Interviews

SHINEDOWN (07/03/18)

English version

Ce vendredi 4 mai, Shinedown sort “ATTENTION ATTENTION”. Pour cette belle occasion, nous avons rencontré le charismatique leader de la bande, Brent Smith pour qu’il nous dévoile un peu plus sur ce nouvel opus. Retour sur un entretien agréable, honnête et enrichissant.

Vous allez sortir votre sixième album qui s’appelle “ATTENTION ATTENTION”. Qui a eu l’idée de ce titre ?

Brent Smith (chant) : C’était une idée générale. C’est un story album, ce n’est pas un concept album traditionnel. Les concepts albums sont souvent très long, ils contiennent à peu près dix-huit chansons. Quand on a décidé de faire un album entier bâti derrière une histoire, cela nous a donné un aperçu du thème, car on ne connaissait pas encore les chansons mais on savait vers quel dynamisme se diriger et de quoi cela traiterait. Et la pochette est très spécifique avec le point d’exclamation, le contraste entre le jaune et le noir. C’est comme si cela criait comment ça devait s’appeler. On a compris que l’album devait s’appeler “ATTENTION ATTENTION”. C’est un peu comme cela que ça s’est passé.

C’est un peu comme si vous nous avertissait de quelque chose qui va arriver. Mais de quoi ?

Brent : Cela peut être interprété de cette façon. Tout le monde a une opinion différente. C’est ce qui est beau dans la musique, en particulier dans les chansons. Mais “ATTENTION ATTENTION” est plus comme quelque chose de nécessaire qui doit se produire. Peut-être interprété comme un avertissement, mais c’est plus une alerte. C’est plus un “Hey ! Réveille-toi !”. Genre : “Il faut que je te dise quelque chose”.

 

 

D’où l’inspiration te vient ?

Brent : Pour cet album ou en général ?

Pour cet album.

Brent : En 2016, nous avions fini la tournée aux Etats-Unis. Eric Bass, notre bassiste, était genre : “Je ne peux pas ne rien faire quand je suis en tournée, que ce soit des interviews ou autre”. Donc il a commencé à composer et à enregistrer pendant la tournée, pas de paroles, pas de mélodie. Ce n’était que des compositions. Donc certaines duraient trois minutes, d’autres quatre minutes. À la fin de la tournée, il avait déjà vingt petits bouts de chansons. Mais je ne voulais pas les écouter quand on était en tournée, je ne peux pas travailler sur deux choses à la fois. Pour moi il y a le studio et la performance. Quand je suis sur la route, je suis concentré seulement sur la performance live. La route est beaucoup plus physique. Le studio c’est plus mental. Donc quand j’ai entendu ces vingt-deux bouts de chansons, en janvier 2017, je me souviens nous nous sommes retrouvés et il les a simplement joués devant moi. Pendant que nous les écoutions tous, et c’est probablement lié avec le fait qu’il n’y ait pas de mots et pas de mélodie, il y avait juste la musique, c’était juste incroyable, et j’étais genre : “Tout cela sonne comme un concept album”, il y avait vraiment un fil commun. C’est de la d’où vient l’idée des vingt-deux chansons. Ce qui est intéressant, c’est qu’on a utilisé aucune de ses compositions. La seule chose qu’on ait gardé, c’est le couplet de la chanson finale, qui est “BRILLIANT”. Il y a comme un synthé qui commence en fond mais ce son particulier est le seul bout que nous avons utilisé de ces vingt-deux parties.

Peux-tu me confier un secret à propos de cet album ?

Brent : Un secret ? Intéressant ! Je ne sais pas si c’est un secret mais nous n’avons jamais fait de story album avant. Traditionnellement, on écrit cent chansons, on choisit les dix meilleures pour un album. C’est la toute première fois que nous avons auto-produit car Eric a produit l’album mais l’a aussi mixé. Donc tous les membres du groupe étaient impliqués tout au long de la réalisation de l’album. On l’a enregistré en Caroline du Sud. J’y ai passé cent dix-sept jours l’année dernière. L’album sort bientôt maintenant, mais en premier lieu, les gens ne voulaient pas tellement le soutenir car comme c’était un album qu’on auto-produisait, les gens étaient genre : “Je ne sais pas trop”. La chose intéressante qui s’est produite pendant cet album, c’est que les gens disaient que “je n’ai pas besoin de l’écouter trente fois pour l’apprécier. J’ai juste à l’écouter une fois, et j’ai envie de recommencer encore une fois. C’est instantané”. Mais nous écoutons aussi notre public. Il voulait un album plus lourd. On y a pensé quand nous étions en studio. Pas seulement qu’il voulait qu’il soit musicalement plus lourd, mais aussi, il ne voulait pas à avoir à chercher à comprendre les paroles. Il voulait que ce soit très direct. Et c’était exactement ce que je voulais aussi. Du coup, j’ai été très direct. Enfin… Je ne sais pas si je t’ai donné un secret. Mais j’essaye de chercher un autre secret. Il faut vraiment que je trouve. Ah ! Je peux te dire ça. Sur “ATTENTION ATTENTION”, la chanson, nous avions un son différent pour l’alarme et c’est parce que nous nous sommes réveillés, dans notre chambre d’hôtel, un jour à… Je ne me souviens pas exactement où nous étions. Mais nous étions en train de monter les escaliers, et Zach, le guitariste, a commencé à enregistrer parce que on entendait : “there’s been an emergency, there’s been an emergency”. Donc nous avons demandé à notre A&R, Steve Roberston, celui qui a signé le groupe, de le faire résonner comme l’alarme à l’hôtel car il a une voix super cool. Donc ce que vous entendez, c’est en réalité Steve qui dit “attention attention”. Donc, en soit, nous avons créé l’alarme.

C’est un très bon secret ! Alors, si tu rencontrais quelqu’un qui n’avait jamais entendu parler du groupe, quelle chanson de toute la discographie de Shinedown lui conseillerais-tu pour représenter l’univers de Shinedown ?

Brent : Je lui dirais de toutes les écouter. (rires)

Tu ne peux pas tricher, tu dois en dire qu’une.

Brent : De cet album en particulier ? C’est une question très difficile. Une ? C’est impossible (il réfléchit longtemps). Je pense que si je devais regarder sur toute l’étendue de notre discographie, c’est très difficile. Car j’essaye de trouver une chanson qui donne tous les aspects de notre univers. Et ce ne serait pas les chansons essentielles auquel on pourrait penser. Je sais que tu n’en as dit qu’une mais je me dois de modifier un petit peu. Je dirais probablement “Sound Of Madness”. Mais du dernier album, je dirais sûrement “BRILLIANT” qui est la dernière chanson de l’histoire. Je sais que tu as demandé juste une seule, mais c’était impossible à choisir. Si tu me dis que je ne dois en donner qu’une, il faut qu’elle représente à elle seule tout l’univers de Shinedown. Ce serait donc “Sound Of Madness”. Mais c’est un peu pareil avec “BRILLIANT”, je sais qu’elle est nouvelle, mais je le vois comme cela. Je ne pourrais pas choisir une ballade ou un slow, car cela ne nous correspond pas complètement. Après c’est difficile car on ne fait pas le même album deux fois et nous allons pas nécessairement faire quelque chose parce qu’on pense que les gens vont l’aimer. Si nous voulons justement que quelqu’un l’aime, nous devons l’écrire pour nous-mêmes premièrement, sinon cela n’a aucune pertinence. Tu dois d’abord être honnête avec toi-même.

T’intéresses-tu un peu aux retours des journalistes et des fans sur ton art ?

Brent : Oui, carrément ! J’adore les critiques construites, évidemment j’adore les “les gars vous êtes fantastiques”, je n’ai pas du tout de problème à lire ce genre de choses. Cela me fait savoir où les gens se situent par rapport à notre musique. Parce qu’en fin de compte, pour moi, je ferai ce que je ferai, parce que je suis à l’aise avec moi-même. Donc est-ce que cela m’affecte ? Ça dépend. Cela me fait définitivement réfléchir, mais cela ne va pas changer qui je suis. (ndlr : Il se met soudain à pleuvoir très fort). C’est moi qui fait tomber la pluie ! (rires)

 

 

Vous allez jouer au Hellfest cette année. Pouvons-nous espérer vous voir prochainement en tête d’affiche ?

Brent : Oui, on est justement en train de préparer tout cela. On fera une tournée européenne probablement vers la fin de l’année genre novembre/décembre. C’est aussi très probable que nous fassions une tournée anglaise en automne. Mais en tout cas c’est sûr que cela va arriver en 2019.

Ressens-tu une différence lorsque tu joues un concert en Europe qu’aux États-Unis ?

Brent : Oui, c’est sûr. Le truc en Europe ce qu’évidemment c’est une culture différente, des langues différentes. Mais la vérité c’est que peu importe où je suis, c’est le public qui compte. Ils veulent toujours que nous soyons au top de notre forme, que nous soyons honnêtes avec eux, et que nous donnions le meilleur de nous-mêmes. Si on le fait, ils seront avec nous pour toujours. C’est ce qui se passe avec le marché européen. Enfin, cela s’exporte de plus en plus aux États-Unis. Notre fanbase est vraiment très respectueuse. Mais il y aura toujours une approche différente avec le marché européen. Les Européens sont très passionnés de musique. Et vraiment, c’est très beau ! Aux États-Unis aussi. Par exemple, lors de la dernière tournée, nous avons tourné absolument partout : en Australie, en Asie, en Chine, en Inde, en Amérique Latine, au Japon, mais nous n’avons pas joué au Canada lors de la dernière tournée pour l’album précédent. La dernière fois que nous avons joué au Canada, c’était en 2013, lorsque nous avions ouvert pour Kiss. Donc le premier show que nous allons donner, nous commençons dans trois semaines je crois, on va faire neuf shows au Canada. On a décidé de commencer chez eux. On doit vraiment être partout. Mais c’est un grand monde.

 

 

Connais-tu des groupes français ?

Brent : Je connais Phoenix et j’aime vraiment beaucoup. C’est un groupe intéressant, la façon dont ils jouent et la façon dont ils abordent la musique. Je trouve qu’il n’y a aucun groupe qui ressemble à Phoenix. Ils font quelque chose de différent à chaque fois et ça, j’adore ! Je suis toujours curieux par les groupes qui parlent une autre langue mais chantent en anglais. Je trouve ça très intéressant, et évidemment Phoenix sont français mais chantent en anglais. Et je suis toujours vachement surpris quand je viens en Europe de voir que des gens peuvent parler genre cinq langues. Pas tout le monde, mais dans notre label, Atlantic Records en Allemagne, tout le staff parle genre cinq langues. Et couramment. Et ça c’est quelque chose que je dois faire dans les prochaines années à venir. Je ne parle qu’une seule langue mais je souhaiterais en parler une autre et couramment. Je ne sais pas encore laquelle.

Disons le français.

Brent : Mais le français est difficile ! Je pense que j’aurais besoin d’un professeur, de quelqu’un qui m’aide chaque jour. J’adorerais pouvoir parler le français simplement car je trouve que c’est une langue très romantique. C’est très passionnel et très émotionnel. Genre quand tu es au resto, on va te dire “veux-tu manger quelque chose ?”, toi tu vas répondre “oui, un hamburger” et là quelqu’un va répondre quelque chose en français, et toi tu vas être genre : “putain”. Peu importe ce que tu dis en français, c’est terrible.

Quel est ton avis sur tout ce qui est VIP package, les Meet & Greet, etc. ?

Brent : En ce qui me concerne, tout ce qui est genre bundles, VIP packages, et tout ce qui est du genre payer pour quelque chose, que ce soit pour avoir l’opportunité d’avoir quelque chose de signé pour nous -et je précise que c’est vraiment signé par nous, ce n’est pas un tampon (rires)- et dans le fait de payer pour nous rencontrer, ce que nous essayons de faire, et c’est différent des autres groupes, nous voulons que les fans comprennent quelque chose. Ce n’est pas de l’argent utilisé pour acheter une voiture par exemple, ou genre acheter une maison luxueuse. L’argent que l’on gagne on le réinvestit dans le groupe, d’avoir l’opportunité de faire de grands concerts pour les fans justement. Autre chose que nous faisons lorsque nous faisions un M&G, on comprend qu’il y a la notion de combien tu dépenses pour avoir ce que tu as, surtout avec le fan club et le M&G, donc il y a un accès limité à tout cela. Nous refusons de faire des M&G avec genre une grande table et nous on arrive, on se met derrière la table et voilà. En règle générale il y a une ligne, Zach et moi-même sommes souvent les premiers à arriver, mais c’est vraiment tranquille. On passe du temps avec eux, on parle avec eux. C’est très chaleureux. Et ensuite ils prennent une photo avec nous, ou même autant de photos que tu veux. Mais nous ne faisons pas autre chose. On impose une limite à tous ces packages d’à peu près trente jusqu’à maximum cinquante personnes. Parce que quand tu commences à avoir une limite de cent personnes ou plus cela prend genre 2h30. Et quand tu te produis cinq jours dans la semaine, tu fais aussi des interviews pendant la journée, tu dois manger, faire ton sport, te préparer pour la scène, ce n’est pas juste pour eux de ne pas leur donner notre attention entière, pour l’argent qu’ils mettent dedans. Il y a quelques années, il y avait genre cent personnes, et cela nous prenait deux heures. Je perdais déjà ma voix avant même de commencer le show. Je ne peux pas parler aussi longtemps. Et après tu dois chanter encore pendant 1h30, cinq jours dans la semaine, et c’est impossible. Donc nous avons réduit tout ça. Je pense que maintenant nous ne faisons que trente personnes, mais comme ça les fans peuvent avoir du temps avec nous. Les groupes que je vois d’habitude, ils le font juste pour l’argent. Mais nous ne faisons pas ça.

Dernière question : nous sommes “RockUrLife”,  qu’est-ce qui rock ta life Brent ?

Brent : Ce qui rock ma life ? Le fitness. Être fort et en bonne santé, prendre soin de moi, car il y a quelques années en arrière, j’étais dans une position délicate. D’être où j’en suis maintenant, j’en suis très fier. Parfois tu te retrouves à un moment de ta vie, et tu te demandes comment t’en sortir. La façon dont je vois les choses maintenant, concernant ma santé est indifférente. Être en bonne santé rock ma life. Je suis l’opposé des autres rockstars. (rires) “Donne-moi le Jack, donne-moi la cocaïne”. (rires) Ce gars a existé mais Dieu merci, je l’ai enterré.

 

 

Site web : shinedown.com