Reports

A PERFECT CIRCLE @ Olympia (26/06/18)

Le retour d’A Perfect Circle sur le devant de la scène en cette année 2018 a été fait en grandes pompes : nouvel album, tournée mondiale laissant peu de laissés pour compte, promo à tout va. En bref, les fans sont comblés et, quelque part, il fallait au moins ça pour les récompenser de quatorze longues années d’attente depuis le dernier concert parisien de la bande emmenée par Maynard James Keenan et Billy Howerdel. Le rendez-vous était pris, après une courte étape au Hellfest, APC, pour les intimes, pose ses valises à l’Olympia pour un concert qui s’annonce d’anthologie.

En guise d’amuse-bouche, les anglais de BLACK PEAKS prennent possession de la scène de l’Olympia sans crainte ni timidité. La formation distille un post hardcore sauvage, extatique et passionnant. La jeune formation, un album seulement à son actif, mais une aisance scénique réjouissante. Le frontman communique sa joie d’avoir pu accompagner APC sur ce pan de la tournée européenne et de clôturer ce chapitre de leur carrière à Paris et sa joie est récompensée par de chaleureux applaudissements venant d’un public visiblement ouvert d’esprit et sensible à l’énergie débordante des Anglais. Black Peaks reviendra sur nos terres en octobre prochain, à l’occasion d’une tournée européenne en compagnie de notre fierté nationale : The Prestige. Le rendez-vous est pris, on ne peut que vous recommander vivement d’aller jeter un œil et une oreille sur cette prometteuse formation !

 

 

Après un entracte d’une petite demie heure, les lumières s’éteignent à 21h précise. D’abord pour nous rappeler que A PERFECT CIRCLE ne tolère pas que des appareils électroniques fassent leur apparition pour filmer ou photographier le show puis pour lancer la boucle d’intro. On devine les silhouettes de Jeff Friedl, batteur du groupe, de Maynard ainsi que de Greg Edwards, remplaçant de James Iha à la guitare et aux claviers, qui se dessinent petit à petit sur scène. “Eat The Elephant”, titre d’ouverture et éponyme du dernier album du groupe est alors lancé à l’assemblée qui peut se délecter de la clarté du son ce soir. La voix de Maynard, aussi claire et cristalline qu’espérée ressort parfaitement du mix et prouve ainsi que le quintette compte sur cet atout majeur pour conquérir son public. Billy Howerdel et Matt McJunkins entrent à leurs tours en scène sous le chaleureux accueil de l’auditoire. Niveau scénographie, trois plateformes en arrière scène accueillent de gauche à droite Greg, Maynard et la batterie de Jeff Friedl tandis que Billy et Matt se partagent l’avant-scène. Des écrans sont disposés en bande en arrière scène ainsi qu’au dessus du plateau. Y sont diffusées des images abstraites, mélange de paysages, de formes géométriques et autres motifs afin de créer une ambiance collant particulièrement bien aux émotions véhiculées par les chansons.

 

 

Le début du concert joue la carte de l’efficacité avec les tubes “The Hollow” et “Weak And Powerless” lancés dès le premier quart d’heure. Ce que l’on remarque d’ores et déjà, c’est que l’audience est pleinement respectueuse du spectacle qui se joue devant eux. Peut-être trop se diront éventuellement certain, mais écouter de tels chefs d’oeuvre dans une ambiance si bienveillante et attentive est un véritable bonheur. Ce set est l’occasion de constater que les titres du dernier effort studio rendent à merveille en live. La douceur et la poésie de “Desillusioned” nous donne de sacrés frissons et la rage contenue de “TalkTalk” ou de “The Doomed” s’échappe par brèves fuites, enflammant l’Olympia devant une foule en transe. Les musiciens semblent prendre énormément de plaisir à jouer devant une assemblée si réceptive. Maynard effectue quelques prises de paroles teintées d’humour mais servant surtout à remercier un public déjà acquis à sa cause. En retrait sur la scène, comme à son habitude, il distille sa voix si précieuse et emplie d’émotion, restant assez sobre comparé à son habituelle démonstration. Le show est surtout assuré par Billy et Matt en avant scène qui établissent un lien avec la salle en étant très souriants et communicatifs de leur bonne humeur.

 

 

Le groupe tourne à merveille, chaque nuance de chaque chanson est perceptible et ainsi, on peut saisir la moindre émotion émanant de ces morceaux si profonds. Billy prend le chant principal le temps de la brillante reprise de Depeche Mode “People Are People”, tandis que l’Olympia atteint l’orgasme sur “The Noose” et son refrain qui invite la moitié de la fosse à lever les bras vers le ciel comme pour permettre à la magie de s’imprégner encore plus dans leur corps.

 

 

Le temps pour APC de dire au revoir au public parisien arrive bien vite au bout d’1h30 de show. Maynard présente chacun de ses musiciens en leur ordonnant de démontrer sur le moment leurs qualités avec leurs instruments, ce qui donne lieu à un passage hilarant et totalement décalé par rapport à l’ambiance habituelle de la formation qui joue la carte de la sobriété bien plus que celle de la démonstration. Les premières notes de “The Package” résonnent et emplissent de joie un public qui connait par coeur la moindre variation de ce titre long et progressif. Cela aurait pu être une brillante conclusion mais A Perfect Circle décide de s’en aller sur “Feathers”, issue de “Eat The Elephant” et sûrement le morceau le plus déchirant de cet opus. L’apothéose est totale, les nappes de guitares se mêlent une dernière fois aux claviers à la voix de Maynard qui nous arrache nos derniers frissons de la soirée.

 

 

A Perfect Circle était attendu et si personne ne doutait vraiment de la réussite que ce serait ce concert, une telle maîtrise et un tel mur émotionnel est toujours source d’une immense satisfaction. Pour ceux qui en redemandent, le groupe reviendra le 6 décembre prochain au Zénith De Paris. Pour les autres, vous êtes sûrement déjà en train de prendre vos places pour célébrer un immense groupe !

Setlist :

Eat The Elephant
Disillusioned
The Hollow
Weak And Powerless
So Long, And Thanks For All The Fish
Rose
Thomas
People Are People
Vanishing
The Noose
3 Libras (All Main Courses Mix)
The Contrarian
TalkTalk
Hourglass
The Doomed
Counting Bodies Like Sheep To The Rhythm Of The War Drums
The Outsider
The Package
Feathers

Nathan Le Solliec
LE MONDE OU RIEN