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BLOC PARTY @ Zénith (16/10/18)

Après près d’un an de pause faisant suite à la sortie et aux tournées pour l’album “Hymns” (2015), le quatuor anglais Bloc Party leadé par Kele Okereke revient sous les projecteurs dans le cadre d’une courte tournée européenne de six dates autour de l’album phare “Silent Alarm” (2005). Allant d’Amsterdam à Londres en passant par Berlin, Bruxelles et Dublin, cette tournée événement marque également l’arrêt au Zénith De Paris ce mardi 16 octobre, dans un lieu déjà visité par trois fois par les Britanniques. Si l’engouement autour du groupe persiste malgré des sonorités qui s’échappent de plus en plus de l’indie rock aiguisé des débuts, cette soirée sera surtout concentré autour de la nostalgie, puisque le premier disque de Bloc Party y sera joué dans son intégralité pour la première fois sur notre territoire, et ce bien que le chanteur annonçait quatre ans auparavant ne pas être pour les “tournées anniversaire”.

C’est à 20h pétantes que la première partie du jour pose ses pieds sur l’estrade. Tout droit venu d’Australie et signé chez Domino, le projet MIDDLE KIDS vient faire ses premiers pas en France, et non des moindres puisque dans l’une des plus grandes salles parisiennes. Tenu par le complice couple Hannah Joy (chant/guitare) et Tim Fitz (bassiste), l’indie rock bordeline du trio (quatuor sur scène) ne manque pas d’entrain, ni de réussite : du hit “Edge Of Town” à l’outro explosive au plus dynamique et harmonieux “On My Knee” (extraits de l’encensé premier disque “Lost Friends” sorti en mai dernier), la formation se veut moins lisse en live qu’en studio, avec un jeu de scène certes sans artifice mais physiquement communicatif et humble. Dans la continuité de formations comme Alvvays et déjà repéré sur les scènes découvertes de la planète telles que SXSW aux US et The Great Escape Festival au Royaume-Uni, Middle Kids a tous les critères pour conquérir sans difficulté l’Europe, de par son univers rock très actuel, grand public et son patchwork d’influence. A titre informatif, les musiciens seront de retour à Paris le 2 novembre prochain au Supersonic pour un concert gratuit. A ne pas manquer donc !

 

 

“We’re gonna take you back to 2005”. Une heure après le début de la soirée, les Anglais de BLOC PARTY débarquent, non sans une pointe de nostalgie. Présents ce soir dans le but de célébrer l’album culte “Silent Alarm” (qu’il avait déjà représenté au Zénith De Paris le 14 novembre 2005), c’est donc treize ans plus tard que le groupe retrouve les Français dans cette même salle, cette fois-ci clairsemée de monde. Peu de choses ont changé à une seule chose près : si Kele Okereke (chant/guitare) et Russell Lissack (guitare) sont toujours de la partie, c’est bien le line up 2015 qui s’introduit à nous, à savoir Justin Harris à la basse et Louise Bartle à la batterie. Pas de retour de Gordon Moakes (basse) et Matt Tong (batterie) pour l’occasion.

 

 

Comme inscrit dans le descriptif du concert, au programme ce mardi en intégralité les pistes de “Silent Alarm”, effectivement défendues au Zénith mais ce, d’une facon peu conventionnelle : le disque sera joué à l’envers, soit de la dernière à la première piste ! Alors qu’on aurait pu s’attendre à l’intense “Like Eating Glass” en introduction, c’est donc “Compliments” qui ouvre le bal, non sans déplaire aux fans réagissant dès les premières notes de guitare. S’il est facile de savoir quelle est la prochaine chanson lorsqu’un album est interprété dans l’ordre, de l’autre sens, c’est une autre affaire, offrant un brin de suspense à un set qui s’annonçait originellement en grande partie logique.

 

 

En 2005, Pitchfork décrivait le premier disque avec la phrase suivante : “une sophistication charismatique et une composition exceptionnelle”. Rolling Stone quant à lui écrivait : “des chansons pop acerbes qui crient et qui pleurent, et qui vous touchent au cœur”. Une technicité que l’on ressent encore aujourd’hui sur scène avec par exemple les titres “Luno”, “The Pioneers” ou l’hymne “This Modern Love”, qui laissera place aux premiers confettis du soir. Quant à l’ambiance dans la fosse, tout comme la continuité de l’album, celle-ci se veut progressive : tandis que la fin de “Silent Alarm” est plus planante et simple que le reste, l’approche des premiers morceaux titille amplement le public, qui savoure chaque instant avec passion et prépare les pogos avec attention.

 

 

Si musicalement, il n’y a redire du quatuor, sur scène, l’ambiance est tout autre, avec un Kele Okereke communiquant à sa façon avec l’assemblée et une complicité peu explicite entre les membres actuels, bien qu’en cohésion entre eux (cohésion que l’on pourrait presque détailler comme un automatisme dans la façon d’interpréter les morceaux). Ainsi, après près d’une heure de set activement rythmé par les hits bloc partyien (dont les toujours incroyables “Helicopter”, “Banquet”, “Positive Tension” et “She’s Hearing Voices”), l’aventure “Silent Alarm” finit par explorer les B-sides/bonus tracks de cette période, largement connus de tous depuis l’apparition d’internet. Annoncés “pour les super fans”, “Little Thoughts”, “Two More Years” et “Skeleton” (recommencé une fois suite à un problème de rythme) sont les bonnes surprises de ce show du côté public. Seuls quatre morceaux en dehors cette ère seront finalement joués par le groupe en guise d’au revoir : “The Prayer” et le dansant “Flux” (sans autotune bien sûr) de “A Weekend In The City” (2007), “Octopus” de “Four” (2012) et “The Love Within” de “Hymns” (2016). Un petit digestif toujours agréable qui fait son effet et sonne le glas de façon riche.

 

 

Il n’y a pas à dire : même si Bloc Party a ses qualités et ses défauts, le set autour de l’album “Silent Alarm” et les deux rappels ont largement répondu à nos attentes, ne serait-ce que pour entendre quelques raretés en live des années plus tard. Avec un peu de chance (qui sait ?), peut-être que cette tournée redonnera goût au quatuor de composer des titres indie rock catchy comme d’antan ? L’espoir fait vivre.

Setlist :

Compliments
Plans
Luno
So Here We Are
Price Of Gasoline
The Pioneers
This Modern Love
She’s Hearing Voices
Blue Light
Banquet
Positive Tension
Helicopter
Like Eating Glass
—-
Little Thoughts
Two More Years
Skeleton
The Prayer
—-
The Love Within
Octopus
Flux