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BRING ME THE HORIZON @ Bataclan (15/11/13)

Après la sortie de “Sempiternal” ayant emmené le groupe, jouer, aux quatre coins du monde, le départ du guitariste Jona Weinhofen, l’arrivée de la nouvelle recrue Jordan Fish au clavier et la notoriété poussée à un niveau supérieur, Bring Me The Horizon est de retour dans la capitale. Parti (ou plutôt assis) à la rencontre de quelques centaines de fans au Landscape Rockshop de Bastille pour une séance de dédicace ayant fait moultes heureux, le groupe est plus attendu que jamais pour un concert sold out. Un concert sous fond de soirée décisive puisque la crédibilité du quintette est en jeu en vue de la catastrophe que fut leur dernière prestation au Bataclan en 2011. Pari réussi à 1000%.

La soirée commence avec SIGHTS AND SOUNDS qui a pour tâche de chauffer la salle. Un groupe dynamique inconnu pour la majeure partie de l’audience, mais qui offrira un set qui divisera l’opinion. Originaire du Canada, la formation, vaguant entre rock, punk et pop, fera preuve de beaucoup d’énergie et de punch pour certains, mais sera au contraire trop répétitif pour d’autres. Bilan mitigé donc pour un set demeurant tout de même agréable, le public du Bataclan, qui est déjà bien rempli, est néanmoins de très bonne humeur et prêt à accueillir la deuxième première partie, les mexicanos de Pierce The Veil !

Qu’on apprécie ou pas PIERCE THE VEIL, il parait impossible de nier la présence scénique du quatuor, bien décidé à faire trembler la salle parisienne. Alors qu’un pit se forme au centre de la fosse, une grosse ambiance se fait sentir avant même que le show ne commence. Le suspens prend fin lorsque le public est soudainement plongé dans le noir et que les cris se font entendre au commencement de “Bulls In The Bronx” : les fans de la bande se distinguent rapidement des personnes venues simplement pour la tête d’affiche, et c’est un groupe motivé que Paris accueille en cette fraîche soirée. Dans le public, ça entonne les paroles de “Hell Above”, “Bulletproof Love”, “Hold On Till May” ou encore la célèbre “Caraphernelia” au chant garanti sans fausse note par Vic Fuentes. Sur scène, on perçoit des regards et sourires enjoués et complices de la part des musiciens, Jaime Preciado (basse) attrapant même pendant le concert un drapeau tricolore envoyé par la team Pierce The Veil France, avec lequel il s’amusera jusqu’à la fin du set. Il est l’heure de la dernière chanson, et pas des moindres : “King For A Day”, qui sera reprise en cœur par un public au taquet. Une bonne performance convaincante qui aura le don de faire oublier à une poignée de l’audience ses aprioris sur le groupe ou sur sa capacité à enflammer une salle !

 


Une petite pause et ça repart, alors que le Bataclan est désormais complet, les lumières s’éteignent à nouveau, ne laissant paraître par fraction que les imposants éléments de décoration du background aux initiales BMTH pour BRING ME THE HORIZON. Il est l’heure pour la tête d’affiche de se présenter devant un parterre de fans chauffé à bloc, et c’est dans une euphorie totale que les britanniques font leur entrée, rejoints rapidement par le charismatique Oli Sykes (ou “Oliiiiiiii !!!!” pour les intimes, crié d’une voix adolescente aigue) qui, après avoir patienté une petite minute devant son pied de micro sous les jeux de lumière, annoncera le début de ce concert sous les notes de “Can You Feel My Heart” en encourageant le public à sauter. C’est une audience parisienne ultra réceptive qui exécutera la demande de tout son souffle et son élan, et qui ne tardera pas à réitérer l’action pendant la chanson suivante, “Shadow Moses”, la formation défendant à merveille son dernier bijou en date “Sempiternal“. Retour cinq ans en arrière avec un célèbre titre issu de “Suicide Season”, “Diamonds Aren’t Forever”. Un wall of death se forme et le frontman commence à peine à chanter “We will never sleep, ‘cause sleep is for the weak…” que les fans enchaînent avec “… And we will never rest, till we’re all fucking dead!” alors que les deux parties de la fosse se jettent l’une sur l’autre avant de finir en pogos/moshpit. Le concert poursuit son chemin et les sonorités électro sont de retour avec “Go To Hell For Heaven’s Sake” au refrain scandé par le millier de parisiens. Alors que l’énergie, la puissance et la rage battaient jusque là leur plein, l’émotion n’avait pas encore été exploitée par les britanniques dans l’enceinte du Bataclan. Mais chose promise chose due : sortez les mouchoirs et allumez les briquets car comme l’indique Jordan Fish sur son clavier, le titre sur le point d’être joué n’est autre que “And The Snakes Start To Sing”, interprétée d’une voix poignante par Sykes, alternant merveilleusement clean vocals et scream. La setlist s’enchaîne et le public parisien, tout aussi excellent que le combo, s’extasie aux premières notes de “It Never Ends”, magistralement interprété, et s’empresse de hurler les lyrics tout en faisant trembler le plancher de la salle. Mais alors que l’ambiance, la violence et le taux de transpiration étaient montés d’un cran, voilà la deuxième pause douceur et (très bonne) surprise de la setlist : l’inespérée “Deathbeds”. Normalement interprétée en duo avec la tatoueuse britannique – et accessoirement petite-amie du chanteur – Hannah Snowdon, ce sera tout seul qu’Oli assurera le chant. Fini les problèmes de cordes vocales et de substances illicites qui avaient contraint le créateur de “Drop Dead” à livrer une prestation désastreuse dans la même salle deux ans auparavant, l’un des “pires moments” du chanteur, nous avait confié le chanteur lors de notre rencontre, plus tôt cette année. Ce soir, malgré quelques imperfections vocales demeurant, c’est un concert comblant largement toutes les attentes qui est en train de prendre forme. Pas le temps de chômer cependant, car si certains ne connaissent pas les paroles de “Deathbeds”, le monde entier (ou du moins, le public du Bataclan) connait celles de “Chelsea Smile”, ou la chanson ayant, avouons-le, accompagné la période emo de tout ancien adolescent mécheux de quatorze n’étoiiles… Ambiance maximale donc, qui atteindra son zénith avec la – fausse – dernière chanson “Antivist”, tout en haine et marée de middle fingers dans le public (1500 majeurs x2, ça en fait des doigts levés…).

 

 

Le set touche à sa fin et BMTH quitte la scène sous un tonnerre d’applaudissements, mais reviendra évidemment quelques minutes plus tard pour un rappel du feu de dieu : “Blessed With A Curse” suivie de la – vraie – dernière chanson, “Sleepwalking”, qui poussera Oliver à faire un petit saut dans les premiers rangs. Des yeux émerveillés se distinguent sur les peaux rouges et humides des fans et des sourires reconnaissants se dessinent sur les visages des membres du groupe, avant les derniers remerciements et au revoir du quintette qui se glissera en coulisses sous une standing ovation.

 


Retour magistral pour BMTH donc, qui aura eu le mérite de combler un public les attendant au tournant. Les doutes et craintes du public s’envolent dès les premiers titres d’une formation musicalement et scéniquement propre, professionnelle, outrageusement efficace et contente de pouvoir refaire ses preuves en France. La mauvaise passe n’est plus que passé, Bring Me The Horizon a définitivement remonté la pente et mérite même tout le succès rencontré avec l’excellentissime “Sempiternal”. On en redemande !

 

Setlist :

Can You Feel My Heart
Shadow Moses
Diamonds Aren’t Forever
The House Of Wolves
Go To Hell For Heaven’s Sake
And The Snakes Start To Sing
Empire (Let Them Sing)
It Never Ends
Deathbeds
Chelsea Smile
Antivist
—-
Blessed With A Curse
Sleepwalking

Crédit photos : Nicko Guihal