mile
Out Of Our Heads
—-
The Boys Are Back
Kiss Me, I’m Shitfaced
I’m Shipping Up To Boston