Interviews

KVELERTAK (31/03/16)

English version

Deux mois avant la sortie de “Nattesferd”, Erlend Hjelvik, chanteur du groupe norvégien Kvelertak est venu nous en parler à Paris. Le temps de discuter de “dad rock”, d’H.P. Lovecraft, ses paroles sombres et… de “dad rock” !

Bienvenue à Paris Erlend ! Que penses-tu de cette ville ? Avez-vous déjà joué ici ?

Erlend Hjelvik (chant) : Salut et merci ! Bien sûr que nous avons déjà joué à Paris. Ca a toujours été une de nos villes préférées. Ca a commencé lors de notre première tournée avec Converge. Nous n’étions que très peu connus, notre premier album venait seulement de sortir mais ça avait été notre concert préféré de la tournée ! Nous recevons toujours un merveilleux accueil ici, donc j’adore y revenir.

Beaucoup de groupes sont maintenant effrayés de venir jouer en Europe. Est-ce que tu partages ce sentiment ?

Erlend : Non, pour être honnête je m’en fous. Je me sens surtout chanceux de ne pas mourir quand je sors de chez moi, alors que je marche dans la rue. Alors, au contraire, faire des concerts dans toutes ces villes est merveilleux à mes yeux. Mais quelque part je comprends. C’est une époque étrange que nous vivons. La seule fois où j’ai eu peur de monter sur scène c’était il y a quelques années à Istanbul. Apparemment, la situation était vraiment tendue à ce moment dans le pays mais, pour ma part j’ai voulu monter sur scène. Mais je sais que dans le groupe, certains n’y étaient pas favorable et c’est compréhensible.

Comment te sens-tu justement à propos des attaques perpétrées à Paris ou à Bruxelles, ou ailleurs ?

Erlend : Je pense que les médias nous donnent une mauvaise image ce qu’il se passe réellement. Ils nous donnent l’impression que tous les musulmans sont prêts à poser des bombes de partout, alors que, par exemple, bien plus d’Irlandais ont commis des attentats ! Mais dans notre société actuelle, quand quelque chose se passe, tu le sais immédiatement. Nous n’avons pas le temps d’analyser ce qu’il se passe car nous sommes assaillis d’informations et les médias en profitent pour parfois transformer les informations. Je n’aime pas vraiment comment la société se transforme. La vie devient de plus en plus froide et les gens sont apeurés. Je ne sais pas trop quoi dire de plus. C’est un peu déprimant donc je ne préfère pas trop y penser.

 

 

Est-ce que ce sont des sujets qui t’inspirent pour tes paroles ?

Erlend : Pas vraiment non. Je veux laisser la politique hors de ma musique. Je ne veux pas écrire de chansons à propos d’attaques terroristes. Je pense que la musique doit justement être une porte de sortie, un échappatoire. Du coup, je préfère écrire sur des choses plus légères. Ça me permet d’évacuer.

Parlons de musique alors ! Deux mois avant la sortie du nouvel album “Nattesferd“, comment te sens-tu ?

Erlend : Très excité ! Je pense que c’est la meilleure approche que l’on a pu offrir à notre musique. Nous avons tout enregistré live, tout le groupe dans la même pièce, sauf moi, comme les vieux albums de Kiss ! Nous avons un son plus naturel, plus organique. Cela représente plus à quoi le groupe ressemble quand les gens viennent nous voir en concert. Je pense que c’est notre album le plus “Kvelertak” ! On a essayé plein de nouvelles choses que nous n’avions jamais testées avant. Cela me fait penser à un best of de toutes les chansons que nous avons pu écrire ! Je ne pourrais pas être plus heureux.

Qu’elles ont été vos influences pour cet album ? Il sonne bien plus heavy metal, que black metal ou hardcore.

Erlend : En effet, mais on ne réfléchit pas tant que ça à ce qu’on veut faire. On se met à jouer et puis on voit ce qu’il en sort ! On n’écoute plus les groupes que nous écoutions au début du groupe. Quand tu sors d’un concert hyper intense, avec beaucoup de bruit dans tes oreilles, tu n’as pas forcément d’écouter de la musique agressive derrière. Nous écoutons tous des choses différentes dans le groupe, mais on se retrouve tous sur des groupes comme Scorpions, Van Halen ou AC/DC. Nous écoutons surtout ce genre de groupe dans le bus, donc je pense que ça a finit par pénétrer notre inconscient ! Et puis, nous avons un papa dans le groupe maintenant donc, il est logique que nous nous mettions à jouer du “dad rock” ! (rires)

 

 

L’album a un son plus naturel et organique, mais en même temps, les chansons sont plus écrites. Combien de temps avez-vous pris pour préparer cet album ?

Erlend : Nous avons travaillé dessus durant une année. Sachant que nous avons aussi emprunté des idées qui, pour certaines, existaient déjà avant la sortie de notre premier album ! Nous avons une sorte de banque de riff sur une Dropbox et nous écoutons souvent ce que nous avons laissé dessus. Notre guitariste est le principal compositeur du groupe, c’est le capitaine du groupe depuis le début ! Mais cette fois-ci, tous les membres sont venus se greffer au processus créatif en passant plus de temps en salle de répétition. Si quelqu’un venait avec une idée, nous la travaillions tous ensemble jusqu’à ce qu’elle aboutisse. C’est pour ça que j’adore cet album.

Et concernant tes textes, qu’est-ce qui t’a inspiré du coup ?

Erlend : Pour le coup, un peu toujours les mêmes choses. Pour moi, le plus important dans mes paroles, c’est qu’elles doivent être “cool et sinistres”. Je pense que c’est à cause de la musique que j’écoutais avant, soit énormément de black metal. Je pense que c’est pour ça que j’aime les paroles sombres. Mais sur cet album, je dirai que ça parle de choses occultes, de science fiction un peu sombre, d’horreur et d’H.P. Lovecraft ! Je n’arrive pas à écrire sur tout donc… je n’ai pas vraiment le choix en fait !

Est-ce que tu penses qu’il est possible de jouer dans un groupe de metal, et de ne pas aimer H.P. Lovecraft ?

Erlend : (rires) Oui je vois ce que tu veux dire ! Bien sûr, beaucoup de metalleux n’ont jamais entendu parler de H.P. Lovecraft mais pour ma part, s’il avait été musicien, je pense que j’aurai adoré ce qu’il aurait fait. Par exemple, mes chansons préférées de Metallica sont celles inspirées par son oeuvre comme “The Call Of Ktulu” ou “The Thing That Should Not Be”.

 

 

 

Après le succès de “Meir”, avez-vous ressenti une pression particulière à l’approche de ce nouvel album ?

Erlend : Pas vraiment. C’est un peu toujours la même histoire pour chaque album. “L’étape du deuxième album” ou “l’étape du troisième album”. Beaucoup nous disent que le troisième album est le plus difficile à faire, mais je pense que ça devient compliqué quand tu te concentres sur ce que les gens te disent et attendent de toi, justement. Je pense que nous avons la même mentalité que lorsque nous avons commencé le groupe. Nous partions sans attente de faire d’album et encore moins de tournée, nous voulons simplement faire de la musique que nous aimons.

Pourquoi avoir choisi “1985” comme premier single ? C’est l’une des chansons les plus étranges de l’album.

Erlend : Je sais ! On a vu des gens nous dire qu’ils ne nous suivraient plus suite à cette chanson ! Mais j’ai toujours pensé que cette chanson était la bonne pour introduire l’album. Mais notre prochain single sera “Berserkr”, ce qui est déjà plus conventionnel. Nos fans hardcore seront plus confortables avec cette chanson.

Vous allez jouer au Hellfest cet été, te rappelles-tu de votre dernier concert à ce festival ?

Erlend : Oui, c’était il y à deux ans ! Nous jouions vers minuit, ce qui est vraiment le meilleur moment pour jouer. Je me souviens être resté sur le bord de la scène pour regarder Black Sabbath, pensant que ce serait leur dernière tournée mais… visiblement ils rejouent cette année ! Mais j’adore ce festival. C’est toujours fun de trainer avec des groupes que nous aimons et puis, l’affiche est toujours hyper alléchante. J’ai toujours envie de voir vingt groupes par jour, même si je finis toujours par n’en voir que deux ! (rires)

 

 

Est-ce que tu écoutes autre chose que du “dad rock” ?

Erlend : (rires) Pas vraiment je dois dire. J’ai un autre groupe black metal, avec l’ancien batteur d’Enslaved et de Gorgoroth donc, lorsque nous nous apprêtons à enregistrer un nouvel album, je me remets à écouter beaucoup de black metal. Mais aujourd’hui, je dois avouer que je préfère écouter Scorpions que du black metal. (rires) Mais sinon j’aime écouter du metal progressif, ou de la musique africaine, ou des choses un peu psychédéliques. Bref, j’aime écouter de la musique “intéressante”, si tu vois ce que je veux dire.

Dernière question, notre site s’appelle “RockUrLife”, donc qu’est-ce que rock ta life, à part le “dad rock” ?

Erlend : (rires) Je suis à fond dans le premier album de The Stranglers qui s’appelle “Rattus Norvegicus”. Il me reste constamment dans la tête !

 

 

Site web : kvelertak.com

Nathan Le Solliec
LE MONDE OU RIEN