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3 DOORS DOWN @ Bataclan (06/03/12)

Il y a des groupes comme Nickelback ou encore Lifehouse, véritables valeurs sûres du rock alternatif US, capable de remplir des stades entiers outre-Atlantique, qui ne passent pas ou trop rarement en France. Quelle fut notre surprise en apprenant au mois de septembre que les sudistes du Mississippi seraient de retour dans la capitale et ce, dans une petite salle. Pour ceux qui l’ignorent, le dernier concert de 3 Doors Down à Paris remonte à… 2003. Nous ne pouvions rater cet évènement ! De plus, les américains ont embarqué avec eux les sud africains de Seether pour ce “Time Of My Life World Tour”.

 

C’est donc du côté du boulevard Voltaire qu’a eu lieu la première soirée rock alternatif de l’année qui plus est, affiche complet. D’où l’infernale file d’attente se prolongeant sur tout le long du boulevard. A l’intérieur de la salle, c’est pas mieux, cette dernière est bondée avec un public très varié, il y a des ados, des trentenaires, des parents… Les fans de Seether s’impatientent sur le coup des 20h et scandent le nom du groupe. Le Bataclan plonge dans l’obscurité : Shaun Morgan (chant), Dale Stewart (basse) et John Humprey (batterie) débarquent sur scène avec le lourd “Gasoline”, titre introducteur de “Disclaimer” (2002). Suite à l’éviction du guitariste Troy McLowhorn l’an dernier, le groupe ne l’a pas remplacé et continue ainsi à trois. C’est donc le frontman à la voix écorchée, qui assure les parties de l’actuel gratteux d’Evanescence. Alors qu’on pensait que Seether ferait un set axé sur le dernier album en date, “Holding Onto Strings Better Left To Fray” paru en mai dernier, il n’en est rien. De “Needles” à “Fine Again” en passant par LA ballade signée Seether “Broken” sur laquelle Shaun et Dale sont seulement tous les deux sur scène munis de leur guitares acoustiques. Tous les gros tubes y passent et l’audience profite à fond du show qui file à la vitesse de l’éclair. C’est le premier moment émotion de la soirée où toute l’audience reprend à plein poumon les paroles en dégainant leurs briquets. Après ce bref moment de répit, le batteur revient sur “Rise Above This” suivi du bluesy “Country Song” où le bassiste alterne entre guitare acoustique et basse électrique. Niveau prestation, le chanteur, se cachant derrière sa tignasse, ne bouge pas trop, restant dans son coin contrairement au crêteux Dale, qui se déplace partout, allant vers Shaun et John, véritable boite à rythme vivante du groupe si bien que le frontman a parfois du mal à le suivre ! Pour ce qui est de la communication, les suds africains se contentent du minimum syndical alors qu’entre les membres, il y a des regards complices, des rires, bref, ils s’éclatent et ça se voit. Au bout de 50 minutes, le show se termine sur “Fake It” et “Remedy” avec son break funky. On a enfin droit à un léger mouvement de Shaun Morgan vers l’avant scène pour saluer la foule avant de revenir quelques secondes à sa place ! Les trois musiciens disparaissent après les habituelles distributions de médiators et baguettes. Du gros son grungy bien crade, excellente première partie !

 

 

Le temps que les roadies installent le matos et surtout la structure surélevée pour l’imposante batterie aux couleurs de l’artwork de “Time Of My Life“, s’écoule une bonne demi-heure. Changement de plateau mais aussi changement d’ambiance ou presque. Les lumières s’éteignent. Sur le mur LED en guise de toile de fond, on voit progressivement défiler la pochette du dernier album en guise d’intro jusqu’à l’arrivée des musiciens sur “Time Of My Life” sous les acclamations du public. Brad Arnold (chant) et Todd Harell (basse) courent partout tels des oiseaux en cage qu’on vient de relâcher. Matt Roberts (guitare), Chris Henderson (guitare) et Greg Upchurch (batterie) se font quant à eux plus discrets et font le “good job”. Plus posé que Seether, certes, mais la formation ne fait PAS que des ballades mielleuses contrairement aux idées reçues. Pour preuve, il y a même des slams dès la troisième chanson “Better Life”. Arrive la première ballade du set, “Away From The Sun”, morceau ayant donné le nom au second opus (2002) qui s’est vendu à plus de trois millions d’exemplaires dans le monde entier. Alors que ce n’est que le début du set, le chanteur s’offre carrément un bain de foule en se jettant dans la fosse en plein milieu de “Changes”. Du côté des vigiles, c’est la panique ! Alors que l’ambiance est à son comble, les musiciens disparaissent et l’écran géant diffuse un message vidéo du frontman faisant un mini speech dont le message d’espoir est : chaque ado est maître de son propre destin. Suite à cette brève interlude, ça repart calmement avec “When You’re Young”, chanson dont le thème rejoint en quelque sorte le précédent discours : la difficulté d’être un adolescent. Sur ce morceau dont les images du clip défilent sur l’écran, Brad Arnold, toujours habité par les paroles qu’il interprète, fait chanter le public à capella sur les dernières notes. Le show s’essoufle ? Que nenni ! C’est reparti avec “Loser”, l’un des premiers succès des sudistes. Dès “Round And Round”, 3 Doors Down a déjà l’audience dans sa poche. L’ambiance ne faiblit pas d’un poil même sur les ballades dont THE chanson intergénérationnelle que tout le monde connait par coeur, l’indémodable “Here Without You”. Vous savez, cette chanson qui éveille en vous tellement de souvenirs amoureux. En live, l’émotion est encore plus intense. Un moment magique qui donne des frissons et où plus rien d’autre n’a d’importance. Après nous avoir emporté encore plus loin que dans les nuages, le chanteur communique enfin un peu plus excepté ses nombreux “God bless you my friends, thank you” à tout va. Brad déclare que c’est de loin le meilleur public de l’actuel tournée même si c’est aussi la plus petite salle comparée aux autres dates. S’en suit des louanges envers Paris qu’ils visitent pour la troisième fois de leur carrière. “It’s Not My Time” terminé, les membres remercient une énième fois avant de filer en backstage. C’est le rappel. Les fans tapent des mains et des pieds alors que l’écran géant diffuse “Steamboat Willie”, le premier Mickey Mouse. Deux minutes plus tard, le cadran de l’horloge clignote en suivant le rythme des tic tac qui seront repris par les applaudissements du public. Comme au début du set, au moment où s’affiche “3 Doors Down”, le batteur fait son entrée et entame les premières frappes introduisant le célèbre “Kryptonite”, titre qui a révélé le groupe au monde entier. Dès lors, le décor change et c’est la planète Krypton et divers éléments verts en référence à la fameuse faiblesse de Superman qui illuminent le Bataclan. Brad revient avec une casquette visée sur la tête et tend le micro aux premiers rangs qui connaissent les paroles sur le bout des doigts. “Vous voulez écouter quelque chose de différent ? Ok.” lance le charismatique frontman avant d’entamer “Believer”, dernier extrait de “Time Of My Life” du set. A noter l’ajout du refrain du “Breaking The Law” de Judas Priest en plein milieu qui passe limite inaperçu. Voyant que le couvre feu de la salle approche, Brad Arnold écourte son discours avant le final “When I’m Gone” dédié aux soldats du monde entier qui abandonnent leurs familles pour servir leur pays. Patriotes jusqu’au bout ! Surprise : les cinq membres se lâchent enfin et se déplacent pour saluer les premiers rangs. 22h45, le quintette se réunit au centre et remercie une dernière fois ses fans : “Thank you so much, we love you. God bless you.”

 

 

Ce soir le public chaud bouillant du Bataclan était en parfaite osmose avec les humbles rockstars de 3 Doors Down qui ont passé un excellent moment (de leur vie) en donnant un show rock d’une heure et demi des plus énergiques ! Malgré une setlist identique aux autres dates reprenant les plus gros hits et une faible popularité en France, on a rarement vu un public aussi enthousiaste pour un groupe rock alternatif US surtout dans notre bon vieux pays. Que ce soit dans un stade ou devant les 1200 personnes du Bataclan, les natifs de Escatawpa ont mis le feu en faisant un show à l’américaine et nous ont ramené chez eux dans le Mississippi le temps d’un concert. En espérant que le combo ne mettra pas huit ans pour revenir !

 

Setlist :

 

Time Of My Life
Duck And Run
The Better Life
Away From The Sun
It’s Not Me
What’s Left
Citizen/Soldier
Changes
When You’re Young
Loser
Round And Round
Heaven
Behind Those Eyes
Here Without You
It’s Not My Time
—-
Kryptonite
Believer
When I’m Gone

Anthony Bé
Fondateur - Rédacteur en chef du webzine RockUrLife