Interviews

SERJ TANKIAN (03/10/12)

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Quelques mois apres la sortie de son nouvel album “Harakiri“, le frontman de System Of A Down a fait l’honneur de répondre aux questions de RYL!. Un entretien des plus intéressants.

 

Bonjour Serj ! Comment vas-tu ?

Serj Tankian : Je vais bien merci, j’espère qu’il en est de même pour toi.

Tu vas bientôt revenir en Europe, comment s’est passée la tournée nord-américaine ?

S : C’était vraiment génial de jouer les nouvelles chansons, en live, aux US. Maintenant nous sommes fin prêt pour l’Europe !

Que signifie “Harakiri” et comment s’intègre t-il dans les thèmes de l’album ?

S : “Harakiri” est un mot japonais désignant le suicide suivant certains rites, en se tranchant l’abdomen. Proche du terme “Seppuku”, qui lui désigne l’auto-éviscération, à l’aide d’une épée. La première chanson que j’ai écrite pour l’album est le titre éponyme, qui renvoi aux événements de début 2011 où un million d’oiseaux et de poissons environ sont morts sans aucune explication, et ce malgré quelques enquêtes scientifiques. Divers espèces vivantes se suicidaient massivement ou l’ordre leur avait été donné de quitter les lieux. Pourquoi quitteraient-ils ce monde ? Quelles significations ont-elles pour nous, vis-à-vis de la dégradation de l’environnement et du futur ? Ce n’est pas vraiment un album concept, bien que l’idée d’harakiri renvoi à la mort, qui elle est un thème central ici. Tout le reste concerne notre quotidien : les événements politiques et sociaux, les histoires personnelles, diverses interprétations humoristiques etc. Il essaye de transmettre les bouleversements de nos vies fait d’injustice, de problèmes économiques, de la chute d’un certain idéal mais aussi et bien entendu de nos revendications et révoltes.

 

Avant de travailler sur de nouveaux morceaux et de débuter les sessions d’écriture, comment t’organises-tu ? T’arrives-t-il de te dire “bon je vais traiter de ce sujet de cette façon..” ou les themes et les paroles viennent instantanément ?

S : Je suis la muse jusqu’au point où elle m’emmène musicalement et émotionnellement. Je ne prévois rien à l’avance. Je me réjouis de ce que je fais et c’est naturellement que tout s’accorde ensemble. Pour moi, Il n’y pas de meilleure façon pour décrire ce processus.

Quelle fut le processus autour de cet album et quelles méthodes emploies-tu ?

S : Cet album est différent de tout ce que j’ai pu faire en solo jusqu’à maintenant. C’est beaucoup plus puissant et légèrement punk, influencé par les styles allant du goth à l’électro jusqu’à la vibe des années 80, avec une dynamique tres heavy jusqu’à des titres mélodico-épic. D’un point de vue des paroles, la palette regroupe des themes tantôt personnels que politiques, politiques mais aussi philosophiques, spirituelles avec une pointe d’humour et d’amour. Une des choses que j’ai faite est d’utiliser mes anciennes chansons, de mes précédents albums et de les arranger tels une boucle, on peut dire que j’ai fais du “recyclage musical”. Avec ces boucles, j’ai pu disséquer les morceaux et créer de toute nouvelle chose. C’est une excellente méthode de décortiquer les arrangements d’une composition. J’ai également utilisé mon iPad. J’adore les applications musicales qui sont créées et je bidouillais certaines d’entre elles, j’ai pu en tirer quelques idées pour trois titres. En tant qu’artiste, tu ne veux jamais écrire la même chanson, tu veux toujours installer un challenge pour composer différemment. La meilleure façon de le faire est de choisir un nouvel instrument et de voir où ca te mène. Que ce soit une guitare acoustique, un piano, les outils électro, tout cela mène à la création de différentes chansons et j’ai utilisé chacune de ces méthodes pour composer le nouvel album.

 

Le groupe jouant à tes cotés sur scène prend-il part au processus d’écriture ? Où tout est “100% Serj” ?

S : Le FCC (ndlr : Flying Cunts Of Chaos) est mon groupe live. Sur les derniers albums, certains ont enregistré avec moi, bien que généralement je m’occupe de tout.

Prenons l’un de tes fans; il découvre ton nouvel album pour la première fois. Quels sentiments voudrais-tu qu’il ait lorsqu’il écoute “Harakiri” ?

S : Tout ce qu’il peut ressentir.

Comme sur certains titres de System Of A Down, l’influence orientale est très perceptible. Tu les utilises naturellement ? Ou elles apparaissent comme chacune de tes intéressantes idées, sans pour autant focaliser dessus ?

S : Naturellement.

A propos de System Of A Down, y-a-t-il des projets autour d’un nouvel album ?

S : Pour l’instant, nous n’avons rien prévu de ce coté là. Je pense qu’on y viendra et qu’on travaillera dessus lorsque l’heure viendra, quand l’instant sera propice. L’heure n’est pas encore arrivée, c’est aussi simple que cela.

La plupart des critiques envers “Harakiri” sont plutôt bonnes, es-tu fier de ton opus ? Si tu avais l’opportunité de changé quelque chose, le ferais-tu ?

S : Je suis content des retours et des réactions entourant l’album. Plus important encore, c’est la façon dont ils intègrent et se projettent personnellement à son travers et comment il pourrait les affecter dans leurs vies, pensées, travails etc. Je ne changerais rien.

Tu étais très occupé cette année avec tes différents projets, peux-tu nous en parler ?

S : J’adore composer. Chaque style est unique et s’exprime de différentes manières et nul ne peut être remplacé. Chaque album s’inspire des autres sans pour autant s’articuler autour des mêmes concepts.

L’album de jazz, “Jazz-iz Christ” : j’avais déjà beaucoup composé autour du jazz et j’ai pu collaborer avec d’incroyable musicien tel que Tigran Hamasyan (piano), Tom Duprey (trompette), Valery Tolstoy (flute) et David Alpay (violon). Nous avons envoyés les titres et chacun y à contribuer, finalement le projet fut terminé cette année.

La symphonie “ORCA” : c’est ma première symphonie, j’ai commencé à écrire ORCA quand je composais “Imperfect Harmonies”. Nous travaillons pour le présenter au public en 2013.

Le projet électro est une collaboration avec Jimmy Urine, du groupe Mindless Self Indulgence et se nomme “Fuktronic”. Le concept tourne autour des films de gangsters anglais, sans le film bien entendu, si cela a un sens. Il y a des comédiens et beaucoup de jurons, de tueries et de quoi rire aussi !

Quels sont tes plans de tournée, suivant ton passage européen ? Est-ce que tes autres projets auront l’opportunité de fouler les planches ou bien lors d’uniques shows ?

S : Après les tournées pour “Harakiri”, qui impliqueront des dates l’année prochaine, je serais en tournée pour “ORCA”. Nous allons d’abord l’enregistrer live à Linz, en Autriche, le 28 octobre, avec un excellent orchestre, pour une parution l’année prochaine. Puis nous passerons sans doute en Europe plus tard dans l’année. Concernant les deux autres projets, il se peut bien que l’on fasse quelques shows, en effet.

Tu es occupé à voyager, écrire etc. Quel est ton secret ? N’es-tu pas fatigué ? C’est l’effet des boissons énergisantes ? Que fais-tu pour rester en forme ?

S : Etant en bonne santé et en bonne forme, les tournées sont tres épuisantes et il n’y a pas d’autre solution que le repos; ce que je fais en ce moment même avant la tournée européenne.

Tu es également un artiste très engagé, dénonçant beaucoup de choses à propos de notre société; penses-tu que le monde dans lequel nous vivons est en danger ? Quels dangers ?

S : Les notions de civilisations et d’humanité sont mal faites et comprises, cette incompréhension si elle continue, est le réel danger. Le monde ne l’est pas.

Tu es né à Beyrouth au Liban. Lorsque tu observes ce qu’il se passe au Moyen-Orient (Printemps Arabe, la Syrie), l’inaction de la communauté internationale n’est-elle pas choquante ?

S : Les Nations Unies sont actives, dans le cadre des décisions du Conseil de Sécurité malheureusement.

 

Avec l’explosion d’internet et des réseaux sociaux maintenant, promouvoir de nouveaux groupes et leur musique est plus facile, mais signer avec les maisons de disque ne l’est pas plus autant. Quels critères t’attirent l’attention chez les jeunes groupes que tu voudrais signer ?

S : Je ne signe plus de groupes pour Serjical Strike Records. Je ne l’ai pas fais depuis de nombreuses années. L’industrie musicale évolue si rapidement que la seule issue pour la distribuer sera les plateformes d’abonnements. Il est plus que jamais difficile de trouver les partenariats et les fonds nécessaires pour les jeunes groupes aujourd’hui.

Utilises-tu ces réseaux ? Addict ?

S : Je les utilise oui, mais je ne suis pas accro.

Quelle est ton opinion vis-à-vis des communautés web autour de SOAD et de vos divers projets solo, qui diffusent sans cesse les news et informations touchant votre actualité ?

S : Ouais, j’adore ces sites !

Notre webzine se nomme “RockYourLife!”. Il est de tradition de poser la question qui va suivre en fin d’interview. Donc tout simplement, qu’est ce qui rock ta vie Serj ?

S : L’idée d’inter-connectivité entre nous tous.

Merci beaucoup d’avoir répondu à nos questions. Pour finir, un dernier mot pour nos fans et les fans français en général ?

S : Oui ! Merci d’être la source et l’origine de nos activités, que ce soit avec SOAD ou autour de nos projets.
 

 

 

Crédit photos : Robert Sebree

 

Site web : serjtankian.com