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CROSSFAITH @ Le Trabendo (14/03/16)

S’il y avait bien une date à ne pas manquer pour ceux qui souhaitaient briser la monotonie musicale et égayer leur quotidien grâce aux deux ovnis musicaux, c’était bien Crossfaith et The One Hundred. Une date qui sentait la fête à plein nez !

Après une longue attente, c’est devant une salle encore peu remplie que retentit l’intro des Britanniques de THE ONE HUNDRED. Les garçons, qui n’avaient pas participé aux dates françaises de la tournée de Papa Roach l’année passé, ont finalement franchi la Manche. Si les premières notes de “Kingsmen” chantées dans une autre tonalité ne semblent pas haranguer les foules, ce n’est qu’une question de secondes avant que le groupe ne déferle les passions. Ils ont beau être jeunes, les Anglais savent comment mener un show par leurs morceaux efficaces et incisifs. On se perd au rythme des breaks, on se cogne, se mélange, se ramasse, se porte. Il n’y a plus de règles ni de lois qui préexistent à ce moment. L’on suit les paroles de Jacob qui devient le leader de cette nouvelle forme d’êtres. Ainsi, lorsqu’il clame “the grass ain’t greener on the other side”, nous le croyons sur parole, car personne à ce moment n’a envie d’aller voir ailleurs ce qu’il se passe. C’est ici et maintenant. Un débordement de ce trop plein de joie et d’énergie qui grandit à mesure des morceaux. Entre ceux repris par le public ou les nouveaux titres proposés que sont “Monster”, “Disengage”, ou “Hand Of Science”, qui seront les surprises de la soirée. L’échange est riche et fusionnel, comme si la petite centaine de personnes présentes ne faisait plus qu’un. Nous étions The One Hundred. Une nouvelle race est née, qui ne se laisse pas abattre et lutte dans ce pit, pour ne pas devenir les zombies tant aimés et chantés par le frontman. Cassés, abîmés, mais vivants. Et la chute qu’est “Downfall” n’est là que pour mieux se relever et sauter plus haut.

 

 

Il est temps pour CROSSFAITH de faire son entrée au Trabendo, qu’il foule pour la seconde fois de sa carrière, la dernière fois étant en compagnie de Skindred. Les musiciens ouvrent les festivités sur “System X”, chanson ouvrant le dernier album, “Xeno“. Cette entrée en matière magnifie toute la richesse de ce terme “étranger” : l’étrangeté de ce son hors-norme, mais aussi celle qui n’existe plus à travers la musique. Le chanteur nous touchera quelques mots à ce sujet, en exprimant que nous avons beau avoir des origines différents, du sang différent, une couleur de peau différente, un langage différent, etc. Plus aucune différence n’existe avec la musique. Nous ne sommes plus qu’un. Filant ainsi la métaphore créée avec The One Hundred. Et c’est bien cela que la formation compte faire savoir et célébrer. “Raise Your Voice” est ainsi le premier mot d’ordre de ces festivités. Il ne faut plus se taire, mais s’exprimer, et partager.

 

 

Et le partage, ces Japonais connaissent bien. Ils n’hésitent pas à s’approcher au plus près de l’audience, en montant sur les enceintes, ou en s’élançant corps et âmes dans la foule. La salle de concert s’est transformée en une masse informe, qui se colle jusqu’à fusionner. Les premiers rangs sont couchés sur la scène, les artistes au-dessus d’eux. On s’échange sourires et signes de main, y compris des doigts d’honneurs mêlés à des rires sur “Eclipse”. Le titre “Madness” aurait été approprié. Tamano Terufumi (claviers/machines) ne cesse de bondir dans tous les sens, monter sur son clavier, grimacer, jouer avec les fans. Mais il y aura peu de moments comparables à celui où les garçons joueront “Wildfire”, sur lequel Benji Webbe (Skindred) ne sera malheureusement qu’un enregistrement : on danse, on rit, on se met à genoux pour ensuite sauter à l’unisson, on se filme. Rien ne semblerait pouvoir mieux résumer l’esprit festif de la soirée. Pas même le délectable solo de batterie d’Amano Tatsuya lors du rappel, ni même l’explosive reprise du “Omen” de The Prodigy. C’était une “Devil’s Party”, diaboliquement entraînante, si bien que l’on n’aura aucun scrupule à chanter “Countdown To Hell”. Si l’enfer ressemble à ça, on signe tout de suite. Si les coups reçus dans le pit font partie du chemin de croix, c’est un plaisir de les subir, car nous avons foi en ce que nous propose le quintette.

 

 

“We are the evolution. Take charge of your own transformation. You need a revolution. […] Wake up your brain come through the strom. […] The future starts today”. Ces paroles de “The Evolution” résument parfaitement cette soirée. The One Hundred et Crossfaith ont tous deux donné naissance à une nouvelle génération, et la tempête qui s’est opérée pendant le concert nous a changé, libéré, comme sortis du purgatoire.

Setlist :

Xeno
Raise Your Voice
Ghost In The Mirror
Eclipse
Wildfire
Photosphere
Scarlett
Devil’s Party
Countdown To Hell
—-
Omen
Monolith