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SKIP THE USE (21/02/14)

Mat Bastard et Yan Stefani étaient de passage à l’hôtel Jules, histoire de boire un café, au lendemain du concert “HP Connected Music” pour présenter le nouvel album “Little Armageddon”. RUL était bien évidemment de la partie.

Salut Skip The Use, comment ça va ?

Mat Bastard (chant) : Tranquille écoute.

Yan Stefani (guitare) : Pour une fin de semaine ça va.

M : La promo se passe bien… impeccable… on mange du sucre. (rires)

Pas trop de pression avant la sortie de l’album ?

Y : On a hâte que ça arrive.

M : Ça fait deux mois que l’on attend la sortie de l’album, on en a même un peu plein le cul ! (rires) Il n’y a pas de pression, c’est juste de l’impatience.

Le public aussi doit être impatient ! Il y a un engouement grandissant autour de Skip The Use à chaque sortie d’album, comment le vivez-vous ?

Y : Ca n’a pas changé grand-chose pour nous au final, on avance et il y a de plus en plus de monde qui nous suivent, ça progresse de la bonne façon, et ça nous tire vers le haut.

M : Ouais, c’est… Tu peux répéter la question ? (rires) Sans rire, c’est hyper boostant pour nous, ça nous incite à continuer à avancer, c’est vraiment un vrai plaisir et à chaque concert on espère juste qu’ils seront de plus en plus nombreux.

 

 

Votre nouvel album “Little Armageddon” vient de sortir, la méthode de composition a-t-elle changé depuis “Can Be Late” ?

M : Non, c’est resté pareil, on écrit la musique à deux et j’écris les textes.

Y : Ce qui a changé, c’est qu’on a pris beaucoup plus de temps pour l’écrire et allé le plus loin possible dans les morceaux. “Can Be Late” a été fait beaucoup plus dans l’urgence.

Et puis vous êtes allés l’enregistrer aux studios Sarm à Londres.

M : La moitié à Sarm, l’autre partie en Belgique, et on a bossé avec des anglais et surtout Dimitri Tikovoï à la production. Les anglais sont aussi venus avec nous en Belgique d’ailleurs, ils sont très pro, ils travaillent de manière intensive, ils n’ont pas peur d’essayer des choses un peu folles et c’était génial, parce que c’est ça que nous sommes venus chercher en allant les voir. On a été servi.

Y : Et en plus Dimitri est vraiment un mec très doué. On a découvert et appris des choses importantes pour nous. La façon d’appréhender le son est original, ce fût un bel apprentissage pour nous, parce qu’on aime faire notre son et être derrière une table de mix. On a appris beaucoup.

Le morceau qui tourne sur toutes les radios est “Nameless World”, un titre très ska. Et vos influences, ont-elles changé depuis “Can Be Late” ?

M : Je n’ai pas l’impression.

Y : Ça fait partie d’une de nos influences du début de notre carrière, et comme la plupart des morceaux de l’album, il y a plein de clin d’œil comme celui-là. Ce titre est un petit retour aux sources. Même dans le son, on voulait quelque chose de plus brut, mais aussi de très bien produit. La plupart de nos morceaux sont plus sombres quelques soit le style, funk, ska ou rock. Ce n’est pas un changement mais une évolution.

M : Oui c’est ça. On n’a pas voulu changé le concept, on est juste allé plus loin. On veut que ce soit surprenant. Pas un “Ghost bis” sur douze morceaux.

 

 

Vous n’êtes pas dans la continuité mais dans l’évolution.

M : Voilà comme Apple… c’est l’album 3S. (rires)

Dans les évolutions notables, le titre “Etre Heureux” est chanté en français, c’est une première pour Skip The Use.

M : Le sujet qu’on évoque est très franco-français. On traite d’une atmosphère de résignation qui se propage dans notre pays. Ces gens qui vont voter par million Marine Le Pen, qui vont massacrer des couples gays pendant les Manif Pour Tous, ceux qui vont montrer du doigt des roms, des noirs, des rebeus… parce que tout le monde se complaint dans sa tristesse personnelle et préfèrent montrer, stigmatiser une couleur de peau, une religion ou une orientation sexuelle plutôt que de se remettre en question. C’est tellement français qu’il fallait qu’on le fasse en français. On n’est pas du genre à fermer notre gueule et quand on a un truc a cracher on le fait. On est dans le respect, mais on aime la prise de proposition et provoquer le débat.

Vous avez présenté quelques titres lors d’un showcase “HP Connected Music” hier, avant la sortie de “Little Armageddon” ça s’est bien passé ?

M : C’était cool, il y avait vraiment beaucoup de monde, on n’est pas des experts de ce genre d’évènement mais apparemment il y a plein d’internautes qui ont suivi le concert, on a présenté une partie de l’album et il y a eu plutôt un bon accueil.

Y : On a fait cinq titres, ils fonctionnent sur scène et ça annonce de bonnes choses.

M : En plus on a retrouvé une partie de notre équipe pour les concerts et ça fait vraiment plaisir. On a commencé à bien se préparer pour la tournée qui débute dans un mois.

 

 

Une chose qui ne change pas au gré des albums et qui a fait aussi la force de Skip The Use, c’est cette énergie sur scène. Comment se passe votre relation avec le public ?

M : C’est plutôt naturel, on ne joue pas sur scène, on n’est pas dans le rôle. On aime que le spectateur soit acteur du concert, qu’il participe et que ça soit vraiment interactif. Pour ça on va les chercher, pour les inviter à créer de l’énergie. C’est une sorte de questions-réponses, ça fait de l’émulsion et c’est toujours en fonction du public. Vu que le public change tous les soirs, les concerts ne sont jamais les mêmes.

Y : À Lille, on avait ressorti quelques titres de Carving du tiroir, certains membres de l’époque étaient montés sur scène. On s’était bien amusé, mais on ne peut pas tout le temps faire ça par manque de temps malheureusement.

M : Un concert qui nous a fait revenir quinze ans en arrière.

Y : Ça faisait bizarre ! (rires)

D’ailleurs, les premières dates de concert pour Paris et Lille, vos villes natales, sont déjà sold out. Skip The Use est prophète dans son pays ?

M : J’ai jamais été fan des prophètes, je suis plutôt ni dieu ni maître. (rires) On peut dire qu’on a un public qui nous soutient, c’est génial et pourvu qu’il soit de plus en plus nombreux. Nous ce qu’on aime, c’est de faire partager notre musique, le reste c’est du folklore. Et c’est vraiment important pour nous de voir que les gens nous fassent confiance, qu’ils remplissent des salles, avant d’avoir écouté l’album. C’est très touchant.

On va ressasser le passé quelques minutes. Avant d’être Skip The Use, certains des membres du groupe faisaient du punk bien crade.

M : C’était avec mon ancien groupe, Carving. Mais lorsque les membres vont et viennent et qu’au bout de quelques années tu deviens le seul membre d’origine, tu te dis que le groupe doit passer à autre chose. Le punk, c’était un peu plus mon truc et moins le leur, donc on voulait créer un truc qui ressemble vraiment au groupe qu’on était devenu avec Yan. Alors on a composé à deux, de nouvelles influences et sonorités ont pointé le bout de leur nez. Ça nous a plu et on a lancé la machine, on est reparti à zéro. Le genre de risque que tu prends à vingt ans, on l’a fait à trente. (rires)

En parlant de risque, il y a une chance de revoir Carving sur le devant de la scène ?

M : On va sortir un album, mais ce n’est pas un risque ! C’est mon combi Volkswagen à moi ! Ça ne sera pas sombre, mais juste dégueulasse et j’assume complètement le dégueulasse. (rires)

 

 

Vous avez des affinités avec Shaka Ponk, est-ce qu’il y a un projet en commun de prévu ?

M : On est proche d’eux, humainement. Ils sont dans un trip très numérique et 2.0, nous on est plus analogique, un peu vintage avec nos vieux synthés, mais le principe se ressemble un peu et on est très complémentaire.

Y : Même le public, on s’est rendu compte qu’une grosse partie de la foule qui vient voir Shaka Ponk vient voir Skip The Use. Ils ont les Monkeys et on a les Bastards. On a déjà parlé de projet en commun, mais dans la musique, tout n’avance pas toujours à la vitesse où tu veux.

M : Et puis il y a toujours des projets avec des artistes avec qui tu as des affinités. Mais en attendant on fait plein de trucs avec eux. On va au resto (rires) et les autres trucs que tu fais avec tes potes. Après bosser ensemble, on fait déjà des concerts ensemble. Pour le reste, on a une idée bien concrète de ce qu’on voudrait faire ensemble, Skip The Use et Shaka Ponk, mais il faut le temps de la mettre bien en place.

Il y a d’autres groupes en France avec qui vous avez ce genre d’affinités ?

Y : Orelsan, Birdy Nam Nam…

M : Justice, Toybloïd, les Casseurs Flowters, Kid Noize. Et en Belgique : Goose et Soulwax.

Il n’y a vraiment pas de barrière musicale.

Y : Les rencontres c’est d’abord de l’humain. Et musicalement c’est cool. Aurélien (Orelsan), il a fait un délire super marrant avec son pote Gringe. C’était un miséreux à un moment et c’est un putain de bosseur alors, ce qui lui arrive en ce moment, il le mérite. Il fait des trucs de fou, même un feat avec Biolay ! (rires)

M : Il fait ce qu’il veut, il est super ouvert, il touche à des univers très éloignés du sien et c’est vraiment cool. C’est toujours des surprises avec ce mec.

 

 

Et de votre côté, on doit s’attendre à des surprises pour la tournée que vous allez amorcer ?

M : La plus grosse, c’est qu’on va bosser avec des majorettes. On crache des ours et on dompte du feu aussi ! (rires) Non, pour de vrai il y a aura des surprises, à l’image du disque !

D’ailleurs, une dernière question sur votre disque, ou plutôt l’artwork. Pourquoi avoir mis un aigle ?

M : C’est un corbeau !

Pardon, pourquoi avoir mis un corbeau au niveau de la taille de Mat, il y a un délire phallique planqué derrière cette cover ?

(Mat et Yan se regardent et explosent de rire)

Y : Putain je n’avais même pas capté !

M : Surtout qu’un corbeau ça a de très grandes ailes mais une toute petite tête donc je ne sais pas comment je dois le prendre. (rires) Je vais en parler au graphiste ! On voulait vraiment mettre le corbeau…

Y : Et il fallait bien le mettre quelque part !

M : Il l’a mis là !

 

 

Dernière question : nous sommes “RockUrLife”, alors qu’est-ce qui rock vos lifes les gars ?

Y : L’Olympique de Marseille.

(Mat le regarde avec un air déprimé)

M : Moi c’est Zlatan Ibrahimovic (avec l’accent du président du PSG et en direction de Yan) et on t’attend avec ton OM, on vous tue tous !

 

 

Site web : skiptheusemusic.com