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PAPA ROACH (08/04/22)

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Papa Roach vient tout juste de sortir son onzième album studio Ego Trip. L’occasion idéale pour en discuter avec le guitariste et membre fondateur Jerry Horton.

Puisque le nom de ce nouveau disque est Ego Trip, la première question qui s’impose est de savoir qui a le plus gros ego au sein du groupe ?

Jerry Horton (guitare) : Je pense que nous connaissons tous la réponse à cette question ! (rires) En vérité, nous avons tous notre ego, mais Jacoby est celui qui se bat le plus avec le sien. Il continue de le combattre et de mieux le comprendre. Il est conscient de ses faiblesses et essaie toujours de s’améliorer. je l’admire pour cela.

Le contexte de ce nouveau disque est un peu particulier. Il est sorti sur un label indépendant, arrive juste après la pandémie. Comment cela a-t-il affecté votre processus créatif ?

Jerry : La pandémie nous a permis de rester à la maison un peu plus d’un mois. Nous passons généralement beaucoup de temps sur les routes. Cela nous a donné du temps avec nos familles, mais à un moment donné, nous avons dû composer de nouvelles musiques pour ne pas devenir fous. Nous nous sommes tous réunis dans une maison pour nous concentrer sur la musique. Nous n’avions à nous soucier de rien, pas même de la nourriture. C’est peut-être anecdotique, mais avoir à se soucier de la nourriture peut prendre deux ou trois heures de temps. Ce qui est du temps non dédié à la musique. C’était vraiment bien de vivre et d’être ensemble. C’était comme faire de la musique entre amis. Nous n’avions pas de date limite pour sortir le disque, nous avons donc eu le temps d’explorer et de composer exactement comme nous le voulions. Nous avons également passé beaucoup de temps à discuter et à créer chaque aspect des visuels. On a travaillé sur la pochette, on a travaillé sur le clip vidéo. Tout le processus de création et de sortie de cet album, c’est nous.


Il y a des chansons complètement inattendues venant de Papa Roach, comme “Liar” ou “Bloodline”. Comment vous sont venues ces idées ?

Jerry : Nous voulions faire quelque chose de différent avec ce disque et je suppose que c’est venu assez naturellement. On a travaillé avec différents producteurs qui sont plus dans la musique pop. C’est eux qui ont composé et trouvé ces rythmes très électro. Ils ont vraiment aidé à composer les chansons. C’était amusant et très créatif pour nous de faire ce genre de morceaux. Au final, on se rend compte que c’est ce type de morceaux qui nous attirent. Nous voulons continuer à faire quelque chose de nouveau.

Vous avez également trouvé des riffs lourds sur “Kill The Noise”. Cela vous a-t-il fait du bien de revenir à ce type de musique bien heavy ?

Jerry : Nous avons eu beaucoup de discussions au sein du groupe pour ce morceau. Nous voulions avoir une chanson qui ouvrirait le disque, lancerait les concerts et serait notre premier single. Ce n’était pas évident pour nous de revenir à nos racines et de proposer ce genre de chanson heavy. Mais quand nous avons commencé à écrire la chanson, cela semblait naturel et je crois que nous l’avons enregistrée en une seule prise. Mais je suis content que nous l’ayons fait car la chanson fonctionne très bien sur le disque et sur nos concerts.


Une autre chanson inattendue de votre part était le featuring avec FEVER 333 et Sueco sur “Swerve”. Cela sonne très jazzy et suave. Quelle est l’histoire derrière ce titre ?

Jerry : C’est une drôle d’histoire. Nick (ndlr : Nick Furlong) connaît un gars qui joue du saxophone et nous a demandé d’essayer de mettre un peu de son son sur une chanson. Tobin était très réticent : “Du saxophone ? Est-ce que nous sommes en train de devenir un groupe de ska ?“. Nick est revenu avec l’ami qui jouait du saxophone, il a posé sa ligne et nous avons aimé. Nous avions ce rythme, cette ligne instrumentale d’une autre session et mis ensemble cela a bien marché. Donc, nous avions cette base unique et très différente pour une chanson. Jacoby voulait faire quelque chose de différent avec sa voix. Il a essayé beaucoup de choses, mais rien ne fonctionnait. À un moment donné, il nous a demandé si nous étions d’accord pour envoyer la chanson à Jason de FEVER 333, pour voir ce qu’il pouvait faire. Jason était ravi de s’essayer sur ce beat. Quand il a entendu le résultat, Jacoby était presque jaloux, il voulait surpasser ce que Jason venait de faire. Jacoby a trouvé l’inspiration, il a tout enregistré sur son téléphone et c’est exactement ce que tu entends dans le morceau. Et puis Colin (ndlr : Colin “Doc” Brittain) travaillait avec Sueco dans un autre studio, alors Jacoby lui a demandé ce qu’il pouvait faire sur le beat. Sueco a relevé le défi et avec un effet boule de neige on est arrivé au résultat que tu connais.


En parlant de Jacoby, l’un des éléments les plus frappants de ce disque est la manière dont Jacoby chante. Il n’avait jamais changé comme il le fait sur “Leave The Light On”, et tout au long de l’album, c’est comme s’il se poussait pour atteindre de nouveaux sommets. Qu’en penses-tu ?

Jerry : Je suis entièrement d’accord avec toi. Je pense qu’avec les années, Jacoby est non seulement un meilleur leader, mais il est aussi un meilleur chanteur. Je pense vraiment qu’il a relevé le défi. Je suis d’accord qu’il est allé dans des directions différentes avec sa voix sur le disque. Il a passé beaucoup de temps avec nos producteurs. Ils étaient dans leur propre chambre, tous les trois et ils ont testé de nombreuses lignes vocales pour chaque chanson pour se pousser vers des territoires inconnus. Le résultat est dans l’album !


Vous avez passé beaucoup de temps à communiquer avec votre public sur les réseaux sociaux pendant la pandémie. Vous avez fait preuve de créativité pour engager vos fans et vous avez livré quelque chose d’assez spécial, en jouant tout l’album Infest en live. Pourrais-tu nous parler un peu de l’expérience ?

Jerry : Nous avions l’impression que nos fans avaient besoin de quelque chose pour faire face à la pandémie. Nous avons beaucoup discuté de ce qu’il fallait faire. On a essayé de beaucoup échanger avec nos fans de différentes manières et puis on s’est dit que ce qui manquait à tout le monde, c’était la musique live. Alors, on a essayé de leur offrir cela avec ce concert. Bien sûr, l’énergie, le making of du concert était quelque chose d’assez différent de ce que nous vivons en direct. Nous n’avions pas de public, nous devions nous auto-alimenter, nous auto-énergiser. Il y avait une telle volonté de la part du groupe de produire ce live. C’était notre cadeau à nos fans.


En tant que français, nous nous sentons un peu trompés car vous étiez censé jouer avec Ice Nine Kills et Hollywood Undead lors du confinement. Une chance de vous revoir en Europe ?

Jerry : J’étais presque content que le show de Paris n’ait pas eu lieu parce que je n’y étais pas. Je m’étais cassé deux doigts et j’ai regardé certaines parties de la tournée sur les réseaux sociaux. Les gens semblaient passer un très bon moment. Je me suis senti exclu. Je suis content que nous “espérons” être de retour l’année prochaine afin que je puisse être là pour jouer le concert de Paris. Nous venons de terminer une tournée aux États-Unis avec Hollywood Undead et Bad Wolves. C’était fou, mais ce n’est rien comparé aux foules européennes.

Quelle est la différence ?

Jerry : Je pense que les gens aux États-Unis sont pourris gâtés. De nouvelles musiques arrivent sans cesse, il y a toujours des concerts et les gens prennent tout pour acquis. Je pense qu’en Europe, et c’est peut-être parce que nous ne tournons pas autant, les gens ont vrai un sens de la loyauté. Les gens continuent d’écouter et d’aimer les groupes qu’ils aimaient. Pour nous, c’est un sentiment très fort et l’énergie que nous ressentons lors de nos concerts européens est plus élevée qu’aux États-Unis.

© Darren Craig


L’énergie est le premier mot qui vient à l’esprit quand on parle de Papa Roach. Une énergie solaire. On a l’impression que peu importe à quel point les paroles ou la musique peuvent être sombres, vous la transformez toujours en une énergie positive qui vous donne envie de surmonter n’importe quel défi de la vie. Il y a quelque chose de très puissant là-dedans. En êtes-vous conscients ?

Jerry : C’est cela. Tu as tout dit. C’est quelque chose de très important pour nous. Beaucoup de gens nous racontent comment nos chansons les affectent. Comment ils peuvent se connecter à notre musique à un niveau plus profond et c’est quelque chose de très gratifiant pour nous. Je suppose que nous voulons toujours redonner cette énergie positive que nous recevons de notre public. Et c’est comme cela que nous sommes.

Quand on vous voit sur scène, vous semblez toujours prendre beaucoup de plaisir à jouer, et quand vous quittez la scène, c’est comme si vous n’aviez plus rien à donner.

Jerry : C’est exactement ce qui se passe. Si vous n’êtes pas content de jouer en live, pourquoi le faire ? Et si vous êtes sur scène, vous devez donner tout ce que vous avez. Ce n’est pas un choix, c’est la seule façon de jouer pour nous. Et je pense que c’est aussi pour cela que les gens reviennent.

Pour conclure cette interview, nous sommes RockUrLife alors qu’est-ce qui rock ta life, Jerry ?

Jerry : Pour le moment c’est définitivement les concerts. C’est tellement bon d’être de retour sur scène. Il n’y a pas de plus grande sensation que de jouer de la musique live.

© Darren Craig

Site web : paparoach.com

Marion Dupont
Engagée dans la lutte contre le changement climatique le jour, passionnée de Rock et de Metal le soir !