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YOUV DEE (11/04/23)

Un mois après la sortie de son album rock Pas d’Accord !, RockUrLife a pu rencontrer Youv Dee afin de parler de son projet, la transition du rap vers le rock, ses influences, etc. L’occasion aussi de savoir pourquoi il affiche certains tweets de haineux sur son site.

Salut Youv Dee, merci de nous accorder cette interview ! Tout d’abord, pourrais-tu te présenter un peu pour nos lecteurs qui ne te connaîtraient pas ?

Youv Dee : Youv Dee, vingt-sept ans… Auteur-compositeur-interprète dans les grandes lignes quoi [réfléchit]. Jeune en quête de liberté. Apprenti musicien. Voilà.

Qu’est-ce que ça signifie pour toi “jeune en quête de liberté” du coup ?

Youv Dee : En vrai c’est lié à tout : c’est la liberté artistique, liberté de vie… Et par la musique j’arrive à avoir ça. De faire ce que tu veux, quoi. Comme t’as dit avant, tu me connaissais pas mais on me remarque parce que je suis parti explorer d’autres horizons. Je suis un explorateur, un aventurier.

Ton album, Pas d’Accord !, est sorti il y a quasiment un mois jour pour jour. Est-ce que tu es satisfait des retours ?

Youv Dee : Ouais grave ! Je suis super content parce que c’était pas évident. De base, pas grand monde y croyait à ce risque, d’aller faire ce genre de musique. Donc content de voir que le public l’a bien pris, qu’il vienne me voir en concert, etc. En vrai je me chiais un peu dessus [sic] parce que je me disais que forcément c’est pas le truc le plus digeste à écouter. Du rock français fait par un ancien rappeur, machin machin… C’est le point de vue qu’ont les gens. Pour moi, c’était juste la suite logique et changer de production. Mais ouais du coup je suis content, franchement.

C’est vrai que quand tu dis que c’est pas forcément digeste, quand on a vu le nombre de morceaux, quinze, c’est surprenant.

Youv Dee : Tu trouves que c’est beaucoup ?

C’est pas forcément dérangeant mais à la fois il y a des morceaux vachement cools et d’autres qui auraient pu être plus aboutis.

Youv Dee : Qui auraient pu ne pas être mis, genre ?

Ne pas être mis peut-être mais qui auraient aussi pu aller plus loin dans certaines idées de production, etc.

Youv Dee : Le truc c’est que je disparais pendant tellement longtemps avec la tournée et tout, je sors plus de nouveaux sons, que je ne pouvais pas en mettre que douze. Et aussi parce que chaque son que j’ai mis a une petite valeur sentimentale pour moi et j’ai un petit truc à dire, tu sais. Ça représente une période plus ou moins poussée. Donc c’est vraiment ce que je voulais sortir. Alors qu’il y en a au moins une dizaine d’autres que je n’ai pas pu mettre pour ne pas faire vingt-cinq sons. Mais ouais, je me suis dit : “Vas-y, on sort pas tout le temps de la musique, donc il faut au moins leur donner le pain, quoi“. Ça m’arrangeait. J’aurais kiffé en faire plus. Mais j’entends qu’il y a des trucs moins poussés que d’autres, si on veut.

Tu t’es sûrement dit : “Ils sont prêts, autant les inclure“.

Youv Dee : C’est ça. Après, comme je t’ai dit, il y en avait tellement… Et c’est déjà tellement dur de faire le tri.

Tu parlais de vouloir inclure dix morceaux de plus au départ. Est-ce que ça veut dire qu’il y a potentiellement une réédition à venir ?

Youv Dee : Haha ! Ouais, potentiellement…

Potentiellement ou c’est sûr ?

Youv Dee : Je ne sais pas si c’est sûr, mais à terme… En vrai, oui j’y ai grave réfléchi. Après, j’attends un peu de voir parce que j’ai envie de faire des nouveaux sons. Mais oui, je pourrais déjà en faire une là.

Ouais ? Une nouvelle sortie un mois après ?

Youv Dee : Ouais, ouais. J’ai déjà tout ce qu’il faut mais là j’attends de kiffer un peu la tournée et le reste et après d’en faire des nouveaux. Puis advienne que pourra.

Dans le communiqué de presse qui présente ton album, tu parles des albums de Deftones, de Linkin Park et autres. Qu’est-ce qu’il y a comme autres influences ? Que ce soit dans le rock ou dans d’autres registres.

Youv Dee : Ben tu vois par exemple, Deftones, j’adore mais j’ai pas mis trop de cette influence dans le projet. Je compte le faire après. Mais ça allait être un peu bizarre pour eux je pense. (ndlr : les fans de ses premiers albums) Déjà qu’il fallait habituer leurs oreilles. [L’album] est en français. Le mood Deftones c’est souvent, dans l’interprétation, très lent et tout. Mais je voulais pas encore donner de ça. Du coup comme je dis toujours il y a Linkin [Park], il y a Bring Me The Horizon, Enter Shikari… Franchement, même des trucs plus récents genre Måneskin, Yungblud, les Foo Fighters.

Donc tu vas vraiment piocher dans tout, d’hier à aujourd’hui.

Youv Dee : C’est ça, ouais. Tout ce que j’aime, je m’en inspire. Puis même des trucs un peu plus post-punk, tu vois. Genre sur “Fallait Pas” ou “Spécial” je suis plus parti vers du Molchat Doma là… Tu sais, en Russie. Il y a Yves Tumor aussi… En gros tous délires que j’aime bien quoi.

C’est intéressant que tu parles de Yves Tumor parce que justement lui aussi s’affranchit des limites des genres et fait ce qu’il veut. C’est aussi une inspiration ? En terme pas tant musical que vraiment juste l’état d’esprit.

Youv Dee : Ben en fait, les deux, hein. J’avoue, j’aime bien ce qu’il fait en musique et en tant que lui-même, donc même je me reconnais un peu en lui, quoi. Ouais, franchement, j’avoue j’ai grave kiffé, autant le visuel que la musique. La proposition est trop bien. Ouais c’est une bonne inspi, même si c’est pas dans mes fondements de base… En fait j’ai aimé parce que, comme je l’ai dit, j’écoute beaucoup Molchat Doma, tous les trucs un peu post-punk russes et tout et des playlists comme ça, là. Et je trouvais que Yves Tumor s’inspirait parfaitement de ces trucs-là, quoi.

Alors du coup on va revenir un peu à tes débuts. Quelle était ta motivation pour faire de la musique ? Et pourquoi le rap comme point de départ ?

Youv Dee : À la base ma motivation c’était… je ne sais pas… (rires)

À quel moment tu as commencé à t’y mettre ?

Youv Dee : Ouais, j’ai commencé quand j’avais six-sept/dix-huit ans, au lycée et juste… Le prof est absent, je fais une impro, puis je trouve ça facile. Et puis go. Du coup après j’écrivais, comme ça. Et puis j’étais en [filière] littéraire, donc il y avait ce côté où tu recherches du texte et tu essaies d’écrire des poèmes. Je voyais que ça n’allait pas être mon point fort. (rires) Forcément, à l’écriture, dans le rap et tout, il y en a qui rappaient déjà depuis qu’ils ont huit ans, à faire des schémas de rimes et tout. Moi j’étais nouveau dans ce truc-là, mais du coup c’est comme ça que j’ai commencé. Et puis après j’ai un peu su voir ce qu’il fallait bosser chez moi pour susciter un peu d’attention.

Qu’est-ce qu’il a fallu que tu bosses ?

Youv Dee : Ben… Tout? (rires). Mais le savoir c’est déjà le plus grand pas. J’ai rencontré des mecs, des purs génies du rap et tout, mais… Juste ils rappent bien. Donc ouais c’est cool, mais qui va t’entendre quoi ? Il faut bosser ta voix, bosser ton style musical, bosser ton style vestimentaire aussi, bosser ta proposition… FIFA quoi. (ndlr : le jeu vidéo de football) Vitesse, précision. Tu vois… Force, sagesse, “parchoter” 101… C’est une ref à Dofus ça. Tu vois, l’arbre des compétences, quoi. Dans n’importe quel jeu maintenant, open world et tout, tu vas avoir des arbres de compétences. Et il faut en être conscient. Et après ouais j’ai commencé et puis je me suis dit OK, là je vais faire ça. OK, je peux faire du rap, je rencontre des gens, je monte un groupe, j’apprends les concerts, je rencontre des musiciens. OK, c’est bon l’idée de guitare. Bah vas y. Hop, je finis avec les médias. Enfin “je finis” : je vois jusqu’où on peut aller avec les médias rap. Ah OK, on peut aller jusqu’à Skyrock, OK, c’est pas trop compliqué en fait. Allez, let’s go, j’ai de quoi faire un band… Tu vois, c’est tout bête quoi.

Tu parles d’arbres de compétences, Dofus, etc. Tu joues beaucoup ?

Youv Dee : De base ouais. Après j’avoue avec le taff et tout ça fait que c’est un peu dur de jouer là. Je suis sur Hogwarts Legacy, là, j’en suis à 20 % de l’histoire. Il est trop bien ouais. Il y a beaucoup de jeux…

On pose la question parce que sur l’album et sur tes premières mixtapes il y a beaucoup de références à la pop culture. Mais étonnamment, il y en a moins sur cet album que tes projets précédents. Comment tu expliques ça ?

Youv Dee : Je ne sais pas… En vrai je l’explique pas. Mon écriture a un peu changé. On va dire que de base elle était peut-être encore plus fougueuse, genre un peu dans tous les sens. Et en vrai… Je ne sais pas, je n’ai pas fait exprès. Après je jouais plus quand j’étais petit. Maintenant je vais faire une petite partie sur League Of Legends et tout. Avant notre vie c’était quand même beaucoup les jeux vidéo, quoi. Jouer, se droguer, faire du son. Donc c’est normal que tu parles que de ça, alors que maintenant j’ai plus de choses à dire. Avec tout ce que j’ai vécu, décrier les trucs qui me plaisent pas… Et encore j’ai même pas tout abordé. Forcément ça parle plus d’amour, ça parle plus d’addiction. Ouais, c’est peut-être un peu plus sérieux que juste parler de Dofus. Même si y a toujours une petite ref. C’est que j’ai grandi en fait.

Vu la transition de style que tu opères, est-ce que tu penses que le rock t’inspire une écriture plus mature que le ferait le rap ?

Youv Dee : Je ne pense pas. Si on inversait et que j’avais commencé aussi jeune à faire ce que je fais maintenant, je pense que je serais encore bourré de rêves et de machins. Mais tu sais, j’écris toujours comme ça sort de ma tête, mais quand j’étais petit… Des fois je faisais n’importe quoi ! (rires) Clairement. Avec le temps, j’ai appris les structures. Diviser la musique jusqu’au plus petit possible quoi. Disons que de base, tu apprends à faire un son. Après tu sais qu’il y a couplet-refrain, puis tu te dis couplet-refrain-pont. Après tu diras que mon couplet il est en deux parties finalement. Puis tu te dis que la première partie est aussi en deux parties. Alors je te dirai la première phrase là aussi en deux parties. Tu sais, c’est ça mon but. Donc tu te dis : “Ah mais putain, mon mot…” En deux syllabes. Enfin tu vois ? Pour de vrai, sans forcer jusqu’à la syllabe d’un mot, mais dit textuellement c’est ça quoi. C’est en tout cas arriver jusqu’à la substantifique moelle du truc. Donc je pense que ça a aussi nourri la chose jusqu’à ce que ton propos et le reste soient plus cadrés.

On parlait de tes influences plutôt donc on cerne un peu ton univers mais comment ça s’est passé la transition vers le rock ? Qu’est-ce qui a été le déclic ?

Youv Dee : En vrai, le déclic déjà quand je commence le rap à l’époque je commence par un style déjà très américain pour le pays en 2016. Ensuite, il y a eu la mouvance Lil Peep, XXXTentacion, etc. aux States, où ils reprennent des samples de Slipknot par exemple. Ben moi je suis trap metal. Ici, c’est un peu comme ça qu’on appelait ça. Tu vois des mecs comme Scarlxrd. Donc pareil, je pense que j’étais le premier à le faire ici. Bah du coup voilà quoi. Même dans mes premières mixtapes, j’avais déjà tenté le truc. La guitare électrique c’est un instrument que j’ai toujours trop adoré, donc j’ai commencé à en incorporer petit à petit. J’ai essayé de faire des trucs comme ça mais ma voix était un prout tu vois. (rires). Genre je croyais que je criais dans ma tête, et je le crois encore, mais je suis à des années lumières de ce que je veux. Mais avec le temps petit à petit je veux continuer de montrer cette image, que ce soit dans l’énergie des concerts ou dans quelques morceaux et puis l’officialiser le plus possible, mais forcément je suis rentré par la porte du rap donc je ne pouvais pas trop insister là-dessus. Sachant qu’en plus les médias que je faisais c’étaient des médias rap, Donc quand à un moment ils ne savaient pas trop me situer, j’étais un peu bizarre, c’était pas la street quoi. Donc il fallait aussi prendre des pincettes pour le faire. Donc quand j’ai sorti mon premier album, je faisais des Planet Rap (ndlr : émission de de la radio Skyrock) et je ramenais des guitares à Skyrock, je sais pas si ça avait déjà été fait. On me prenait déjà un peu pour un fou parce qu’à la fin il y avait un son de rock japonais. Je me disais : “Petit à petit, j’installe, je rentre“. Après, j’ai sorti la réédition (ndlr : La Vie de Luxe : Dark Edition), qui était déjà presque rock, mais toujours un peu plus banger trap metal. Donc ça rappait toujours un peu. Après que je me suis dit : “Allez c’est bon, on lâche les rênes !” Et puis de toute façon je me voyais pas recommencer. J’ai besoin de nouveauté. Donc c’est bon, j’ai vu ce que j’avais à avoir dans ce milieu-là mais c’est pas ce que je veux faire. Moi je termine pas là, après je veux être chef d’orchestre, tu vois. Donc je dis vas-y, c’est bon on go sur le 100 % ! Que je me fasse plaisir à 100 % et de recommencer le jeu avec un autre Pokémon, quoi.

Aujourd’hui tu passes du rap au rock. Tu te vois où dans cinq ans ? Tu te vois explorer d’autres horizons musicaux ?

Youv Dee : Ben je ne sais pas. On dit que je suis passé d’un truc à un autre vu qu’il faut nommer les choses… Après c’est vrai, hein, c’est vraiment ce que j’ai fait. Mais pour moi, je n’ai pas changé d’un truc à un autre. Donc dans cinq ans… Pareil, mais je ne sais pas ce que je veux faire. Je ne ferai pas du reggae ou de la zumba, mais je ne sais pas. En vrai, petit j’imaginais le truc… Vers ma trentaine et tout, vu que dans mon plan il y avait ce passage où j’apprends encore plus la musique, les instruments etc. Et je me disais qu’à terme, je pourrais avoir une période Tame Impala, partir sur ces trucs psychés et tout. Moi je suis fan de FKJ, tu vois? Ce genre de mecs qui jouent de trente instruments, des génies comme ça… Donc je ne sais pas où je serai, mais en tout cas, je continuerai d’essayer d’être un artiste.

C’est intéressant que tu parles de rock psyché parce que du coup ton album fait beaucoup penser à Let’s Start Here, l’album de Lil Yachty, où lui aussi passe du rap au rock psyché.

Youv Dee : Bah j’ai kiffé son projet même si j’avais un peu la rage vu que moi ça fait longtemps que je dis que je veux faire du Tame Impala.

Ah oui là il t’a coupé l’herbe sous le pied, un peu. (rires)

Youv Dee : Il m’a pris de court. Parce qu’en vrai, dans mon plan, avant de faire du Tame Impala, méga psyché, j’avais quand même gueulé : “Pas d’accord !“. Pour moi, j’avais une barbe à l’époque où je ferais ça, tu vois ce que je veux dire ? C’est pour ça, vraiment, je mettais ça vers ma trentaine tu sais ? Et aussi du coup pour acquérir ces connaissances en plus. Mais j’étais très content qu’un mec fasse ça aux États-Unis et surtout par rapport à d’où il vient, je me suis un peu reconnu là-dessus. Après, il a des millions de dollars et les meilleurs musiciens de la planète pour faire son truc. Si on veut, j’aime la proposition mais je sais qu’il a dix gars dans le studio et que c’est pas forcément ce que lui fait que je trouve flamboyant dans la musique. C’est vraiment tout ce qui est autour. Donc mon projet sera mieux quoi.

Tiens en parlant de cela et de “gars dans le studio“, tu joues d’instruments sur ton album ?

Youv Dee : Ouais je joue de l’harmonica sur l’album. (rires). Sur “mal 2 toi”.

Pas de guitare ?

Youv Dee : En gros oui et non. Il y a des morceaux que j’ai j’imaginé avant chez moi et tout. Genre il y en a au moins trois qui sont comme ça et que enregistrés au dictaphone, que j’ai joués sur l’ordi et qu’après je refaisais jouer par mon gars P Prod qui joue quand même beaucoup mieux que moi. Maintenant, je pense que je pourrais faire des trucs définitifs, que j’enregistre moi-même, mais ça allait peut être sonner trop amateur encore au début. Mais au moins ça me permettait d’avoir les idées de guitare lead, des accords aussi, et aussi la guitare “B“. Toute la base, quoi, après il y a juste à refaire. Mais c’est marrant parce qu’on m’a déjà dit que c’est sur ces sons-là où les gens ressentent un truc un peu moins bossé, comme sur “Ma belle”, “Longtime”… Sur “Ma belle”, je comprends : on l’a faite de A à Z de chez moi et c’était moi avec mes compétences à ce moment-là, tu sais. Mais ça m’a fait rire d’entendre que quelqu’un remarque ça, finalement.

Étonnamment cela ne nous a pas sauté aux oreilles sur celle-ci.

Youv Dee : Ouais, c’est drôle, mais tu sens il y en un peu moins de trucs.

On parlait des instruments juste avant du coup, au niveau des prod que vous faites, il y a aussi des samples ou vous faites un maximum avec des instruments ?

Youv Dee : Oh bah c’est que de la guitare. Guitare, basse jouées directement ouais. La batterie, ça dépend… En vrai la batterie je vais pas te mentir on ne va pas s’embêter tout le temps à avoir un batteur sous le coude quoi. Soit tu fais le tri et après tu fais les trucs ou alors vous bossez directement ensemble avec le batteur.

Parce que sur l’album il y a deux-trois sons avec des plans de batterie vachement cool.

Youv Dee : Ouais, ouais. Ben mon gars Alex est un génie donc il est très très fort sur sur toute la programmation. Mais non, à part la batterie et les synthés, tout est joué humainement. Mais c’est un peu assisté par ordinateur… Bah comme je disais pour les synthés, on se fait pas chier là-dessus… C’est nos outils quoi.

Quand on regarde ton site Internet, il y a quelque chose qui frappe c’est que tu affiches des tweets qui te répondent ou qui te mentionnent directement et certains sont vraiment pas sympas avec toi, quoi, notamment sur le fait que tu mettes du vernis [et qu’il en vende également]. C’est quoi l’idée derrière ça ?

Youv Dee : Ouais, ouais… Vu que je faisais du rap, que je suis noir… Les gens ont peur d’être gay. (rires) Ils ne sont pas bien dans leurs couilles [sic], les gens, donc ils ont peur de choses comme ça. Moi j’en prenais plein la gueule parce que je mettais du vernis, et que je faisais des teintures. Genre c’est moi qui n’ai pas de couilles, alors que si on se croise en vrai je lui pète sa gueule au gars, tu vois ce que je veux dire ? (rires) Parlons français, je fais deux mètres, tu vois. Mais du coup ils sont là, sur Internet, ils m’en mettaient plein la gueule. Donc moi je me suis dit : “Bah vas-y, je vais sortir un vernis comme ça ils auront encore plus la rage”. (rires) Il faut en jouer des haineux, quoi. Là j’ai sorti un morceaux avec Kalika, une meuf super. Et le clip c’est un univers très dessin animé, très jeux vidéo, et ça a commencé à m’en foutre plein la gueule : “trans“, machin, ceci cela… Donc vas-y je le mets en story : tu veux polémiquer, lançons une polémique, moi ça me fait plus de likes donc let’s go.

C’est étonnant parce que justement dans le rap français, et même certaines communautés Twitter, il y a beaucoup de références à l’univers des animés, Dragon Ball, One Piece, etc. Donc s’en prendre à cet aspect-là est un peu paradoxal.

Youv Dee : Ouais… Peut-être que t’as pas vu mais là c’est vraiment très kawaï. Il y a du rose, du rouge… Moi ça m’amuse. Mais bon, on dans une ère d’acteurs qui dansent avec des couteaux, donc qu’est ce que tu veux ? C’est normal, je comprends aussi que les petits écoutent ça, ils ont besoin du sentiment d’appartenance. Je vois quand je vais dans les autres villes, ils sont tous là ensemble, on dirait dès que t’arrives c’est le ghetto. (rires) Alors que quand il va rentrer il va manger sa soupe avec maman. Donc je comprends que ça puisse paraître effrayant, mais je le dis moi même là : si j’étais un petit de douze ans de cette génération, je serais sûrement en train de me trashtalk aussi. Genre au collège : “Oh il est trop bizarre lui, il nous met de la drill“. (rires) Je comprends, c’est pas commun et le nouveau fait peur. On connait les trois étapes d’acceptation, hein : de base on critique, après on comprend pas et un jour peut-être on t’adore.

Et donc l’évolution vers un album rock, les clips rose, le vernis, tout ça, ça crée une rupture avec certains de tes fans.

Youv Dee : Oui avec certains, mais une rupture qui était… En fait, je me dis : “Mais… Je te l’avais montré, quoi.” J’étais déjà là avec des trucs Hello Kitty, j’ai des trucs, je faisais déjà plein de teinture, il y avait déjà des guitares… J’ai juste plus de tatouages, j’ai les cheveux plus longs et je continue en abusant dans le bail tu sais ? Mais forcément, il y en a qui me disent : “Ouais t’avais pas prévenu“. C’était sûrement les moins assidus quoi. En 2017, j’avais déjà prévenu : “J’sais plus si j’fais du rap ou du Metallica“. (ndlr: paroles de “C’est mieux”) Franchement, j’estime avoir tellement préparé le terrain, j’allais pas attendre d’avoir trente ans pour le faire quoi.

On nous a laissé entendre que tu avais enregistré pour l’émission Taratata en début de mois. Tu peux nous en dire plus ?

Youv Dee : Oh comment tu sais ?

Désolé secret des sources ! Non, c’était mentionné dans le mail que nous avons reçu.

Youv Dee : Bah j’ai fait un duo avec Hoshi, que j’adore. Putain, elle est trop mignonne ! C’était ma première grosse télé si on veut. Franchement, j’ai kiffé. Je chante sans auto tune. C’est un duo, une reprise en plus et j’ai pas l’habitude d’aucun de ces trucs-là. J’ai dû aussi faire un morceau devant Nagui à la guitare là. Vraiment le grand bain. Il y a deux semaines, on me dit : “Tu vas faire ta première reprise“, puis c’est reprise guitare-voix. Allez tiens, tout d’un coup. Mais franchement non, j’ai kiffé. En vrai, j’ai plus stressé que j’aurais dû en vrai. Mais j’ai tellement pas l’habitude de tous ces trucs, de reprises. Je me considère pas comme un chanteur moi. Mais au final l’exercice était pas mal quoi. Juste ma coiffure qui m’a un peu fait chier. (rires)

En plus de ça, jeudi tu fais le Bataclan.

Youv Dee : Oui. Vous venez ?

Malheureusement non, pas cette fois…

Youv Dee : Non… (ndlr : visiblement déçu)

Oui c’est dommage, on espère la prochaine fois ! Mais alors, qu’est ce que ça représente pour toi le Bataclan ? C’est ta plus grosse date sur Paris, c’est ça ?

Youv Dee : Euh oui, je pense que ce sera la plus grosse. Après oui, j’ai déjà fait des premières parties au Zénith à l’époque. Et ouais non en vrai bah c’est le Bataclan. Mais de base j’aurais préféré faire direct l’Olympia. Mais ouais j’ai hâte pour le Bataclan. Et puis quand tu connais l’histoire de la salle… Je demande ce que ça va me faire de voir… Mais bon, ça va être bien, on va essayer, justement, de leur faire honneur. Chaque fois que je pense au Bataclan j’ai des flash des photos de la salle pleine de sang.

Tu n’y es pas allé depuis 2015 ?

Youv Dee : Non, j’ai jamais été de ma vie. Je te cache pas, je sais pas du tout comment je vais réagir. Enfin j’attends les répétitions pour savoir.

D’ailleurs en regardant le planning de la tournée on voit que tu fais la première partie de Carpenter Brut à Dijon ?

Youv Dee : Euh… Au final je crois que non. À Dijon c’est un Zénith, non ? Je crois que, si mes souvenirs sont bons, il y a quelques jours on nous a dit que finalement non. (rires) Mais ouais j’aurais kiffé. Une prochaine, hein. Mais moi je veux faire Bring Me The Horizon ! Oly Sykes me suit et tout, donc j’aimerais beaucoup bosser avec lui.

Hélas, le reste de l’interview a été perdu dans les limbes des fichiers audios mal sauvegardés. Pas de traditionnelle question RockUrLife pour cette fois mais on espère se rattraper très vite et voir si Youv Dee a effectivement pu collaborer avec Bring Me The Horizon et vers quoi il finira par évoluer.


Site web : youv-dee.com

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