InterviewsSlideshow

LACUNA COIL (03/09/19)

English version

Lacuna Coil sort un nouvel album cette année, et on se demande bien ce que les Italiens ont préparé cette fois. Qu’est-ce qui se cache derrière “Black Anima” ? C’est en compagnie d’Andrea Ferro qu’on en apprend plus !

Bonjour Andrea, comment vas-tu ?

Andrea Ferro (chant) : Je vais bien ! Je rentre tout juste de vacances, j’étais parti dans le sud de l’Italie. Puis là nous sommes en pleine promo en Europe, on en avait d’ailleurs fait un peu l’été dernier aux Etats-Unis, en raison des quelques shows chez eux. Une fois cette promo terminée, on retourne aux US pour démarrer la tournée et on sera sur la route jusqu’à Noël et le volet européen de la tournée.

Votre neuvième album sort le 11 octobre prochain. Tout d’abord, peux-tu nous en dire plus au sujet du titre ? Pourquoi avoir associer ces deux mots ? Sachant que c’était ton idée.

Andrea : J’ai toujours aimé associer un mot issue de la langue latine et un mot anglais ou autre. J’avais déjà ce titre sur ma liste, et j’ai beaucoup aimé sa musicalité. C’est relativement générique mais il correspond bien à notre ambiance et notre musique. Je l’ai donc proposé à Marco et Cristina et ils l’ont bien aimé. Ensuite, il fallait plancher sur le concept de l’album, à partir de celui-là.

Donc vous aviez déjà le titre avant de travailler réellement sur l’album ?

Andrea : Oui. C’est l’un des premiers éléments que nous avions en main. Marco avait déjà quelques idées côté musique, mais il nous fallait un concept, des visuels, afin de travailler sur la musique. Lorsqu’on bosse sur les paroles avec Cristina, on a souvent tendance à évoquer ce qu’il s’est passé depuis le dernier album, donc deux trois années. C’est notre principale source d’inspiration mais on reste également ouvert à d’autres sujets où tout le monde peut apporter ses idées. Néanmoins, il nous est plus facile d’écrire sur des sujets que l’on connait que de créer une histoire de A à Z. C’est à la fois difficile mais ça pourrait également sonner faux, convenu et peu original. Ce n’est clairement pas quelque chose que nous apprécions. On traite davantage des émotions, de ce que l’on vit, nos expériences tout simplement.

Les trois dernières années furent éprouvantes. Nous avons perdu des parents, des amis. Mais ainsi va la vie, il n’y a rien d’anormal. Plus tu grandis et plus tu seras confronté à ces événements là. Nous voulions aborder à quel point ces épreuves sont difficiles à traverser mais qu’en même temps, elles te forgent, elles font de toi ce que tu es ou seras. On souhaitait donc dire qu’il est naturel de souffrir, de ne pas toujours être au top ou d’être une bonne personne tous les jours. Il faut accepter cela et vivre avec.

On a pensé que “Black Anima” était une bonne manière de présenter toutes ces émotions. Les titres ne traitent pas tous du même sujet, mais développent la même ambiance, la même vibe. L’introduction avec Cristina est une manière d’entrer progressivement dans le vif du sujet. J’ai d’ailleurs tout de suite pensé à un livre. Un livre abordant toutes ces âmes qui sont en nous ou qui nous entourent. D’ailleurs, j’ai récemment lu ce livre, “The Physics Of Angels”, écrit par un prête et un scientifique. Ils y analysent les figures représentatives des anges, des esprits, des fantômes etc. au cours de l’Histoire. Pourquoi ils sont sacrés pour certains ou pourquoi sont-elles qualifiées d’énergie pour d’autres. On a donc réuni tous ces éléments, ça nous a demandé un travail fou pour élaborer correctement le concept, les paroles, la musique, les visuels, nos tenues de scène, tout. Tout est fin prêt maintenant.

Et quid de la pochette ? Que représente cette illustration ?

Andrea : Tout est parti d’une idée de Marco. Il avait gribouillé un truc et par la suite on l’a montré au graphiste qui a fait les cartes de tarot -qui seront dans l’édition spéciale. Marco s’était inspiré du symbole de la ville de Milan, où deux familles dirigent la ville. Après modifications, c’est un dragon qui encercle notre logo et au final c’est un bel emblème, un beau symbole. On souhaitait quelque chose d’ésotérique et les caractères, qui font penser aux runes, ajoutent un bon effet à l’ensemble.

Pour la composition en elle-même, avez-vous suivi les schémas précédents ? Mis à part vous trois, quel fut l’apport de Diego par exemple ?

Andrea : Outre les arrangements, Diego a apporté quelques riffs oui et on en a utilisé un -qui est le riff principal- pour “Under The Surface”. Il a proposé pas mal d’idées, c’était sa première fois en studio avec nous et même dans le cadre d’un gros groupe. Il est, disons, en apprentissage. Mais ce riff là est arrivé à un stade précoce. On avait le temps et on a pu travailler autour, les lignes de chant sont arrivées rapidement. Je suis certain qu’il pourra proposer davantage à l’avenir. Mais la base du groupe est toujours la même, à savoir Cristina, Marco et moi. Donc les mécanismes sont les mêmes. Marco bosse la musique, nous le chant, ensuite on échange, on modifie et on finalise ensemble.

Justement, quelle est votre méthode de travail concernant le chant ? Est-ce une collaboration avec Cristina ? Vous vous complétez ? Quelqu’un amène la première idée et ça part de là ?

Andrea : Marco nous envoie la musique et ensuite on travaille séparément. Ensuite je propose quelques idées à Marco, on travaille dans son home studio, dans sa cave. On s’y voit quasi tous les jours. Donc on bosse quelques jours et on se rend sur place. Ensuite on évalue toutes nos idées, on garde ou non, puis on enregistre de nouvelles versions, toujours en tant que démo. Il arrive parfois que mes idées correspondent plus à la voix de Cristina, parce que c’est trop aiguë ou trop grave, s’il faut y apporter de l’énergie ou non. Ça dépend. C’est assez démocratique de ce côté là. On fait toujours pour le meilleur, c’est un bon travail d’équipe.

En ayant mis le titre éponyme à la fin, peut-on considérer l’écoute tel une aventure/un parcours ?

Andrea : Tout à fait, c’était notre volonté, surtout avec l’intro et l’outro. Comme j’ai dit, je vois l’album comme un livre et il y a comme un cadre temporel pour que la musique s’y développe. Ceci dit, ce n’est pas une histoire classique, que l’on raconte du début à la fin. On démarre progressivement avec cette intro jusqu’à “we are the Anima” où tout démarre franchement.

“Layers Of Time” est le premier single. Pourquoi ce choix ? C’est un bon premier aperçu de l’album ?

Andrea : Nous avions différentes options. On a discuté avec le label, notre management, il y a toujours de quoi discuter dans ce type de situation. En fin de compte, trois choix s’offraient à nous. Lors de la sortie de “Delirium” (2016), on avait démarré par un titre bien heavy avec “The House Of Shame” et beaucoup furent choqués parce que “ce n’était pas nous”, mais il a malgré tout bien marché. La question était donc de savoir si on allait réitérer ça. Sans doute pas. On partait soit sur un nouveauté type “Veneficium” ou quelque chose de plus représentatif, de plus global. Il y avait donc match entre “Layers Of Time” et “Under The Surface”. Le premier cité fut le plus convaincant et tout le monde était en phase avec. Puis au final, le choix fut bon. C’est à la fois heavy mais pas totalement non plus. Ça reste Lacuna Coil tout en présentant de nouvelles facettes de notre son.


On imagine qu’établir le tracklisting fut un moment compliqué.

Andrea : Oui ça l’a été mais le plus dur a été de déterminer les titres bonus. C’est toujours un moment particulier car tu les as créé mais ils ne seront pas sur la version normale de l’album. Ça peut être frustrant. Même si aujourd’hui, les bonus seront disponibles en streaming, ce n’est plus pareil une fois qu’ils ont cette étiquette là.

De toute évidence, ordonner tout ça, ce n’était pas facile. Après l’introduction, il fallait que ça parte à toute vitesse déjà. Pour la suite, c’est toujours une question de variation et de dynamique. Entre les morceaux heavy et ceux qui groovent plus. Oui c’était compliqué, mais clairement pas autant que les bonus.

A ton avis, quel(s) titre(s) va/vont surprendre les fans ?

Andrea : Sans doute “Veneficium” car c’est très différent de tout ce que nous avons fait jusqu’à maintenant. Outre l’intro, le reste est vraiment doomy, un peu goth mais personne ne nous imagine aller, de nouveau, aussi loin. Plus surprenant que les autres, ça c’est quasi certain. En général, ces nouvelles compositions suivent une sorte d’évolution vis à vis de “Delirium”. Il y a un peu plus de noirceur et de variété dans les titres. Il y a également “The End Is All I Can See” qui présente une vibe différente, comparé au reste.

L’an dernier, vous avez sorti le DVD de votre concert anniversaire “The 119 Show”. Avec un peu de recul, quel regard portes-tu envers ce projet ?

Andrea : Outre l’an dernier, il faut, en fait, compter les deux années précédentes. Entre la préparation, le concert à Londres puis la production du DVD, ça nous a pris un temps fou. Durant ces deux ans, on n’a cessé de replonger dans notre passé. Pour le livre, on a fait des interviews, on est allé chercher des photos, de vraies photos imprimées, il n’y avait pas de smartphone à l’époque (rires), des posters, les programmes. Puis pour le DVD, on partait sur quatre-vingt morceaux mais nous devions en choisir vingt-cinq. Ce n’était clairement pas facile d’en laisser de côté. Une fois sorti, ce que nous avons réalisé, outre le succès et les tournées mondiales, ce sont les liens que nous avons créé avec les fans. Que la musique puisse faire ça, c’est simplement incroyable. On a même un gosse qui est venu nous dire “je suis né à cause de vous” (rires) car ses parents se sont rencontrés à un de nos concerts, puis se sont mariés et ont eu cet enfant. C’est la beauté de la musique et cela restera pour toujours.

Vous l’avez également fait à New York. Y a-t-il la possibilité de voir ce show plus souvent ?

Andrea : On l’a fait quelques fois déjà, mais c’est impossible de reproduire toute la production que nous avions à Londres, c’est beaucoup trop coûteux. Si on nous propose d’importants cachets ou si l’occasion se présente pour un festival, il n’y a que ces deux cas de figure qui peuvent marcher. Mais nous voulions vraiment le faire aux US aussi car c’était un des tous premiers marchés qui nous a reconnu à l’époque. Mais après cet album, peut-être qu’on pourrait refaire un “119 show”, peut-être avec une autre setlist, peut-être en France ou en Allemagne. On pourrait en faire un événement spécial en fait, une franchise presque, toutes les X années. Ce n’est qu’une idée pour le moment, mais on y réfléchit.

Il y a aussi le livre que vous avez sorti, retraçant l’histoire du groupe. Quelle fut votre approche au travers de ce bouquin ? Comment avez-vous géré le cas des anciens membres du groupe ?

Andrea : Tout le monde était heureux d’apparaître dans le bouquin. Tout le monde sauf Marco “Maus” Biazzi. Il avait ses raisons et je les respecte. Mais autrement, c’était chouette de reprendre contact avec chacun, sans oublier les producteurs aussi, mais il y avait tellement de personne au final, ça aurait été interminable. On a fait au mieux, ce n’est clairement pas un travail facile mais je trouve le produit final bien représentatif de ce qu’est le groupe, au travers de ces vingt années. Quand tu te lances dans ce type de projet, tu vas toujours oublier quelque chose, que tu le veuilles ou non, c’est si complexe.

Et pour conclure, la traditionnelle question : nous sommes “RockUrLife” donc qu’est-ce qui rock Andrea Ferro de Lacuna Coil ?

Andrea : Hors musique, je suis un grand fan de foot. Je supporte le Milan AC mais ça fait quelques années que ce n’est pas bien glorieux. (rires) Sinon je joue un peu aux jeux vidéos, quand j’ai le temps. J’aime bien “Fifa”, car ce sont des parties rapides et tu peux toujours trouver quelqu’un de connecté pour un petit match. J’aime aussi d’autres types de jeu, mais je n’ai pas trop le temps. Autrement, tout ce qui est comics, films, et les séries évidemment.

Que regardes-tu actuellement ?

Andrea : Ma femme n’avait jamais vu “Breaking Bad” donc je me refait toute la série avec elle, sachant aussi qu’il y a le film bientôt. J’ai beaucoup aimé “Luther” aussi, qui est une sorte de Batman, mais sans costume. C’est à la fois un bon type mais il sait se montrer dur et cruel. C’est très bien fait, je recommande vivement !

Site web : lacunacoil.com