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SHAKE SHAKE GO (22/05/18)

English version

Deux ans après nous avoir fait voyager avec son premier album et son incontournable single “England Skies”, Shake Shake Go revient sur le devant de la scène. Avant l’album, “Homesick”, prévu pour septembre, il y a l’EP, “Dinosaur”, dont le single éponyme à l’énergie très rock passe déjà en boucle à la radio. Aussi discrète et souriante que sa voix est puissante, Poppy Jones, chanteuse de la formation franco-galloise, se confie sur cette nouvelle direction, la création des nouveaux morceaux et son côté sombre de voleuse d’animaux de compagnie.

Qu’est-ce-que ça fait d’être de retour ?

Poppy Jones (chant) : C’est cool ! J’ai l’impression que ça fait vraiment longtemps ! Ce n’est pas vraiment le cas, parce que quand nous avons fini la tournée, nous avons commencé à écrire, enregistrer, puis il y a tout le mixage. Mais après, il y a comme une pause, où tu attends juste qu’il se passe quelque chose, c’était un peu ennuyeux. C’est cool qu’il se passe à nouveau des choses, et ça fait du bien de voir des gens ! (rires)

Vous allez bientôt franchir la fameuse étape du deuxième album. Pour un premier album, il n’y a pas trop d’attentes mais maintenant, des gens vous suivent. Comment avez-vous approché ce nouveau challenge ?  

Poppy : Quand on a commencé à parler de travailler sur le deuxième album, j’avais un peu peur car pour le premier album, on avait énormément de temps pour faire tout ce qu’on voulait. Pour cet album, j’avais peur de n’avoir rien à dire. Je me souviens que sur le premier album, j’ai passé trois mois sur une chanson pour trouver des paroles. Maintenant, je ne peux plus faire ça. Cette fois, j’ai acheté un tas de livres et j’ai lu tout ce que je pouvais, des recueils de poésie, des autobiographies, des articles, n’importe quoi pour avoir de nouvelles façons de réfléchir, une perspective différente. Quand il a fallu commencer à écrire, c’est venu très facilement, plus que ce que je pensais. Nous chantions une chanson sans paroles, et les mots me venaient à l’esprit immédiatement. Mais oui, comme tu disais, il y a des attentes, c’est un peu différent. Je ne sais pas si les gens vont l’aimer, mais j’espère que ce sera le cas, car je l’aime bien ! (rires)

Mais avant l’album, il y a d’abord l’EP, qui sort en juin, avec “Dinosaur” comme single. Votre tout premier single, “England Skies”, vous avait un peu placé dans la case “folk”, mais sur scène et même sur album, vous dégagez un vraie énergie rock. C’était pour souligner cette facette du groupe que vous avez choisi “Dinosaur” comme premier single ?

Poppy : Oui, quand les gens venaient à nos concerts après le premier album, ils ne connaissaient que “England Skies” et s’attendaient probablement à beaucoup de ballades, donc ils étaient un peu surpris ! (rires) Donc cette fois, nous voulions vraiment que les gens sachent à quoi s’attendre en venant. C’est peut être un peu différent de ce à quoi ils s’attendent, mais nous l’aimons énormément.

En sortant votre tout premier single, “England Skies”, qui a vraiment explosé, vous avez réalisé le rêve de tout groupe. Cependant, obtenir un si gros succès au tout début de votre carrière ne vous a pas mis la pression d’essayer de réitérer et d’atteindre le même niveau de succès avec le nouveau ?

Poppy : Je n’ai pas ressenti tant de pression que ça parce que quand le premier single est sorti, nous n’étions pas vraiment là. Je vivais à Londres, aucun de nous n’était vraiment là, donc nous n’avons pas vraiment vu que le morceau passait partout. Quand cela arrive, tu peux ressentir une sorte d’effervescence, mais on n’était pas là. Même si les gens venaient aux concerts et nous savions que le morceau avait bien marché, nous n’avons pas ressenti ça. Pour le second, il y a de la pression, mais pas autant qu’il y en aurait eu si nous avions su ce qui se passait ! (rires) Mais il y en a, car des gens adorent le premier album et espèrent que nous ne changions jamais, mais je pense qu’on doit changer et grandir. Je crois que les gens aiment le single donc c’est cool ! (rires)

Sur l’EP, “Panda” se démarque. Y a-t-il une histoire spécifique derrière cette chanson ?

Poppy : Elle a été écrite d’une manière différente. Normalement, Marc (ndlr : Le Goff, guitariste) écrit la mélodie et j’ajoute les paroles. Pour celle-ci, j’avais la mélodie, je l’ai présentée aux garçons, qui l’ont ensuite bricolée. Elle est super marrante à chanter, quand on répétait le set tous les jours, on la chantait tout le temps en hurlant, c’était vraiment mon moment ! (rires)

Il y a également une très jolie cover de Rag’n’Bone Man sur l’EP. Comment est-ce arrivé ?

Poppy : Il nous fallait une cover pour Europe 1, qui nous ont demandé d’en faire une. C’est difficile de trouver un morceau à reprendre car je ne veux jamais reprendre une chanson chantée par une femme, car tu es très facilement comparée à l’original et les gens disent que tu n’es pas aussi bonne. Nous voulions faire une chanson à voix, c’est pour ça qu’on l’a choisie.

 

 

Parlons album maintenant. Comment a-t-il été enregistré et quel était votre état d’esprit pendant l’écriture et l’enregistrement ?

Poppy : Pour l’enregistrement, les garçons se sont occupés des instruments d’abord. Ils sont allés au Bonison Studio avec Albert Milauchian, qui a enregistré le premier album. Ils ont fait toutes leurs parties là-bas. Je n’aime vraiment pas être en studio, ça représente une pression énorme pour moi, ça m’effraie complètement. Donc cette fois, Marc a produit l’album et a en quelque sorte construit un studio dans sa maison. Je devais juste passer une semaine chez lui, prendre mon petit déjeuner, jouer avec les chiens et aller enregistrer. C’était différent mais beaucoup mieux, j’ai adoré le faire. Le précédent, j’étais juste ultra nerveuse parce que c’’st tellement de pression.

Qu’il n’y ait personne de l’extérieur t’a aidé à être plus à l’aise ?

Poppy : Oui, nous savons comment nous travaillons ensemble, donc c’était beaucoup mieux pour moi de le faire ainsi. Marc l’a produit et a beaucoup appris du premier album, donc je trouve que ça fonctionne mieux de cette façon.

Ce deuxième album sonne, de manière générale, un peu moins folk, plus pop, plus ambitieux, mais avec une forte énergie rock. C’était recherché ou cette atmosphère est venue naturellement ?

Poppy : Les premières chansons qu’on a écrites étaient entre les deux. Et puis Marc m’a dit qu’il avait une mélodie en tête pour “Dinosaur” qui était différente, peut-être trop différente. Il me l’a jouée et c’était vraiment entraînant et bien. On s’est dit, juste parce que notre vieil album sonne d’une certaine façon, on ne peut pas dire que ce n’est pas du Shake Shake Go, parce que nous sommes Shake Shake Go. On peut faire ce qu’on veut. Donc on s’est dit : “et merde, allons-y et faisons les chansons qu’on a envie de faire”. Quand nous avons eu cette chanson, ça a établit ce que nous allons faire pour l’album.

Il y a deux morceaux qui illustrent bien ça, et qu’on ne s’attendrait probablement pas à entendre sur un album de Shake Shake Go, “Control” et “Fake Love”, avec son gros riff d’ouverture. D’où est venu ce son ?

Poppy : Marc les a élaborées dans sa chambre. Quand il nous les a jouées, on s’est dit : “wow, OK, c’est vraiment explosif”, ça change, mais c’est vraiment cool. Elles sont ultra sympas à jouer. Quand je répète “Fake Love”, je passe de mon canapé à ma table, et fini sur un mic drop (rires) ! Elles sont vraiment sympas, c’est une progression, tout simplement.

Y a-t-il une chanson sur l’album qui a une signification très particulière pour toi ?  

Poppy : “Blackbird” est probablement la plus spéciale pour moi. Comme je disais, la plupart des chansons viennent de Marc, mais celle-là, c’était un peu différent. Nous répétions en studio, nous commencions à nous ennuyer un peu, donc nous nous sommes mis à jammer et la chanson a pris forme là. C’est spécial car c’est une manière différente de composer. C’est aussi spécial pour moi car c’est probablement la plus personnelle. C’est sur mon père. J’ai une super relation avec mon père, mais je ne sais pas, je m’inquiète tout le temps pour lui. Je lui ai fait écouté une fois, pensant qu’il serait super touché, et il a juste dit : “oui, OK”. Je ne crois pas qu’il se soit rendu compte qu’elle parlait de lui ! (rires) Elle n’a pas marché sur mon père mais…

Sur nous elle a marché, elle est vraiment touchante. La plupart de tes paroles semblent très personnelles. T’inspires-tu principalement de tes expériences personnelles ?

Poppy : En général, c’est plutôt les gens qui m’entourent. C’est pour ça que nous avons appelé l’album “Homesick”, parce que nous l’avons écrit en France. Mais même si nous sommes dans un autre pays, c’est quand même influencé par les gens dont nous sommes proches, même si nous ne sommes pas proches d’eux physiquement. C’est toujours sur les gens qui nous entourent, ce qu’ils traversent. La plus personnelle est “Blackbird”, il y a également une chanson appelée “Alright”, qui parle plus d’une prise de conscience, si tu vois ce que je veux dire ? (rires) Le premier album, c’était super cool, tu suis ce qu’il se passe et puis quand tu as un break, tu as pleins de choses que tu remets en question en pensant : “pourquoi j’ai fait ça, ce n’est pas vraiment moi”. Cette chanson parle de se dire, stop, fais ce que tu veux. Il y a également “Panda” et “Wonderlost”, qui parlent plus d’environnement, parce que ce sont des choses auxquelles on pense, donc il y a différents sujets.

Vous citez fréquemment Arcade Fire, Bruce Springsteen ou Oasis comme sources principales d’inspiration quand vous grandissiez. Y a-t-il des nouveaux artistes/groupes, qui vous inspirent en ce moment ?

Poppy : Je n’ai pas tant écouté de musique que ça cette année, pendant que j’écrivais l’album. Mais j’ai écouté Sigrid, je l’adore elle est vraiment cool. Il y a aussi une chanteuse américaine, Lizzo, je ne sais plus comment je l’ai connu mais elle fait les premières parties de Haim en ce moment. Sa musique est très différente de la nôtre mais elle est vraiment cool. (se tournant vers les deux autres membres de son groupe assis à côté) Qui est sur notre playlist ?

Kilian Saubusse (batterie) : Kendrick.

Poppy : Il adore Kendrick !

Kilian : Et le dernier The Killers.

Poppy : Il y a pleins de trucs différents.

 

 

Même s’il y a tout de même des ballades tristes sur le nouvel album, l’ambiance générale reste toujours celle qu’on assimile au groupe : c’est réconfortant, rafraîchissant, super accrocheur. Comment faites-vous pour garder une atmosphère et un son si joyeux quand autour, le monde qui nous entoure semble un peu…

Poppy : Merdique ? Il y a pleins de choses horribles qui se passent dans le monde, mais tu dois t’accrocher, tu ne peux pas juste arrêter. Si tu t’assoies vraiment et que tu penses à tous les trucs qui se passent dans le monde, alors oui, c’est vraiment déprimant. Mais si tu succombes à toutes les merdes qui se passent, alors les autres gagnent, ceux qui veulent qu’on soit abattus et qu’on ne fasse rien. Donc il faut juste s’accrocher je pense, tirer le meilleur de ce que tu as.

Pour l’industrie de la musique, ce n’est pas super la forme non plus. Mais en même temps, grâce aux réseaux sociaux, aux plateformes de streaming, c’est plus facile de diffuser sa musique. As-tu quand même l’impression que c’est plus difficile pour les jeunes groupes de sortir ?

Poppy : Il y a énormément d’opportunités car tu peux te dire : “je veux trouver un groupe en Chine”, faire un tour sur Google et en trouver un. Mais oui, parce qu’il y a tellement de musique accessible, il y a beaucoup plus de monde parmi lequel tu dois fouiller. Il y a du bon et du mauvais. C’est génial pour les gens qui veulent faire de la musique, c’est plus facile, mais c’est plus difficile de sortir et de se démarquer.

Nouveaux morceaux signifie nouvelle tournée, vous allez partir sur la route dans quelques jours. Tu disais tout à l’heure que le studio n’était vraiment pas ton truc, donc tu dois être plutôt contente de bientôt remonter sur scène ?

Poppy : Oui, je suis beaucoup plus heureuse sur scène ! (rires) J’adore être sur scène, c’est super sympa. Même si quelque chose de vraiment pourri vient d’arriver, dès que tu montes sur scène, tu te plonges dedans dès les trente premières secondes, tu fais ton truc et c’est super. Surtout quand tu as un super bon public, ça me rend tellement heureuse, tu ne peux pas t’empêcher de te sentir bien. Quand j’étais petite, je faisais des spectacles dans la cour de récré avec mes amis, je les forçais à faire les Spice Girls. Donc de pouvoir réellement faire ça, partir en tournée, sans forcer mes amis, c’est le rêve ! (rires)

As-tu hâte pour une date en particulier ?

Poppy : Pour le moment, nous avons le concert à Paris, le 5 juin, qui est le premier concert. En ce moment, je pense juste à celui là car même si on a les autres dates, je regarde toujours où on va au dernier moment, je suis genre : “euh, on va où ? Pour combien de temps ?” (rires) Donc oui, Paris, et après Paris, la prochaine. Mais j’ai hâte pour Paris de toute façon, c’est toujours sympa de jouer ici.

Dernière question : notre site s’appelle “RockUrLife”, qu’est-ce qui rock ta life ?

Poppy : Ce qui rock ma life ? Les animaux rockent ma life ! (rires) J’adore les animaux. Ce n’est probablement pas la bonne réponse ! (rires)

Si si, c’est une super réponse !

Poppy : Tous nos voisins ont pleins de chats, je leur vole et je fais des photos avec eux. Ils rockent ma life ! Je vole les animaux des gens, fais comme si c’était les miens et ils me rendent heureuse. Donc oui, les animaux ! (rires)

 

 

Site web : shakeshakego.co.uk