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SAM FENDER (25/08/19)

English version

Rencontre avec l’étoile montante du rock indépendant britannique Sam Fender sous les palmiers de Rock En Seine !

Salut Sam ! Peux-tu te présenter ?

Sam Fender : Je suis un homme blanc avec une guitare, sauf que je chante des choses un peu plus intéressantes que “un garçon rencontre une fille”. Je viens du nord-est de l’Angleterre et il fait très froid. Nous vivons de tourtes et de cigarettes. Les gens ont un drôle d’accent, nous sommes très très étranges.

Tu n’écris pas tout le temps sur le thème “un garçon rencontre une fille”. Comment as tu décidé d’écrire sur la corruption ou les abus ?

Sam Fender : Je parle de choses qui me concernent personnellement. C’est mon point de départ pour l’écriture.

Tu viens d’un milieu de musiciens, non ?

Sam Fender : Mon père jouait de la guitare dans des groupes la nuit dans des discothèques et travaillait également comme électricien pour le service ferroviaire. Mon frère est aussi musicien. Ma mère était infirmière.

Tu viens en quelque sorte de la classe ouvrière.

Sam Fender: Je ne définirais pas les dix premières années de ma vie comme membre de la classe ouvrière car mes deux parents étaient techniquement des professionnels. Après leur divorce, j’ai emménagé chez ma mère et nous vivions tous les deux des allocations. Nous n’avons pas travaillé pendant un certain temps, puis nous avons eu des emplois au salaire minimum. Je ne suis pas un héros de la classe ouvrière. J’ai été des deux côtés de la barrière.

Ça fait quoi d’être à Rock En Seine ?

Sam Fender: C’est merveilleux. Malheureusement, je n’ai pas eu le temps de regarder les concerts. Ce week-end, je ne fais que venir et repartir.

Que pouvons-nous attendre de toi aujourd’hui ?

Sam Fender : Je vais probablement faire un malaise. Personne ne nous connaît vraiment en France. C’est comme si je recommençais et j’aime ça. Je ferai de mon mieux.

As-tu beaucoup tourné ?

Sam Fender : Oui. J’ai beaucoup voyagé et je n’aime pas ça. Ce n’est pas que j’ai peur de voler, c’est avoir peur de tomber malade car ça m’arrive facilement. J’ai un mauvais système immunitaire. Je suis un gamin pathétique.

Quels sont tes projets après Rock En Seine ?

Sam Fender : Je vais rentrer à la maison. J’ai quelques jours de congé et je me prépare pour l’album.

Des projets pour venir en France ?

Sam Fender : Nous reviendrons en octobre ou novembre, je pense.

Le temps sera meilleur pour toi.

Sam Fender : Oui, il fait trop chaud aujourd’hui. Je viens du Nord-Est, je ne supporte pas la chaleur.

Que penses-tu de la sortie de ton album “Hypersonic Missiles” ? Du fait de le “livrer” aux fans ?

Sam Fender : Je suis très excité, j’ai hâte que les gens l’entendent. Ça va être génial, les gens vont l’aimer. Certaines personnes n’aimeront pas mais ce n’est pas grave, c’est juste amusant. J’ai hâte qu’il sorte, j’ai tellement plus à apporter. J’ai déjà écrit le deuxième album. J’ai tellement plus à donner.

Je suis aussi terrifié et excité. J’espère qu’il sera bien reçu car sinon, je serais dévasté. Mon âme sera dévastée.

Comment as tu écrit ton disque ?

Sam Fender : J’ai écrit la moitié des chansons du premier album quand j’avais dix-neuf ans. Je publie ces chansons maintenant. Je suis toujours en train d’écrire et je ne m’arrête jamais.

Même si les chansons ont été écrites il y a cinq ans, sont-elles toujours pertinentes pour toi ?

Sam Fender : Certaines d’entre elles. Je n’ai plus dix-neuf ans, j’en ai vingt-cinq maintenant.

La société a changé en cinq ans. Que penses-tu de la situation actuelle en Angleterre ?

Sam Fender : Je pense que nous n’aurions pas dû quitter l’Union Européenne. J’ai voté pour rester dans l’UE. Les gens disent qu’on ne devrait pas s’en plaindre, mais je vais m’en plaindre jusqu’au bout. Pas une seule bonne chose n’est sortie de ça. La livre sterling est en baisse, l’économie est en chute libre et la liberté de mouvement va être supprimée, ce sera un cauchemar pour les personnes comme moi qui dépendent de l’Europe pour travailler. Les personnes qui ont voté pour cela l’ont fait sur la base de mensonges sur le Royaume-Uni qui aurait envoyé trois-cent cinquante millions de livres par semaine à l’UE pour le NHS. Je ne vois aucune autre raison sauf le fait que les gens n’aiment pas les immigrants. Ce n’est pas de leur faute, c’est ce que leur donne la droite. Ces gens vont gagner énormément d’argent lorsque l’économie sera en baisse.

Ils ne font que tirer profit de la misère des gens.

Sam Fender : Bien sûr. Je crois vraiment que les gens peuvent être mauvais. Je ne crois pas une seule minute qu’ils s’occupent de gens comme moi ou toi, ou de gens comme ma mère. Je ne suis pas impliqué politiquement pour penser que je peux changer cette situation. C’est le plus frustrant.

Au moins tu écris sur ce sujet.

Sam Fender : Tout ce que je peux faire, c’est écrire et voter. C’est tout ce que je cherche à faire pour le reste de ma vie.

Beaucoup de jeunes ne le font pas.

Sam Fender : C’est dommage. Je ne pense pas que le Brexit aurait eu lieu si tous les jeunes Britanniques avaient voté.

Quelle est ton opinion sur les personnes qui ne votent pas ?

Sam Fender : Ils ne sentent pas engagés par la politique. Ils sont distraits et profitent de la vie pour s’amuser ou regarder la télé-réalité. J’ai l’impression que les quinze, seize ans sont plus concernés que je ne l’ai jamais été. Ils semblent être plus impliqués dans la politique, plus libéraux que les jeunes avec lesquels j’ai grandi. Certains jeunes qui viennent à mes concerts rétablissent ma foi en l’humanité ! Ils restaurent ma foi en l’Angleterre !

Est-ce un objectif de ta musique, d’engager une discussion ?

Sam Fender : Pas vraiment. Mon but est de faire de la musique que j’aime. J’écris aussi sur des sujets qui me tiennent à cœur, car cela me permet de les chanter correctement. Cela me fait croire en la musique.

Quelles sont tes principales influences ?

Sam Fender : Bruce Springsteen, Joni Mitchell, Jeff Buckley, Fontaines DC, Pinegrove, Big Thief, Bob Dylan, Neil Young et Aretha Franklin. J’adore la bonne musique, peu importe ce que cela signifie.

Qui t’a initié à la musique ?

Sam Fender : Ma mère m’a fait découvrir Roxy Music, The Verve, Arctic Monkeys. Mon père m’a fait connaître Otis Redding et Aretha Franklin. Et mon frère Bruce Springsteen, Oasis, Nirvana. À l’école, mes amis m’ont fait découvrir Kendrick Lamar qui est également engagé politiquement. J’aime le hip hop old school comme le hip-hop West Coast. Biggie, Tupac. Si vous supprimez la misogynie, c’est plutôt cool.

Quels sont tes projets pour l’album à venir ?

Sam Fender : Les singles arrivent maintenant, ils seront plus légers. L’un d’eux s’appelle “Saturday” et c’est une chanson sur le fait d’être énervé un samedi avec un message sur les contrats à 0 heure et la haine de son job. C’est juste une chanson rock n’roll classique à l’ancienne.

C’est bizarre parce que j’ai réalisé à quel point le premier album est composé de chansons rock n’roll. Ca sonne comme du Springsteen ou un son des années 1970 qui n’est pas vraiment courant. Mais cela semble plaire au grand public, ce qui est cool.

Mon album c’est une sélection de chocolats de Sam Fender. Tous les types de saveurs.

Pour finir, qu’est ce qui rock ta life, Sam ?

Sam Fender : Les glucides.

Site web : samfender.com

Laura Navarre
J'ai annoncé à mes parents à 16 ans que mon objectif professionnel était de produire la prochaine tournée de U2.