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ARCTIC MONKEYS @ Zénith (30/05/18)

Quelques semaines après la sortie de son déroutant sixième album, Arctic Monkeys a transformé le Zénith en “Tranquility Base Hotel & Casino” pour deux soirs. Entre atmosphère rétro chic et riffs nerveux, la bande de Sheffield a confirmé son statut de mastodonte.

Alors que le Zénith, plein à craquer pour la deuxième fois consécutive, trépigne dans la chaleur, CAMERON AVERY se charge du premier service. Habituellement croisé à la basse sur scène avec Tame Impala, le musicien revête ce soir un costume de crooner. Veste beige, chemise négligemment déboutonnée, cigarette aux lèvres, Cameron Avery semble sortir tout droit du dernier album d’Arctic Monkeys et son atmosphère surannée et brumeuse. Avec sa voix grave et enjôleuse, il alterne entre compositions poétiques (“Dance With Me”), ballade chic au piano (“C’est Toi”), avant de finir sur la plus sauvage “Watch Me Take It Away” et sa guitare rugueuse. On retient surtout sa cover réussie du “Nightclubbing” d’Iggy Pop, sur lequel l’accompagne Tyler Parkford de Mini Mansions, officiant aux claviers avec Arctic Monkeys sur cette tournée. Si l’attitude de tombeur ténébreux est un poil surjouée, la voix et l’univers délicieusement rétro de l’Australien sont remplis de charme. Mais le public, visiblement venu plus pour pogoter que pour siroter des cocktails dans une ambiance vintage, lui réserve un accueil plutôt froid.

Pourtant, c’est bien cette ambiance vintage, inhérente à “Tranquility Base Hotel & Casino“, qui est d’actualité avec la bande de Sheffield en 2018.  Le “Arctic” passé à la trappe, seules les lettres MONKEYS s’illuminent sur le rideau noir du fond de la scène. Peu après 21h, la scène se teint de rouge sang, ARCTIC MONKEYS grimpe sur scène avec ses musiciens additionnels pour ouvrir avec le nouveau “Four Out Of Five”. Si l’excitation du premier morceau fait hurler tout le monde, c’est la boule de nerfs “Brianstorm” qui donne vraiment le coup d’envoi. Comme pour faire mentir ceux qui les craignaient ramollis suite à la sortie du dernier album, les Britanniques ne laissent aucun répit et remettent immédiatement une pièce dans la machine à pogos avec “I Bet You Look Good On The Dancefloor”. La fosse s’embrase, les gradins sont debout, les pogos redoublent d’envergure.

 

 

Alors qu’Alex Turner marmonne aux gradins de ne pas se rasseoir, la bande freine avec les traînantes “Don’t Sit Down Cause I’ve Moved Your Chair” et “Why’d You Only Call Me When You’re High?”, légèrement réarrangée. Délesté de sa guitare, le frontman, avec ses cheveux plaqués en arrière et sa légendaire attitude théâtrale, se pavane sur le devant de la scène avec une fausse nonchalance qui ravit son audience. Mais elle semble encore plus ravie quand Alex Turner s’installe au piano pour un somptueux “505”, intelligemment suivi de “One Point Perspective”. Des cordes mélodieuses de Jamie Cook et d’Alex Turner, à la rythmique tranquille de Matt Helders et Nick O’Malley, en passant par la voix du chanteur, la technique est irréprochable.

 

 

Si chaque album de la bande a droit à une apparition ce soir, c’est le game changer “AM” (2013), plus que “Tranquility Base Hotel & Casino”, qui accapare une bonne partie de la setlist. Si la cohabitation du nouvel album avec les plus anciens morceaux sur scène ne semblait pas évidente, la bande relève le défi haut la main. L’enchaînement AM “One For The Road” / “Arabella” laisse place au titre éponyme du dernier album et l’évolution semble logique, cohérente. Quant à “She Looks Like Fun” et sa progression chaotique, elle prend une nouvelle dimension live. Seuls cinq morceaux du dernier effort studio sont joués, mais l’assemblée, beaucoup plus enthousiaste sur les nerveux anciens morceaux, semble tout à fait s’en satisfaire. Et c’est vrai qu’il est difficile de rivaliser avec l’explosive “Pretty Visitors”, avec son éclairage rouge sang, les riffs énervés d’un Jamie Cook déchainé et une chorégraphie toujours approximative d’Alex Turner au clavier. Satisfaisant aussi bien les trentenaires se remémorant leur vingtaine que les plus jeunes fans arrivés via “AM”, la première partie du set culmine sur “Crying Lightning” et “Do I Wanna Know?”.

 

 

Un coup de gomina pour Alex Turner plus tard et la bande revient avec le nouveau “Batphone”, malheureusement peu judicieusement placé dans la setlist. L’auditoire veut sauter, “The View From The Afternoon” tombe à pic. La déjà culte “R U Mine?”, couronnée d’une longue prolongation, vient faire bouillir un Zénith déjà brûlant et conclut de manière beaucoup trop prématurée une heure et demi d’un show ardent et maîtrisé. Dommage, pour un groupe de cette ampleur, de ne pas plus tirer profit de son excellente discographie.

Setlist :

Four Out Of Five
Brianstorm
I Bet You Look Good On The Dancefloor
Don’t Sit Down ‘Cause I’ve Moved Your Chair
Why’d You Only Call Me When You’re High?
505
One Point Perspective
Do Me A Favour
Cornerstone
One For The Road
Arabella
Tranquility Base Hotel & Casino
She Looks Like Fun
Knee Socks
Pretty Visitors
Crying Lightning
Do I Wanna Know?
—-
Batphone
The View From The Afternoon
R U Mine?