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PIERCE THE VEIL (08/03/23)

English version

Pierce The Veil a sorti il y a quelques semaines son nouvel album The Jaws Of Life. RockUrLife a eu la chance de pouvoir en parler avec le bassiste Jaime Preciado quelques heures avant la sortie mondiale du disque.

Commençons par te demander comment tu te sens, quelques heures avant la sortie du nouvel album The Jaws Of Life ?

Jaime Preciado (basse) : Très excité, très nerveux, fébrile et reconnaissant. C’est presque incroyable que cela se produise. Je suis un peu en état de choc tout comme le reste des gars. Nous attendions ce jour depuis longtemps. Nous sommes donc vraiment excités d’être ici et nous sommes vraiment heureux de partager ce nouvel album avec tout le monde.

Avez-vous eu des premiers retours sur cet album ? Quelles ont été les premières réactions aux nouveaux morceaux ?

Jaime :  Nous avons bien sûr fait écouter les morceaux à nos amis et à notre famille. Ils disent tous la même chose. C’est vraiment différent, mais ils aiment vraiment cela. ‘’est un peu ce que nous voulions. Nous voulions que ce soit un peu différent. Nous voulions prendre quelques risques, être audacieux, faire quelque chose que nous n’avons pas nécessairement fait auparavant. Et je pense que c’est ce que nous avons fait avec ce nouvel album. J’ai eu beaucoup de plaisir à le créer et à le finir et c’est une partie cool de nos vies maintenant. C’est vraiment génial.


Vous nous avez complétement soufflé avec le single “Pass The Nirvana”. C’est grunge, c’est brut et le travail que vous avez fait sur le chant est tout simplement incroyable. Peux-tu nous parler un peu de la façon dont cette chanson est sortie et où vouliez-vous aller ?

Jaime : En fait, c’était la première chanson que nous avons terminée sur l’album. C’était probablement la plus facile à faire parce que nous savions en quelque sorte ce que cela allait être. Nous savions ce que c’était, et nous savions ce que ce n’était pas. Je dis toujours que toutes les chansons n’ont pas besoin d’être chantées. Et avec cette chanson, il était logique de crier tout le temps et d’être un peu agressif. Le titre parle de choses qui nous été enlevées à cause de la pandémie et la capacité de surmonter ce genre de choses. C’était donc une chanson vraiment spéciale pour nous tous. Nous avons juste senti que nous devions montrer aux gens ce morceau premier.

Nous ne nous attendions pas à ce que vous soyez si cru avec autant de violence. En même temps, tout est très bien équilibré.

Jaime : Je pense que ce titre est effectivement quelque chose de cool et de très différent pour nous. Nous voulions choquer les gens. Si tu écoutes l’album, tu sens bien que ce morceau détonne par rapport au reste. Je pense que chaque morceau de l’album a sa propre place et doit se révéler comme une forme de voyage que l’on entreprend. Mais avec ce titre, le voyage ne prend pas un chemin connu. J’aime vraiment cela. C’est fun de le jouer en live.


Autre titre détonnant, c’est “Death Of An Executioner”. Le titre se construit avec beaucoup de couches et sonne différemment de tout ce qu’on a pu entendre de vous. C’était une volonté forte de le positionner en ouverture d’album ?

Jaime : Oui, celle-ci s’est avérée être l’une de mes chansons préférées. Je pense que c’est parce que nous avons travaillé sur ce morceau le plus longtemps et qu’il est devenu tellement différent de ce qu’il était au départ. On n’arrêtait pas d’ajouter des passages. À un moment donné, le morceau durait environ huit minutes. C’était fou, c’était le chaos tout du long. Et on s’est dit : “Qu’est-ce qu’on fait avec ce titre ? Nous ne sommes pas Queen !“. C’est trop pour une chanson. Nous avons donc essayé de choisir nos parties préférées, puis quand nous avons essayé de comprendre l’ordre des chansons sur le disque cela n’allait nulle part. Finalement on a décidé de le mettre en ouverture, c’était un peu comme un heureux accident. Donc, ce n’était pas intentionnel, c’était juste l’une de ces chansons vraiment fun et différentes. Un bon morceau d’ouverture et nous avons pris le risque de le mettre là. En prenant des risques, vous devez parfois faire confiance à votre instinct et je pense que c’est une excellente ouverture. Je pense que cela commence bien l’album.

Cette chanson sera vraiment intéressante à entendre sur scène. Envisagez-vous d’ouvrir vos concerts avec cette chanson ? Ce serait une parfaite entrée en matière !

Jaime : C’est aussi ce qu’on est en train de se dire. Quand nous sommes dans la phase de création du disque avec quelles chansons ont besoin de quoi, nous pensons toujours à la façon dont cela va se traduire en live. Qu’est-ce qu’on va ressentir en jouant ces morceaux sur scène ? C’est vraiment la partie la plus importante. Nous créons toutes sortes de choses et ajoutons différentes couches et textures, mais il faut juste que cela se ressente. Le résultat doit vous faire ressentir une certaine émotion et c’est la seule chose que vous ne pouvez pas simuler pendant que vous jouez en live. Nous devons presque nous imaginer être sur scène devant une large foule pour voir si on aime ce qu’on imagine ressentir à ce moment-là du morceau, à ce moment-là du concert. C’est notre manière de composer.


Ce nouvel album met l’accent sur le ressenti et dévoile un large panel d’émotions. Le morceau “Résilience” est un bon exemple. Le titre en lui-même est un mot si fort et adéquat pour ce que nous vivons en ce moment. Peux-tu nous parler un peu des paroles ?

Jaime : La chanson raconte juste une histoire sur la capacité de chacun à être résilient, à pouvoir prendre ce que le monde a à vous offrir. Même lorsque l’on se retrouve dans un moment très difficile, il y a toujours une part de nous qui peut arriver à s’extirper de cette zone douloureuse pour s’en sortir. Nous avons beaucoup échangé sur ce à quoi l’album devait ressembler au niveau des paroles. Pour nous, c’est comme dans un film où vous voyez une main sortir de sous terre, parvenir à se déterrer, puis s’essuyer les yeux en voyant le soleil. C’est à ce moment-là que la personne se rend compte qu’elle s’en est sortie. C’est un peu tout le thème de l’album.  Au départ c’était un morceau assez fun et facile. Je n’oublierai jamais comment on est arrivé à ce pont final. Je me souviens que Vic est venu de l’extérieur après avoir traversé des toiles d’araignées. Il nous a dit qu’il pensait avoir trouvé les paroles parfaites pour la fin. Nous avons commencé à jouer, nous avons ajouté cette partie de pont et tout s’est mis en place d’une manière vraiment cool. Parfois ce genre de choses arrive. Vous ne vous attendez pas à être créatif et quelque chose se passe. Vous aimez une idée, vous la mettez sur la table et elle se construit d’elle-même.


Vous avez réalisé quelque chose de très spécial avec la chanson éponyme “The Jaws Of Life”. Il y a quelque chose au début de la chanson qui sonne un peu comme David Bowie avec un soupçon de Pixies. La chanson est à la fois nostalgique et moderne, ce qui est assez unique. Qu’en penses-tu ?

Jaime : Oui, je suis d’accord. Je pense que tout cet album a, et surtout cette chanson, juste un petit soupçon de cette nostalgie. Lorsque l’on écoute un morceau comme “The Jaws Of Life”, on a l’impression de l’avoir déjà entendu quelque part. Il y a ce sentiment de familiarité. Ce n’était pas nécessairement intentionnel d’essayer d’avoir cela. C’est venu avec la musique que l’on écoute et la musique avec laquelle nous avons grandi. C’était vraiment agréable pour nous d’arriver à ce genre d’ambiance nostalgique. Je pense que tout le disque contient un peu cela. Dans notre musique, nous avons toujours fait le plus avec tout, le plus de parties de guitare, le plus d’harmonies chantées et le plus gros son possible. Et avec cet album, nous avons essayé de faire quelque chose d’un peu différent, en enlevant les couches et en nous concentrant sur les parties les plus importantes de la chanson, ce que nous ne faisons pas normalement. Écrire une version simplifiée de la chanson était compliqué pour moi. Il ne reste plus beaucoup de matière. L’intro est très simple. Le riff de “The Jaws Of Life” n’est qu’un gros riff géant qui sonne énorme avec tout le monde jouant la même chose.  Ce n’est normalement pas notre style. C’était quelque chose que nous voulions essayer pour voir si nous pouvions le faire. Je pense que c’était vraiment cool. C’est comme cela que l’on se retrouve avec un air de Bowie.


La simplicité est souvent la chose la plus difficile à atteindre.

Jaime : C’est vraiment le cas. Je ne peux pas dire autre chose. C’est facile d’envoyer du lourd partout, c’est facile d’écrire une tonne de choses et de les jeter à la tête des autres. Mais quand tu essaies de vraiment de faire ressortir certaines choses et d’avoir un impact important, cela devient plus délicat. Lorsque tu vises la simplicité, tu te retrouves sans rien pour te cacher derrière.

En tant que bassiste, quel a été le principal défi pour ce nouvel album ? Ou quelle est la chanson que tu aimes le plus parce que tu as eu le plus de plaisir ou de difficultés à jouer ?

Jaime : Je dirais tout cet album en général. Je pense que c’est l’album avec lequel j’ai pris le plus de plaisir à enregistrer des basses. Les parties de basses me plaisent et parce que tout est un peu dépouillé certains passages ressortent mieux. Il y a beaucoup de chansons où la basse joue une partie bien plus importante que sur nos derniers albums. C’est plaisant et c’est aussi beaucoup de pression parfois. J’aime les passages avec seulement de la basse et de la batterie. J’aime vraiment cela. J’aime la façon dont cela sonne. Ces deux instruments ensemble avec pas beaucoup de guitares. J’ai dû prendre beaucoup de libertés avec certaines parties et faire des choses. Nous avions cet espace créatif suffisamment ouvert pour prendre du plaisir et trouver des choses qui nous convenaient.

Vous avez enregistré la majorité du disque à la Nouvelle-Orléans, dans les quartiers français. Tu peux nous parler de l’ambiance, ce que vous avez ressenti et ce que cela signifiait pour vous ?

Jaime : La Nouvelle-Orléans en général est riche en culture. La musique en est une grande partie, notamment le jazz et le blues. Ce qui veut dire, que chaque fois que nous allions marcher, nous allions dîner ou prendre un café le matin il y avait toujours quelqu’un en train de jouer au coin de la rue. La ville est comme remplie de musique. Il y a un tas de musiciens partout. Certains jours, nous sortions devant la porte et il y avait des parades, des fanfares et des choses comme cela. C’était tellement inspirant et tellement cool d’être proche de cela. C’est une ville tellement créative et cool et pouvoir faire un studio à l’intérieur de la maison était juste la meilleure chose. Tu descends les escaliers pour prendre le petit-déjeuner et tu vois le kit de batterie là-bas. Tu vois les amplis partout, les guitares prêtes à rugir. C’est comme si nous n’avions jamais cessé de créer des choses et de travailler dessus. Cela ressemblait à un genre d’usine à musique. C’est ce qui nous a influencés lorsque nous faisons le disque. Il y a certainement beaucoup de petits morceaux de la Nouvelle-Orléans partout dans le disque. Quand tu entends des gens parler en arrière-plan sur l’album, cela vient de nous. J’ai des enregistrements audios de nous qui nous promenons dans la ville. J’en ai mis un peu partout dans l’album, il faut sûrement tout écouter au casque pour bien entendre mais c’est là.

Donc, vous viviez tous dans la même maison. Cela a dû être un sentiment spécial après ce que le monde a traversé pendant la pandémie.

Jaime : Nous vivions dans cette maison que nous avions transformé en studio, et c’était vraiment génial pour nous. Je pense que nous en avions besoin plus que nous ne le pensions. Nous en avions besoin parce que pendant la pandémie, nous ne nous sommes pas vraiment vus. On a fait des FaceTime, des Zoom et des appels téléphoniques. Mais se retrouver dans la même pièce que les autres mecs et pouvoir s’asseoir sur le canapé et simplement discuter les uns avec les autres. Je crois que c’était la meilleure partie de tout cela. Ces moments de reconnexions. C’était vraiment sympa et honnêtement, cela nous a tellement rapprochés. Nous avons définitivement tissé des liens beaucoup plus forts que jamais auparavant. C’était vraiment quelque chose de spécial. Nous sommes tous à point différent de nos vies maintenant. Nous nous sommes tous les trois mariés. Notre chanteur Vic est sur le point d’avoir un enfant, il y a tellement de choses excitantes. Notre famille, notre famille PTV s’est agrandie. C’est donc une période tellement excitante et de pouvoir être de retour, et d’avoir un nouvel album c’est vraiment génial.

Tu parles de de vieillir et de te marier avec des enfants, mais tu joues encore dans des festivals comme When We Were Young. L’équilibre parfait !

Jaime : Ou c’est un sacré truc. La vie est folle !

Dernière question : nous sommes RockUrLife, alors qu’est-ce qui rock ta life, Jaime ?

Jaime : Ce qui rock ma life en ce moment c’est notre nouvel album, nos fans qui ont attendu si longtemps cet album et les concerts que nous sommes sur le point de jouer dans le monde entier, et espérons-le près de vous les gars. Cela va continuer de rocker ma vie !

© Celina Kenyon


Site web : piercetheveil.net

Marion Dupont
Engagée dans la lutte contre le changement climatique le jour, passionnée de Rock et de Metal le soir !