Interviews

SABATON (19/03/14)

English version

Le nouvel album de Sabaton est sorti il y a deux semaines. Pär nous en dit plus à propos de “Heroes” ! Alors convaincu ?

Bonjour Pär, comment vas-tu ?

Pär Sundström (basse) : Je vais bien, je suis très heureux d’être là pour notre tout premier voyage promo en France. Lors de la sortie du précédent album, j’avais demandé à faire un peu de promo en France, car nous avons un peu de mal ici comparé aux autres pays, et je voulais donc que les choses changent cependant après avoir demandé à la maison de disque, elle m’a dit que personne ne voulait interviewer Sabaton en France. J’étais donc très déçu or aujourd’hui, nous sommes très heureux d’être deux, avec Joakim, à faire de la promo sur deux jours, c’est incroyable ! Les choses bougent et j’aime les challenges.

Prêt à livrer bataille pour “Heroes” ?

P : Carrément, je suis très impatient à l’idée de jouer de nouveaux morceaux sur les tournées à venir. Depuis la sortie de “Carolus Rex”, trois nouveaux musiciens ont intégré le groupe et c’est leur première participation sur album. Ils se sentent plus impliqués cette fois-ci, ne se limitant pas à jouer des titres d’autres artistes. Après l’enregistrement, nous nous sommes concertés pour connaitre le morceau préféré de chacun et tout le monde répondait “tous!”. Il y a donc beaucoup de possibilités pour les lives entre les nouvelles et les anciennes compositions. Je suis convaincu que nous avons fait un excellent album et les quelques retours que nous avons eu allaient dans ce sens-là. Est-ce le meilleur album du groupe ? Seul l’avenir nous le dira mais nous en sommes très fiers.
 

Après l’Empire suédois, quelles furent les directions prises pour le nouvel album ?

P : En 2010, lorsque nous travaillions sur “Cult Of Arms”, nous avions demandé à nos fans de nous envoyer des idées et nous en avons reçu d’énorme quantité. Suite à cet opus, nous avions une idée de chanson, à propos de Vito P. qui, plus tard, est devenue “Inmate 4859”. Nous avions mis ce titre de côté pendant quatre ans, sachant que nous allions traiter de ces sujets, non pas de grandes batailles mais plutôt à propos de personnalités précises. On peut dire que ce titre était le socle du nouvel album… nous savions qu’un de nos albums allait s’appeler “Heroes”.

Pourquoi avoir choisi cette période-ci ?

P : Il y a beaucoup d’histoires autour de la Seconde Guerre mondiale mais certaines ne sont pas très documentées. Pour “Carolus Rex”, il n’y avait pas énormément d’archives et nous avions besoin d’être épauler par un historien afin de trouver l’inspiration pour notre musique. Pour la SG mondiale, la plupart sont très détaillées et il était beaucoup plus facile de trouver des informations. Parfois, il nous a même fallu des traducteurs pour certains documents que nous ne pouvions pas déchiffrer. Une grande partie de ces idées fut envoyée par les fans et nous pouvions même leur demander, à eux, plus d’informations. Ainsi, pour plusieurs titres, nous avons établi un plus long contact avec certains de ces fans.

Comparé à “Carolux Rex” et les divers changements, était-ce plus un travail d’équipe autour de “Heroes” ?

P : Tout d’abord, je suis très heureux d’avoir à mes côtés des personnes qui ne sont pas très égocentriques, c’est une bénédiction pour n’importe quel groupe. Car il y a tellement de groupes qui agissent de manière enfantine. Ils n’ont pas de soucis à jouer de vieux morceaux, ils sont très heureux de faire partie de Sabaton et Joakim et moi-même sommes heureux de les avoir à nos côtés. Avant tout, nous devons penser aux fans et non à nos propres personnes. Lorsque la foule prend du plaisir, nous en prenons également, voir plus encore ! Comme tu dis, le fait que ces chansons soient également les leurs est une bonne chose. Thobbe a co-écrit sur certains titres et c’était la première fois, en quinze ans, qu’un autre membre du groupe coécrivait quoique ce soit, en apportant même de nouvelles influences et idées. Lorsque Joakim a travaillé avec lui il disait “si tu joues cette partie comme ça, cela sonnera comme Sabaton” donc un titre peu typé Sabaton, devenait par la suite un titre pour Sabaton. De plus, nous avons récemment fait construire trois studios, pour que chaque membre du groupe puisse avoir le sien. Nous sommes entièrement opérationnels maintenant et nous allons être bien occupés ces deux prochaines années avant d’attaquer le prochain opus. Je suis sûr que nous allons engranger de nouvelles idées mais tu peux d’ores et déjà constater une nouvelle énergie et de nouvelles inspirations avec “Heroes”.
 

Un mot à propos de “To Hell And Back” ? Il y a quelques beats disco ici !

P : Oui, ce sont des discos beats ! Et je les adore ! Pour quelque temps, nous avions un batteur de remplacement et il n’arrêtait pas de caler des beats disco sur tous les titres car il adorait ça. A vrai dire, parfois c’était ok mais parfois pas du tout (rires) et ce titre la fut composé un vendredi, nous nous étions donnés rendez-vous chez Chris (guitare). Joakim ne voulait pas venir car “j’ai une idée ! Je vous rejoint peut-être plus tard”. Nous passions du bon temps, à boire et à manger lorsque Joakim m’appela “hey, tu vas soit me prendre pour un con ou alors tu vas adorer ça” il m’a donc envoyé le fichier et nous l’avons lancé et dès les premières notes nous étions tous “EUH ?” mais nous avons vite senti le groove et personne ne pouvait rester assis calmement. Je l’ai donc rappelé “hey, c’est génial ! Ce sera le single du nouvel album”.

Quelle histoire traite le titre “Soldier Of 3 Armies”?

P : La chanson parle de Larry Thorne ou Lauri Törni, un jeune finlandais qui a combattu dans trois armées différentes et qui a atteint le rang d’officier à chaque fois. Il y a beaucoup d’histoires à son propos et il était devenu un modèle pour ses connaissances. C’était tout simplement exceptionnel.

Lors des phases d’écriture et d’enregistrement, avez-vous l’optique du live en tête ?

P : Oui, Sabaton est un groupe live, c’est certain et il serait préférable de découvrir le groupe en live et nous avons toujours cette vision lors des processus de compositions. Néanmoins, pour cet album, nous avons fait quelque chose d’inédit car nous n’avons pas de claviériste mais des samples préenregistrés donc nous nous sommes dit qu’il serait mieux de ne pas se poser de barrières vis-à-vis de cela. Nous n’avons plus qu’à composer les titres comme nous voulons, les solutions techniques seront trouvées par la suite. 2 claviers, trois guitares, deux guitares à sept cordes ? Ce n’est plus un problème. Mais je pense que nous avons adopté une nouvelle vision sur ce point. Nous pouvons par exemple faire une version acoustique de “The Ballad Of Bull” ou la jouer comme sur l’album, nous sommes très ouverts.

Y a-t-il des projets musicaux que tu n’as pas encore eu le temps de parachever ?

P : J’en suis convaincu oui. Musicalement nous n’arrêtons pas de sans cesse évoluer, d’apprendre mais je ne pense pas que nous ayons un but spécifique vers lequel tend notre musique. Nous avons des objectifs pour la musique de Sabaton. On n’en tient pas vraiment compte au vue des nombreuses influences qui composent notre musique. Chaque titre, chaque album est spécifique et c’est ce qui représente l’essence même de Sabaton; au fil des années nous avons fait des titres thrash metal, progressives, des titres speed, d’autres moins et… des tubes disco. (rires)

Votre dernier concert à Paris s’était déroulé dans une petite salle alors que dans les pays de l’est, vous jouez dans d’immenses arénas, comment expliquer ce décalage ?

P : Sabaton a débuté avec une toute petite maison de disque en Suède, qui ne pouvait pas assurer la promotion de ses groupes en dehors du pays, donc il a fallu se battre personnellement pour pouvoir être à l’affiche de festivals par exemple. En 2005/2006 voire même 2008, il n’y avait pas énormément de festivals et notre musique n’était pas populaire en France. C’était très difficile de bâtir une fanbase ou d’y jouer. En Allemagne, il y énormément de festivals qui soutiennent cette musique donc c’était plus simple. Depuis ce temps, Sabaton a toujours eu un train de retard en France. Nous avons tout essayé mais c’était vraiment dur mais je sens les choses bouger ces derniers temps. Nous ne serons pas au même niveau sur la prochaine tournée mais peut-être la suivante encore qui sait? De plus, le fait de ne jamais passer à la radio, à la TV ou peu importe, nous ne pouvons pas obtenir des retombées internationales immédiatement, l’unique manière de les atteindre est donc d’aller jouer devant eux, et le plus tu joues, le plus de fans tu auras.
 

 

Penses-tu que de nos jours, les groupes doivent se créer un univers/look afin de plaire aux fans mais aussi aux entreprises du milieu ?

P : C’est évidemment un élément à ne pas négliger mais cela a toujours été comme ça. Lorsque tu créés quelque chose, tu veux qu’il forme un ensemble uni. Les gens comprendront directement et je trouve cet élément très important alors que d’autres n’y voient pas d’intérêt. Dans ce business, si les fans peuvent faire référence à ton groupe au travers de quelque chose, ce sera beaucoup simple de faire la promotion de ton groupe et ta musique, ce sera très bénéfique au groupe.

Cependant, le look est une chose et parfois, la musique est à un tout autre niveau…

P : En effet. Pour beaucoup, il y a des groupes qui ne sont suivis que pour l’image qu’ils dégagent et non leur musique. La façon la plus extrême serait tous ces boys bands ou girls bands où si tu coupes le son, tu pourrais regarder sans broncher. (rires) Les fans de heavy metal jugeront toujours sur la musique, ils se soucient plus de la musique. Les fans de heavy metal sont très dédiés et savent exactement ceux qu’ils veulent.

Quels sont les groupes auxquels tu as écouté dernièrement ?

P : Il y a Battle Beast, qui vient de Finlande. Nous avons d’ailleurs fait une reprise d’un de leurs titres sur notre album. Lorsque le CD m’est arrivé en main, je me souviens l’avoir mis pour le faire écouter aux autres, après un concert et tout le monde était convaincu par la musique. Nous voulions donc les voir en live. Lorsque nous avons organisé la croisière Sabaton, nous les avons invités à jouer mais n’était pas officiellement annoncé, c’était une surprise. Au lieu de programmer un groupe que les fans adorent et connaissent déjà, nous voulions “forcer” les fans à aimer un groupe que nous aimons. (rires) Après avoir convié les fans à la projection de notre nouveau DVD, la salle de concert ouvrit ses portes et nous étions impatients de voir la réaction des fans. Leur concert fut excellent et les gens présents ont vraiment apprécié. Nous avons décidé, par la suite donc, que faire une reprise histoire de les pousser et de les aider.

Et enfin, nous sommes “RockUrLife” donc, qu’est-ce qui rock ta life Pär ?

P : Sabaton bien évidemment. C’est ce que je fais dans ma vie, du lever au coucher. Je suis le manager du groupe depuis sa création et quoique je fasse, il y aura toujours un rapport avec Sabaton. Je n’ai pas d’autres hobbies car qu’est-ce qu’un hobby ? Quelque chose que tu affectionnes. Sabaton rocks ma life.

Tu ne prends jamais de vacances ?

P : Je pensais bien. Pour la première fois en quinze ans, je devais prendre des vacances après la fin de la tournée faite en compagnie d’Iron Maiden, en Californie. J’ai dit aux autres “bon, vous pouvez prendre deux semaines de vacances, allez où vous-voulez”. Certains sont allés à Hawaï, d’autres à Vegas, certains sont restés à LA et j’avais prévu d’aller au Mexique. Je ne voulais pas prendre mon téléphone et mon ordinateur portable. Au bout d’un jour à ne rien faire, plein d’idées me sont venus et je ne pouvais pas rester là, sans rien faire. J’ai donc récupérer mes affaires et j’ai repris le boulot. (rires)
 

 

Site web : sabaton.net