Interviews

LACUNA COIL (08/04/16)

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Quelques jours avant la sortie du nouvel album studio “Delirium”, RockUrLife eu le plaisir de rencontrer Andrea Ferro, chanteur du groupe de métal italien Lacuna Coil, l’occasion de faire le point sur la composition et l’évolution du groupe.

Salut Andrea, comment vas-tu aujourd’hui ?

Andrea Ferro (chant) : Je vais bien, un peu fatigué, on était à Londres. On est arrivé ce matin. Ils nous ont récupérés à 4h30 donc on n’a pas encore dormi. J’ai bu du café et du Coca pour me réveiller et rester éveillé. (rires)

Votre album sera bientôt disponible, comment te sens-tu à quelques semaines de sa sortie ?

Andrea : On ne tient plus en place car on a beaucoup travaillé sur ce projet. Maintenant, il sort enfin. aujourd’hui on a justement mis en ligne une lyric vidéo de la première chanson de l’album “The House Of Shame” donc tout le monde peut d’ores et déjà jeter un coup d’oeil aux paroles et l’écouter. Le mois prochain nous allons commencer les lives. Nous partons en Asie, on a un festival aux Philippines, ce sera le premier concert où nous jouerons les nouvelles chansons de l’album. Et puis nous irons en Chine, à Shanghai, pour un autre festival. Par la suite, nous irons en Amérique du Nord pour quelques semaines. On devra assurer quelques émissions pour parler du nouvel album, et puis des concerts avec le groupe américain Halestorm. Ensuite nous rentrerons en Italie. Nous reviendrons en France en juin pour des festivals. Donc ça va vraiment commencer.

Votre guitariste Marco Biazzi a quitté le groupe en début d’année. Certains médias ont annoncé Daniel Sahagun comme étant le nouveau guitariste officiel mais on vous avoue être un peu perdu. Peux-tu nous faire un état des lieux sur la composition du groupe actuellement ?

Andrea : Le groupe actuellement est composé, des membres originaux : moi, Cristina et Marco, le bassiste, le compositeur principal, celui qui compose les chansons depuis le début. Et aujourd’hui, Ryan qui est notre nouveau batteur. Il est à nos côtés depuis huit ans mais il était notre technicien batteur. Il est devenu notre batteur lorsque Cristiano a quitté le groupe il y a trois ans. Donc il est officiellement un membre depuis deux ans. Actuellement donc, nous avons perdu notre guitariste juste avant d’enregistrer l’album. Daniel Sahagun est un ami qui joue de temps en temps avec nous car il joue de la guitare et chante en même temps. C’est un très bon musicien qui vient de Los Angeles. Il a remplacé Marco à de plusieurs reprises quand il était malade. Il a également fait plusieurs tournées avec nous et a joué récemment pour nous dans plusieurs compositions, et en plus c’est un ami. Il pourrait très facilement être notre guitariste mais le problème est qu’il vit à Los Angeles et il a déjà un groupe. Donc c’était trop compliqué et cher (ndlr : aller-retour Italie-USA). On a donc fait le choix d’avoir un guitariste italien qu’on est en train de tester actuellement. Il va faire ses premiers pas aux Philippines, mais cela prendra du temps avant que l’on décide qu’il fasse partie entièrement du groupe. On ne veut pas prendre le risque d’annoncer officiellement quelqu’un et dans six mois. On veut d’abord voir comment il se sent, s’il est à l’aise pour travailler avec nous et puis après nous verrons.

Comment vous êtes-vous réorganisés avec tous ces départs et ces nouveaux membres depuis ?

Andrea : En fait, en général on essaye d’accueillir des gens avec qui on se sent bien, pas seulement de bons musiciens mais aussi des gens. Tu vois, on passe beaucoup de temps ensemble sur la route, dans le même bus donc on veut également avoir des amis, pas seulement quelqu’un capable de jouer les chansons, mais aussi quelqu’un avec qui on aime interagir et rester en compagnie. Donc c’est l’un des critères. A critère égal : on veut un bon musicien et une bonne personne avec qui on aime être, une personne qui ne prend pas de drogues ou qui boit trop. Une personne que l’on peut avoir avec nous pour un bon moment.

 

 

 

En 2014, deux membres ont quitté le groupe : Cristiano Migliore et Cristiano Mozzati. Comment vont-ils aujourd’hui ?

Andrea : Ils vont bien, Pizza, on appelle Migliore Pizza (rires), vit aux Etats-Unis aujourd’hui, dans le Minnesota, il s’est marié avec une Américaine donc il a décidé de changer de vie. Aujourd’hui, il a arrêté la musique et il fait quelque chose de totalement différent là-bas. Et notre ancien batteur, il vit dans la campagne italienne, donc il continue de suivre ce que l’on fait. On continue de se parler mais on ne peut pas souvent se voir. La dernière fois que Pizza est venu c’était pour Noël, voir sa famille. Donc on ne se voit pas assez souvent, mais chaque fois que l’on joue dans le Minnesota, il vient nous voir. On se parle souvent par Skype. Mais oui, on ne peut définitivement pas se voir assez souvent.

Est-ce que tous ces changements ont été comme un coup de fouet afin de donner le meilleur pour cet album ?

Andrea : Oui, c’était un album très intense à enregistrer parce que c’était une surprise pour nous, et on a essayé de ce fait de surprendre les gens. On a décidé que, étant donné qu’on avait du matériel entre les mains, de l’utiliser pour quelque chose de plus heavy, c’est-à-dire une guitare plus lourde, plus de guttural. C’est très important pour nous de garder quelque chose de frais. On fait ça depuis quelques années maintenant, donc il est important que ce ne soit pas ennuyant pour nous comme pour les gens. On veut qu’ils soient surpris par l’album. Donc on a fait en sorte de le commencer avec une chanson bien lourde dès le début pour qu’ils se disent “Est-ce bien Lacuna Coil ?”. On veut être certain que les gens y repensent. En somme, il reste des chansons qui ressemblent à nos chansons habituelles et d’autres un peu plus nouvelles. On veut repousser nos limites.

Vous avez précédemment présenté votre album comme sombre et mystique. Quand on regarde vos visuels et vos photos, on sent comme une atmosphère d’hôpital psychiatrique.

Andrea : À la base, quand on a composé la chanson “Delirium”, pas l’album, juste la chanson, on était en train de chercher les paroles car la mélodie a été construite autour de ce mot, donc on a commencé avec “Delirium” et cela a été une sorte d’enclenchement pour l’album. Juste avant ça, on avait visité un sanatorium abandonné à côté de Milan, juste par curiosité, on ne pensait pas du tout encore à l’album. On avait une sensation étrange en voyant toutes ces salles vides, on pensait à toutes ces personnes qui avaient été là, tous ces différents cas psychiatriques, toute cette souffrance. En y revenant, on a fait la connexion avec nos paroles et on a essayé de créer notre propre sanatorium, une sorte de sanatorium à la Lacuna Coil, qui représente l’album. On veut que les gens s’imaginent ce grand bâtiment avec toutes sortes de pièces, et que chaque pièce représente une chanson qui touche différents problèmes mentaux. On ne fait pas de diagnostics, on essaye juste de parler de l’absurdité de nos vies, nous vivons des détails en comparaison aux problèmes de santé les plus graves. Par exemple, la chanson “You Love Me Cause I Hate You” sous-entend le syndrome de Stockholm qui survient lorsque tu es kidnappé par une personne et que tu tombes amoureux de cette personne. Je n’ai jamais été kidnappé (rires) mais on évoque ce genre de relation quand tu te sens emprisonné et que tu sais au fond de toi que cette relation est toxique pour toi. C’est négatif mais tu n’arrives pas à en venir à bout parce que tu penses que c’est la bonne personne. Et donc on voulait faire ce parallèle entre ces sujets psychiatriques et ces sujets plus communs. Mais on parle des choses que l’on a vécues, on ne voulait pas inventer quoique soit. On a beaucoup étudié le champ lexical de la maladie et réutiliser des mots, mais toujours en évoquant des expériences personnelles, donc chaque chanson a son lot d’histoires personnelles. Pour ma part, par exemple, je suis venu à bout d’une dépression, pas la grosse dépression mais un jour j’ai eu une crise de panique pendant que je conduisais : mes mains ne pouvaient plus se refermer [sur le volant] donc j’ai arrêté la voiture. J’ai essayé, encore et encore et j’ai réussi à venir à bout [de cette dépression] et je n’ai plus souffert de ça. Donc je parle aussi de cela dans deux chansons.

Quelle surprise d’entendre des solos de guitare sur des chansons de Lacuna Coil !

Andrea : Oui c’est assez drôle car, c’est le seul album sans notre propre guitariste et donc Marco, le bassiste, a enregistré toutes les lignes de guitare. Donc officiellement, on n’a pas de guitariste et pourtant c’est l’album dans lequel on retrouve le plus de solo de guitare dans l’histoire du groupe. Quand on a terminé l’enregistrement, on a décidé d’inviter quelques amis pour remplacer notre lead guitare manquante et donc on a fait appel à Myles [Kennedy] du groupe Alter Bridge. Lui et Cristina ont collaboré sur une chanson quelques années auparavant (ndlr: “Watch Over You”) et donc ils sont restés en contact et il vient nous voir chaque fois que l’on joue aux Etats-Unis; il vient avec sa femme. On passe du temps ensemble, il reste pour les concerts. On se revoit à des festivals, donc on est vraiment des amis en fin de compte. On lui a juste demandé de jouer et il nous a dit “bien sur ! Donnez-moi des chansons”, donc il a choisi parmi trois chansons différentes pour un solo de guitare. La même chose pour Mark Vollelunga du groupe Nothing More, ils ont fait notre première partie, ils ont été les premiers à faire notre première partie lors de notre premier concert aux Etats-Unis, et depuis on est resté en contact. Dès qu’ils viennent en Italie, on part manger des pizzas et boire des bières. Cette relation amicale a grandi et donc on lui a demandé à lui car c’est un très bon guitariste qui possède un jeu unique. On a également des amis italiens qui ont joué sur l’album avec Marco, des ingénieurs qui ont joué sur des albums précédents comme “Karmacode”. Et pour finir, deux amis de Milan, des amis de groupes locaux. Donc ils ont vraiment apporté une touche différente.

 

 

On voit que vous prenez quelques risques sur cet album, on imagine que cela peut-être ennuyant pour vous de toujours faire la même chose ?

Andrea : Ennuyant pour nous mais aussi pour les autres. Je pense qu’il est toujours bon d’essayer de se surpasser et de ne pas se forcer de coller à nos propres clichés. Quand tu fais ça depuis plusieurs années, tourner et enregistrer des albums, tu crées tes propres clichés. Donc on n’a pas beaucoup réfléchi, on s’est dit “OK c’est notre style” mais pourquoi ne pas essayer d’ajouter quelque chose qui pourrait l’amplifier. Ça sonnera toujours comme Lacuna Coil car il y aura toujours des choses qui ne changeront pas, comme la voix de Cristina, certaines choses seront toujours là. On ne voulait pas être emprisonné dans nos propres stéréotypes. C’est la manière dont on voit les choses. Certains aimeront, d’autres non.

A sans cesse évoluer, n’as-tu pas peur parfois que certains fans ne vous reconnaissent plus ?

Andrea : Pas vraiment car je pense qu’il y a toujours beaucoup de chansons qui sonnent comme les chansons habituelles de Lacuna Coil comme la chanson “Delirium” par exemple. Cette chanson sonne définitivement comme du Lacuna Coil. Peut-être dans un premier temps, quand tu écoutes l’album tu peux être étonné, mais après deux-trois écoutes tu reconnaîtra le groupe et je pense que cet album représente ce que nous sommes aujourd’hui. Le prochain album sera probablement aussi très différent. On ne veut pas rester emprisonné dans notre propre prison même s’il y a toujours notre côté sombre et notre touche vocale. C’est différent mais pas autant de que ce que les gens pourraient penser.

Pour être honnête avec toi, on était dans l’attente d’une magnifique ballade comme Lacuna Coil à l’habitude d’écrire, telle que “Purify”, “Cold”, “Wide Awake”. Il n’y en a plus. (rires)

Andrea : Je pense que la chanson “Downfall” est celle qui s’en approche le plus, elle est un peu moins épique comme les autres. Marco (ndlr : le bassiste et principal compositeur) n’a pas écrit de chanson dans ce style, mais l’une des chansons est assez proche de cela. Mais par le passé, on a fait beaucoup de chanson comme ça donc répéter ça encore. Beaucoup de gens aiment ça. Mais je pense en effet qu’avec la chanson “Downfall” ils retrouveront cette vibe.

On a beaucoup aimé “Claustrophobia” et “Delirium”. As-tu une chanson préférée sur cet album ?

Andrea : Je ne sais pas encore car nous ne les avons pas encore joué en live. Mais je pense que “Delirium” est celle qui fait le plus l’unanimité sur cet album. Mais je ne pourrais pas réellement dire qu’il y a une chanson qui représente entièrement l’album car il est très varié dans l’ensemble, les paroles sont très différentes. Je vois plus l’album comme un tout.

Qu’est-ce que tu écoutes en ce moment ?

Andrea : Actuellement, j’écoute beaucoup de nouveaux albums de groupes comme Bring Me The Horizon. En ce moment, j’ai tous ces albums avec moi mais je les écouterai quand je serais rentré chez moi. J’ai énormément de CD dans ma valise, beaucoup de choses à écouter mais je n’ai pas réellement le temps. Le dernier album que j’ai écouté c’est probablement Bring Me The Horizon, je pense que c’est un bon album, un peu pop, mais j’aime assez.

Question traditionnelle pour finir : notre site s’appelle “RockUrLife”. Dis nous, qu’est ce qui rock ta life ?

Andrea : Je pense qu’il n’y a pas grand-chose en ce moment même car je suis très fatigué. Je pense plus à dormir qu’autre chose (rires), donc le coca rock ma life et me permet de rester éveillé. Le café et le coca ! (rires) Je pense que ça sera différent dans quelques mois avec la tournée. On doit préparer énormément de choses comme les visas, on doit penser à tout donc c’est beaucoup de travail. Dans trois mois, on sera plus zen.

Merci Andrea !

Andrea : Merci à toi.

 

 

Site web : lacunacoil.it