
Turnstile frappe fort avec une double offrande aussi contrastée qu’enthousiasmante. “Seein’ Stars” et “Birds”, les deux nouveaux titres extraits de Never Enough, dessinent avec panache les contours d’un disque qui s’annonce aussi imprévisible que passionnant !
En ouverture de ce diptyque sonore, “Seein’ Stars” surprend immédiatement par sa sensualité new wave et son groove disco. À mille lieues de la fureur hardcore qui a fait leur renommée, les Baltimoreans s’encanaillent dans une dream pop funk élégante, portée par une basse bondissante, des guitares éthérées façon sophisti-pop des années 80 et une section rythmique qui flirte avec les BPM d’un dancefloor enfumé.
Brendan Yates s’y révèle en véritable frontman pop, épaulé par deux invités de marque : Devonté Hynes (Blood Orange), déjà complice sur “Alien Love Call”, et Hayley Williams (Paramore), dont les chœurs vaporeux ajoutent une touche d’apesanteur à ce morceau à mi-chemin entre The Police et Tame Impala période The Slow Rush.
Ce morceau marque la prise de risque la plus radicale du groupe à ce jour, et il est certain qu’il divisera les puristes autant qu’’l séduira de nouveaux auditeurs.
Mais que les fans de la première heure se rassurent : Turnstile n’a pas enterré ses racines. Dès que “Seein’ Stars” s’estompe, “Birds” prend le relais avec une violence cathartique. Deux minutes de pure adrénaline, héritières de Bad Brains et des racines punk hardcore les plus brutes. Une batterie martiale, des riffs concassants, un Brendan Yates plus hargneux que jamais : c’est le Turnstile de la fosse, celui qui fait pogoter les festivals et hurler les clubs. Le titre bascule ensuite dans un mid-tempo écrasant, moshpit-ready, parfait pour briser des nuques le 21 juin au Hellfest.
Pour accompagner cette dualité sonore, le groupe a conçu un clip en deux parties, réalisé par Yates et le guitariste Pat McCrory. “Seein’ Stars” s’illustre dans une ambiance stylisée, presque onirique, peuplée de danseurs, de couples, de DJs et d’images ralenties qui célèbrent la musique comme lien universel. La transition est magistrale vers “Birds”, dont la performance live est captée sur une scène en pleine nature, entourée de kids surexcités, en écho au final explosif de la vidéo de “Never Enough”.
Avec ces trois extraits – le titre “Never Enough“, déjà dévoilé plus tôt ce mois-ci, et désormais “Seein’ Stars” et “Birds” – Turnstile confirme sa volonté de repousser les limites du hardcore, en flirtant avec la pop, la soul et l’électronique, sans jamais perdre de vue l’urgence qui l’anime. Cette évolution est aussi incarnée par Meg Mills, nouvelle recrue à la guitare, qui signe ici son premier album avec le groupe, succédant au membre fondateur Brady Ebery.
Avec ce double single, Turnstile ne se contente pas d’élargir son champ d’action : il pulvérise les étiquettes. À la croisée du punk, de la pop et de la performance visuelle, le groupe de Baltimore redéfinit, une fois encore, ce que peut être un groupe de hardcore en 2025. Et si Never Enough, attendu pour le 6 juin via Roadrunner Records, prévoit d’être son disque le plus audacieux, il pourrait aussi bien devenir son plus emblématique.