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RED MOURNING (28/10/22)

Red Mourning sort son cinquième album et RockUrLife était curieux d’en savoir plus sur ces Parisiens qui mélangent du blues, du sludge et du stoner.

Pour commencer peux-tu nous faire un retour sur la release party de Flowers & Feathers au Dr Feelgood ?

Aurélien (batteur) : Cela a été une super soirée ! C’était l’occasion de fêter le lancement de l’album avec les gens qui suivent, aiment et/ou aident Red Mourning depuis plus ou moins longtemps; et surtout de goûter la bière spéciale Red Mourning brassée par Prizm et leur head brewer / génie du malt Antoine, qui était absolument délicieuse (Mosaic forever) !


Dans quel état d’esprit êtes-vous dans ces moments qui suivent la sortie d’un nouvel album ?

Aurélien : Toujours très impatients d’avoir la réaction des gens, leur avis, ce que leur a procuré l’album. Et plus particulièrement avec ce nouvel album, qui marque une fracture avec ce qu’on a pu faire précédemment, avec pas mal d’expérimentations, de nouvelles ambiances, de nouveaux courants musicaux, etc.

Pour le coup, on ne savait pas du tout comment cet album allait être accueilli, on s’imaginait même une pluie de critiques des gens qui nous suivent depuis longtemps. Mais au final, on a jusqu’à présent de supers retours !

Ce nouvel album est la première collaboration avec le nouveau guitariste, Alex. Qu’est-ce que cela a apporté ?

Aurélien : Beaucoup de fraicheur et une nouvelle énergie injectée dans le groupe, après plus de quinze ans d’existence, cela fait du bien de changer d’air ! Il a une approche différente dans le jeu de guitare, avec un jeu beaucoup plus expressif et thrashy.

C’est aussi le premier album où il n’y a plus aucune composition issue des sessions avec notre ancien guitariste Romaric. Nous nous sommes donc partagés le travail de composition avec Alex, avec des façons de faire différentes, une approche différente des arrangements, etc. En revanche, pour conserver le côté organique et vivant de notre musique, nous finalisons toujours nos chansons ensemble en répétition, comme ce qu’on faisait avec Romaric.


Au fil de l’album on sent qu’il y a une volonté d’expérimenter, d’une manière de composer encore plus libre, plus audacieuse. Est-ce que tu es d’accord avec cela ? Comment pourrais-tu l’expliquer ?

Aurélien : Je suis totalement d’accord avec cela. Comme je le disais précédemment, c’est le premier album sans aucune chanson composée avec Romaric. Du coup, le changement de compositeurs a forcément un fort impact sur ce nouvel album, avec l’intégration de nouvelles influences et de nouveaux courants musicaux, plus modernes pour ma part, et une plus grande ouverture dans l’approche musicale et la volonté d’expérimenter. L’intégration de nouveaux instruments comme le banjo ou le handpan est aussi venue enrichir notre palette de son, et permettre une nouvelle approche dans la composition et les ambiances. Il s’agit de l’album le plus varié et le plus ambitieux de notre carrière.

Le résultat est un album avec des compositions surprenantes et variées, on y retrouve même du gospel et de l’orgue. Comment ces choix ont été faits ?

Aurélien : Depuis le premier album, on avait l’envie de mélanger du metal et du blues, avec notamment l’incorporation d’instruments comme l’harmonica. Au fur et à mesure, on a peaufiné notre formule, continué à incorporer de nouveaux instruments issus du folklore blues comme l’orgue ou le banjo, et de nouveaux courants musicaux comme le gospel, pour venir enrichir l’univers Red Mourning et renforcer notre originalité.

C’est notre cinquième album et on a la volonté de ne pas faire deux fois le même album, donc à chaque fois on tente de nouvelles choses, avec quelques fois le risque que le résultat ne soit finalement pas convaincant, et finisse à la poubelle. Mais tant pis, on aura essayé !


C’est un album qui est une fois de plus marqué par une collaboration avec Francis Caste. Vous avez parlé de son rôle dans la définition du son et de l’identité du groupe. Peux-tu nous en dire plus sur cette relation, ce qu’elle apporte au groupe et comment se passe le travail avec Francis ?

Aurélien : Francis nous suit depuis notre premier album Time To Go sorti en 2008. A l’époque, j’avais dix-huit ans, donc il m’a vraiment vu grandir musicalement. Vu qu’il est batteur, il m’a aussi appris à frapper sur une batterie, et je peux te dire que les progrès ont été considérables entre le premier et le dernier album !

De manière générale, c’est le cinquième homme du groupe, lui-même expérimente tout le temps au niveau du son, n’hésites pas à nous dire quand un arrangement, une partie ou autre ne fonctionne pas, sans langue de bois. Il va aussi apporter des idées sur les arrangements du chant, sur des soli de guitares. Ce n’est pas juste un pousseur de boutons. Et en plus, il est super drôle !

Les thèmes abordés dans l’album semblent être assez introspectifs, il y une forme de quête identitaire. Pourrais-tu nous en dire un peu plus ?

Aurélien : C’est JC le chanteur qui a écrit l’ensemble des textes, à l’exception de “Blue Times”. Effectivement, il s’agit généralement de sujets assez personnels sur des sentiments comme l’injustice, l’impuissance, la colère, la folie, abordés de manière assez métaphorique et poétique.

Je peux davantage te parler de “Blue Times”, dont j’ai écrit les paroles (la première chanson de Red Mourning où les paroles n’ont pas été écrites par JC !). Cette chanson évoque un père atteint d’une maladie dégénérative (type Alzheimer), et qui parle à son enfant avant de perdre la raison, sa dignité, et de ne plus ressembler à l’homme et le père qu’il était. Je l’ai écrite après le décès de mon grand-père qui a eu ce type de maladie pendant pas loin de dix ans, au point de ne plus être autonome et de ne plus reconnaitre personne. Un clip de cette chanson devrait d’ailleurs sortir courant novembre.


Comment se passe la transposition des morceaux sur scène ? Vos titres possèdent des atmosphères travaillées avec une production soignée, quels sont les éléments que vous mettez en avant pour le live ?

Aurélien : Pour le live, on veut avant tout conserver l’énergie, le côté organique, original et authentique de nos chansons. On chante tous les quatre sur scène (sans sample additionnel pour venir gonfler artificiellement la voix), notre set incorpore aussi les instruments qui font notre identité, comme l’harmonica ou le lap-steel. On construit nos sets pour qu’ils soient à l’image de nos albums : variés et invitant au voyage dans l’univers Red Mourning.

On essaye toujours de dégager une énergie positive dans nos concerts : on n’est pas des gros méchants, on est juste là pour partager notre musique avec les gens dans un moment de communion et de bonne humeur. Et quel kiff de jouer devant même dix personnes qui vibrent au son de tes chansons !

D’ailleurs, une tournée est-elle prévue ?

Aurélien : On y travaille, mais c’est de plus en plus compliqué de trouver des dates, surtout pour un groupe comme nous, qui existe depuis longtemps, mais ne fait pas forcément partie des grands noms du metal français. Mais ce n’est pas l’envie qui nous manque de jouer, et à chaque fois on a de supers retours sur nos lives de la part des gens, donc c’est encore plus frustrant de ne pas pouvoir jouer autant qu’on le voudrait !

Vous avez sorti votre première démo en 2003, l’année prochaine marquera donc le vingtième anniversaire du groupe. Cela fait quel effet ? Des projets particuliers pour marquer le coup ?

Aurélien : Il ne reste que Sébastien et JC de cette époque, mais vingt ans d’existence c’est quand même quelque chose ! Et le groupe a bien évolué depuis. Déjà, on devrait sortir un nouvel EP acoustique l’année prochaine, mais ce serait effectivement l’occasion de faire quelque chose de spécial en plus. On y réfléchit et on revient vers toi !

Dernière et traditionnelle question, comme notre média s’appelle RockUrLife, qu’est-ce qui rock ta life Aurélien ?

Aurélien : Ma fille et sa mère sans qui rien n’aurait de sens !


Site web : facebook.com/RedMourning

Marion Dupont
Engagée dans la lutte contre le changement climatique le jour, passionnée de Rock et de Metal le soir !