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RISE OF THE NORTHSTAR (26/11/14)

Une fanbase grandissante, une réputation live déjà bien établie auprès des amateurs du genre, deux EP et maintenant un album. C’est autour d’un verre dans un bar de la capitale que l’on retrouve Vithia, chanteur charismatique de Rise Of The Northstar, pour une entrevue toute en humilité et franchise.

Premièrement, comment ça va ?

Vithia (chant) : Ca va très bien.

Rise Of The Northstar est de retour avec son premier album, entraînant, authentique et cohérent, intitulé “Welcame”. Pourquoi avoir choisi ce titre ?

V : C’est en référence à un manga qu’on a tous lu dans le groupe, que l’on adore et qui s’appelle “Rookies”. Dans ce manga, un des personnages salue le nouveau prof en lui envoyant une balle de baseball en pleine tête. C’est un cancre, un furyo; il a écrit “Welcame” au lieu de “Welcome” dessus, et l’on a trouvé que c’était un joli clin d’œil à cette phase. C’est également pour symboliser le fait que nous ne sommes pas des anglo-saxons. On vient un peu nous charrier sur notre accent, mais il est assumé. Enfin c’est notre premier album et donc une façon de saluer nos fans.

Cet album a été mixé et masterisé par Zeuss, qui a déjà travaillé avec des pointures telles que Madball ou Hatebreed. Comment en êtes-vous arrivés à travailler avec lui, et comment ça s’est passé ?

V : On a enregistré l’album nous-même à Sainte-Marthe, sur Paris. Mais pour ce premier LP, on voulait travailler avec un producteur étranger : on avait une liste de dix producteurs de renom, et Zeuss est celui qui semblait le plus motivé, le plus réactif. On l’a aussi choisi parce que c’est lui qui a façonné une partie du son d’Hatebreed que l’on aime bien, et on pense que c’est un son qui nous correspond, très crossover. Au final il nous a proposé un bon prix et on est partis avec lui. Ça s’est fait naturellement.

Combien de temps a t-il fallu pour que l’album soit bouclé ?

V : On l’a enregistré fin 2013. On a enregistré les guitares nous-même, puis la voix, la basse et la batterie à Sainte Marthe avec Guillaume Mauduit et Francis Caste. Ça s’est étalé sur deux mois, et le mix master a nécessité deux mois supplémentaires. On l’a finalisé quand on était en tournée début 2014 au Japon, et l’on échangeait beaucoup avec Zeuss. En mars 2014, l’album était définitivement terminé.

 

Vous avez beaucoup teasé, notamment sur votre page Facebook. Pourquoi avoir fait autant patienter vos fans ?

V : C’est plus une question de logistique. On voulait que l’album ait une distribution digne de ce nom, ce sont des choses qui sont longues à mettre en place, surtout si tu le fais tout seul. On a échangé avec plusieurs maisons de disques et maté des contrats, sauf que les contrats, on sait les lire. Et quand ils ne sont pas bons, on le dit. Résultat, on n’a pas trouvé chaussure à notre pied. J’ai donc monté mon propre label Repression Records, et ça prend du temps. J’ai signé le groupe, mais tout ça a été entrecoupé de dates. Pendant les festivals d’été, on a joué au With Full Force en Allemagne où apparemment on a fait forte impression. Peu de temps après on a participé au Summerbreeze toujours en Allemagne, et le boss de Nuclear Blast qui avait entendu parler de notre show au With Full Force était là. Il a adoré le groupe en live, et on a commencé à parler business en backstage. On lui a dit que toute notre prod’ était prête et que tout était déjà enclenché mais il était vraiment très motivé, et on lui a quand même envoyé l’album. Quand il l’a écouté, il l’a adoré, et nous a proposé un vrai bon contrat de licence entre ma structure et la sienne. Du coup, ça aussi, ça a retardé de deux mois la sortie de l’album, mais on ne le regrette pas. Je viens de passer à la Fnac des Halles et “Welcame” est dans les bacs, on a une vraie distribution et c’est ce qu’on voulait. Souvent, il y a des supporters qui se plaignent de ne pas trouver nos albums en vente. On vient de l’underground et à part internet, ce n’est pas forcément facile d’être “partout”. Là apparemment, ça porte ces fruits !

Tout au long de l’écoute du disque, une chose saute aux yeux : cet album est taillé pour le live, avec des titres comme “Welcame (Furyo State of Mind)”, ou encore “What The Fuck” ou “Bosozoku” qui comprennent pas mal de gang vocals. Vous avez fait exprès de donner une dimension déjà très live à cet album ?

V : On aime l’efficacité, et depuis que j’écris avec ROTNS j’essaie toujours de trouver des refrains, des gimmicks entêtantes ou encore des punchlines. Je trouve qu’aujourd’hui beaucoup de chanteur oublient l’art de la rime et l’importance d’avoir un bon refrain. Du coup, vu qu’on a énormément tourné, surtout avec le second maxi “Demonstrating My Saiya Style”, je pense que le live a influé sur ma manière d’écrire et notre manière de composer. On prend énormément de plaisir quand on voit les gens jumper. Au Resurrection Fest en 2013 par exemple, pour la première fois de notre carrière, la voix des gens couvraient nos propres instruments. Quand ils chantaient le refrain de “Sound Of Wolves”, c’était dingue, ça te donne plein d’énergie. Forcément, ce genre de truc influe sur la composition, mais cet album peut aussi être perçu comme un livre qui se lit du début à la fin. Même s’il s’apprécie en live, il est puissant à écouter chez soi.

Quels sont les trois titres qui définiraient le mieux l’album ?

V : “Welcame (Furyo State Of Mind)”, c’est justement pour ça qu’on l’a choisi comme premier single parce qu’on trouve qu’il synthétise bien musicalement et fondamentalement l’album. “Dressed All In Black”, parce que c’est le premier titre de cet album que l’on a écrit. “Authentic”, pour le propos et pour ce qu’il se passe à la fin.

Et ta chanson préférée ?

V : A écouter ou à chanter en live ? J’écoute généralement l’album d’une traite, donc c’est difficile de se projeter sur une chanson. J’aime bien ce que l’on a fait sur “The New Path” et “Bosozoku”, parce que c’est la première fois que l’on aborde une certaine mélodie à travers les chœurs, ce que l’on ne faisait pas auparavant. En live, on ne joue pas encore tous les morceaux, mais j’ai hâte de voir ce que vont donner “Samurai Spirit” et “Dressed All In Black”, puis j’adore jouer “Welcame (Furyo State Of Mind)” parce que ça rap fort.

 

Les paroles sont souvent positives malgré les apparences. Quelles valeurs sont les plus importantes pour toi, et pour ROTNS en général ?

V : Merci de le noter ! L’authenticité, c’est quelque chose de très important pour nous. Ce qu’on appelle l’intégrité aussi. Très souvent, j’entends des groupes parler d’intégrité, mais ils ne se sont jamais retrouvés dans une situation où l’on pouvait voir s’ils étaient réellement intègres. C’est ce que l’on a voulu défendre avec ce que l’on a fait pour le Never Say Die. Ça ne nous a pas amusé de le faire, mais on l’a fait. On a annulé une tournée qui aurait pu être une promotion mortelle pour le groupe, mais on n’y a renoncé parce que si tu t’avançais dans les calculs, tu te rendais compte qu’il fallait payer. On ne paie pas pour jouer, point barre. C’est cool quand tu nous vois jouer en Gakuran tu vois, mais dès que tu te retrouves dans un festival allemand beatdown ou dans le trou du cul de la Pologne et que tous les groupes sont là en jogging/casquettes et que toi t’arrives avec ton uniforme noir, tu fais figure d’ovni, bah là tu te dois d’être authentique. Il faut croire en ton projet pour affronter ça, monter sur scène, et dire que ouais on arrive avec nos codes assumés et qu’on est là pour tout niquer. Sinon, toutes les valeurs généralement défendues dans les mangas sont les nôtres : le dépassement de soi, l’esprit d’équipe… On essaie de générer quelque chose de positif même si dans la forme ça paraît violent et négatif. Finalement, qu’un mec vienne se défouler à notre concert plutôt que dans la rue, c’est plutôt une bonne chose.

Ce qu’il s’est passé par rapport au Never Say Die, c’était la première fois que ça vous arrivait ?

V : Ce n’est pas la première fois que l’on s’engueule avec des bookers, mais à cette échelle, si, c’est la première fois. Après notre tournée japonaise, le groupe a encore buzzé, la machine s’est accélérée et on a voulu se professionnaliser. Par conséquent, on a commencé à bosser avec un manager, qui n’a cependant pas tenu compte d’une de nos directives qui était : on ne paie pas pour jouer. Il y a pleins de groupes qui le font, ce que je ne comprends pas même si ça peut être assimilé à de la promo, mais nous, hors de question. Les contrats ont été signés à la va vite, tandis que de notre côté, nous n’avions rien signé. J’avais toujours dit que si je voyais une coquille dans le contrat, que ce soit deux jours ou deux mois avant, je le dirai, et s’en suivront les conséquences. C’est ce qu’il s’est passé. La tournée ne s’est finalement pas faite parce qu’il y avait trop de choses qui n’allaient pas. Ça ne nous a pas plu de les foutre dans la merde, mais on n’est pas partis comme des voleurs. On leur a proposé un deal qu’ils n’ont pas accepté, ils nous ont remplacé et basta. En tout cas, nous, c’est ça qu’on appelle être intègre.

D’un côté, c’est une bonne chose que vous ayez pris cette décision. Sur Facebook notamment, on a vu pas mal de personnes relayer le statut dans lequel vous expliquiez la situation et saluer votre honnêteté et votre intégrité, justement.

V : C’est cool. L’impact que ça a sur les fans est important. Il y a trop de bookers qui pensent que parce qu’ils sont là les groupes existent, alors que c’est l’inverse. Il y a un booker qui est déjà venu me voir et qui m’a dit “C’est grâce à nous que vous jouez”. Je l’ai séché tout de suite en lui disant qu’en 2011, on remplissait déjà nos clubs en tournée européenne sans passer par aucune agence de booking. Ils existent parce qu’il y a des groupes qui tournent et le nerf de la guerre c’est le public, c’est eux qu’il faut le plus respecter. Mais comme on vient d’une culture où on fait tout par nous-mêmes, on a continué dans la même optique. Aujourd’hui, sur ce genre de point on n’a pas trop de problèmes, business is business et un chiffre ne ment pas, mais si demain on doit être grillés par toutes les agences de booking, on tournera tous seuls. C’est les kids qui vont remplir les salles, pas les bookers.

Tu as réalisé l’artwork de “Welcame”. Y’a-t-il des artistes, des mangas, des séries qui t’ont inspiré ? De plus, te charges-tu d’autre chose quant à l’identité visuelle de ROTNS ?

V : Je suis un gros fan d’Akira Toriyama qui a créé “Dragon Ball”, et de Takehiko Inoue qui a créé “Slamdunk” ou encore “Vagabond”. Je pense qu’à travers la pochette, ça se grille tout de suite ! Après, j’ai pleins d’œuvres, de références, comme “Saint Seiya”, “Akira”, “Fly”, tous les mangas qui traitent des furyos, des bosozokus, comme “Racailles Blues”, “GTO”… tout ça j’adore. D’une manière générale, je m’occupe de toute la comm’ du groupe, de tout le merch, de tous les visuels, et d’une bonne partie des photos. Parfois, on travaille avec un gars qui s’appelle Berzerker, c’est lui qui nous a fait le shoot photo pour l’album qui est mortel, il était avec nous au Japon. Mais ça m’arrive aussi de shooter les photos, même si je suis dessus… (rires) J’ai toujours voulu développer un univers atypique et unique avec le groupe, c’est pour ça que j’essaie de maîtriser le plus possible et de “faire” le plus possible, parce que, qu’on le veuille ou non, je pense qu’il faut être égoïste en art. En ayant l’oeil partout, tu arrives à avoir quelque chose qui te ressemble. Les membres du groupe me font l’honneur de me faire confiance, et moi je donne le meilleur de moi-même. Même dans les clips, je fais la direction artistique et je bosse beaucoup avec Berzerker dont je t’ai parlé, qui est un des seuls mecs avec qui on travaille. Il a beaucoup de goût et ça fait un certain temps que l’on se connait, que l’on bosse d’une certaine manière et qu’il faut un peu nous apprivoiser. Il est là depuis “Protect Ya Chest”, et on a appris à se décoder. Il y a une alchimie qui opère. A part lui, il n’y a pas grand monde qui interagit artistiquement avec le groupe. C’est moi, et parfois des personnes que l’on choisit. Là, je suis en train de faire faire des T-shirts par un graphiste et un illustrateur que j’aime bien, mais c’est moi qui les choisi.

 

Dans toutes vos productions, autant sur vos précédents EP que sur ce premier album, on rencontre un son à l’identité bien établie. Sachant qu’il faut parfois plusieurs longues années à un groupe pour pouvoir trouver sa véritable personnalité, comment expliquez-vous le cas Rise Of The Northstar ? Est-ce que vous saviez exactement ce que vous vouliez faire dès le début ?

V : Merci, c’est un vrai compliment. Mine de rien, ça fait quand même six ans que j’ai monté le groupe. Même si ce n’est que notre premier album, ça fait quand même un petit bout de temps qu’on est là et qu’on se cherche. On va dire que pour ce premier album, c’est la première fois que l’on s’attarde autant sur notre son pour essayer de trouver notre propre identité. On aime bien quand ça groove, et en même temps, on a des phases très incisives, très trash, on a voulu un son qui soit à cette image-là, c’est-à-dire rond, lourd, mais aussi précis, pour que justement les solos ressortent bien. Je n’aurais peut-être pas encore la prétention de dire que l’on a “notre son”, mais en tout cas, on tend à avoir un son qui on l’espère, sera reconnaissable. Le premier album est une étape de plus. Sur “DMSS”, on avait déjà un son un peu différent de celui sur “Tokyo Assault”, peut-être moins brut mais plus lourd. On avait déjà commencé à enregistrer les guitares nous-même, et on a voulu enregistrer avec une batterie live sur ce premier album. Donc ouais, c’est important l’identité, et on espère avoir un son reconnaissable, peut-être que c’est déjà le cas, je ne sais pas…

Ca l’est !

V : Chan-mé !

Il n’y a rien de surprenant à dire que ROTNS et le Japon ne font qu’un. En quoi diffèrent la culture et la mentalité japonaise de la culture et la mentalité française ?

V : Ce n’est même pas une question de codes, c’est une question de valeurs… Par exemple, là-bas, le vol existe peu. Tu pourras prendre ton porte-monnaie, le laisser tomber en plein milieu de la place la plus pratiquée du monde, à Shibuya, le lendemain matin personne n’y aura touché, ou au pire, quelqu’un l’aura pris et l’aura ramené au commissariat, mais il y aura toujours tous tes billets dedans. Pourquoi ? Parce que là-bas, travailler est un honneur. Ce genre d’exemple est révélateur. C’est une culture qui nous fascine parce que sans aller jusqu’à dire qu’elle est diamétralement opposée à la nôtre, elle est tout de même très différente et c’est vraiment dépaysant. On a appris à découvrir le Japon à travers le manga. C’est comme la première fois où tu te retrouves à New-York, tu as l’impression de marcher dans un film. C’est pareil pour le Japon, tu as l’impression de marcher dans un manga. C’est une des autres raisons pour laquelle on adore cette culture, Il y a un rapport incessant à la fiction de nos références. Et puis enfin, je trouve que même dans une ville comme Tokyo qui compte dix millions d’habitants, il y a quelque chose d’apaisant. Le Japon est apaisant.

Tu y es déjà allé plusieurs fois avant d’y tourner avec le groupe ?

V : Oui, j’y suis déjà allé pleins de fois avant. Notre première tournée là-bas remonte à l’été 2012, et notre dernière tournée début 2014. On compte y retourner dès que l’on pourra.

En parlant du Japon, vous avez tenu à reverser l’argent récolté avec la chanson “Phoenix” à la Croix Rouge afin de venir en aide aux victimes du catastrophique tsunami de 2011 et de Fukushima, où vous avez d’ailleurs décidé de jouer lorsque plus personne ne voulait s’y produire. Un souvenir marquant ?

V : Depuis “Tokyo Assault”, il y a pas mal de japonais qui nous suivent, mais on va dire que notre nom a vraiment circulé dans le milieu hardcore japonais avec ce titre. En 2011, on a tourné en Europe avec un groupe japonais qui s’appelle Edge Of Spirit, c’est des anciens qui sont là depuis 1997, et ils nous on dit que l’on sous-estimait ce que l’on était déjà au Japon, que plein de kids voulaient nous voir en concert. Du coup, lorsque l’on a commencé à booker la première tournée japonaise en 2012, on a essayé de jouer partout, et c’est vrai qu’à l’époque à Fukushima, il n’y avait que les groupes locaux qui allaient y jouer… Mais nous on voulait le faire. Déjà parce que l’on veut jouer partout et ensuite parce que c’est toute une symbolique… Quand on fait quelque chose, on le fait à fond. C’était un concert mortel parce que les kids étaient survoltés : j’ai vu des gens pleurer, chanter les paroles sur “Phoenix”… ils ont un anglais de merde mais ils étaient là quoi ! Il y en a même qui nous écrivaient des lettres. A la base, pour ce titre, on a bossé avec une multitude de personnes gratuitement, comme avec Aslak Lefevre qui a enregistré le titre ou encore Grégoire Orio qui a réalisé le clip. Quand j’ai écrit les paroles, je me suis vraiment mis à la place d’un kid japonais et j’ai essayé de trouver les mots qui pourraient leur donner de la force, du courage. Quand tu vas sur le terrain et que tu vois que ça a fonctionné, c’est génial et touchant.

 

Comme tu l’as mentionné tout à l’heure, vous êtes des furyos, ce que l’on pourrait répertorier comme des jeunes délinquants qui vivent selon leurs règles, en faisant abstraction des codes établis par la société…

V : Le furyo, c’est un terme japonais utilisé généralement dans le milieu scolaire. Tous les membres du groupe sont sortis de là il n’y a pas si longtemps, on a tous eu des parcours plus ou moins compliqués scolairement, et on se retrouvait vachement dans ça, moi le premier. J’ai découvert les mangas avant l’âge de raison. Au collège et au lycée, je me retrouvais dans toutes ces lectures et à travers des personnages comme Sakuragi de Slamdunk. Ce que l’on fait à travers la musique, c’est ce qui nous ressemble. J’utilise la métaphore du manga pour faire passer un message. On s’en branle des codes, des coutumes liées à une scène ou une autre. On fait ce que l’on veut. C’est ça pour nous être des furyos, on fait ce que l’on a envie de faire. Aujourd’hui, les groupes disent qu’ils font ce qu’ils veulent mais ils rentrent tous dans un moule et sont tous plus ou moins aiguillés. Nous, il n’y a pas de management pour nous dire ce qu’il faut faire artistiquement parlant, pas de photographes pour nous dire comment poser. On est les maîtres de notre navire. Si les gens suivent c’est cool, s’ils ne suivent pas ce n’est pas grave. C’est en partie ça le furyo style.

Du coup, c’est avec cette philosophie que vous vivez au quotidien ou est-ce simplement des personnages de scène ?

V : Non non, on est comme ça dans la vie de tous les jours ! De toute façon, tu ne peux pas faire ce que l’on fait en n’étant pas authentique. Comme je te l’ai dit, quand tu te retrouves dans le trou du cul de l’Est et que tu dois monter sur scène comme on est… Maintenant, ça commence à être référencé, les gens savent que les mecs de Rise s’habillent tout en noir. Avant ça ils ne savaient pas, ils arrivaient en concert, ils voyaient ça, c’était une autre planète… Bref, on avance à contre-courant aussi bien sur scène que dans notre vie quotidienne.

La scène hardcore est une scène assez fraternelle dans son ensemble. Y a-t-il des groupes francophones ou internationaux avec qui vous avez créé de vrais liens ?

V : On ne s’est jamais revendiqué d’aucune scène, même si musicalement, nos racines viennent indéniablement du hardcore. On s’est plus ou moins tous rencontrés à travers cette scène, et nos premiers concerts se sont déroulés toujours au sein de cette même scène, même si l’on joue aussi sur des plateaux metal ou black metal. Ce que l’on veut, c’est fédérer. On n’a jamais vraiment été dans le hardcore unity tout ça… Après oui on y a des potes. Mais mes frères, ce sont les membres de Rise Of The Northstar et notre équipe.

 

Pour un groupe comme ROTNS qui vient du milieu underground, c’est quoi pour vous la réussite ?

V : C’est propre à chaque membre ça, mais pour moi, la réussite, c’est Slipknot. C’est remplir des grosses salles en ayant une musique sans concession et pouvoir bien vivre de ta musique, ce que l’on vise au final. Tu viens de notre scène, tu joues dans des clubs et c’est cool, mais moi, je veux remplir le Zénith. On verra si on y arrive ou pas, mais on n’est pas là pour jouer dans des clubs toute notre vie.

En parlant d’objectifs, vous avez été annoncés au Hellfest. C’est une première pour vous ?

V : Oui, la première fois. On est contents. C’est bien parce que l’on tourne beaucoup à l’étranger et que l’on fait des festivals dans d’autres pays depuis 2012, mais c’est toujours un bonheur de faire un festival en France, je peux parler français entre les titres ! Et puis le Hellfest, c’est le plus gros festival de metal ici, donc merci à eux de nous avoir invités et on a hâte d’y jouer. On a un bon spot, une bonne scène, j’espère qu’il y aura du monde.

 

On l’espère aussi. Une question portant sur un sujet différent maintenant. Depuis quelques années, on voit de plus en plus de groupes proposer des Meet & Greet payants, certains atteignant des prix exorbitants, pour que les fans puissent les rencontrer. Quelle est ton opinion là-dessus, sachant que tu fais partie d’une scène aux antipodes de cette pratique ?

V : Il y a déjà des groupes qui nous proposent de payer pour jouer avec nous, mais on refuse. Tout ça c’est des conneries. Si après un concert, on a envie d’aller à la rencontre des gens, on va se mélanger, on va à notre table de merch et les fans nous rencontrent. Après chaque soir est différent, parfois après le show on se repose ou on n’est pas d’humeur, et ce n’est pas une somme d’argent qui nous fera changer d’avis. Ce genre de pratique, ce n’est pas vraiment dans la politique du groupe…

Pour conclure, la question traditionnelle. Notre webzine s’appelle RockUrLife, alors, qu’est-ce qui rock ta life ?

V : La création.

Rise Of The Northstar sera en concert le 23 janvier prochain au Divan Du Monde.

Site web : riseofthenorthstar.com