Interviews

TYLER BRYANT AND THE SHAKEDOWN (2017)

English version

Véritable sensation rock venue des Etats-Unis, il est grand temps d’en apprendre davantage encore au sujet de Tyler Bryant & The Shakedown avec la sortie de son deuxième opus !
 

Bonjour Tyler et Caleb, comment allez-vous ?

Tyler Bryant (chant/guitare) : Bien ! On ne se serait pas déjà rencontré ?

C’est possible, peut-être à La Boule Noire.

Tyler : Et au Dr Feelgood ?

Oui ! En plus vous adorez cet endroit !

Tyler et Caleb : (rires)

Caleb Crosby (batterie) : J’adore ce bar !

Ca y est votre nouvel album est sorti, quid des retours ?

Tyler : Ils sont vraiment très bons. Nous avons tout juste joué les nouveaux titres lors de notre soirée de sortie à Nashville (au jour de l’interview) et tout s’est très bien passé. Les retours sont bons d’où qu’ils viennent et ça s’annonce bon pour la suite.

Pourquoi l’album est-il éponyme ? Pour un deuxième opus.

Tyler : En effet généralement c’est le premier album qui est éponyme. Nous venions tout juste de finir la tournée avec AC/DC, nous n’avions pas de maison de disque et avions toutes ces compositions de prêtes. Donc on s’est lancé, sans rien, aucun budget, aucun encadrement. C’était simplement nous et nos amis, nous avons fait l’album que nous voulions et nous avons eu ce sentiment de réappropriation de notre musique, comme si nous débutions de nouveau. On l’a donc appelé ainsi pour nous présenter à nouveau aux yeux du monde. C’est la cinquième fois qu’on vient à Paris en seize mois, le travail paie et c’est une façon de montrer qui nous sommes vraiment.

 

Pouvez-vous nous en dire davantage quant au processus au sein du groupe ? Car vous étiez plutôt occupé à tourner. Comment avez-vous trouvé le temps de composer ?

Tyler : Certains de ces titres étaient déjà là en fait, nous ne les avions juste jamais enregistrés. Puis nous avons composé après la tournée avec AC/DC. Après plus de deux-cent dates, on était plus qu’uni en tant que groupe donc on s’est pris quelques jours ensuite pour composer ensemble. On en est ressorti avec cinq titres, dont un qui n’était pas très bon, donc quatre titres : “Manipulate Me”, “Into The Black”, “Don’t Mind The Blood” et “Easy Target”. Les quatre sont sur l’album. Quant aux autres, on jouait déjà la plupart d’entre eux sur scène et enfin il y a eu “Heartland” et “Backfire”.

Mais testiez-vous de nouvelles choses durant vos balances par exemple ?

Caleb : On faisait parfois tourner un riff. Le riff de Graham sur “Week And Weepin'” en est le bon exemple. Mais il l’avait depuis au moins un an et demi mais à chaque fois on lui disait de la fermer. (rires) Puis une fois enregistré proprement c’était cool. C’est également une satisfaction de voir les titres qu’on jouait live et sur lesquels le public réagissait enregistrés pour de vrai. Autrement oui, il peut nous arriver de jouer des nouveautés durant une balance.

Tyler : Beaucoup de titres jamais sortis composaient notre set par le passé puis avec les Guns N’ Roses et AC/DC, on avait à peine dix minutes pour s’installer en fait. “Tout est OK ? OK parfait”. Puis avec les déplacements, ce n’était pas évident. Si tu me suis sur Instagram, tu peux voir toutes les petites vidéos que je poste avec des riffs ici et là. Beaucoup de ces riffs finissent dans les titres entiers par la suite. Une fois à la maison, on se réunit avec Caleb et on passe des heures et des jours à faire des démos avec.

Caleb : Trop même.

Tyler : Les titres tels que “Jealous Me”, “Heartland”, “Backfire” sont tirés de démos et même “Magnetic Field” d’ailleurs.

 

C’est assez compliqué de vous coller un style. Comment vous définiriez-vous ? Un groupe de rock tout simplement ?

Tyler : C’est vrai, on passe d’une tournée avec AC/DC à Black Label Society ou Blackberry Smoke qui est plus roots encore. On aime la musique tout simplement et nos influences vont du blues, au rock plus roots, au grunge, le metal. A vrai dire un peu de tout puis on essaie de faire quelque chose de neuf et frais à partir de tout cela. On ne cherche pas à s’enfermer dans un style. Personnellement quand j’écoute un album et que tous les morceaux sont quasi identiques, ça m’emmerde.

Caleb : Ca peut quand même être sympa mais… On nous pose souvent la question au sujet de notre son. Mais justement, je trouve ça bien d’avoir et de développer plusieurs facettes. Nous sommes un groupe de rock et prenons des libertés et ce que tout artiste devrait faire. Evoluer, changer et faire vis à vis de ce qui t’influence à l’instant T car un album capture ce que tu es et ce que tu fais à un moment précis de ta vie. Nous avons pris certaines libertés et je trouve ça vraiment cool.

Tyler : On est plutôt le groupe qui cherche à constamment évoluer au fil de ce périple musical et créatif et on cherche à embarquer les fans dans cette histoire avec nous.

Ton son est plutôt spécial avec un son très compressé et beaucoup de fuzz et distortion. Pourquoi ce choix ?

Tyler : Je ne sais pas vraiment. Juste que j’adore ça. (rires)

Caleb : (rires)

Tyler : Comme si tu déchirais le haut-parleur.

 

Quels sont les thèmes de vos titres ? Des histoires/expériences personnelles ? Les deux ?

Tyler : C’est l’association des deux oui. Il y a onze réponses à ta question et je ne vais pas t’emmerder à entrer dans le détail de chaque titre. Mais certains titres abordent la situation actuelle aux USA, ce qu’il se passe dans le monde avec tous ces partis pris et j’estime qu’en tant qu’artiste, c’est notre rôle, surtout en tant que rockeur, que de prendre la parole car le rock est la musique vers laquelle se tournent les gens en période de crise. Le rock c’est le chaos contrôlé et les gens peuvent se tourner vers lui. Lorsque tu vas à un concert qu’on joue “Don’t Mind The Blood” par exemple, qui renvoie à ta détermination et la croyance que tu portes envers telle ou telle chose quitte à te faire taper dessus. L’inspiration pour ce titre nous est venue de cette femme en fauteuil roulant qui s’est faite passer à tabac durant une manifestation pour une cause qui lui était chère. Quand on joue devant 50 000 personnes, il est évident que tout le monde n’aura pas le même point de vue sur tel ou tel sujet, mais l’espace d’un instant, ils ne vont faire qu’un et passer du bon temps. C’est de ça qu’il s’agit avec le rock n’roll. Avec “Heartland” ou “Don’t Mind The Blood”, on essaie simplement de retourner une chose négative en un message fort et positif justement et c’est avec le rock n’roll qu’il est possible de rassembler les gens, de créer ou recréer cette liberté qu’on cherche tous. Tu as également des titres tels que “Jealous Me” qui sont plus personnels. Enfin “Into The Black” est certainement la plus intime de toute sur l’album. Derrière chacun des titres se cache une forte conviction/croyance.

Caleb : Même s’ils peuvent avoir un lien avec la situation actuelle aux USA, ces titres nous concernent également, nos vies sont une partie intégrante de ceux-ci. Nous sommes toujours là, à faire la musique que nous voulons et faisons preuve de persévérance dans les messages que nous souhaitons transmettre, que ce soit devant 50 ou 50 000 personnes. Que ce soit au travers des paroles ou de la musique, il y ces parties où tu peux chanter et il faut tout lâcher et prendre du plaisir. J’ai tellement hâte de les jouer en live !

Pourquoi conclure l’écoute avec “Into The Black” et sa vibe si particulière ?

Tyler : C’est un titre que nous avons composé tous ensemble avec notre ami Roger qui est en gros le cinquième membre du groupe. Il contribue rarement aux riffs de guitare mais il en avait un un jour. Je l’ai enregistré sur mon téléphone et je l’ai retravaillé chez moi dans un tout autre délire. Je jouais les accords du refrain en studio une fois et lui venait tout juste d’être tonton mais avait aussi perdu son père il y a peu. Donc on a eu cette idée autour du cycle de la vie. C’était évidemment quelque chose de très fort et différent comparé à ce que nous avions fait jusque-là en tant que groupe. Nous n’avons même pas cherché à la réenregistrer car l’énergie qu’elle dégageait était parfaite. C’était une manière de montrer un autre visage des Shakedown en lieu et place de cette image où on court de partout, plein d’énergie.

Caleb : C’était une belle manière de conclure l’album. On l’a ressenti de cette manière et il est vrai qu’on est parfois réticent avec ce type de vibe. Mais c’est une bonne chose de faite et nous voila ! (rires)

(Tyler nous quitte pour une interview phoner)

 

Si on dit de vous que vous êtes plutôt un groupe live qu’un groupe studio, d’accord / pas d’accord ?

Caleb : Oui on peut dire ça. Le live c’est évidemment un truc important pour nous. Ca nous a demandé du temps de bien maitriser cet aspect puis lorsque nous sommes en studio, on enregistre live la plupart du temps, il y a donc évidemment un lien avec l’affection du live. De plus, que ce soit en live ou en studio, tu peux toujours progresser et t’améliorer et ”est ce que nous souhaitons faire. Mais il est clair que j’adore être sur scène !

Caleb tu es plutôt du genre expressif sur scène. Comment abordez-vous la performance live ?

Caleb : Ce n’est pas quelque chose que je travaille mais quelque chose qui se développe au fil des années. C’est simplement une question d’être à l’aise sur scène, comme si tu étais chez toi. Il ne faut surtout pas être nerveux ou quoi. Je fais mon truc mais on échange aussi beaucoup sur scène avec Tyler, même si on ne le voit pas forcément. Il se retourne, me dit des choses, souvent des conneries. (rires) Je suis quelqu’un de très expressif et je me souviens d’un concert, il y avait deux photographes devant et j’essayais d’être un poil sérieux. Mais j’ai tellement cherché à être sérieux que j’avais une gueule de merde. Et à la vue de leur réaction c’était exactement ça. Une fois les photos prises, elles n’arrêtaient pas de rire. Depuis j’ai compris. Je reste moi-même et c’est tout. De plus à rester assis derrière eux tout le temps, il faut bien que je fasse quelque chose non ? (rires)

Définis le groupe en trois mots.

Caleb : Je dirais… (rires) Fort, fier et -mince c’est pas facile (rires)- attends je vais finir par trouver. J’essaie de trouver le bon terme pour définir l’énergie et le charisme ensemble, en un mot. Car nous sommes un groupe qui joue fort, et on fier de ça. C’est marrant d’ailleurs car lorsque nous jouons de petites salles, on nous demande parfois de baisser le volume et Tyler fait mine de baisser les boutons mais ne fait rien en fait. (rires) “Ouais c’est bon” “super parfait, c’est mieux ainsi”. Donc je dirais : fort, fier et “énergie charismatique fun”. (rires)

Vous êtes tous plutôt jeunes. Penses-tu que ce soit un avantage aujourd’hui dans cette industrie musicale ?

Caleb : Je pense oui. Pour être tout à fait honnête, à la vue du climat dans lequel on vit, je pense que les gens cherchent une voix et ils se penchent vers les voix du rock n’roll car il porte toujours un message. J’estime que c’est important pour notre génération de voir des gens/groupes porter le flambeau, nous ne sommes pas les seuls bien évidemment, mais je trouve qu’il y a de plus en plus de groupes qui adoptent des positions allant en ce sens. Cette révolution est juste et arrive. C’est excitant de voir ce qu’il va se passer d’ailleurs. En grandissant, on voit également tous ces fans qui nous accompagnent et c’est vraiment extra. Cela fait maintenant neuf ans que je fais ça avec Tyler, et beaucoup aurait abandonné entre temps, et même si j’aurais voulu y arriver plus tôt, d’un autre côté je me dis qu’heureusement que tout cela n’arrive que maintenant. Nous avons tant appris, tant évolué. Nous allons continuer mais en ce moment je ne peux qu’être reconnaissant d’avoir l’opportunité de faire ce que je fais et ce que j’ai fait car c’est vraiment dingue.

Enfin, nous sommes “RockUrLife” donc qu’est-ce qui rock Tyler Bryant et Caleb Crosby ?

Tyler : (sifflant, la question était plus dure qu’il ne pensait) Là maintenant c’est la discographie de Tom Petty And the Heartbreakers. Ca me rock à fond.

Caleb : Ce qui me rock maintenant, je ne suis pas chez moi mais quand je suis chez moi j’aime préparer à manger et écouter du hip hop car j’adore ça (rires) le simple fait de mettre un vinyle et de monter le volume. Pour je ne sais quelle raison j’aime faire les deux et associée ensemble ça devient fun. (rires) Voici une réponse tout à fait aléatoire mais c”st actuellement ce que j’adore faire. (rires)

 

 

Site web : tylerbryantandtheshakedown.com