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SHINEDOWN (17/06/22)

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Shinedown a retourné la MainStage lors de son passage au Hellfest. L’occasion idéale pour RockUrLife de s’asseoir avec Brent Smith et de discuter du nouvel album Planet Zero.

Merci pour cet incroyable concert, la seule chose qui manquait était votre habituelle descente dans la fosse au contact du public !

Brent Smith (chant) : Je ne suis pas descendu à cause du temps. Cela prend un peu de temps et je n’ai pas eu les minutes supplémentaires, sinon je l’aurais fait. J’adore le faire ! L’autre chose est que nous essayons d’être respectueux envers le public lorsque nous jouons dans tous ces festivals, donc nous essayons de jouer toutes les chansons que nous pouvons en quarante-cinq minutes.

C’était l’occasion de jouer votre nouveau single en live devant le public français. “Planet Zero”, ce titre sonne comme une véritable déclaration. Pourriez-vous nous en dire un peu plus sur votre intention derrière ces mots ?

Brent : Nous venons des États-Unis et lorsque la pandémie a commencé, ce n’était pas seulement la pandémie qui nous remuait. Il y avait beaucoup de problèmes sociaux. C’était une période très intense en Amérique. Eric et moi étions en quelque sorte en train de discuter de tout ce qui se passait aux informations. Il m’a regardé et m’a dit : “on a l’impression d’être sur la Planète Zéro“. Tout est revenu à zéro, tout ce que nous avons appris de l’histoire est revenu à zéro. Parce qu’il y avait des informations contradictoires, vous ne saviez pas à qui vous fier, qui mentait, qui vous disait la vérité. En fin de compte, tout le disque parle de la condition humaine.


La condition humaine, en particulier la santé mentale, semble être l’un des principaux sujets de Shinedown.

Brent : En tant que groupe, nous avons écrit sur la santé mentale bien longtemps avant que cela ne devienne tendance dans les médias. Je déteste quand les gens se plient à ce genre de choses. La santé mentale est un problème grave. Nous voulons que les gens survivent. C’est vraiment difficile aux États-Unis en ce moment. La première cause de décès est le suicide. Ce n’est pas un virus ou une maladie cardiaque, c’est le suicide.
Nous étions, pour la toute première fois, au milieu d’une pandémie qui a touché le monde entier. Nous avons dû écrire sur ce qui se passait. Nous avons eu une conversation sur l’écriture en mode boule de cristal qui raconterait ce qui s’est passé avec un recul de trois ans. Mais il se passait tellement de choses. Nous voulions montrer aux gens qu’ils n’ont pas à se soumettre au chaos. Si vous voyez quelqu’un à genoux, au lieu de passer devant lui, ramassez-le. Peu importe que vous soyez un homme, une femme, vieux, jeune, il s’agit de qui vous êtes en tant qu’individu. La camaraderie de la société et de toutes les races et de toutes les origines et de toutes les ethnies et de tous les peuples. Nous devons nous unir pour de vrai. L’une des façons d’y parvenir est de discuter de ces choses avec d’autres personnes. Écoutez-les, même si vous n’êtes pas d’accord, vous pourriez apprendre les uns des autres. Cela ne devrait pas se limiter à se dire : “mais quel choix avons-nous ?“. Les gens nous ont donné une plateforme et nous avons un seul patron dans ce groupe. C’est chaque personne dans le public. Nous avons une responsabilité parce que ce que nous faisons affecte les gens. La musique que nous écrivons les affecte de manière positive. Je suis dans la “remise en état des gens“. C’est facile d’abandonner. Je ne veux pas que la société s’abandonne à elle-même. Je crois que l’humanité est intrinsèquement bonne.


Planet Zero prend un bon départ avec “No Sleep Tonight”. C’est punk, c’est thrash et agressif. Il y a aussi quelques sonorités des années 80 qui sont inattendues.

Brent : Nous essayons de faire de notre mieux pour ne pas écrire la même chanson encore et encore. Nous faisons de notre mieux pour ne pas faire deux fois le même disque. Si tu dis que c’est inattendu, c’est une bonne chose. C’est juste la façon dont nous voyons les choses. Ce premier titre démarre de manière agressive et rapide. Les gens diront : “oh non, qu’est-ce qu’ils ont fait“. Mais au final cela vous accroche l’oreille. Cette chanson est en fait notre façon de montrer ce que cela fait de se prendre un mur en pleine tête. Les gens ont une opinion sur nous : sont-ils un groupe de rock, de metal, d’americana, de pop ? La seule répartie que nous pouvons avoir est de dire : nous sommes Shinedown. Nous ne voulons pas être mis dans une case. Nous voulons incorporer beaucoup de musiques et de musicalités différentes. Nous sommes influencés par de nombreuses personnes du monde entier. Je n’ai pas écouté de trucs très heavy récemment, mais nous avons créé ce disque avec tous ces éléments très variés. Je joue ces morceaux tous les soirs et je ne veux pas m’ennuyer. Je veux donner le meilleur de moi-même aux gens.


La façon dont vous avez structuré l’album en utilisant Cyren interpelle, c’est comme si il y avait différentes parties d’une même histoire.

Brent : Exactement. C’est le travail de l’ingénieur, mixeur, producteur, bassiste, guitariste, pianiste, chanteur Eric Bass. Il est aussi dans le groupe. (rires) Notre dernier album Attention Attention, il l’a produit et mixé. Je dis toujours que si ce n’est pas cassé, pas besoin de changer. Alors on lui a confié ce disque. Il avait cette voix dans sa tête et la façon dont elle liait les chansons ensemble. Je suis allé le voir, il travaillait sur le mixage du disque depuis longtemps et j’ai appelé Ted Jansen pour le mastering. Nous l’appelons “le matin de Noël“, je l’ai appelé un jeudi et lui ai demandé à quoi ressemblait son lundi. Il m’a demandé à quoi cela devait ressembler ? Je me souviens d’être allé au studio et avoir annoncé la bonne nouvelle à Eric, nous allions envoyé le disque en mastering le lundi. Il a dit que ce n’était pas possible, qu’il y avait cette chose qu’il devait faire et je lui ai dit : “tu as 72 heures“. Il a donc créé tous ces interludes en 72 heures. Il fallait que tout se connecte de cette façon. Au début elle assez douce puis elle commence à s’énerver davantage. Elle veut que vous pensiez par vous-même. Elle se lâche vraiment à la fin. C’est à vous de jouer, allez-vous la laisser faire ou essayer de la faire taire ? “What You Wanted” a été la première chanson que nous avons écrite.

La voix devient plus agressive mais les morceaux ne suivent pas cette tendance. Certains sont surprenants comme “Daylight”. Cela commence avec le piano et ta voix, mais au fur et à mesure cela devient autre chose, très prenant avec plein de chœurs.

Brent : Cette chanson est intéressante parce qu’elle n’est pas orthodoxe. Il y a eu énormément de réflexion dans la structure de cette chanson. A chaque album tu espères avoir ce qu’on appelle un cadeau. Un cadeau, c’est quand un morceau sort de nulle part et tombe devant toi. Tu n’as pas d’autre choix que de l’écrire. C’est ce que “Daylight” était pour nous. Il a été écrit si rapidement. Les paroles sont venues naturellement, le message dans la chanson est venu très vite. La structure était différente et pourtant elle semblait très naturelle. Je me souviens avoir fait la ligne de chant, cela n’a pas pris longtemps. Nous ne faisons pas de maquettes de démonstration. Une fois que nous écrivons des titres, j’entre en studio et je les chante. C’est impossible de retrouver ce sentiment que l’on ressent la première fois que l’on écrit une chanson. Quand j’enregistre un titre, je m’approche du micro comme si c’était le dernier jour où j’étais sur cette Terre.

Les premiers retours sur ce morceau sont intimidants. L’autre jour, je regardais les commentaires YouTube de la vidéo paroles. Une personne a écrit : “cette chanson vient de me sauver la vie, j’allais me tuer“. Le plus beau des retours est de savoir que les gens disent avoir besoin de ce morceau. Nous en avions besoin aussi. Ce n’est pas donner et recevoir l’objectif, mais savoir prendre soin les uns des autres.


Vos chansons touchent les gens parce qu’elles reflètent une honnêteté brute. Vous parvenez à transmettre cette franchise qui fait tomber toutes les barrières.

Brent : Ce qui est au cœur de la musique, c’est la médecine. Une chanson peut évoluer dans ce qu’elle signifie pour vous selon les moments. Je ne connais aucun autre art, ni aucune autre chose dans la société qui puisse affecter quelqu’un autant que la musique. Quelqu’un au bout du rouleau, sentant que tout est horrible, entend soudainement une chanson qui va lui permettre de refaire surface. La musique arrive toujours quand on en a le plus besoin. Je ne peux pas te dire combien de fois j’ai eu besoin de musique pour me ramener à la vie, à l’espoir. AC/DC marche bien pour moi. Si je suis de mauvaise humeur, j’écoute AC/DC.

Quelle chanson te fait particulièrement du bien ?

Brent : “Shoot To Thrill” est le morceau que j’utilise à la salle de sport quand je suis en bout de course. Quand je ne peux pas aller plus loin, je mets “Shoot To Thrill” et je peux courir un autre marathon. C’est aussi une question de nostalgie. J’adore leur nouveau disque. Les chansons sont géniales. Comme “Shot In The Dark” ou “Through The Mist Of Time”. Ce qu’ils ont écrit pour Malcolm était attachant et doux. Otis Redding le fait pour moi aussi. Si je suis déprimé, j’écoute Otis Redding, Nina Simone, Ella Fitzgerald.

Enfin, nous sommes RockUrLife, alors qu’est-ce qui rock ta life, Brent ?

Brent : En ce moment même, le fait que tu fasses cette interview rock ma life. Ce qui rock le plus dans ma life, c’est mon fils de quatorze ans. Il a des opinions et le voir devenir un homme est une belle chose. Comme il vieillit, il veut en savoir plus sur la vie et je peux être là pour en discuter avec lui.

© Jimmy Fontaine

Site web : shinedown.com

Marion Dupont
Engagée dans la lutte contre le changement climatique le jour, passionnée de Rock et de Metal le soir !