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NOTHING MORE (2014)

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RockUrLife a rencontré l’une des révélations de l’année 2014 en la personne de son frontman : Jonny Hawkins de Nothing More ! Découvrez sans attendre cet énigmatique groupe !
 

Hello Jonny comment vas-tu ?

Jonny Hawkins (chant) : Bien, heureux d’être à nouveau en France.

Tout d’abord quelle est la signification derrière “Nothing More” ? Est-ce dans le sens “ce n’est que de la musique et rien de plus” ?

J : Intéressant. Ouais c’est à peu près l’idée, cela va même au-delà de la musique je pense et du fait de dire “que nous ne sommes juste que des humains et rien de plus”. Cela est presque négatif mais cela renvoie à l’idée que si nous y arrivons, alors tu peux le faire également; un encouragement en quelque sorte. On aime beaucoup les groupes qui restent humbles, proche de leurs fans et qui savent pourquoi et comment ils en sont arrivés là; en raison de leur soutien, de leur présence aux concerts. Donc “Nothing More” est notre manière de dire que peu importe le succès que tu as au fil des années, à la fin de la journée tu n’es qu’une personne comme toutes les autres aimant la musique et y investissant beaucoup de passion. N’importe qui peut faire pareil, à partir du moment où tu y mets toute ton envie et la passion que tu portes pour ce domaine.

Etait-ce votre premier choix ?

J : Non ! (rires) Comme tout groupe, nous avions d’horribles idées. Lorsque nous étions gosses, nous avions un nom différent chaque semaine. Un jour nous sommes tombés sur “Nothing More” et cela nous a plu.

Comment vous êtes-vous rencontrés ? Êtes-vous tous des amis de longue date ?

J : Mis à part Paul oui. Il est le dernier arrivé au sein du groupe. J’ai rencontré Mark lorsque nous étions en 5ème, pareil avec Daniel. On se connait donc depuis très longtemps et nous avons joués ensemble dans divers groupes. J’allais en cours avec Daniel et j’ai rencontré Mark à l’église car mes parents fréquentaient la même paroisse que les siens. Au lycée nous nous sommes unis au sein du groupe et ce n’est que trois ou quatre ans auparavant que Paul nous a rejoints car il jouait dans un autre groupe. Il est originaire de la Nouvelle-Orléans et nous du Texas. Lorsque nous allions là-bas, son groupe jouait avec nous et vice-versa lorsqu’eux venaient au Texas mais son groupe a splitté et il souhaitait se consacrer à la musique.

Quelles sont vos influences musicales ? Car votre musique est à la fois dense mais également très diverse.

J : Nos influences sont très nombreuses. La base de nos influences renvoie aux groupes tels que Muse, Rage Against The Machine, Metallica et Tool. Mais nous sommes également influencés par l’électro, la pop avec Imogen Heap par exemple, le reggae avec Damian Marley, tous ces trucs hardcore prog technique comme Meshuggah. On apprend de chaque style. C’est comme si tu voyageais et que tu apprenais différentes langues tout en comparant les avantages et inconvénients de chacune. En musique, c’est pareil. Il y a une certaine manière de transmettre telle émotion au travers de tel style que d’un autre. On essaie simplement de tout utiliser de la plus bonne des manières pour transmettre des émotions, la musique est notre l’outil.

Mais était-ce naturel ou avez-vous travaillé et pensé à ces détails ?

J : Inconsciemment cela vient naturellement. C’est comme les langues -je ne connais que l’anglais- mais tu es bilingue et tu es arrivé à un point dans ton apprentissage où tu vas sans rien calculer, commencer à parler et comprendre ce qu’on te dit. C’est pareil avec la musique que tu écoutes, tu l’écoutes tellement qu’à partir d’un moment, cela devient une partie de ce que tu es. Ensuite lorsque tu commences à créer ta propre musique, tu as naturellement la sensibilité à prendre les décisions qui te conviennent en raison de ce que tu as emmagasiné, c’est un cycle.

En lisant les titres de l’album, il semblerait que certaines soient des private jokes : “Mr MTV“, “The Matthew Effect”, “Christ Copyright“. Quels sujets traitez-vous ?

J : “Mr MTV” l’est en quelque sorte. C’est un nom que nous avons crée afin de mettre un nom, un visage et une personne, pour personnifier l’Amérique corporate. Ici, tout comme au delà de l’Amérique, MTV est dégradé. Les émissions de télé-réalité et les choses parlent de la merde, ce n’est plus du tout de la musique. Donc “Mr MTV” est cette entreprise sur laquelle on chante en tant qu’exemple de quelque chose qui arrive à d’autres entreprises et les gens qui se vendent, en ne faisant pas ce qui est vraiment cool dans la vie, mais ils font ce qui est facile et ce qui fera de l’argent. Il y a un peu de sarcasme, mais “The Matthew Effect” est en réalité un peu plus sérieux. Cette phrase est en fait tirée d’une écriture du Nouveau Testament où Jesus dit “car on donnera à celui qui a, et il sera dans l’abondance, mais à celui qui n’a pas on ôtera même ce qu’il a”, autrement dit : les riches seront encore plus riches et les pauvres encore plus pauvres. Je me souviens étant petit, à l’église, j’ai tout appris sur La Bible et ce couplet m’est toujours resté, c’était vraiment étrange. Je ne dit pas “croyez en MOI” ou “faites des bonnes choses envers autrui”, c’était juste comme une affirmation sur la réalité et les sangsues de notre société qui ne rendent jamais rien. “Christ Copyright” évoque toujours le cas MTV. C’est sérieux, mais c’est aussi comme si nous jouons avec les mots un peu plus, car nous avons trouvé amusant d’associer le mot “Christ” qui est une icône religieuse et le mot “copyright” qui est un signe commercial. Aux Etats-Unis, la spiritualité ou la religion, qui est dite une chose pure, a toujours été associé au marketing et aux entreprises.

Quid de la création chez Nothing More ? Comment travaillez-vous ?

J : C’est différent d’un titre à l’autre, mais généralement on se retrouve et on discute de tout et de rien, de la vie, des choses vécues et nous utilisons ces émotions, que nous souhaitons transmettre. Ces émotions qui nous rendent si forts, on prend les plus fortes d’entre elles, les histoires et nous travaillons. Cependant, tout ceci est mis de côté en répétition car nous travaillons uniquement la musique. Ce n’est seulement qu’après que nous déterminons quelle musique correspond le plus à telle émotion.

Quels seraient les trois titres qui pourraient, selon toi, définir au mieux cet opus ?

J : C’est comme si tu me demandais “quel est ton enfant préféré ?” (rires) Je dirais “Christ Copyright”, car cela traite de l’aspect religieux et politico-dogmatique du groupe sachant que la musique y est intense et technique. Ensuite “I’ll Be Ok” qui est plus sentimentale, mais également introspective, le côté soft du groupe et enfin “Jenny” qui dégage beaucoup d’émotions, mais qui n’est ni douce ni sentimentale.

Comment définirais-tu le groupe ? De manière simple et attractive.

J : Je dirais de la passion progressive. Ça ou du régime metal. (rires)

Comprends-tu qu’il soit parfois difficile et compliqué d’adhérer à votre musique ?

J : Oui car lorsque tu créés ta propre musique, tu connais la moindre chose, le moindre détail. Je comprends tout à fait, car les couches sont multiples autour de notre musique et cela prendra peut-être plus de temps à comprendre, mais je pense que la longévité de l’album révélera à chaque fois différents aspects de celle-ci. Il faut d’ailleurs vivre et expérimenter ce que nous avons fait.

N’est-ce pas un challenge d’avoir dix-sept titres sur un album ?

J : En quelque sorte oui, car cela coute plus d’argent, plus de temps et plus d’énergie à faire mais comme toute chose dans la vie, il y a toujours le revers de la médaille. Nous passerons donc plus de temps avec cet album et j’espère que les fans aussi. Pour prendre l’exemple de Tool, les nombreuses années entre chacun de leurs albums contribue à la longévité des précédents opus, et c’est en quelque sorte ce que nous souhaitons faire.

Qu’as-tu écouté dernièrement ?

J : The Dillinger Escape Plan via Spotify, mais je ne peux les écouter sur une longue période, car c’est encore plus fou que notre musique ! Quoi d’autre… M83 qui est très planant, il faut d’ailleurs planer pour les écouter comme il faut. Il y a aussi Karnivool que j’aime beaucoup.

Un dernier mot ?

J : Oui ! Je suis assis dans un bar à Paris, en ta compagnie et si tu m’avais dit deux ou trois ans auparavant que je voyagerais le monde entier, faisant ça, j’aurais sans doute beaucoup voulu y croire et j’en aurais été très excité mais l’unique raison pour laquelle je suis ici avec les autres, c’est que nous nous sommes engagés à suivre et réaliser nos rêves au travers de la musique et cela se réalise en partie aujourd’hui. Je me dis toujours que nous en sommes la preuve vivante que si tu vis pour quelque chose et que tu te bats pour l’avoir/réaliser alors cela aboutira ! N’abandonne jamais, l’unique défaite est de tout arrêter, il faut y croire.

Enfin, nous sommes “RockUrLife” donc qu’est-ce qui rock ta vie Jonny ?

J : Alan Watts! (rires) C’est un philosophe. Non seulement il rocks mon monde, mais il m’explose l’esprit. C’est l’une des rares personnes envers laquelle j’accroche à ce point. Il arrive à poser des mots sur certaines idées et pensées que moi-même je n’arrive pas à définir. C’est un artiste pour lequel j’ai beaucoup d’admiration.

Site web : nothingmore.net