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MONSTER TRUCK (04/12/18)

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Oh Canada ! Monster Truck a sorti un nouvel album et on avait pas mal de questions à poser à Jer’ et Steve !

Salut les gars, comment allez-vous ? Alors le concert d’hier, comment c’était ?

Jeremy Widerman (guitare) : Super ! C’est exactement ce à quoi on s’attendait. J’attendais ce type de concert depuis le début de la tournée, et tout a été parfait !

Steve Kiely (batterie) : Fantastique ! Vraiment excellent, un beau public dans une très belle salle.

Vous avez sorti un nouvel album “True Rockers” en septembre. Depuis, les réactions sont très variées, les fans sont partagés. Etiez-vous préparés à de telles réactions ?

Jeremy : Oui. C’est d’ailleurs ce que j’ai dit plus tôt aujourd’hui. On était conscient que ça allait réagir positivement et négativement. Mais en réalité, je ne m’attendais pas à ce niveau là de réaction. J’ai parcouru beaucoup des commentaires. Je savais pertinemment que certains allaient s’emmerder avec cet album. En diffusant “Evolution” en premier, ça a d’emblée donné une fausse image du reste de l’album. Mais une fois les autres singles sortis, ça s’est plutôt calmé et par la suite tout allait finalement bien. A vrai dire, la plus grosse erreur qu’on ait faite c’est d’avoir mis autant de temps à sortir cet opus. Mais vu qu’on est retourné en studio pour rajouter des morceaux, forcément.

Marv’ a dit dans une interview : “Nous voulions essayer de nouvelles choses”. Telles que ? Cela concerne l’écriture/le son/les paroles ? Tout ?

Jeremy : Les trois.

Steve : Oui. Le son allait forcément changer, il allait être différent. C’était la première fois qu’on bossait avec une toute autre équipe, comparé à nos albums précédents.

Jeremy : N’empêche, l’un des éléments sur lequel on a vraiment travailler, ce sont les claviers. Avant, les claviers suivaient beaucoup les guitares, et les grattes prenaient le pas dessus. On s’est rendu compte, au fil des sessions, qu’il y avait vraiment quelque chose à faire avec les claviers pour cet album, afin de les rendre plus présents. Brandon a vraiment bien bossé ses parties. Elles peuvent paraître anodines pour beaucoup, mais si tu y prêtes attention, tu saisis tout de suite, que musicalement, elles sont différentes et plus travaillées.

Y a-t-il un lien entre le titre et le contenu des morceaux ? L’album est-il votre définition des “vrais rockeurs” ? Ou alors il faut se pencher sur les paroles ?

Jeremy : On s’éclate, c’est tout. On ne se prend pas au sérieux. On n’essaie pas d’avoir un avis tranché sur la question. Le sujet nous a paru fun et on a essayé de s’exprimer au travers de cette ligne directrice.

Steve : On ne dit pas, non plus, que nous sommes les “vrais rockeurs” et que le reste ne l’est pas.

Jeremy : Non, en fait c’est juste quatre Canadiens qui ont un délire. J’aimerais faire un “True Rockers II” et de proposer tout autre chose. L’album est également destiné à nos fans car ce sont eux qui viennent aux concerts, qui suivent les groupes et qui prennent eux aussi du plaisir ! C’est une autre définition que l’on peut donner aux “vrais rockeurs”.

Steve : Voila pourquoi nous faisons en sorte de proposer un show unique chaque soir.

Vous étiez pas mal en tournée avant cet album. Comment avez-vous trouvé le temps de le composer ? Etait-ce différent comparé à “Sittin’ Heavy” (2016) ?

Jeremy : On a fait pas mal de pré-prod en tournée. On avait pas mal de temps libre dans la journée, donc on se retrouvait dans une chambre avec notre installation et une batterie électronique. On se fixait une heure et on y allait. On y bossait un titre, on l’enregistrait. Franchement, ça sonnait pas mal ! Et une fois rentré, on était quasi prêt à retourner en studio.

Steve : C’est de cette manière qu’on a amélioré notre méthode de composition, pour le meilleur d’ailleurs ! On a pu les revoir plusieurs fois, et avant même d’entrer en studio, on a due les enregistrer nous-mêmes trois ou quatre fois. Avec de petits changements durant le processus. Avoir la possibilité de faire ça en tournée est un vrai plus. Car une fois rentré, tu as juste envie de passer du temps en famille avant de retourner en répét’.

Jeremy : On a pris deux semaines.

Steve : Oui. En faisant ça sur la route, on a mis tout ce temps à contribution, et on a pu se faire beaucoup plus de retours, c’était très productif.

Les titres comme “Undone”, “In My Own World” ou “Hurricane” pourraient figurer sur les albums précédents. On a l’impression que vous avez davantage travailler les “singles” pour être diffusé à la radio ou pour capter une audience facile. Avec des titres bien catchy et pareil pour les paroles. Etes-vous d’accord ?

Jeremy : Plutôt oui. Cependant à part “Evolution” et “Young City Hearts” qui sont taillées pour la radio, le reste ne l’est pas vraiment. Il est vrai que par le passé, les singles radio nous ont ouverts beaucoup de portes. En faisant cela sciemment, on a sans doute perdu quelque chose. Et bien que cela soit vital pour le groupe. De manière générale, on essaie toujours d’avoir des titres catchy, on veut que les fans s’y attachent et s’y retrouvent rapidement. Qu’ils puissent chanter et taper des mains. Ce n’était pas très différent pour moi. Mais il est vrai que la production tend à penser cela. Peut-être qu’on aurait pas dû ?

Steve : Tu n’as pas tort. De plus, c’est dans nos têtes de définir si tel ou tel titre est taillé pour être un single ou non.

Jeremy : C’est marrant car avec “Furiosity” (2013), je disais tout le temps : “je veux que chaque titre soit un single”. Au final, nous n’avons pas composé des singles, et avons quand même scoré trois singles une fois l’album sorti. Les gens apprécient l’album car l’ensemble des titres est excellent. C’est également notre premier album, donc le “premier album” a souvent son cachet.

Aujourd’hui, il est possible que certains n’aient pas écouté “Furiosity” au premier abord et nous ont découvert avec “Sittin’ Heavy”. Généralement, le premier album que t’écoutes, c’est ton préféré. C’est l’impact qu’a l’écoute du disque : “bordel ! C’est dingue !”. Et quand tu leur demandes s’ils ont écouté notre premier album ils sont surpris. Peu importe en fait ! (rires)

Ce sera pareil avec “True Rockers” !

On a trouvé qu’il y a davantage de place pour les chœurs et les refrains chantés simplement, histoire de faire participer le public. D’accord ? Pas d’accord ?

Jeremy : A vrai dire je pense exactement le contraire ! Pour les chœurs, je suis complètement en phase. Il y a d’ailleurs un lien direct avec le travail effectué sur les claviers et la guitare, cela a inévitablement donné plus de place au chant. Steve y porte beaucoup d’attention. Mais les singalong, justement je trouve qu’il n’y en a pas assez. Ça me manque d’ailleurs, car ces moments nous permettent de communier davantage encore avec les fans. Je trouve qu’on en a pas fait assez de ce côté sur cet album.

Steve : Dans le rock n’roll, surtout quand c’est plus lourd, le chant est produit de manière très bizarre aujourd’hui. Beaucoup de groupes classic rock mettaient les chœurs en avant dans leurs mixes car les quatre gus sur scène les reproduisaient en live aussi. Ça faisait partie intégrante de leurs prestations. Ce n’est pas vraiment le cas aujourd’hui et c’est pourquoi les chœurs sont souvent filtrés. C’est pourquoi lorsqu’on enregistre un album, je me bats pour les faire ressortir dans le mix.

A l’image des deux premiers albums, le dernier titre est plutôt lent et triste. Pourquoi finir sur une note pareille ?

Jeremy : Car ça sent la fin de l’écoute ! Je suis un mec franc et il faut que j’extériorise les choses. J’aime quand le début d’un album sent comme un début d’album, et que la fin sonne telle une fin. C’est simplement une question de trouver le bon cheminement entre et de passer une agréable aventure. Une fois que c’est fait comme il faut. J’aime quand les deux premiers titres font bang-bang, ça envoie d’emblée. Puis tu traverses différents trucs au milieu et le dernier morceau c’est juste : “hey c’est la fin”. On a toujours fait ça et j’adore faire comme ça. Tous mes albums préférés fonctionnent de cette manière.

Aurais-tu un exemple ?

Jeremy : Oh merde, je me souviens plus du dernier titre, attends je cherche ça.

Steve : J’ai un exemple. Ce n’est pas vraiment le même style mais le dernier titre de “The Battle Of Los Angeles” de Rage Against The Machine, “War Within A Breath”. Ce n’est pas vraiment une chanson triste mais elle donne l’idée et le sentiment que c’est la fin. Quand j’écoute ce morceau, j’ai vraiment l’impression d’arriver au bout de quelque chose.

Jeremy : Ça y est, j’ai trouvé ! “Closer To Home” de Grand Funk Railroad. Un de mes albums préférés, et un groupe qui a une grande influence sur nous aussi. Les deux premiers titres “Sin’s A Good Man’s Brother” et “Aimless Lady”, putain ça me rend dingue ! Et la dernière “I’m Your Captain (Closer To Home)” a été un single d’ailleurs. C’est un parfait final et elle dure dix minutes.

J’avais aussi une période punk quand j’étais plus jeune. J’adorais tous les premières pistes des albums de Pennywise. Les première étaient bien, le reste, j’en avais rien à faire.

Nos albums en sont également les parfaits exemples, suffit de voir avec “Furiosity” !

Vous avez accompagné Nickelback à Las Vegas durant sa résidence, pour une poignée de shows. Comment était cette expérience ?

Jeremy : C’était violent. (rires) Les concerts étaient vraiment cools mais vivre à Vegas pour une dizaine de jours, c’était horrible. C’est comme si tu vivais dans ce bar, que tu dormais sur cette banquette et que tout le monde fumait. J’ai pas mal joué mais malgré les mille dollars que j’ai gagné, je n’ai pas vraiment apprécié. Je voulais me barrer, surtout pour ne pas perdre cet argent.

Steve : Etrange. Les concerts étaient répartis. On a fait quatre concerts en onze jours. Il y avait donc tellement de temps et c’était compliqué d’en profiter correctement. “Qu’est-ce que je fous là déjà ? Ah oui on a un concert dans trois jours”.

Jeremy : Ça craignait !

Steve : Heureusement pour moi, ma femme et mon fils sont venus. Il avait six mois à l’époque, donc c’était cool de passer du temps ensemble. On est d’ailleurs parti voir le Grand Canyon.

Jeremy : Mon père est venu aussi. C’est le plus grand fan du groupe. On a fait quelques tournois de poker ensemble, j’en ai d’ailleurs gagné un. On a passé de bons moments, mais on était impatients de rentrer.

Steve : C’était spécial !

Le groupe fête ses dix ans en 2019. Aura-t-on le droit à quelque chose de spécial pour cet événement ?

Steve : Rien de spécial. L’idée serait de sortir un album plus rapidement, on verra bien. On a fait un break de dix-huit mois donc on va passer l’essentiel de l’année à promouvoir ce nouvel album.

Etes-vous au courant des propos d’Adam Levine ? Au sujet de la musique rock. “Le rock s’est perdu”. Une réaction ?

Jeremy : D’une, plaçons ça dans le contexte du personnage qui a dit cette connerie. Ça fait quelques semaines que ça me travaille, mais je ne voulais pas avoir une réaction hâtive, car ce serait idiot. Ce sont toujours ceux qui un niveau de crédibilité zéro qui s’expriment à ce sujet. Au contraire, je pense qu’un groupe tel que le notre, est légitime pour évoquer le sujet. On vit dans les salles, on met notre vie en jeu pour faire du rock tous les jours.

Voila mon point du vue. Imagine, l’espace d’un instant, que le rock des années 70/80 et même des 90 nous soient étranger. Mets de côté toute la décadence, la richesse et la popularité, trois décennies durant, du rock n’roll. Enfin, outre le style, prends exemple sur Rival Sons, Greta Van Fleet et même nous, et nos musiques respectives. Admettons que ce soit un nouveau genre musical. Je peux te dire qu’on serait plutôt surpris de voir à quel point ça marche. Ces groupes voyagent partout dans le monde, jouent devant des milliers de gens chaque soir et travaillent sans cesse et ont des fans partout.

La comparaison ne tient pas avec le phénomène que c’était dans les années 70. Evidemment cela a changé, et c’est totalement vrai. Mais la scène est encore bien vivante. A partir du moment où tu ne la compares pas à un truc impossible, inatteignable, alors on est bon. Je pense que ça va, le rock se porte bien. Les groupes sortent d’incroyables albums et les fans sont toujours là, à soutenir les groupes.

Quand j’entends des conneries pareilles, je n’y porte aucune crédibilité. Pareil pour la question du “rock is dead”. Car tu poses la question à un type qui risque sa vie, voyage en bus, en avion, traite son corps de manière peu saine pour arriver à la prochaine étape. On fait beaucoup de sacrifices pour faire ce qu’on fait. Donc si tu me demandes ça, je réponds : “hey enculé, on est bien là et on s’en sort bien”.

Avant de terminer cette interview. Jeremy, tu as également une passion cachée, celle pour le pain. Tu en fais chez toi et tu as même une page Instagram dédiée au pain. On attends quelques explications !

Jeremy : Tu sais quoi ? Je peux carrément t’expliquer. Ça a d’ailleurs commencé quand on passait en France et en Allemagne. Vous faites des pains de malade ici. J’étais dans les loges une fois, et je mangeais ce bout de pain. Chez moi, j’ai pas mal galéré pour faire du bon pain. Ça me rendait un peu malade, alors qu’ici je n’ai jamais eu ce problème. J’ai donc cherché à savoir quelle était la différence entre le bon et le mauvais pain. C’est là que je suis tombé sur les recettes de pain au levain. De faire le pain comme il se devait d’être fait.

Une fois rentré, j’ai trouvé cette boutique qui vendait du levain. J’ai également rencontré cette fille qui en fait chez elle. Elle m’a appris à faire le pain correctement, de A à Z, et ce n’est pas évident ! J’ai attendu quatre mois pour tout maîtriser comme il le faut, puis nous sommes tombés amoureux.

Il faut être passionné pour faire les choses correctement, et si en plus du tombes amoureux de la personne alors là. D’ailleurs elle en fait actuellement là et elle arrête pas de m’envoyer des messages. C’est devenu une partie importante de ma vie au final. La page Instagram ? Bordel j’en sais rien ! (rires)

Enfin, comme à notre habitude, nous sommes “RockUrLife” donc qu’est-ce qui rock Jer’ et Steve de Monster Truck ? Sachant, Jer, que la dernière fois, tu as évoqué l’album d’Agnes Obel. Quel album maintenant ?

Jeremy : Elder. Le groupe Elder. Ils sont géniaux. C’est prog, un peu experimental/stoner. Je ne suis pas fan de prog mais ce qu’ils font avec, tout s’assemble parfaitement, c’est génial.

Steve : Qu’est-ce qui rocks ma life ? Mon fils de seize mois. D’ailleurs, ma femme m’envoie des vidéos de lui, jouant sur le petit kit de batterie que j’ai acheté. Je dois dire que ça m’amuse pas mal de voir ça !

Jeremy : Je suis plus enjoué que toi et ce n’est même pas mon gosse ! (rires) Les gosses à Steve et Marv’ ont quelque chose de magique. Ils seront Monster Truck 2. (rires) Apprends lui tes parties.

Steve : Dès que quelqu’un meure dans le groupe, on le remplacera avec son fils. (rires)

Site web : ilovemonstertruck.com