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SMITH/KOTZEN (12/03/21)

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C’est sans doute l’une des collaborations les plus attendues de l’année ! Lorsqu’Adrian Smith et Richie Kotzen se retrouvent ensemble en studio… A cette occasion nous avons évoqué Smith/Kotzen en compagnie de l’illustre Richie Kotzen ! Un projet plus que prometteur !

En tant que musicien professionnel, comment as-tu géré cette situation avec la pandémie ? C’est en effet une période très difficile pour le monde du spectacle.

Richie Kotzen : C’est une situation terrible. Je veux dire que cela affecte nos vies. L’année dernière, nous avions prévu des concerts sur quatre continents. Mais pour moi, d’une certaine manière, je suppose que j’essayais de trouver le bon côté des choses je dirais, mais personnellement, j’ai un peu retournée la situation et fait en sorte que cette situation fonctionne pour moi. Je n’avais pas réalisé à quel point j’avais besoin de rester à la maison. Et donc, vous savez, quand vous êtes un musicien, et que vous recevez une offre pour un concert en Europe, pour venir au Brésil ou au Japon, votre instinct est de dire : “oui, faisons-le, allons-y”. C’est difficile de dire non parfois, donc ce qui se passait, c’est que j’étais vraiment épuisé, même sans m’en rendre compte. Et quand j’ai réalisé que je n’étais pas en tournée, il s’est passé quelque chose d’étrange : je me suis senti plus détendu, plus calme, je ne sais pas, je pense que j’avais vraiment besoin de rester à la maison pendant un moment. Bien sûr, nous ne voulions pas vivre comme cela, traverser une telle crise, mais maintenant, j’arrive à un point où l’idée de faire un concert quelque part recommence à me plaire, car pour être très honnête, à aucun moment en 2020 je n’ai eu envie de monter sur scène. J’avais vraiment besoin d’une pause, j’avais besoin de passer du temps à la maison, et donc, c’est ce que j’ai fait.

As-tu des souvenirs de ton concert au Hellfest ? On était là pendant ton spectacle et on peut dire que vous avez gagné beaucoup de nouveaux fans. C’est un grand festival de metal mais votre musique a touché beaucoup de gens.

Richie : Oui mec, c’était l’un de mes concerts préférés de toute ma vie ! J’ai vraiment adoré ce set. Je ne savais pas du tout à quoi m’attendre, parce que tu as raison, je suis là, à l’affiche avec des groupes de metal, des groupes de heavy, et ma musique est un peu différente de ce que l’on s’attend à voir dans ce genre de festival. J’étais tellement heureux, les gens ont commencé à chanter les paroles, ils semblaient connaître les chansons, c’était juste une super expérience. J’adorerais refaire cela, je ne sais pas quand nous pourrons le faire, mais j’espère que nous arriverons à une période où nous pourrons le refaire à nouveau. C’est vraiment l’un de mes concerts préférés.

Cet album de rock classique/bluesy est-il le fruit d’une longue amitié avec Adrian ou était-ce plutôt une décision rapide, un coup de tête ?

Richie : Non, c’est le résultat direct d’une longue amitié avec Adrian. Je dois te dire que, pendant de nombreuses années, nous nous retrouvions chaque fois qu’il venait à Los Angeles. Il a une maison ici, et généralement, à l’époque des fêtes, il fait venir sa femme et ses enfants et ils organisent une fête, et à un moment ou à un autre pendant ces soirées, nous savions tous que nous finirions un jour dans la salle de répétition. Et alors c’est là que le plaisir a commencé. On jouait des reprises, on chantait, on jouait de la guitare, on faisait ci, on faisait cela, et on a continué comme cela pendant des années, comme une sorte de routine. Et puis, finalement, à une époque plus récente, quelqu’un a suggéré :”vous savez les gars, vous devriez essayer d’écrire quelque chose ensemble”. Et alors, nous nous sommes regardés : “pourquoi n’avons-nous pas pensé à cela avant ?”. (rires). C’est ainsi que tout a commencé. C’est vraiment venu de cette amitié existante et aussi du fait que nous avions jammé ensemble auparavant. C’était évident que nous étions compatibles. Quand j’entends Adrian chanter, j’adore sa voix et je comprends d’où il vient, si vous voyez ce que je veux dire. Son jeu de guitare est très axé sur le blues, et il est excellent dans ce domaine, donc je n’ai pas eu à me demander comment cela allait être, je savais que nous allions bien écrire ensemble.

© Piper Ferguson & John McMurtrie
© John McMurtrie

Tout est venu très naturellement.

Richie : Oui, vraiment. C’est sorti sans effort.

L’écriture et l’enregistrement de cet album ont été faits avant la crise non ?

Richie : Absolument, oui. On a eu de la chance d’arriver à tout faire avant. Le plan était de le sortir en mars 2021, à cause de notre calendrier, avec tous nos engagements, et puis l’autre partie du plan était de faire une tournée en avril. Maintenant, le bon côté de la chose, c’est que nous avons gardé notre date de sortie, et le mauvais côté, comme pour le reste de l’industrie, c’est que nous ne pouvons pas tourner. Mais nous voulons toujours partir en tournée, et nous sommes toujours en train de discuter pour savoir comment le faire, quand nous pourrons le faire, et qui jouera avec nous. Donc, le plan est toujours de sortir et de le jouer en live. La question est quand.

Comment avez-vous réparti, entre ces chansons, qui va jouer un solo de guitare, qui va chanter ?

Richie : Ce genre de choses parlait vraiment d’elles-mêmes. Ce que je veux dire, c’est que pour le chant, par exemple, c’était presque, presque, je dirais, parce qu’il y avait des exceptions sur le disque, c’était souvent la situation : “si tu l’as écrit, tu le chantes”. On ne l’a pas appliqué à la lettre, mais si Adrian disait : “J’ai une idée pour le couplet, laisse-moi essayer quelque chose”, il prenait le micro et chantait. Et puis je disais : “laisse-moi essayer quelque chose pour le refrain”, et je faisais la voix. Cela s’est vraiment construit comme cela. Il a naturellement pris cette forme. La guitare était un peu différente, mais pas trop. La façon dont les chansons se sont mises en place, au départ, quelqu’un avait une idée, un riff, et l’autre avait une autre idée, etc….pour aller plus loin, j’aimerais comparer cela à un match de tennis. Sauf que vous n’essayez pas de battre votre adversaire, vous essayez juste de faire durer la volée. C’est comme cela que je décrirais ce processus, ouvert, décontracté, nous ne sommes pas des gens odieux, nous sommes relativement calmes et matures. Nous savons écouter les autres, (rires) donc le processus s’est déroulé en douceur.

Il y a quelques batteurs invités, mais aussi que tu as joué toi-même de la batterie sur de nombreux titres.

Richie : C’est exact. Je ne sais pas combien d’entre eux, mais la majorité de l’album je pense. C’est juste venu de la façon dont nous étions installés et mis en place dans la salle de répétition. La batterie était installée, les micros étaient installés, on gardait la batterie allumée tout le temps, donc en fait, la façon dont cela a évolué, c’est que, disons qu’Adrian avait un riff, je me mets derrière la batterie, et je joue comme un groove. Je faisais probablement une boucle à partir de ce groove, puis on l’enregistrait. Mais parfois, je jouais toute la chanson pour lui, donc cela variait. On utilisait la boucle pour construire les chansons. Et quand les chansons avaient une forme que nous voulions engager, alors je pouvais revenir à la batterie et faire une prise de batterie appropriée. Et à partir de là, on faisait nos overdubs. Les guitares, les deuxièmes guitares, la basse, quelques voix. C’est en gros comme cela qu’on assemblait les morceaux.

Quelle est ta chanson préférée sur cet album ? On adore “Running”, et surtout “You Don’t Know Me”.

Richie : Oui, je vais te dire quelque chose. “Running” est définitivement l’une de mes préférées, et c’est la première chanson dont je me rappelle avoir entendue complètement terminée. Beaucoup de gens semblent effectivement vraiment l’aimer. “Scars” reçoit également pas mal de bons commentaires. C’est un peu comme choisir quel enfant on préfère, quand vous écrivez une chanson, comment décidez-vous laquelle est votre préférée ? Certaines chansons, pour moi, quand je fais mes disques (solo), restent avec moi. Des chansons que je joue toujours lorsque je suis en tournée, quelles que soient les circonstances. D’une certaine manière, il semble que je joue toujours la chanson “Remember”, tu vois ce que je veux dire ? Que va-t’il se passer avec les chansons de Smith/Kotzen ? Certaines chansons évoluent, certaines chansons avec lesquelles nous nous connecterons davantage lorsqu’elles seront jouées en direct. Nous devons attendre et voir comment cela se traduit. Pour ce que j’en sais, la chanson “Some People” pourrait devenir notre préférée à jouer en live pour qui sait quelles raisons.


Quelle a été la chanson la plus difficile à terminer ? Une chanson qui te donnait mal à la tête à cause du travail quelle nécessitait.

Richie : (rires). Je ne sais pas si une chanson de cet album rentre en particulier dans cette catégorie, mais je peux te dire qu’il y a une chanson qui m’a littéralement rendu fou. Et je l’ai même utilisée dans les paroles : “oh, it’s driving me crazy” (rires). C’est la chanson “I Wanna Stay”. Cette mélodie me rendait fou parce que je l’avais dans la tête tout le temps, et elle ne voulait pas en sortir. Je me réveillais avec cette foutue mélodie dans la tête. Et j’avais un problème : je ne savais pas sur quoi en faire et chanter dessus. Cela ne me venait pas. Et puis ça m’a frappé une nuit. C’était plus tard dans la nuit, je suis retourné au studio et j’ai fait une prise pour la voix sur cette chanson, et j’ai pensé : “OK, c’est comme ça que je dois l’interpréter et l’utiliser”. Donc cette chanson était, je ne sais pas si elle était difficile, mais elle était définitivement pénible à construire et à finaliser je peux te le dire.

Y a-t-il un thème commun aux paroles de l’album ?

Richie : Non, ce n’est pas un album conceptuel ou quelque chose comme cela. Les paroles parlent d’elles-mêmes, chanson par chanson. Nous avons juste écrit quelque chose, et quand nous avons eu un point de vue et une direction à prendre, nous avons su que nous avions une chanson. Les albums conceptuels sont toujours impressionnants pour moi, c’est complètement différent que d’avoir une idée pour une composition, une composition individuelle. Mais il y a définitivement un style à cet album, un son à cet album, mais ce n’est pas un album conceptuel.

Des nouvelles de The Winery Dogs ?

Richie : La dernière chose que nous avons faite, c’est la grande tournée en 2019. C’était génial et nous nous sommes beaucoup amusés. Après cela, nous avons parlé de faire un troisième disque, mais nous avions ces autres engagements, j’avais des tournées pour mon groupe solo, et puis la pandémie est arrivée, alors. Le truc avec The Winery Dogs, c’est cela; ce groupe n’est pas le genre de formation où vous pouvez envoyer des fichiers par internet dans les deux sens et essayer de travailler avec. Nous avons besoin d’être dans une pièce ensemble. Et ensuite, quand nous sommes dans une pièce, nous pouvons commencer à lancer des idées et construire à partir de cela. Le vrai problème ici, c’est que nous sommes pris dans cette pandémie et que Mike (Portnoy) est sur la côte est, Billy (Sheehan) dans le sud, et moi, ici en Californie. C’est presque impossible de nous réunir en un seul endroit en ce moment. Je ne suis pas encore prêt à voler, et je sais que Mike ne l’est pas non plus. Donc, à un moment donné, peut-être… (par le passé) nous avions travaillé chez moi, dans ce qui est déjà mon ancienne maison, et nous avions travaillé dans la maison de Mike. Peut-être que la tendance sera, une fois que la COVID est sous contrôle, que Mike et moi on ira prendre l’avion pour la maison de Billy à Nashville, passer une semaine là-bas pour composer des trucs. Il a un studio là-bas. Pour l’instant, je suis évidemment très concentré sur Smith/Kotzen, et c’est ma priorité. Mais à un moment donné, oui, j’aimerais refaire quelque chose avec Mike et Billy.

D’une certaine manière, la pandémie a montré le bon côté des réseaux sociaux, pour aider les gens à rester en contact.

Richie : Oui, quelle grande invention. Pensez juste à la difficulté de ce confinement si vous ne pouvez pas voir vos proches sur “FaceTime”, ou quoi que ce soit d’autre, cela a vraiment fait avancer les choses. C’était vraiment important, d’empêcher les gens de tomber dans une dépression vraiment sombre.

Exactement, de plus tu partages beaucoup sur Facebook et on a l’impression de te connaître un peu plus.

Richie : Oui, tu sais, j’espère que je n’ai fait peur à personne. (rires)

As-tu un plaisir coupable côté musique ?

Richie : Katy Perry !

Et enfin, notre dernière et habituelle question : nous sommes “RockUrLife”, donc qu’est-ce qui rock Richie Kotzen ?

Richie : L’album Smith/Kotzen ! Que dites-vous de cela ! (rires)

Site web : smithkotzen.com

© John McMurtrie