Interviews

STICK DRUM DUO (18/08/11)

Ouvrant les trois jours du Festival Crescendo avec un style très particulier, le duo franco-mexicain nous a accordé un peu de temps pour une belle interview.

Pouvez-vous présenter le groupe ?

Pascal Gutman (Stick Chapman) : Nous nous sommes connus avec Kiko (Kiko King, batteur mexicain) en 2007 lors d’un festival de stick à Santiago Del Chile au Chili. J’y suis allé pour jouer plusieurs soirs en solo. Kiko jouait avec un autre groupe (Oxygen 8) avec une autre joueuse de Stick qui s’appelle Linda Cushma. J’ai joué le premier soir solo, Kiko m’a entendu, ils ont joué le premier soir, j’ai entendu Kiko et on s’est dit “demain on joue ensemble”. Le lendemain, j’ai fait quelques morceaux solo et j’ai invité Kiko à venir jouer avec moi, et on a fait quelques morceaux ensemble, ça a été super, donc on a remis ça le lendemain, et là il faisait tout le programme. Quelques mois après, en 2008, je suis parti au Mexique pour une tournée organisée par le gouvernement, en basse Californie, et il y avait 5/6 dates de mémoire, avec Kiko. L’année d’après, il y a eu un festival de Stick qui a été organisé, et non avons rejoué ensemble, d’abord en basse Californie, puis dans la région de Mexico -400/500km autour-. Du coup, on se voit tous les ans pour un ou plusieurs festivals. C’est la première année où nous jouons en France tous les deux, et nous faisons l’ouverture du festival Crescendo sur les trois jours. Notre approche de la musique est très organique, très soudée, et nous sommes très proches musicalement. On peut monter sur scène sans s’être vus depuis un an, ce n’est pas un problème du tout. Nous jouons mes compositions, et leur laissons libre court au gré du son, de notre inspiration et du public.

Pouvez-vous nous parler de votre instrument si spécial ?

P : L’instrument s’appelle le Stick Chapman, Chapman étant le nom du créateur, qui l’a créé il y a 40 ans. Il y a un modèle dix cordes à la base, et puis un modèle douze cordes et maintenant il y a d’autres dérivés toujours sous le nom de Stick Chapman. C’est un instrument qui est constitué de deux groupes de cordes, pour ma part c’est un douze cordes, donc c’est deux groupes de six cordes, avec une partie pour faire les mélodiques, les aigus, et une partie pour les fréquences beaucoup plus graves qui descendent comme une basse, voir plus bas. On en joue en tapping polyphonique, c’est-à-dire que c’est comme un piano, et cela permet de faire une basse avec des accords et une mélodie, c’est tout un enrichissement autour d’un thème musical. Il y a deux micros, donc une séparation des fréquences, il y a un canal pour les graves, un canal pour les aigus, ce qui permet d’éventuellement d’avoir deux amplis ou mettre des pédales d’effets différents sur chaque partie. Cela permet d’avoir sous les doigts une sorte de double instrument. On doit faire un tout, avec peu de notes ou beaucoup de notes, il faut un tout musical.

 


Qu’est-ce qui vous a plu dans le Stick ?

P : Pour moi, ça correspond à la synthèse de mon expérience musicale. Je suis pianiste classique au départ, avec des études en conservatoire depuis l’âge de 5 ans. Je me suis ensuite mis à la basse. Le piano m’a permis d’obtenir l’indépendance des deux mains et la basse m’a donné le contact avec la corde. Pour moi le stick est un piano sur lequel on tape les cordes, les doigts font office de marteaux. Certains diront que c’est une guitare, d’autres que c’est une basse et une guitare, alors que pour moi, c’est un piano.

Qu’est-ce qui vous a donné envie de jouer tous les deux ?

P : On a senti une complémentarité et beaucoup de choses en commun, et on a voulu mettre ça au profit de la musique. Actuellement on ne joue que tous les deux, car on estime faire quelque chose de bien complet et suffisamment expressif pour pouvoir le présenter au public. Il nous arrive de jouer parfois avec des guests, où on invite quelqu’un sur un morceau.

 

Qu’est-ce que vous prévoyez de faire après le Crescendo ?

P : Juste avant de venir au festival, nous sommes allés en studio, avec en prévision un disque qui va vraiment être représentatif de ce que l’on fait. J’ai deux disques à mon nom, et nous jouons des compositions des deux disques et ce n’est pas du tout pareil, car sur les deux disques il y a d’autres personnes, et on a alors décidé de faire un témoignage de notre expérience commune. On va prendre un peu de temps pour écouter, réécouter, mixer, tout le travail qu’il y a pour une bonne production.

Quels sont vos ressentis après les deux ouvertures du festival Crescendo ?

P : On a eu un accueil très favorable et chaleureux du public. Il y a des gens qui tous les jours viennent nous voir et qui nous disent que c’est extraordinaire, qu’ils ne s’attendaient pas à ça, de voir une musique aussi complète et sensible, juste avec un duo. On nous a surtout parlé du côté humain de la musique et de la sensibilité qui en dégageait. Notre musique exprime en temps réel ce que nous ressentons, c’est du au fait aussi que nous sommes libres dans ce que nous faisons. On peut dire qu’il y a des thèmes, qu’on retrouve le jazz à ce moment là, sans les grilles standard de jazz. On joue et c’est au gré du vent, du son. Les gens se sont sentis très touchés, et au Mexique, c’est pareil. On amène quelque chose de fusionnel, les gens se sentent impliqués et ils le partagent avec nous. Ils savent qu’ils sont acteurs de ce que l’on fait, et savent qu’on le sent, c’est un échange total.

 


Votre coup de cœur du Crescendo ?

P : The Enid, que je ne connaissais pas du tout.

Un petit mot pour la fin ?

P : Bonne continuation à RockYourLife! Bonjour à tous les lecteurs, en espérant les croiser un jour sur une scène, pour avoir leurs impressions.

 


Crédit photos : Pierre Gregori

Site web : myspace.com/stickdrumduo