Interviews

SKUNK ANANSIE (19/06/12)

English version

Skunk Anansie n’est plus un groupe à présenter. Emmenés par la très charismatique Skin, le groupe était de passage à Paris pour promouvoir son tout nouvel album” Black Traffic” qui sera dans les bacs le 17 septembre prochain. C’est dans les locaux de leur label qu’on a rencontré la belle et son guitariste, Ace, pour une petite interview et un photoshoot !

Salut, pourrais-tu commencer par te présenter ?

Ace (guitare) : Je m’appelle Ace de Skunk Anansie, un groupe de rock britannique de maintenant dix-huit ans.

Comment vas-tu ?

A : Ca va ! On a enchainé plusieurs longues journées mais faire partie d’un groupe inspire toujours beaucoup et donc je vais bien.

Tu es là pour présenter votre nouvel album “Black Traffic”. Pourquoi ce nom ?

A : On peut y voir par là une sorte de “dessous” du marché noir à travers le monde. Le trafic d’humain, politique et tout ça. Tu as une certaine vision qui t’est proposée de cela mais, en dessous, c’est rempli de plein de petits autres cercles noirs. C’est le marché noir dans le monde.

Vous avez toujours été un groupe assez engagé n’est-ce pas ?

A : En quelques sortes. En tant que groupe, on a toujours socialement et politiquement une certaine conscience donc on observe ce qui se passe autour de nous et on en fait quelques chansons. On ne vient pas dire aux personnes “il faut tout casser et renverser le gouvernement” mais on a plutôt tendance à le présenter sous forme de “attend une minute, il y a ça qui est en train de se passer, ça aussi, et voilà notre vision de la chose”.

Est-ce qu’il y a une chanson que tu préfères dans cet album ?

A : Ca change souvent. Pour une chanson bien lourde, “Sticky Fingers” parce qu’elle est folle. Elle est vraiment super à jouer. Pour une chanson un peu plus douce, sans aucune hésitation je dirais “Hero”. J’espère que tu écouteras “Hero” parce qu’elle sonne vraiment classique. Quand j’etais plus jeune, je me disais toujours “qu’est-ce que j’aimerais écrire une de ces chansons”. Je me souviens écouter U2 quand ils ont sortis “One”, je me disais “qu’est-ce que j’aurais aimé écrire cette chanson”. Et je pense qu’avec “Hero”, c’est une chanson dont je suis vraiment fier, je pense que c’est une bonne chanson classique.

 

Cet album est votre premier réalisé indépendamment, sur votre propre label. D’où vient ce choix ?

A : Pour être honnête, on a pas du tout été forcé de se mettre sur notre propre label mais c’était la suite logique des choses. Tu n’as pas besoin de bureaux ni de staff comme tu en avais besoin avant. Pour être honnête, on a toujours fait ce qu’on a voulu, concernant les albums, nous avons toujours fait ce que nous avons voulu, sortis les singles que nous voulions et pareil avec les tournées. Ca ne change rien d’un point de vue créatif, ce n’est pas comme si on se disait “OK, maintenant on va pouvoir faire ce qu’on veut d’un point de vue créatif”, le changement que l’on constate c’est que l’on contrôle un peu plus notre destin. Donc, si on pense que certaines choses fonctionnent ou ne fonctionnent pas, on peut prendre telle ou telle direction. Du genre, “on a fait ça auparavant, ça coûte beaucoup d’argent, on ne va pas le faire par notre label” ou “on a fait ça auparavant, on pense qu’on aurait pu faire autrement, on va le faire sur notre label” mais d’un point de vue musical c’est toujours pareil.

Comment s’est passé l’enregistrement ?

A : C’était génial. Je pense que c’est l’album le plus harmonieux que l’on n’ait jamais fait jusqu’à présent en tant que groupe. On s’est enfermé huit semaines, cinq jours par semaine, douze heures par jour. C’était très expérimental, très créatif. On n’avait jamais enregistré dans ces conditions. D’habitude, on a déjà l’album de prêt, on l’a répété, on l’a tous en tête, même le son. On enregistrait d’abord toutes les chansons à la batterie, puis toutes à la basse et ainsi de suite. Pour celui là, on était juste littéralement un groupe à jouer dans une pièce sur un iPhone. Cette fois, on a décidé d’enregistrer chanson par chanson. On a fait la première, on l’a finie puis on a enchainé sur la seconde et caetera. Chaque chanson a été conçue séparément et c’est pour ca qu’il y a différentes facettes sur cet album, tu en as des calmes et des plus pêchues. Ce n’est qu’une fois chaque chanson finie qu’on s’est tous posés et qu’en ré-écoutant on se disait “on va mettre une loop ici, des sons électroniques ici…”, en un sens on l’a retravaillé. On appelait ça “une saveur”, on disait “c’est une sorte de nouvelle saveur”. Chaque chanson a été créee individuellement et on lui donnait une “saveur”.

Vous avez choisis Chris Sheldon (Foo Fighters, Pixies..) en producteur. Peux-tu nous expliquer ce choix ?

A : Pour être honnête, c’etait une co-production avec Chris. On aime Chris car il va toujours dans notre sens. Il est fantastique quand il s’agit de comprendre ce dont on a besoin, quand on lui dit “on a besoin de ça” il nous répond “oui, alors faisons le !”. On vient avec des mélodies et des structures et lui les met dans la machine au final, c’était une très bonne collaboration.

Quand on voit la direction que prend l’industrie musicale, Skin a dit que c’était une “chance pour vous de ré-inventer une façon de travailler et de reprendre le contrôle de votre “art”. Tu peux nous expliquer un petit peu tout ça ?

A : Ca veut dire qu’on peut faire ce qu’on veut, à tout moment. Au lieu d’attendre en permanence, attendre un an pour faire tel album, attendre un an pour faire ceci ou cela, on peut simplement faire ce dont on a envie. On peut faire un album pop, on peut en faire un heavy metal si on veut… On peut même faire un mix des deux ! On contrôle absolument tout ça.

En parlant du côté créatif, dès votre troisième album vous avez glissé quelques sons électroniques. Est-ce que vous vous considérez comme avant gardistes dans la mesure où maintenant tout le monde le fait ?

A : Pour être honnête, je pense que chacun a sa petite chose qui le differencie des autres. Je ne pourrais pas dire que nous sommes des novateurs ou quoi que ce soit dans la musique électronique parce qu’on est principalement un groupe de rock mais on est très inspiré par tout ce qui vient de là donc on met des éléments de cette musique dans la notre. Quand tu écoutes cet album aujourd’hui il sonne assez moderne. Le remastering de cet album sonne comme si on avait sortie l’album la semaine dernière ! Je suppose que dans un sens, on était un petit peu en avance sur notre temps mais en même temps nous étions aussi très contemporains. C’est un truc particulier qu’il y a avec Skunk, je pense qu’on est vraiment bon pour créer des choses actuelles, ce nouvel album sera actuel, il est moderne, il est contemporain et dans dix ans, il ne sonnera pas vieux.

 

“Black Traffic” est votre sixième album, presque vingt ans après votre premier. Après toutes ces années, où trouvez-vous encore cette inspiration et cette énergie pour continuer à composer de la nouvelle musique ?

A : C’est un peu la même que pour toi. Quand tu écoutes un nouvel album et que tu l’écoutes, c’est exactement la même pour nous. On joue de la nouvelle musique, on adore ca. C’est très revigorant. C’est ce que la musique fait aux gens. Peu importe l’âge que tu as, la musique te fera toujours du bien. Et quand tu essais de faire quelque chose de revigorant, nouveau, moderne, ça inspire beaucoup et c’est une façon de vivre qui est fantastique.

La différence est que vous êtes acteurs de tout ça et après dix-huit ans vous pourriez avoir l’impression de ne plus avoir grand chose à prouver…

A : Je pense que si, c’est comme tout. Tu te sens toujours bien quand tu construis quelque chose de nouveau, tu en es content.

Vous êtes considéré comme un groupe à tendance punk rock tant par la musique que par votre côté engagé. Que reste t-il du punk rock en 2012 selon toi ?

A : Si tu penses de l’essence même du punk rock qui est quelque chose de révolutionnaire, ça serait cette nouvelle mouvance rock et dubstep. C’est assez agressif, brouillant… Certaines personnes n’aiment pas ça. La musique punk est quelque chose qui se passe sur l’instant. Le punk pourrait être n’importe quoi en fait.

Quelle place donnez vous à la musique live ?

A : Pour nous, on se donne à 100%. Je pense qu’on est vraiment fait pour ça. Je pense que la plupart des groupes le sont. L’enregistrement est une passe. C’est vraiment ce qu’on aime, être là, physiquement, jouer, c’est la meilleure chose à faire quand tu es dans un groupe. Même si on aime bien le studio mais si on me proposait de rester trois mois en studio ou trois mois en tournée je choisirais immédiatement la tournée ! C’est super de jouer en concert avec ce groupe.

L’an dernier vous avez eu une expérience assez tragique lors de votre passage au Pukkelpop…

A : Oui, c’était affolant. Une tempête sur scène. Tout le monde devenait fou parce que plus il pleuvait plus la musique était lourde et tout. Les arbres ont commencé à tomber, on a du courir pour quitter la scène, c’était fou. Ce n’est que plus tard qu’on a appris que la suite du festival avait été annulée, c’était vraiment effrayant. D’un côté on a été très chanceux, notre scène n’a rien eu de grave et personne aux alentours n’a été touché ou blessé donc c’était le bon côté des choses.

 

Notre webzine s’appelle “RockYourLife!”. Qu’est-ce qui rock ta vie ?

A : J’adore marcher dans la rue avec mes écouteurs et écouter plusieurs compilations et de la bonne musique, c’est ce qui rock ma vie ! Tout particulièrement du Alter Bridge !

 

Site web : skunkanansie.net