Interviews

THE WOMBATS (29/06/13)

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Quelques heures avant leur set au Dôme en ce samedi 29 juin à Solidays, les trois membres du trio indie rock nous ont accordé un peu de leur temps, terminant ainsi la journée promo à l’anglaise !

Salut les gars ! Ca va ?

Matthew Murphy (chant/guitare/claviers) : Très bien merci, et toi ?

Bien, merci. Comment se passe la tournée ?

Dan Haggis (batterie) : On est pas vraiment en tournée en ce moment, on est en train d’écrire notre troisième album donc on fait quelques festivals cet été. Pour nous, quand on parle d’être en tournée, ça veut dire qu’on fait six concerts par semaine pendant un an.

Tord Øverland Knudsen (basse) : Là c’est six concerts pour l’été entier !

D : Un de nos crew members se marie la semaine prochaine, donc tu sais on peut arranger notre emploi du temps.

Heureux d’être de retour à Paris ?

M : Oui, vraiment heureux ! La dernière fois que l’on a joué ici était en 2011…

T : On adore ici, c’est génial !

D : J’habite ici la moitié du temps. J’ai un appartement avec ma petite-amie à Paris, à Stalingrad.

Depuis que vous avez joué pour les Jeux Olympiques, plus rien ne peut vous faire peur. Comment était-ce de jouer pour un événement mondial ?

M : C’était géant, je veux dire…

D : C’était quatre millions de personne. (rires)

M : Je ne pense pas que c’était le monde entier mais c’était une opportunité énorme pour nous et on a joué 4 ou 5 chansons pour beaucoup de Liverpuldiens donc c’était vraiment fun, une vraie célébration.

D : Rien que par le bâtiment, c’était vraiment pittoresque. C’était un festival gratuit donc on avait hâte de voir toutes ces personnes s’investir… C’était génial d’en faire partie. Robert de Niro est venu !

Aujourd’hui, vous jouez aux Solidays. Connaissez-vous le message derrière ce festival ?

D : Le combat contre le Sida.

Quel est votre intérêt pour cette cause ?

M : Je ne veux pas avoir le Sida ! (rires)

D : Non je veux dire, c’est évidemment une très bonne chose de participer à un tel évènement. Je sais que tout l’argent provenant des ventes de tickets est envoyé partout dans le monde, pour aider la recherche par exemple.

D’après vous, pensez-vous que la musique peut avoir un impact sur les gens ou changer leurs mentalités ?

D : Oui bien sûr. Honnêtement, les évènements comme Solidays attirent beaucoup l’attention des médias, et évidemment tout le monde ici veut s’amuser mais il y a quand même un soutien appuyé. Je suppose qu’il y a beaucoup de jeunes ici et j’espère qu’ils comprennent le message, ils doivent être au courant de tout ça. Donc oui, notre musique est un outil très puissant pour avoir une influence sur la pensée des gens.

M : Les festivals en sont la preuve vivante !

La devise des Solidays est “In Love We Trust”. Croyez-vous au pouvoir de l’amour ?

M : Ouais mais je ne sais pas si je lui fais confiance ! (rires)

Quel est le message que vous souhaitez transmettre grâce à vos concerts et votre musique ?

M : Il y en a pas mal ! Quand tu viens à un show des Wombats, tu viens d’abord pour t’amuser, danser et t’en foutre de tout.

D : Juste pour profiter du moment.

M : Donc c’est de l’amusement mais ça cache quand même une sorte de morale, des messages assez dramatiques qui parlent d’à quel point la vie peut être de la merde parfois, mais tu dois t’y faire et en rigoler.

Considérez-vous votre groupe comme un groupe engagé ?

M : Concernant des messages politiques ? Non.

En parlant du groupe, pouvez-vous nous raconter l’histoire derrière votre nom qui fait référence à un petit marsupial ?

D : Oui, c’est vrai ! Comme beaucoup de groupes, tu as besoin d’un nom pour ton premier poster et le premier concert que tu joues. Malheureusement, j’ai dit “Oh mets juste The Wombats pour l’instant, on a pas de nom !”. Ils étaient là genre “Tu blagues ?” et on disait qu’on allait le changer mais… on ne l’a jamais fait. C’est de la merde ! (rires) Mais on en est venus à l’adorer et l’adopter.

En 2008, vous avez fait une chanson appelée “Let’s Dance To Joy Division”. Que représente Joy Division pour vous ?

M : Ce n’est pas vraiment à propos du groupe en lui-même, mais plutôt des souvenirs que j’ai qui sont rattachés au groupe tu vois. Cette chanson, ça parle de quand on a commencé et qu’on allait dans des clubs indie à Liverpool parce qu’il y en avait pleins à l’époque. C’est un peu comme… Je ne sais pas, ça me rappelle des soirées comme ça et évidemment j’adore Joy Division et toute cette scène Factory Records (label indépendant anglais fondé en 1978) à Manchester et tout ça. Joy Division me rappelle que je me suis beaucoup amusé malgré que leur musique n’a probablement jamais eu ce but là.

 

D : C’est un peu comme une marque de fabrique je suppose. Aux concerts les gens dansent sur les chansons, mais quand tu écoutes les paroles, c’est pas nécessairement très gai…

 

Vous êtes dans l’industrie musicale depuis presque dix ans maintenant, quel est votre point de vue sur l’industrie à l’heure actuelle ? Surtout avec l’explosion d’Internet, la crise…

T : C’est encore plus dur d’être dans un groupe maintenant je pense, c’est encore plus dur de prendre une pause… Mais d’un côté, c’est évidemment plus facile avec Internet, tu peux toucher beaucoup plus de personnes.  

M : Je pense que de nos jours, grâce à Internet, l’industrie de la musique est envahie par beaucoup de talents et de personnes créatives qui tournent ça en art et qui arrivent à percer. Heureusement, on est arrivés quand c’était le moment de passer à ce changement.

D : Mais évidemment ça reste la même chose : si tu as de bonnes chansons, que tu présentes du bon travail et que tu es prêt à mettre le taux d’efforts nécessaire, alors tes chances augmentent. En même temps, il y a encore beaucoup de groupes qui font des albums géniaux, qui partent en tournée dans le monde entier et tout ça. Tu peux avoir beaucoup de succès même avec tout ce qu’il se passe, la chute des ventes de disques… C’est encore bien de faire partie de cette industrie parce que la musique live est plus importante que jamais. On adore faire des concerts donc c’est formidable pour nous !

Pensez-vous que le modèle économique va encore changer ? En mieux ou en pire ?

D : Je pense qu’on est en pleine transition. Ca a en quelques sortes commencé avec les gens qui téléchargent sur des app stores et qui n’y ont pas vraiment réfléchi, et maintenant tout le monde est familier avec ça… télécharger illégalement peut tuer l’industrie. La jeune génération le sait. Faire quelque chose à propos de ça est un autre sujet mais je suis sûr que des solutions seront trouvées et ça ira. La musique sera toujours là, ça ne s’envolera jamais, je l’ai réalisé donc je suis maintenant positif vis-à-vis de tout ça. Du moment qu’on arrive sur scène et qu’on fait danser les gens, on sera heureux.

Beaucoup de gens disent qu’aujourd’hui, l’argent ne vient que des tournées et des ventes de merchandising. Est-ce votre cas?

M : La majorité de l’argent vient des bénéfices des tournées.

D : Je suppose que chaque groupe est différent mais on joue plus de deux cent shows par année parfois, on tourne beaucoup et c’est définitivement très important pour nous. Bien sûr si tu es signé sur une grosse maison de disques, elle te donnera de l’argent, mais pour nous ce n’est pas le cas.

M : On ne se fait pas d’argent avec les ventes d’albums mais les radios aident avec les publicités et tout ça, c’est la seule manière de gagner de l’argent si tu n’aimes pas faire de tournées…

Parlons d’albums. Il y a une différence assez notable entre votre premier et votre second opus. Pensez-vous que réinventer votre son est parfois nécessaire ?

M : Je ne vois pas une grosse différence pour être honnête, pour moi il y a des grosses chansons pop avec des paroles bizarres sur les deux albums, vraiment. Je pense qu’on se lasse juste du cliché duquel on était victime auparavant. On voulait changer ça et ajouter plus de choses, le rendre un peu plus original, ce que nous voudrons toujours faire à mon avis, on ne veut pas faire les mêmes choses deux fois.

T : Pour ne pas s’ennuyer et se lasser, je pense que tu as besoin d’un challenge. Chaque chanson est différente, vraiment.

M : Clairement, il y a deux semaines, on a fait une chanson dans une optique assez heavy rock avec des riffs lourds, et la dernière chanson qu’on a faite était assez électro pop pour être honnête, avec même une ambiance des 80s. On aime juste s’attaquer aux chansons comme on le sent, ça va rendre le titre aussi bon qu’il puisse être.

Vous êtes alors concentrés sur les chansons que vous êtes en train de créer, et pas en train d’imaginer la pochette de l’album…

D : Non on se préoccupe de ça beaucoup plus que le disque en lui-même ! (rires) Mais tu sais, même sur le deuxième album, il y a des chansons très différentes les unes des autres. Dans le contexte de l’opus, tu as besoin d’évolution et de changement. Ça rend l’album beaucoup plus intéressant. Je pense que c’est la raison pour laquelle c’est cool qu’on s’occupe des chansons une par une et voit comment on se sent par rapport à ça sur le moment. Il y a toujours un élément en commun, je pense que les titres vont tous ensemble et ça rend le disque beaucoup plus passionnant.

Vous nous avez parlé de travailler sur votre troisième album. Etes-vous sur le point de rentrer en studio?

M : On travaille sur notre troisième album depuis Noël. Ça se passe bien et ça va assez vite, on a un florilège de chansons différentes, on a juste besoin de tenir la cadence et de continuer pour encore quelques temps et ensuite commencer à enregistrer.

D : On va retourner à Los Angeles avec Eric Valentine avec qui on a déjà enregistré une partie du second album et on s’entend très bien avec lui. C’est génial.

Pouvez-vous nous en dire plus sur ce nouvel opus ?

D : Pas vraiment… on est très heureux de la façon dont ça se passe, on a hâte d’aller enregistrer, de faire écouter les chansons aux gens et de retourner sur scène pour les jouer !

M : Ca va sûrement être plus énorme que notre second album.

Allez-vous prendre une nouvelle direction musicale ?

T : Je dirais que c’est comme les meilleures chansons du premier album et les meilleures du second combinées.

M : Voilà notre plan de génie ! (rires)

Donc, vous avez trouvé votre son à vous ?

D : Je pense que peu importe la façon dont on monte les chansons, il y aura toujours le son propre aux Wombats qui sera présent.

M : On ne s’est jamais vraiment concentrés là dessus, après avoir joué une poignée de concerts à Liverpool, on a acquit les bases de ce qu’on voulait faire. On ne pense pas vraiment à ça, on veut juste écrire des chansons et les rendre géniales et à notre goût.

A quoi ressemble le processus d’enregistrement pour cet album par exemple ?

D : On a enregistré des démos, juste des premières versions en fait… D’habitude on enregistre deux chansons à la fois.

M : Sur le second album, on attendu d’avoir genre quatre chansons pour aller les enregistrer par la suite. On a un titre et dès qu’on pense tous que c’est bon, alors on se lance. Puis pour ce nouvel opus, on fait quelque chose qu’on a jamais fait jusque là, on fait des démos. On a pas travaillé sur des chansons en tant que groupe, dans un environnement de groupe, en acoustique ou en jouant des guitares, on a enregistré ça directement sur l’ordinateur et commencé à construire les titres.

T : C’est comme si on pouvait composer à partir de rien dans une cave en bitume.

Donc vous n’aviez pas de chansons prêtes avant d’aller en studio ?

M : Les chansons sont toujours prêtes !

T : C’est juste le processus de démo.

M : Mais on travaille encore sur les chansons jusqu’à ce qu’elles soient prêtes et finies, on ne commence pas sans rien.

Pour finir, notre site s’appelle “RockYourLife!”. Qu’est-ce qui rock your life ?

D : …le golf ? (rires)

M : J’ai l’impression que je rock ma propre vie en m’inquiétant trop, donc je dirais que c’est moi-même !

D : Est-ce qu’il y a un autre mot pour masturbation? (rires)

T : Je pense que les festivals rockent my life !

Okay, merci !

The Wombats : Merci beaucoup !

 

Site web : thewombats.co.uk

Anthony Bé
Fondateur - Rédacteur en chef du webzine RockUrLife