Interviews

VANDENBERG’S MOONKINGS (13/01/14)

Alors que la sortie de l’album n’est prévue que pour le mois prochain, Adrian Vandenberg, connu pour avoir joué au sein de Whitesnake, nous en dit plus sur son retour sur scène et son nouveau projet musical !
 

Tout d’abord, bonne année Adrian ! Comment vas-tu ?

Adrian Vandenberg (guitare) : Merci ! Bonne année également ! Je vais très bien merci.

Tu fais ton grand retour avec un nouveau projet musical MoonKings, premièrement, peux-tu nous en dire plus sur ce nom ? A quoi fait-il référence ?

A : MoonKings correspond aux Rois de la Lune (dit-il en français). C’est très difficile de trouver un nom parce qu’il y a des millions de noms, des millions de groupes et je me suis donc dit “wow ça va être dur” car je ne voulais pas le nommer Vandenberg, car les fans vont ensuite penser que je vais jouer beaucoup de titres de Vandenberg. Je jouerais sans doute un ou deux titres, tant que ça colle avec l’atmosphère de l’album. Puis ensuite, j’ai réalisé que ça allait être difficile car tous les noms “cool” existent déjà, puis j’ai pensé à “mookings” car je pensais à “qu’aimerais-tu faire lorsque tu fais partie d’un groupe ?” bien entendu, tu voyages et tu travailles toujours la nuit, c’est là que j’ai eu cette idée de la chouette, dans le logo, une sorte de symbole renvoyant à la nuit, supposée être intelligente et produisant un son intéressant. Par conséquent, MoonKings sonnait bien, j’en étais très satisfait et je suis d’ailleurs étonné qu’aucun autre groupe ne se nomme ainsi. J’ai cherché sur Google et je suis tombé sur un duo folk “Moon King”, donc ça allait; (rires) ensuite, la maison de disque a suggéré d’ajouter “Vandenberg’s” sans quoi j’aurais due tout recommencer à zéro, bien que je commence tout à zéro quoiqu’il en soit. Je pense que pour le second ou le troisième album, je laisserais tomber le “Vandenberg’s” qui apparait.

 

 

 

On a eu le privilège de pouvoir écouter l’album en avant-première et très franchement, bien qu’on soit en 2014, on dirait que l’album a été fait dans les années 80/90. Comprends-tu mon ressenti ?

A : Oui ! Je voulais connecter la période des années 70 à celle d’aujourd’hui, et je me disais par exemple, comment sonnerait Hendrix ou Led Zeppelin aujourd’hui, s’ils avaient la vingtaine. J’aime beaucoup les groupes comme Foo Fighters, Queens Of The Stone Age, la fraicheur et l’énergie qu’ils ont, donc j’ai essayé de canaliser toutes ces influences, ne laissant rien à part, laissant la voie libre à toutes idées et simplement voir ce que ça allait donner. Bien évidemment, je voulais que ce soit très direct à l’image des nouveaux groupes de rock mais il y a également beaucoup d’influences des années 70 et 80, comme les couplets ou l’introduction de “Feel It” ou “Line Of Fire”, je voulais faire un mix de tout cela et voir le résultat.

Qu’est-ce qui t’as plu le plus autour de cet album ? Tout le processus ?

A : J’ai toujours aimé la phase d’écriture car j’écris chez moi, dans mon studio, et je joue tous les instruments car je veux avoir une claire vision de la manière dont cela va sonner, puis lorsque nous avons commencé à répéter, c’était vraiment une grosse épreuve personnellement car le bassiste et le batteur -je n’ai auditionné personne- je les ai rencontré dans ma ville natale lorsque j’étais juré dans un concours de talent et ils devaient avoir entre 13 et 14 ans seulement; puis je suis tombé nez-à-nez avec eux pour ce projet -pour l’équipe de football- et l’entente était d’emblée très bonne. Je voulais suivre mes instincts donc je n’ai pas organisé d’auditions bien que j’ai reçu des centaines de CD du monde entier, de personnes ayant entendus que j’aillais faire mon comeback; néanmoins à la première répétition avec ceux-là, c’était très excitant et j’ai énormément apprécié ce moment.

 

 

Tu étais absent de la scène depuis un moment mais composais-tu durant ta “pause” ? Les chansons qui composent cet album ont été écrites avec tes musiciens ou datent-elles de plusieurs années ?

A : Tout est nouveau ou du moins date de l’année et demi qui vient de se terminer. Je n’ai pas vraiment beaucoup composé durant ces dix ou onze années, juste quelques fois, mais pour mon plaisir personnel et ce n’était pas vraiment du rock, c’était des instrus ou des trucs tziganes, donc j’étais très curieux et impatient “qu’est-ce qu’il va se passer maintenant, à composer à nouveau du rock” et puis tout c’est très bien passé, tout était à sa place, j’étais très excité.

A ce propos, pourrais-tu nous présenter les musiciens qui t’accompagnent ? L’histoire de ton batteur et du bassiste est plutôt amusante.

A : Celle du chanteur est plutôt marrante également. Pour la chanson, destinée à l’équipe de foot, il y avait deux chanteurs américains avec lesquels j’ai brièvement travaillé. Lorsque j’ai débuté l’écriture, j’ai réalisé que travailler avec des américains, allait être compliqué de nouveau, les aller-retour etc. puis je me suis souvenu que je n’avais pas suivi l’actualité rock au Pays-Bas, lorsque j’avais rejoint Whitesnake, car je n’aime pas le rock d’ici. J’ai donc fait quelques recherches pour trouver un bon chanteur néerlandais. Au cours de mes recherches, je me suis souvenu d’une critique d’un concert de WS ici -je joue d’ailleurs toujours quelques titres avec eux lorsqu’ils passent par chez moi- et j’avais donc lu que la première partie avait “un chanteur très talentueux” et je me suis donc dit “c’est lui qu’il me faut”. C’est ainsi que j’ai trouvé Jan. Je lui ai envoyé un mail pour savoir ce qu’il faisait, car je ne voulais pas qu’une rumeur court, pour ne pas être bombardé de mails et aux courriers. Jan ne m’a pas répondu car il pensait que c’était une mauvaise blague, parce qu’il est un grand fan de Whitesnake mais également de Vandenberg. Trois semaines se sont écoulées puis il m’a répondu, prenant grand soin dans ses mots, je lui ai répondu mais il pensait toujours que c’était une blague, je lui ai donc dit que je viendrais le voir, chez lui. Mais il y a eu un autre souci, le jour où je devais aller le voir, c’était le pire jour de tous les temps. La météo était mauvaise, la tempête allait passer et la radio précisait “si vous n’avez rien d’urgent, ne sortez pas de chez vous” “oh merde” (rires) mais je me devais d’y aller, sinon il allait vraiment croire que c’était une farce. Il habite à une heure de chez moi, et j’ai mis une heure pour faire ce que je fais en vingt minutes généralement, je l’ai prévenu par sms mais je pense que le réseau n’était pas bon en raison du temps. Deux heures plus tard j’arrive au milieu de nul part; il possède une grande ferme, il fait noir partout et le GPS me dit “vous êtes arrivés à destination” (rires). J’ai donc demandé à un riverain et me voilà enfin ! J’ai sonné et Jan est arrivé “t’es vraiment réel ? Je pensais que c’était une blague”, il sentait d’ailleurs l’alcool et dit qu’il était désolé, avec sa petite amie, ils ont décidé de boire, pensant que c’était une mauvaise blague. Quoiqu’il en soit, il a une superbe voix, c’est un chic type, il a une grande et belle ferme et j’adore ses patates !

 

 

D’ailleurs, Jan Hoving, parlons-en. Nous ne sommes sans doute pas les seuls à te dire cela, mais il a une voix qui s’approche beaucoup de Coverdale et avec la musique old school autour, on s’y croirait presque. Qu’en penses-tu ?

A : Tu sais, je ne compose que ce qui vient du plus profond de moi et c’est tout, mais tu vois, mon premier album avec Teaser, c’est toujours ce type de musique que j’apprécie. Il y a beaucoup de groupes à tendance rétro comme The Answer, Rival Sons et j’adore ces groupes mais quelque chose me dérange, en effet ils essaient de sonner comme si nous étions toujours dans les années 70 et je ne comprends pas cela car nous sommes à l’ère du numérique, les smartphones etc. Il faut utiliser les technologies modernes. J’étais équipé d’un matos analogue, mais c’est le meilleur du monde, mais en même temps je voulais mixer la fraicheur et cet ancien grain, donc j’ai utilisé une table très moderne. Puis Jan, c’est un fan de Rod Stewart, David Coverdale, il a 39 ans, il a donc grandi en les écoutants et c’est ce qu’a sa voix. Ce n’était pas intentionnel du tout; parfois tu peux écouter les influences de David, parfois celles de Dio ou Rod. Pour “Out Of Reach” par exemple, lorsqu’il débute le couplet, sa voix ne peut être comparée à celle d’un autre, et honnêtement je préfère toutes ces influences là que Justin Bieber, tu comprends. (rires)

Si tu devais choisir les trois titres qui illustrent le mieux l’album, lesquels choisirais-tu ?

A : “Lust And Lies”, “Close To You” et “Breathing”. “Lust And Lies” montre l’énergie du groupe contrairement à “Breathing” qui est une power ballade, ma nièce joue du violon dessus d’ailleurs, et cela montre un peu plus la voix de Jan; quant à “Close To You” c’est l’une de mes chansons préférées. Dès l’introduction, elle révèle mes influences attachées à Led Zeppelin, puis j’ai mis tellement de riffs dans ce titre que je pourrais écrire quatre ou cinq titres avec. (rires) C’était difficile de choisi les titres qui figurent sur l’album car, à la base, il devait y avoir dix, onze titres et je ne voulais pas en laisser de côté car le Japon réclamait un bonus, mais je ne voulais pas faire ainsi.

En parlant de David Coverdale, celui-ci fait une apparition sur la dernière chanson “Sailing Ships”. Comment s’est déroulée cette collaboration ? Qui a contacté l’autre ?

A : C’était vraiment fun car lorsque j’ai dit à David que je travaillais sur un album il m’a dit “oh super, il était temps flemmard d’hollandais” (imitant parfaitement la voix de David) et il a dit qu’il serait très honoré de pouvoir chanter sur un des titres. A l’époque il était en tournée, donc il n’y avait pas vraiment le temps de composer ensemble; sachant que j’ai toujours été frustré de ne pas jouer sur l’album “Slip Of The Tongue” et que “Sailing Ships” est une de mes chansons préférées, la version de l’album est superbe mais à la signature de Vai. J’ai toujours pensé à ce titre, au rendu qu’elle aurait en acoustique avec quelques violons. Donc j’ai appelé David, il était vraiment impatient. Lui était sur la route et j’ai enregistré toutes la musique, avec un quartet et j’ai envoyé le fichier à David. Je savais qu’il aurait quelques jours de repos et il en a profité pour s’enregistrer dans son studio, me l’a renvoyé et c’était prêt ! D’ailleurs on notera que sa voix est légèrement fatiguée en raison de la tournée de l’époque mais cela souligne encore plus la mélancolie de la chanson, sachant que je l’ai ralenti et diminué la tonalité d’origine.

As-tu écouté aux derniers albums de Whitesnake ? Ceux sortis après la reformation de 2002. Si oui, qu’en as-tu pensé ?

A : Oui, ils sont superbes ! J’aime beaucoup l’énergie que dégage le groupe et les musiciens sont tellement talentueux; le bassiste et le batteur changent tout le temps (rires) mais ils sont toujours au niveau et j’ai beaucoup apprécié le jeu de Brian Tichy et Tommy (ndlr : Aldridge), bien sûr, c’est LE batteur. David peut chanter n’importe quoi et j’apprécie le fait qu’il s’en tienne à sa musique et ses désirs. C’était très cool d’entendre David à son top et surtout au travers des deux derniers albums.

 

 

Quels sont les faits qui t’ont marqué durant cette prise de recul ? Que ce soit des groupes, des albums, des concerts etc.

A : J’aime beaucoup les Foo Fighters, les premières années de Queens Of The Stone Age, bien sûr Them Crooked Vulture, les groupes comme Rival Sons, leur chanteur est si talentueux. J’aime également Kings Of Leon, peut-être pas tout mais une partie. Autrement je suis fan d’Adele, elle chante divinement bien; puis autrement le jazz tzigane. Ces dernières années, j’ai beaucoup écouté à la musique tzigane. Lorsque que je peignais, je mettais quasi systématiquement cette musique.

Il y a également eu l’évolution de l’industrie musicale et l’importance d’internet, quel est ta position sur le téléchargement et l’utilisation des réseaux sociaux par exemple ?

A : J’aime beaucoup la liberté que procurent les réseaux sociaux, j’aime découvrir de nouvelles choses, de nouveaux groupes. C’était bien plus difficile auparavant car tu devais attendre la sortie du CD et si tu es chanceux, tu pouvais en écouter deux titres au magasin. Aujourd’hui tu peux chercher ce que tu veux et avec un outil tel que Spotify,  tu es même conseillé, c’est formidable. Néanmoins, le point noir est que les artistes sont payés quelques cents… Mon ambition n’a jamais été d’être riche mais la grande difficulté de beaucoup de groupes est -j’étais très chanceux avec Whitesnake, d’avoir vendus énormément d’albums et d’avoir eu la chance de se produire au travers de tournées très couteuses, aussi longtemps qu’on le pouvait- que les maisons de disque sont plus prudentes et veulent gagner de l’argent donc ils diminuent le nombre de signatures et veulent que leurs artistes soient très rapidement rentables autrement ils prennent la porte. Avec la baisse des ventes de CDs, le point positif est que les groupes se doivent d’assurer en live et c’est une bonne chose. Dans les années 80, il y avait beaucoup de groupes qui n’étaient pas au niveau; les albums sonnaient bien mais en live c’était naze. Le business “live” est plus actif que jamais; d’ailleurs chose assez étrange, aux Etats-Unis, ce sont la dance et les DJs qui sont devenus populaires. J’essaie d’être respectueux envers cela ne correspond pas à “faire de la musique”. J’aime la musique faite manuellement et non de manière électronique.

 

 

Tout autre sujet, lorsque tu jouais avec Whitesnake, on sait tous que David Coverdale était un sex-symbol. C’était vraiment plus simple avec les nanas quand tu trainais avec David ? (rires)

A : Ouais il y avait beaucoup de nanas. Aux Etats-Unis, nous jouions devant 20.000 jusqu’à 50.000 personnes tous les soirs et 60% du public était composé de nanas. A l’époque David était encore avec Tawny, donc elle lui a sauvé la vie. (rires) Et c’était vraiment marrant car ce que j’appréciais lorsqu’il y avait autant de jolies femmes, c’est qu’il y avait de l’électricité dans l’air où tout le monde n’avait qu’un seul but : le rock n’roll bourré d’hormones; c’est une bonne vibe.

Vous allez bientôt partir en tournée, à quoi pourront s’attendre les fans ? Outre les treize morceaux de l’album, des reprises de Whitesnake peuvent-elles se retrouver sur la setlist ?

A : Oui je compte bien jouer quelques reprises et puis nous nous devons de le faire car l’album sera très récent pour le public et puis c’est toujours bon d’avoir quelques titres que les gens connaissent davantage. Je jouerais quelques titres de Whitesnake, sans doute une ou deux de Vandenberg aussi. Puis je pensais également à organiser une sorte de sondage sur notre site, où les fans pourront voter pour leurs titres préférés; histoire d’impliquer encore plus le public. Je pense qu’on tournera autour de 15/17 titres.

Et finalement, nous sommes “RockUrLife”, donc tout simplement, qu’est-ce qui rocks la tienne ?

A : Qu’est ce qui rock ma life ? La musique bien évidemment, la bonne nourriture, la bonne musique, la France parce que je suis francophile depuis que j’ai 5/6 ans et il y a sept ans, j’ai acheté une maison dans le sud de la France. J’aime beaucoup être en France, dès que je passe la frontière belge, je me sens “wow” (rires). Et j’aime aussi composer en France, beaucoup de bonnes ondes. Mais vois-tu, tout ce qui peut toucher à tes sens, t’influencer, que ce soit la nourriture, la musique, la peinture, marcher en ville, ces éléments m’inspirent et je finis toujours par avoir quelques idées que j’enregistre à l’aide de mon téléphone, fredonnant “ta ta taaa ta taa” et les gens autour de moi me regardent et se disent “c’est quoi son problème à ce type ?!”. (rires)

 

 

Site web : moonkingsband.com