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BLACK BOX REVELATION @ Point Ephémère (07/12/18)

Le duo belge de Black Box Revelation écume nos scènes parisiennes depuis dix ans maintenant. En effet, c’est en 2008, en première partie de leurs grands frères et compatriotes dEUS que Jan et Dries ont pour la première fois foulé le sol de notre capitale. Depuis, il n’est pas rare d’avoir la possibilité d’aller danser sur les tubes garage rock de BBR à chaque nouvel album. Cette fois-ci, c’est pour fêter la sortie de “Tattooed Smiles”, son cinquième opus sorti depuis peu, que le duo investit le Point Ephémère. Ce dernier est accompagné par un autre duo, rennais cette fois-ci, Black Boys On Moped.

L’ambiance aux concerts de BBR est toujours bonne enfant et chaleureuse. Le dernier passage au Point Ephémère a eu lieu il y trois ans déjà, alors que Paris était encore sous le choc des attaques du 13 novembre. En avait résulté un concert sauvage qui avait fait du bien à beaucoup de monde. La soirée s’ouvre en dehors de la scène, avec les deux gus de BLACK BOYS ON MOPED qui ont installé leurs instruments (à savoir une batterie et une guitare) en plein milieu de la fosse. Le groupe originaire de Rennes vient présenter son premier album intitulé “Love”. Il s’agit d’un groupe qui envoie un rock puissant, sauvage, punk et instinctif. Si l’énergie est belle, le contact avec le public l’est encore plus avec un frontman multipliant les prises de paroles impertinentes et franchement drôles. La musique ne révolutionne pas le monde du rock mais n’a pas la prétention de le faire et l’énergie et l’honnêteté déployées par la formation compense une certaine redondance dans les titres et un son ne rendant pas hommage aux mélodies. Qu’importe, la salle est chauffée, le groupe semble satisfait et nul doute que les personnes présentes ce soir se souviendront de ce sympathique duo qu’il ne nous étonnerait pas de recroiser tantôt.

Après vingt minutes de changement de soundcheck, les désormais trois musiciens de BLACK BOX REVELATION entrent en scène. En effet, bien que le groupe ne se compose officiellement que de Jan au chant et à la guitare, ainsi que de Dries derrière la batterie, la richesse des arrangements du dernier album a poussé le duo à se faire accompagner par un troisième larron derrière les claviers et qui prendra une seconde guitare de temps à autre. Le concert s’ouvre avec la magnifique “Kick The Habit”, premier morceau qui introduit également le dernier album. Tout en finesse et en nuances, la chanson s’emballe progressivement. De manière générale, on n’assistera pas à un concert sauvage de la part de BBR. Avec un dernier album bien plus maitrisé et “écrit” qu’à l’accoutumée, on sent un groupe bien plus mature et désirant désormais progresser sur les nuances au sein de sa musique ainsi que sur ses qualités de songwriter. La moitié du set sera consacrée à ce nouvel album, ce qui nous permet d’observer que l’apport d’un troisième musicien est nécessaire et franchement utile. Les qualités musicales ressortent désormais bien plus que son énergie et c’est une évolution très agréable à constater et à écouter. Malheureusement, aucun des deux guests du disque, à savoir Seasick Steve et Roméo Elvis, ne pointeront le bout de leur nez sur scène. La formation ne néglige pas pour autant ses anciens albums. “High On A Wire”, “War Horse”, “I Think I Like You”… Autant de tubes que le public chante en s’époumonant, le tout dans une ambiance de franche camaraderie (sauf quand un couple passe sa vie à discuter très fort en tout impunité pendant les chansons. Parfois on aimerait téléporter ces gens au milieu de la fosse d’un concert de Cannibal Corpse). La salle s’embrase même lorsque retentit “Never Alone / Always Together”, véritable hymne qui avait eu une résonance si particulière lors du dernier concert en 2015.

BBR quitte la scène après “I Think I Like You” tandis que l’assemblée, pas dupe, réclame son rappel tant mérité. Le groupe revient pour deux interprétations magistrales de “Gravity Blues” ainsi que de “My Perception” pour conclure le show en beauté. L’espoir d’un second rappel a plané quelques minutes dans la salle mais les lumières rallumées ont ainsi brisés tous rêves.

Qu’importe, soirée réussie pour un groupe qui se taille une jolie réputation et qui mériterait de voir sa fanbase grandir un peu.

Setlist :

Kick The Habit
Mama Call Me, Please
High On A Wire
Lazy St
Built To Last
War Horse
Bur-Bearing Heart
Blown Away
Never Alone / Always Together
Damned Body
Tattooed Smiles
Do I Know You
Love Licks
I Think I Like You
—-
Gravity Blues
My Perception

Nathan Le Solliec
LE MONDE OU RIEN