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CRX @ La Maroquinerie (29/06/18)

The Voidz, Little Joy, carrières solos, si les fans de The Strokes doivent souvent prendre leur mal en patience pour avoir droit à un album ou à une tournée, les différentes pauses du groupe de New-York ont au moins permis le développement d’une multitude de ramifications à se mettre sous la dent. Dernier en date à s’être pleinement jeté dans un projet perso, le compère guitariste d’Albert Hammond Jr Nick Valensi a fondé en 2013 son propre groupe, CRX. Et si le quintette a publié son premier album, “New Skin”, en 2016, il n’était jamais venu le présenter en France. C’est donc pour réparer cette grossière erreur que la bande a finalement investi La Maroquinerie.  

Premiers pas en France, peu de promo ou perspective de passer la soirée sous terre alors que les thermomètres s’affolent dehors peu réjouissante, c’est face à une salle clairsemée que BOPS assure la première partie. Mais avec son garage délicieusement pop et rétro, la fratrie rennaise se glisse facilement l’assemblée dans la poche. Ligne de basse puissante, harmonies diablement efficaces, rythmiques souvent furieuses, parfois pesantes, le tout est frais, fortement teinté 60’s mais moderne, incisif mais entêtant. La recette BOPS fait saliver grâce à un savant équilibre entre explosions électriques et euphorie contagieuse. Parmi les titres du premier album du trio, publié l’année dernière, c’est surtout “Fantasia” qui marque. Choeurs fédérateurs, guitare explosive à mi-chemin et toujours ce riff, emprunté au Disney du même nom, trottant en toile de fond, difficile de se sortir ce morceau de la tête une fois qu’on l’a entendu. Un joli coup de cœur.

 

 

La Maroquinerie s’est légèrement remplie, mais la salle est encore loin d’afficher complet. Mais qu’importe, les cinq membres de CRX s’emparent de la scène. À leur tête, le Strokes Nick Valensi qui, armé de sa guitare, s’installe au micro. Choix surprenant, c’est avec son dernier single tout juste publié, “Love Me Again”, que la bande de Los Angeles ouvre. Et déjà, l’ombre de Josh Homme vient planer sur scène. Car si CRX est ce soir à Paris, c’est notamment parce que Queens Of The Stone Age le promène actuellement à travers l’Europe pour assurer sa première partie. L’histoire du groupe est intimement liée à celle du géant rouquin puisque c’est lui qui a produit son album, et cette influence s’entend, même sur ses nouveaux morceaux. Des intonations traînantes du chanteur aux rythmiques pesantes et riffs déglingués, la patte Homme est bien là, aussi bien sur la torturée “Give It Up” que sur l’excellent “Broken Bones”. Mais quand le quintette joue “Crash”, on retrouve plutôt la formation mère du leader. Mais CRX sait aussi bien s’éloigner sur des sentiers moins battus et imposer une patte plus indépendante, comme sur “Slow Down”, “Monkey Machine” ou encore “One Track Mind”.

 

 

Comme pour se rattraper de n’être pas venu plus tôt, la bande, en plus de jouer des titres extraits de “New Skin”, s’aventure aussi à jouer de tout nouveaux morceaux. “Si c’est pourri, dites le nous après le concert”, glisse le chanteur avant d’entamer l’un d’eux, “Falling”. Plutôt discret au départ, le quintette se détend peu à peu au long du set. Nick Valensi prend de plus en plus la parole, que ce soit pour faire entonner à la salle entière “Joyeux Anniversaire” pour un membre de son équipe, expliquer la prononciation du nom du groupe ou chanter les louanges de La Maroquinerie. De l’amour, il en distribue également à la pelle pour la France, rappelant que sa mère est française et qu’il a grandi en partie à Bordeaux. Et promis, il ne dit “pas la même chose en Allemagne !”.

 

 

À défaut de posséder un charisme énorme, le groupe dégage une réelle sympathie, que le public lui rend bien. Quand le leader lui demande, avant d’entamer une reprise du “Girl U Want” de Devo, quel est l’endroit parfait pour faire la fête ce soir à Paris, tout le monde tombe d’accord pour dire que c’est ici et maintenant. Bien que calme pendant toute la soirée, l’assemblée fait preuve d’un soutien ultra chaleureux. Si bien qu’après avoir secoué La Maroquinerie avec la tempétueuse “Walls” et avoir fait ses adieux, CRX se fend d’un rappel. Mais pas l’un de ces rappels artificiels planifiés à l’avance. Ramenée sur scène par les acclamations, la bande confie ne pas y être trop habituée et joue son tout premier single, le plus pop “Ways To Fake It”. Un dernier “on apprécie les gars” glissé dans un français impeccable par Nick Valensi et le groupe clôt définitivement son tout premier concert parisien qui, malgré une identité du groupe encore un peu floue, ne peut qu’être qualifié de réussi.