Interviews

NOTHING MORE (05/12/17)

English version

L’équipe de RockUrLife a rencontré le charismatique chanteur du groupe texan Nothing More, le 5 décembre avant son concert parisien aux Etoiles. Jonny Hawkins nous en apprend plus sur la formation, les tournées et “The Stories We Tell Ourselves”, le dernier album sorti en septembre dernier. Retour sur un entretien honnête et authentique.

Pour commencer, félicitations pour votre nomination aux Grammy Awards. De quelle façon l’avez-vous appris ?

Jonny Hawkins (chant) : Nous étions dans le van, nous avions conduit toute la nuit, nous étions tous crevés. Et j’ai entendu Mark parler au téléphone. J’étais genre “Mark tais-toi, J’essaye de dormir” et lui, il était genre “Quoi ? Vraiment ? T’es sérieux ? C’est génial !”. Je ne savais pas ce qu’il disait, j’essayais juste de dormir, j’étais énervé qu’il parle aussi fort, même si ça ressemblait à une bonne nouvelle. Puis il a raccroché, et il nous a annoncés la bonne nouvelle. On a tous crié “putain, c’est fantastique !”. Puis on s’est tous endormis. (rires) On était tous vraiment fatigués.

Vraiment ? Vous n’avez même pas célébré cela ?

Jonny : On l’a fait plus tard, mais la nuit précédente nous avait crevée. Ajoutez à cela une longue route, on était tous morts. Mais plus tard, on a bien fêté ça !

Super ! Sinon, comment la tournée se déroule-t-elle ?

Jonny : Très bien, très bien. Définitivement mieux que la dernière fois. Nous avons beaucoup grandi et mûri depuis.

 

 

Vous venez de sortir votre cinquième album “The Stories We Tell Ourselves“. Qui a eu l’idée de ce titre ? Et que signifie-t-il ?

Jonny : Ca m’a effleuré l’esprit au début de l’enregistrement. J’ai écouté plein de cassettes de coach de vie, auto assistance, philosophie genre Tony Robbins. Du coup, l’idée me trottait dans la tête quand j’étais en train d’écouter ces gens parler de l’évaluation de soi-même, de prendre du recul sur sa propre vie, de reconnaître quand tu fais une erreur et de se remettre en selle, de ne pas s’arrêter là. Et j’ai eu le sentiment que l’histoire que je me racontais (the story I told myself) n’était pas seulement une prise de conscience sur ma vie passée mais était aussi quelque chose que j’essayais de réécrire. J’ai eu une relation de huit ans et nous nous sommes mariés il y a deux ans et demi. J’étais en plein divorce lorsque nous avons commencé l’album. Quand tu sors d’une relation aussi longue, il y a plein de peur, d’appréhension et il faut apprendre à se reconstruire. Et je me suis rendu compte à quel point l’histoire que je me racontais était puissante parce qu’elle définissait comment j’en étais arrivé là.

Pourquoi avoir choisi une chanson si puissante comme “Go To War” en premier single ?

Jonny : Quand nous l’avons écrite, nous l’avons directement vu comme l’un des singles de l’album. On ne savait pas si ce serait le premier single, mais quand on l’a donné au label, nous avons senti que ce serait celui-ci. Ils avaient aimé, mais ils ne le voyaient pas comme un premier single. Ensuite, nous sommes retournés au studio peu de temps après pour écrire une nouvelle chanson “Do You Really Want It?”, puis “Who We Are”. On pensait que “Who We Are” serait le premier single. Puis Alison, qui est en charge de la partie rock de Spotify, a mis “Go To War” dans une playlist, donc le label était genre “peut-être que ce sera le premier single ?”, et nous, on était genre “on vous l’avait dit”. Mais cela nous a apportés deux bonnes chansons du coup.

Quand tu écris “do we feel safe?”, te poses-tu la question à toi-même ou aux auditeurs ?

Jonny : C’était pour moi quand je l’écrivais, mais je l’ai écrite d’une façon qu’elle est supposée interroger les gens qui se questionnent. C’est une question qui est au fond de ta tête, peu importe le degré d’intimité d’une relation. Quand tu te sens vulnérable, et que tu laisses quelqu’un envahir une grande partie de toi, et que toi ou l’autre personne se retire ou change, le vide est plus intense. À une époque, mon ex et moi ne nous sentions pas rassurés l’un envers l’autre concernant le futur. Donc nos peurs ont pris le dessus. C’est ce qu’évoque “Go To War”.

 

 

Tu te poses beaucoup de questions dans tes chansons. As-tu trouvé les réponses ?

Jonny : (rires) Excellent ! Oui, beaucoup de réponses. Ça peut paraître cliché, mais souvent les réponses amènent à d’autres questions. Mais honnêtement, lors de ces dernières années, je pense que je suis passé par des phases où j’avais comme l’impression d’inspirer, c’est-à-dire de prendre plein de choses en moi, et des périodes où j’expire donc que j’expulse toutes ces choses. Quand je suis en tournée, j’ai plutôt l’impression de les expulser. Et quand je suis à la maison et que j’écris un nouvel album, j’ai l’impression d’aspirer de nouveau, je me pose plein de questions sur les idées que j’ai depuis des années, je me demande si c’est la vérité. Et donc, l’année dernière, j’ai répondu à beaucoup de ces questions sur ma vie privée et je suis toujours en train d’y répondre, mais j’ai l’impression de grandir énormément. Je me sens différent de la personne que j’étais des années en arrière.

Tu écris des chansons très personnelles. N’est-ce pas difficile de les interpréter en live ?

Jonny : Tu ne peux pas les ressentir à 100% chaque soir. Donc je ne pense pas toujours à ce que je suis en train de chanter. Je me concentre surtout sur l’énergie que dégage la salle, donc chaque moment est différent. Je ne pense pas au moment où j’ai écrit la chanson avec les gars. C’est toujours un moment différent où la connexion que j’ai avec les gens à ce moment-là est primordiale. Je préfère les voir comme des moments uniques chaque soir, et ne pas essayer de revenir en arrière dans ma tête. Mais parfois, je me plonge entièrement dans les paroles, et je pense au moment où je les ai écrites, et ça me secoue, ça m’émeut, et j’ai besoin de prendre une certaine distance avec tout ça. Si tu étais là tous les jours, tous les soirs, tu réagirais de la même façon que moi. Sinon ce ne serait pas humain.

 

 

Peux-tu me dévoiler un secret à propos de Nothing More ?

Jonny : Je réfléchis. Daniel, notre bassiste, n’était pas le bassiste original. Et Mark et moi le voulions dans notre groupe, mais il a refusé pendant longtemps. Et même Mark, quand je l’ai rencontré il y a longtemps, je lui ai demandé s’il voulait en être, car je montais un groupe, et il a aussi dit “non”. Mais j’étais plus jeune que lui et Daniel. J’y pense maintenant et je n’avais jamais pensé de cette façon, mais je remarque que dans la vie, certaines des meilleures choses qui arrivent commencent toujours par un “non”. Enfin, pas toujours, mais je constate que certaines choses fonctionnent grâce à de la résistance. Comme s’il y avait quelque chose derrière, et que nous devions passer à travers. C’est comme quand tu joues à un jeu, il y a toujours des dragons qui protègent l’or et tu dois les combattre pour accéder à l’or. Donc les deux m’ont dit “non” au début. Alors il a fallu plusieurs années de dur travail et de construction puis destruction du groupe. Par la suite, nous avons eu un showcase pour des labels, après huit ans de travail, et ils ont tous dit “non”. Mais nous devions surmonter ça, surmonter le refus. Mais bref, je pense que les gens ne savent pas que Daniel et Mark n’étaient pas dans le line up originel. A vrai dire, Daniel voulait être pilote. Mais il a fait un test, et a découvert qu’il était presque aveugle. Donc il s’est tourné vers la musique, et il en est ravi.

Si tu rencontrais quelqu’un qui n’avait jamais entendu parler de votre groupe, quelle chanson choisirais-tu pour résumer votre univers ?

Jonny : Sûrement “Jenny” ou “This Is The Time (Ballast)”. C’est une question difficile. (réfléchit). Je choisirais “Jenny”. Car il y a le côté plutôt calme, puis le côté un peu plus lourd, c’est lent, puis rapide.  Et elle signifie plein de choses. Donc, je choisirais celle-ci.

À propos, peux-tu nous parler du clip de “Jenny” ? Qui est la fille dans la vidéo ?

Jonny : “Jenny” est le clip que j’ai réalisé et monté, donc c’est un clip très important pour moi. Le nom de la fille est Skyler. En fait, c’était juste une fille qui était à l’un de nos concerts, puis on a su qu’elle était dans l’univers du mannequinat. Quand ma sœur était plus jeune, elle avait un look particulier, et quand elle a grandi, elle a beaucoup changé. Quelque chose en Skyler me rappelait ma sœur quand elle était plus jeune. Je ne sais pas elle avait ce côté sombre, il y avait quelque chose de destructeur en elle. Quant au clip, je voulais une interprétation un peu surréelle de ce qu’il se passait dans un monde imaginaire plus que dans le monde réel. Entrecoupé à des scènes avec la famille, de ma mère quand elle était sur son lit de mort en train de lutter contre le cancer, et ma sœur qui n’était pas là. Et puis on voit les deux mecs avec leurs doigts qui se pointent. Le plus fort est en train de blâmer le monde et l’autre se blâme lui-même et semble faible. C’est comme la tristesse et la rage. Deux facettes d’une même personne, une qui paraît forte mais qui perd les pédales car le monde est en train de le détruire. Qu’est-ce qu’on voit d’autres ? Je devrais le revoir encore. Mais principalement, des scènes de la fille dans la salle de bain, près de la mort, l’overdose, les drogues et tout. Donc c’est l’histoire de quelqu’un qui essaye de fuir avec l’automédication.

 

 

Enfin, dernière question. Nous sommes “RockUrLife”, donc qu’est ce qui rock ta life Jonny ?

Jonny : Qu’est ce qui rock ma vie ? Évidemment la musique. (rires) Je vais dire la passion en général. Au lieu de te dire “je dois faire ça, je dois faire ci” parce que oui il y a des choses qu’on doit faire dans la vie, à côté de ça nous avons la possibilité de suivre une passion. Il y a un pouvoir là-dedans. Donc, je dirais que la passion en général rock ma life, et la musique plus particulièrement.

 

 

Site web : nothingmore.net