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PAPA ROACH (06/03/15)

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Cinq mois après notre dernière rencontre, c’est lors de leur nouveau séjour dans la capitale, quelques heures avant leur passage sur le plateau de “Une Dose 2 Metal” et la veille d’un concert au Trianon intense, que l’équipe de RockUrLife a eu l’opportunité de s’entretenir avec deux individus dont la sympathie égale la sincérité, Jacoby Shaddix (chant) et Jerry Horton (guitare), au sujet d’un élément majeur de la vie de musicien : la vie en tournée ; entre avantages, inconvénients, et leçons.

Premièrement, comment ça va ?

Jacoby Shaddix (chant) : Bien.

Jerry Horton (guitare) : Bien.

Jacoby : (hurle) TOUT VA BIEN !

Vous êtes de retour à Paris pour une poignée d’interviews, une émission télévisée et un concert. Qu’est-ce que ça fait de revenir ici ?

Jacoby : C’est génial. On est content d’être de retour. On a deux jours off cette fois-ci, ce qui est une bonne opportunité pour arpenter les quatre coins de la ville, même si l’on passe quelques heures avec la presse aujourd’hui. Une autre raison pour laquelle nous sommes excités est le fait que le concert de demain affiche complet, ce qui veut dire que ça va déchirer ! Je suis persuadé que ça sera une bonne date.

Le Trianon est une très belle salle qui plus est, c’est un petit point bonus.

Jacoby : Oh que oui, elle est magnifique. J’ai vu les Deftones là-bas et ai tout de suite pensé que c’était un endroit génial. Le son y est aussi bon.

 

 

Il semble que votre relation avec la France se soit grandement améliorée ces derniers temps, chose surprenante sachant que vous ne veniez plus ici depuis quelques années. Olivier [Garnier, Replica Promotion] a même évoqué la possibilité d’une tournée française. Qu’est-ce qui a provoqué ce changement drastique ?

Jacoby : C’est vrai, on essaie de se concentrer sur notre carrière ici. On a reçu une poignée d’offres de promoteurs. En l’occurrence huit, me semble-t-il. Je ne suis pas sûre que l’on fasse toutes ces dates, mais dans tous les cas, c’est une bonne nouvelle. Ca fait du bien d’être en mesure de revenir en France, il y a beaucoup de fans à qui l’on avait manqué apparemment. Olivier a joué un grand rôle en nous aidant à atteindre cet objectif. Il a été un excellent coéquipier avec nous. Il connait tout le monde dans le business. (rires) Lorsque l’on a eu ce petit souci d’organisation au Hellfest, on lui a demandé “pourquoi on joue aussi tôt mec ?”. Et Olivier a répondu tout simplement : “OK, laissez-moi arranger ça.” avant de passer quelques coups de fil. C’est un fan, et ça nous est bénéfique de travailler avec quelqu’un qui respecte et apprécie notre musique. Les fans ont été formidables avec nous. On a fait quelques concerts au Trabendo, et à chaque fois que l’on quittait la scène, on se disait qu’il fallait absolument que l’on revienne.

Jerry : On a enfin réalisé que l’on devait s’investir plus et travailler plus pour reconstruire quelque chose ici. Comme tu l’as dit, on venait jouer en France avant, à l’Elysée Montmartre par exemple avant que la salle ne brûle et que l’on cesse de tourner à Paris. C’est principalement la faute du label. Ils ont tout naturellement arrêté de promouvoir notre musique ici. Les aspirations de possibles nouvelles tournées sont alors tombées à l’eau et nous n’avons pas eu d’autre choix que de ne plus venir. Et puis, on est rentré en contact avec Olivier et avons enfin eu un soutien solide et efficace grâce à lui. Dès que l’on a su que des gens nous portaient encore de l’intérêt en France, on a décidé de retenter le coup. Le but ultime étant de ne pas seulement jouer à Paris, mais dans d’autres villes françaises.

Vous avez pour le moment un autre concert parisien prévu en novembre, à l’Olympia, cette fois-ci. Y’a-t-il une raison spécifique quant au choix de cette salle ?

Jacoby : C’est la salle rock n’roll par excellence à Paris ! On connait l’existence de cet endroit depuis un moment, organiser une date là-bas était donc la prochaine étape pour nous. Je n’y suis jamais allé, j’ai juste regardé quelques DVD live de groupe, mais l’Olympia a environ cent-vingt ans, c’est un théâtre magnifique. C’était par intérêt pour la salle en elle-même, en fait.

Bon choix. Et dire que l’on possède d’autres salles aussi belles que celle-ci.

Jerry : C’est vrai !

Ceci n’était absolument pas une session propagande pour la ville de Paris.

Jacoby et Jerry : (rires)

Jacoby : Non, mais tu as raison. On devrait partir à la recherche d’encore plus d’endroits atypiques !

 

 

Y’a-t-il des tournées dont vous gardez un mauvais souvenir ?

Jerry : Il y en a un en particulier. C’était aux Etats-Unis, avec Jet.

Jacoby: Oh oui ! C’était immonde. Notre pire tournée. Notre management nous avait contraint de la faire, mais c’était tout simplement une mauvaise combinaison de groupes. Que ce soit clair, on respecte Jet, c’est un bon groupe avec de très bons musiciens qui écrivent des chansons cool. Mais les fans ne voulaient pas nous voir. En ce qui nous concerne, on est très ouvert d’esprit quant à la musique, mais la fanbase ne pense pas toujours de cette manière.

On ne se rappelle pas avoir entendu parler de cette tournée, quand a-t-elle eu lieu ?

Jacoby : Je dirais cinq ans. On essaie d’effacer ça de nos mémoires. Merci de remettre le sujet sur le tapis. (rires)

Vous vous en êtes sortis vivants, c’est déjà ça ! Que faites-vous habituellement lorsque vous n’êtes plus en tournée ? Avez-vous d’autres passions ?

Jerry : Principalement passer du temps avec ma famille.

Jacoby : On profite en effet de nos proches, tout en s’attelant à d’autres domaines artistiques lorsque l’occasion se présente. Réaliser les clips de Papa Roach est une expérience que j’ai beaucoup appréciée. J’ai aussi une marque de vêtements nommée Lovers Are Lunatics. Trouver l’équilibre entre tout ceci et ma famille est une tâche délicate, mais c’est tout simplement le revers d’une vie dédiée à la création. C’est la raison pour laquelle nous sommes dans ce groupe : pour créer. En vieillissant, même si notre amour pour le groupe reste intact car il figure comme une pièce maîtresse de nos quatre vies, on essaie tout de même de maintenir cette créativité à travers différents procédés. Jerry est un très bon photographe. Je ne sais pas si tu as déjà vu ses photos, mais ce gars est dément.

Jerry : C’est quelque chose que je fais surtout en tournée, parce qu’il n’y a pas tant d’endroits cool que ça où j’habite, et je veux consacrer mon temps à ma famille quand je rentre. Je publie quelque clichés par ci par là. On a même évoqué la possibilité d’en faire un livre un jour. Je suis également un aficionado d’automobile. Ils m’ont donné le petit surnom de Jerry “The Hard Roll” Horton. (rires)

Comme tu l’as mentionné Jacoby, tu as une marque de vêtements. Peux-tu nous en dire plus ?

Jacoby : Il y a quelques temps de cela, j’ai été inspiré par un ami qui concevait nos tenues de scène pendant des années. Je ne ressentais pas le besoin de commencer un side project, mais je souhaitais cependant faire quelque chose de créatif qui ne se mettrait pas en travers de ce que l’on faisait avec Papa Roach. Et le projet est né comme ça. La passion est mon moteur : je suis dans Papa Roach depuis vingt ans, mon corps est recouvert de tatouages. Lorsque tu aimes vraiment quelque chose, tu serais capable d’aller jusqu’au bout du monde pour ça. C’est un engagement total, et Lovers Are Lunatics en est une nouvelle représentation.

 

 

Vingt ans de carrière, parlons-en. Avez-vous l’impression que toutes ces années sont passées à une vitesse folle ?

Jerry : Oui et non. Etre dans un groupe te permet de rester jeune à vie à travers le rock n’roll. (rires) Et puis d’un autre côté, j’ai passé la moitié de ma vie dans ce groupe. On a vécu beaucoup d’expériences; parfois, j’ai l’impression que toute cette aventure a commencé il y a des siècles, parfois le contraire.

Jacoby : Il nous arrive de rencontrer des gens qui ont dix-sept ans, ce qui signifie que nous avons formé Papa Roach avant même qu’ils soient nés. C’est là que tu te dis “bordel, c’est incroyable !”. On a commencé lorsque l’on était adolescent, et maintenant nous sommes devenus des hommes. On a grandi ensemble, rencontré des hauts et des bas, fondé des familles, eu des enfants. La dynamique est en évolution constante, mais lorsque l’on se retrouve au studio, la même passion nous habite.

Malgré cette passion, y’avait-il des périodes où vous manquiez tant d’inspiration que vous en veniez à vous dire qu’il serait peut-être préférable d’arrêter ?

Jerry : On a toujours considéré ce groupe comme notre seul objectif de carrière. Je ne peux pas parler pour les autres, mais je ne me suis jamais lassé de créer au sein de Papa Roach. Je ne me suis jamais dit “je n’aime plus ce que je fais”. Parfois, le côté business de la musique devient frustrant, être sur la route devient fatiguant, mais comme Jacoby l’a souligné, on aime juste créer.

 

 

 

Y’a t-il un élément au sujet duquel vous avez ouvert les yeux durant la composition de “F.E.A.R.” ?

Jacoby : Il y a une noirceur en moi qui peut ruiner ma vie si je ne m’accroche pas à une sorte d’humilité spirituelle. Je suis mon propre malheur; les habitudes, les routines. Cette révélation m’est venue en grandissant quelque peu et en essayant de faire les bons choix, afin de mener une vie respectable au lieu d’être un connard. L’image que tout le monde voit de moi sur scène n’est pas toujours représentative de qui je suis vraiment. C’était un combat constant, mais une bataille nécessaire.

Sur une note plus légère : il y a quelques mois, nous avons publié un top 5 de nos albums favoris de 2014. Quels sont les vôtres ?

Jacoby : Je ne sais même pas si j’ai aimé 5 albums en 2014. (rires)

Jerry : Slipknot – “.5: The Gray Chapter” était énorme.

Jacoby : Oh oui, l’album de Slipknot fait définitivement parti du top 5. “Restoring Force” d’Of Mice & Men aussi. “Sempiternal” de Bring Me The Horizon est sorti en 2014, non ? Et “AM” des Arctic Monkeys ? Ah, merde, c’était en 2013 tout ça. Je présume que c’est tout pour 2014 alors. (rires)  Oh non, je rajoute “Voices” de Phantogram. J’ai vraiment aimé ce disque. L’as-tu écouté ?

Non !

Jacoby : Il est génial. Celui de Nothing More aussi ! C’est l’un des albums que j’ai acheté récemment. En voilà déjà un de plus.

Et Architects dans tout ça ?

Jacoby : Oh oui ! Jerry adore ce groupe. Ils ont des riffs de dingue. On se retrouve donc avec quatre albums. Je pense que ça fera l’affaire. (rires)

 

 

C’est le moment de conclure cette interview par la question tradition à laquelle vous avez déjà répondu l’année dernière. Notre site s’appelle “RockUrLife”, alors, qu’est-ce qui rock votre life en 2015 ?

Jacoby : Etre en tournée pour promouvoir notre nouvel album “F.E.A.R.”, sans aucun doute. C’est formidable d’être sur la route, encore plus avec un nouveau disque. On vient de faire une tournée en Amérique avec Seether, embarquant nos maisons dans nos valises aux quatre coins des Etats-Unis. Les gens font preuve d’un soutien qui nous est cher. A chaque fois que tu reviens avec un nouvel album, soit ça passe, soit ça casse. Notre groupe est en bonne posture à l’heure actuelle, on est heureux et touché de voir de plus en plus de personnes venir à nos concerts.

Jerry : Je te rejoins là-dessus.

Bien, merci pour cet entretien ! On vous dit à bientôt.

Jerry : Merci à toi !

Jacoby : Merci, on se voit au Trianon l’amie !

 

 

Site web : paparoach.com