Interviews

MARMOZETS (22/11/17)

English version

Les Marmozets sont de retour ! Trois ans après “The Weird And Wonderful Marmozets”, le groupe anglais déjanté revient avec son second album “Knowing What You Know Now”. Pour l’occasion, ils ont passé une journée à Paris fin novembre afin de discuter avec nous de ce nouvel album, des genoux de Becca et du fait de grandir. Let’s go!

Salut à vous et bon retour à Paris. Est-ce la première fois que vous faites une journée promo ici ?

Becca Macintyre (chant) : Nous avions fait pas mal de promo en festival à l’époque, mais non, c’est la première fois que nous faisons une journée promo à proprement dit !

Quelle impression cela vous fait ?

Becca : C’est super ! On reçoit beaucoup d’amour, nous avons eu droit à un accueil si chaleureux. Les gens que nous croisons nous disent “Je viens à votre prochain concert et j’amène quinze de mes amis !” (rires)

Jack Bottomley (guitare) : C’est vraiment génial parce que soudainement nous nous retrouvons à parler de notre nouvel album dans d’autres pays que l’Angleterre. C’est tout nouveau pour nous et c’est vraiment bon. Aujourd’hui nous sommes à Paris, puis ce soir nous prenons le train pour Berlin pour faire une journée promo demain en Allemagne. C’est excitant !

Becca : C’est impossible de s’en plaindre ! Nous sommes très contents de faire cela.

Est-ce que vous vous souvenez de votre premier, et unique, concert à Paris ?

Becca : Très bien ! Tu vois ce film “Drive” ? Tu vois la veste que Ryan Gosling porte ? Quand nous sommes arrivés le matin, j’ai croisé un mec qui portait exactement la même veste et, en voyant ça, je me suis dis “Ca va être une excellente journée !”. (rires) C’était vraiment un super concert. Nous ne nous attendions pas à voir autant de monde et à recevoir autant d’amour de leur part. Nous attendions peut-être… trois personnes, comme quand nous jouions dans des soirées jam ! (rires) Mais oui, on a peut-être réalisé que nous étions un groupe et que les gens pouvaient nous aimer et aimer ce qu’on fait. Ca n’aurait pas pu mieux se passer.

Ne pensez-vous pas que vous étiez surpris par votre succès parce que ça faisait déjà quelques années que vous essayiez de percer ?

Jack : Oui, tu sais les cinq premières années de Marmozets, on les a passé à être un groupe local. Nous jouions de petits concerts dans de toutes petites salles, dans de petits bars alors que nous avions quatorze ou quinze ans. On cherchait juste à jouer partout où nous le pouvions. Une fois nous avons même été dégagés d’une salle parce que nous n’avions pas dix-huit ans ! (rires) Notre matériel était installé, nous avions fait les balances et le type qui nous a programmé a réalisé que nous n’avions pas dix-huit ans. Alors il nous a dégagé de sa salle !

Becca : On en rigole maintenant mais, même si nous n’avons jamais vraiment voulu abandonner, nous sommes passés par des mauvais moments où nous nous disions “et si on prenait un vrai job ?” Ne serait-ce que pour partir de chez nos parents. Mais quand tu commences à rencontrer tes fans, tu reçois tellement d’amour, tu ne peux plus quitter ça ! Donc tu le fais jusqu’à ce que tu arrives à te construire une nouvelle famille.

 

 

Vous avez pris un long break entre vos deux albums, notamment à cause de tes problèmes de genoux Becca. Comment vas-tu ?

Becca : Bien mieux, merci ! Je ne suis plus aussi folle qu’avant mais ça va. Pendant ma rémission, je ne vais pas mentir, c’était horrible. Tu ne peux pas être là où tu voudrais être, tu ne peux pas faire ce que tu as envie de faire… Mais bon, au final je peux marcher à nouveau ! Ca m’a pris du temps d’aller mieux mais c’était pour le mieux. Tout arrive pour une raison bien précise. Nous étions sur les routes depuis des années et, tu vis un peu dans le noir durant ce temps. Tu ne vis pas la même vie que les autres gens du même âge. Tu ne manges que des noodles ou des pizzas. Tu ne manges jamais de nourriture cuisiné à la maison quoi ! Nous avons beaucoup appris de cette vie mais ça nous a fait vraiment beaucoup de bien de passer deux ans à juste faire des choses en famille. J’ai pris le temps de m’occuper de mes relations, de mes genoux, de me refaire une santé, d’écrire un album, d’enregistrer un album… Ca aurait pu être pire !

N’aviez-vous pas peur d’être un peu oubliés durant tout ce temps ? La musique évolue très vite de nos jours.

Jack : C’est marrant parce que quand on a sorti “Play”, nous sommes devenus, en quelque sorte, plus gros que nous ne l’avions jamais été. Les gens se sont alors repenchés sur le premier album. Je pense que les gens nous prennent plus au sérieux désormais, sûrement parce que nous sommes plus vieux. Mais c’est génial parce nous n’avons jamais été aussi gros qu’actuellement, malgré le fait que nous n’avons pas encore sorti notre nouvel album, et seulement joué quelques concerts cet été.

Becca : Il y a toujours eu un grand respect entre nos fans et nous et j’ai le sentiment qu’ils nous ont laissé le temps de revenir dans les meilleures conditions.

Aujourd’hui les fans de musique semblent bien plus tolérants. On ressent surtout de l’amour, du respect et ils repoussent la négativité.

Becca : Exactement, c’est tout ce qu’on veut véhiculer !

 

 

Est-ce que tes problèmes de santé ont eu une influence sur “Knowing What You Know Now” ?

Becca : Oui je pense, un peu. En fait, j’ai surtout ressenti le besoin de parler de toutes les émotions par lesquelles je suis passée durant ce temps. Il y avait tellement de colère, de frustration et encore beaucoup d’autres émotions. J’avais vraiment besoin d’en parler. Pas de ma santé précisément, mais de toutes les émotions liées à ce que j’ai vécu. J’étais un peu déprimée. Et quand tu es déprimée, tu peux t’asseoir quelque part et attendre que ça passe, ou tu peux te remettre au travail et t’aider à aller mieux. Et c’est ce que j’ai fait. J’ai commencé par me lever, difficilement, puis me rendre dans la cuisine, avec ma douleur, pour cuisiner. Juste ça ! J’avais beaucoup de frustration car je ne me sentais plus Becca. Je ne me sentais plus comme une chanteuse de rock, je ne ressentais plus cette confiance en moi. Ceci a eu une grosse influence sur comment j’ai travaillé sur cet album.

Ce deuxième album est justement à propos d’accepter l’ensemble des émotions que l’on peut ressentir.

Becca : L’honnêteté et la confiance sont des choses vraiment importantes. Si tu peux être honnête avec les gens, c’est une situation gagnant-gagnant. Quand tu es honnête dans la musique que tu joues, les gens peuvent s’y identifier plus facilement parce que, on vit tous la même vie ! Mais ce n’est pas simple puisque plus de la moitié des chansons produites aujourd’hui sont à propos de sexe, de drogues et d’être ivre. Moi ce n’est pas ce que je veux entendre quand j’écoute de la musique, donc ce n’est pas ce dont je parle dans mes chansons et je m’en fous si ça me rend vulnérable.

On a le sentiment que vous restez assez humbles à propos de votre évolution. Le message semble être “nous sommes plus vieux, bien plus heureux, mais nous sommes toujours les mêmes”.

Becca : Oui, je suis un témoignage vivant de bonheur et le message c’est “toi aussi tu peux atteindre ce point”. C’est ce dont l’album parle. Etre une meilleure personne, tous ensemble.

Cet été vous avez fait une petite tournée avec les festivals de Reading et Leeds comme cerise sur le gâteau. Comment était-ce de retourner sur scène après tout ce temps ?

Jack : Nous étions tellement nerveux ! C’est marrant parce que nous n’avons joué quand dans des petites salles de trois-cent ou quatre-cent personnes, jusqu’à Reading où nous avons joué devant des milliers de personne ! Nous débutions notre set avec “Play” et on sentait les gens se dire “c’est nouveau, c’est cool !” et après celle là, la pression s’en allait, nous jouions nos anciennes chansons plus facilement.

Becca : C’était tellement bon de revenir sur scène et de faire la fête avec notre famille. On est une vraie famille maintenant avec nos fans ! Nous avons notre vieux et gentil grand-père, ton oncle qui t’embête tout le temps et sa fille qui se déchaine au bord de la scène ! (rires)

Jack : Nous avons même revu des gens qui se sont rencontrés lors d’un de nos concerts et qui, aujourd’hui sont les meilleurs amis du monde !

 

 

Est-ce vrai que le deuxième album est le plus dur à réaliser ?

Becca : Mec, tu sais quand nous étions en tournée, on a croisé énormément d’immenses groupes. Et ils étaient vraiment gentils avec nous, ils nous faisaient beaucoup de compliments à propos de notre premier album mais, à la fin ils nous disaient tous “attention au deuxième !” (rires) Il y avait beaucoup de pression sur nous !

Jack : Quand nous avons enregistré notre premier album, nous étions un groupe depuis déjà… six ou sept ans. Et, à partir du moment où tu sors ton premier album, c’est comme un compte à rebours qui se met en route. Tu suis la même routine : tournée, enregistrement, promo, encore et encore ! Nous avons pris une pause et pour être honnête, quand vint le temps d’écrire à nouveau de la musique, nous étions tous un peu comme “comment joue t’on de la guitare déjà ?” ! (rires) Nous étions vraiment sous pression, mais nous sommes bons sous pression !

Becca : Quand nous avons terminé l’album, ce fut un immense soulagement. Lorsque l’enregistrement fut terminé, il aurait fallu prendre une photo car nous avions tous l’air très malades ! (rires)

Nous avons beaucoup parlé des dix premières années du groupe, comment voyez-vous les dix prochaines ?

Jack : Ca pourrait évoluer de pleins de manières différentes. Mais nous allons vraiment essayer de maintenir les choses aussi bonnes et excitantes qu’elles le sont actuellement.

Becca : Je ne suis pas inquiète. Si ça finit par ne plus fonctionner, ce ne sera pas la fin du monde. Au moins nous avons essayé, et nous avons fait un très bon travail en essayant.

Pour terminer, notre site internet s’appelle “RockUrLife” donc, qu’est ce qui rock votre life ?

Jack : Je pense que dans le groupe, nous sommes, chacun d’entre nous, au mieux. Comme nous ne l’avions jamais été. Ca et le fait que nous sommes proches les uns des autres comme jamais également rock ma life.

 

 

Site web : marmozets.co.uk

Nathan Le Solliec
LE MONDE OU RIEN