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KO KO MO (08/02/22)

© Alice Grégoire

Troisième album pour le duo rock français KO KO MO. Confinement, enregistrement, vision artistique, Warren et K20 nous disent tout au sujet de leur nouveau disque !

Tout d’abord… bonsoir !

Warren & K20 : Salut !

Dernière interview de la journée.

K20 : Pas de bol pour toi. (rires)

Alors cette journée promo ?

K20 : Très bien !

Warren : Super ! C’était un exercice chouette à faire.

KO KO MO : pourquoi ? pour qui ? comment ?

Warren : Alors il y a plein de raison. Au début du projet, c’était plus orienté blues et il fallait un nom un peu enraciné dans cette culture-là. Il y avait un bluesman qui s’appelait James Kokomo Arnold qui a donné le titre “Sweet Home Kokomo”, que les gens connaissent sous le nom de “Sweet Home Chicago”. Et puis il y a également le dernier amérindien chef qui s’appelait Kokomo aussi. On également eu la chance de jouer dans beaucoup de pays en Asie et on a découvert qu’il y avait un sens caché quasiment dans chaque pays, donc cela parle à tout le monde en fait.

Puis on l’a gardé car c’était très tribal, cela nous ressemblait et c’était comme un cri de guerre.

Quelques exemples de ces autres significations ?

Warren : Alors au Japon, je crois que ça veut dire “la brume du matin

K20 : Et en Australie, ils disent “Kâ Kâ Mau“.

Et donc aucune critique ou signification négative ?

Warren : Pour l’instant non ou alors personne n’ose nous le dire. (rires)

© Alice Grégoire


Pourquoi avoir fait le choix de former un duo ? Un symbiose artistique ou plus par simplicité ?

K20 : Cela a été un hasard quand on s’est rencontré Warren et moi. On a commencé à jouer tous les deux et on a su qu’il y avait un truc à faire. On a commencé à jouer dans les rades tous les deux, on s’est dit que cela suffisait pour le moment à nous-même. Warren a le côté gratte et puis avec l’octaver, les basses sont quand même présentes, plus la drum, et on a une espèce de liberté qu’on ne pourra jamais avoir ou changer. On a réelle liberté d’improviser tous les deux. Il est le seul instrument harmonique, moi le seul rythmique. Il y a un truc d’improvisation qui est hyper chouette. Cela nous permet aussi de ne pas répéter et de le faire sur scène devant les gens. C’est plus un phénomène de liberté.

Warren : Oui on le prend plus comme un plus qu’une contrainte. Justement le fait d’être que deux, on se surpasse un peu plus sur scène, pour combler un peu le manque de section rythmique et c’est sur cette énergie-là qu’on s’est calé.

Vous-êtes vous déjà posé la question de compléter votre line up? Avec un bassiste par exemple etc.

K20 : On a testé avec un copain, il y a très longtemps maintenant, qui faisait également des claviers. Donc effectivement cela rajoute une plus-value musicalement mais cela pète un couple. Donc le manque de liberté. Donc on prône toujours cela. On n’est pas fermé pour la suite des événements, de la vie, mais si un jour l’album manque d’un instrument, et qu’on doit l’avoir en live, on sera 2+1. Mais pour le moment, cela marche comme cela.


Du coup, y-a-t il des duos dont vous vous inspirez ?

Warren : Ce n’est pas forcément des duos, je dirais plus que ce sont les groupes qu’on croise sur la route. Et parfois ils n’ont rien à voir avec nous. Je pense par exemple à Psychotic Monks, ils sont plus dans le noise. Dans les duos, forcément on a été influencé par The Black Keys, The White Stripes. On ne cherche pas forcément à puiser dans les duos ou ce qu’il se fait ailleurs.

Votre précédent album est sorti en mars 2019. Depuis, beaucoup de choses ont impacté le monde de la culture. Comment avez-vous vécu/traversé -encore aujourd’hui- la pandémie ?

K20 : Depuis que KO KO MO existe, on n’a pas arrêté de tourner. Mine de rien, dès qu’on ne jouait pas pendant deux semaines, on avait l’impression d’avoir pris six mois. Donc on a vraiment eu toute cette routine-là, de tourner, partir en camion, rentrer à la maison, à base de trois dates par semaine. On a d’ailleurs créé le premier album comme cela, le deuxième en tournée aussi.

Et effectivement, est arrivé cette période chiante pour tout le monde et là, il a fallu se remettre en question. On ne répétait pas, on n’avait pas de local, donc on a investi dans du matos, on a composé, on s’est réorganisé, on a fait des choses qu’on n’avait jamais eu le temps de faire. Donc on n’a pas rien fait effectivement, on a trouvé une petite baraque pour enregistrer, des pré-prods, et on arrive à l’album qui est en train de se faire presser aujourd’hui. On a réussi à se réorganiser, alors certes on est deux sur scène, mais il y a toute une équipe. Donc on ne s’est pas reposé sur nos lauriers et on a bossé.

Entre temps, j’ai personnellement eu un enfant, donc cela m’a aidé à vivre cette période un peu particulière. On s’en est sorti et puis on est là aujourd’hui !

L’album fait-il référence à ces deux années ?

Warren : Oui grandement, même si le but n’est pas de faire un concept album, beaucoup de morceaux parlent de ce qu’il s’est passé et beaucoup de textes sont à double sens. L’idée c’est que cela parle à tout le monde.

© Alice Grégoire


En tant que duo, comment abordez-vous le live ? On pense duo = manque de basse etc. Comment rééquilibrez-vous l’ensemble ? Les effets et le show ?

Warren : Jusque-là, puisqu’on répétait pas, on a tenté beaucoup de choses directement avec le public. On a construit le show petit à petit. Là, c’est la première fois qu’on a le luxe de pouvoir bosser en résidence dans une salle de concert avec une console assez particulière, qui nous permet d’enregistrer puis ensuite on écoute ce qu’on vient de produire.

K20 : On rechange les structures, on refait des arrangements. On est vraiment un groupe de live et puis cela nous permet de prendre un peu la scène aussi. Cela nous oblige. J’ai une façon particulière de jouer, jouer debout, Warren bouge un peu partout et saute ici et là. C’est un duel et en même temps un duo. Et puis faire vivre au public un concert unique. On sait ce qui marche et ce qui fonctionne le moins. On a une confiance en nous et note show au fil des années.

Warren : Il y a des morceaux où l’on sait qu’on aura des plages pour faire de l’impro.

Votre nouvel et troisième album NEED SOME MO’, pensez-vous être arrivé à maturité avec celui-ci ? Le plus abouti, le plus travaillé ?

Warren : Sans tomber dans le truc de l’album de la maturité, oui c’est clairement l’album qu’on a le plus bossé par rapport aux deux autres.

K20 : Et on est content d’avoir fait tout le mix, toute la réal’, toutes les prises tous les deux. C’est vrai qu’on a poussé le truc au bout de ce qu’on pouvait faire sur le moment pour cet album.

Warren : Et de ce qu’on pouvait aussi en apprendre, comme par exemple prendre le temps de vraiment savoir comment faire des prises, les types de son, pour avoir le plus possible le son à la prise et ne pas mettre de plugins et tomber dans la facilité du tout modulable.

K20 : Vraiment à la source, pas comme le premier album où on avait juste mis des morceaux sur disque parce qu’il fallait “faire un album“. Le deuxième on avait un peu travaillé mais on avait laissé le mix mais on n’était pas allé au bout du truc. Et là, on avait le temps, donc on a pu tout faire. On peut toujours faire mieux mais il n’y a pas de regret. On est content de ce qu’on a fait et le plus important ce sera aussi de le faire sur scène. C’est une bonne surprise pour nous aussi.


Pourquoi ce titre si particulier ? Un manque de live, de sensation… de tout ?

Warren : De tout. Et puis ce que j’aimais bien dans ce jeu de mots et l’abréviation, c’est de faire un petit clin d’œil à KO KO MO évidemment : “I need some KO KO MO“. Mais oui, on a tous été en manque de plein de choses.

Petit focus sur le morceau “Non Essential Man”, qui est le titre le plus long, le plus lent, le plus lourd pour une sorte de conclusion, hors titre bonus. Ce sont vos influences heavy qui parlent ici ?

Warren : Il ouvre un peu sur la fin. Un peu comme une dissertation, il avait sa place à cet endroit-là. Aussi parce que c’est quelque chose qu’on n’avait jamais fait, un type de mood, comme tu dis, un peu plus heavy, plus stoner, sans annoncer forcément qu’on ne fera que cela après. En fait on n’en sait rien nous-mêmes. (rires)

K20 : Il résume beaucoup cette période, en musique et en parole. C’est bien lent, bien dark mais avec un voile dessus. On a hâte de le jouer.

N’est-il pas un peu trop long ? (rires)

K20 : Alors, c’est ton avis, mais justement c’est le but. Quand est-ce que cela s’arrête ? Et puis en fait cela continue, c’est volontaire. Mais tu le trouves trop long apparemment.

Oui, il y a quelques boucles en trop. (rires)

K20 : On a réussi ! (rires)

Des morceaux qui vous tiennent à cœur ?

K20 : Je n’écoute jamais nos albums. Si cela passe dans la voiture, c’est que ma meuf a cela dans sa playlist et j’essaie de zapper. Et parfois je peux redécouvrir ce qu’on a fait, donc je sèche là dessus. Après en live, on les bosse en ce moment, donc j’aime beaucoup “Non Essential Man”, très lent et très dur à jouer mine de rien. En tant que musicien, plus c’est lent, plus c’est dur à jouer et on n’a pas l’habitude de jouer ce genre de tempo. Après, j’aime bien jouer tous les morceaux et effectivement “NEED SOME MO'” il a un espèce de truc pêchu qui fait qu’on sait que cela va faire danser les gens et qu’on prend plaisir avec ce type de morceau.

Warren : Je pense que volontairement, on n’a pas trop envie d’avoir des morceaux chouchou dès maintenant parce qu’on en est qu’au début et qu’on sait qu’on va le tourner pendant au moins deux ans, j’espère. Donc s’il y a déjà des morceaux qui nous saoulent, c’est pas bon. (rires)

© Alice Grégoire


Alors tu parlais de playlist, et même si le sujet n’est pas totalement autour des playlists, il y a eu cette histoire entre Neil Young et Spotify là.

Première question, pourriez-vous VOUS vous passer de Spotify en tant qu’artiste ? C’est à dire de ne pas mettre à disposition sa musique sur telle ou telle plateforme pour X ou Y raison. L’une d’entre elles étant la rémunération des artistes. Est-ce des sujets qui vous intéressent ? Ou bien vous êtes partagés car c’est malgré tout un moyen très simple de diffuser sa musique au plus grand nombre.

K20 : Pour moi c’est inévitable aujourd’hui en 2022. En revanche, si cela ne tenait qu’à nous, Warren et moi, je parle pour nous, déjà on ne sortirait pas de CD, on ferait que du vinyle. Mais aujourd’hui c’est inévitable de faire un CD, je ne sais pas, mais d’être présent sur ces services oui.

Warren : Surtout pour un groupe émergent. Neil Young il a la force de frappe suffisamment lourde pour faire flipper Spotify, surtout que ces copains le suivent apparemment. Donc là il y a un vrai intérêt, c’est un rapport de force. Mais moi aussi je serais pour que les gens n’écoutent qu’en Hi-Res tout le temps, ce serait mortel. Et pour le coup, même si quelqu’un n’est pas forcément mélomane, la différence de son et la qualité supérieure, ce n’est pas une coquetterie, c’est vraiment justifié.

K20 : C’est vrai que quand tu vois comment on peut se prendre la tête pour le son, les fréquences, de régler une caisse claire par rapport à une guitare ou des choses de ce type où on se prend la tête. Et après quand tu écoutes cela en mp3 sur YouTube, bon bah. Si les gens font cela, je les engueule pas si tu veux.

Warren : Supprimer le mode aléatoire aussi, cela a du sens. Tu écoutes ton album, c’est comme quand tu regardes un film. Tu commences au début et pas par la fin.

K20 : On est un peu vieux jeu Warren et moi. Et puis l’amour du vinyle aussi. On a créé l’album et le tracklisting en fonction de la face A et de la face B. Sur un CD cela fonctionne, mais le but c’était vraiment de faire face A et B, d’où le fait que le dernier morceau est un bonus.

Mais après tu ne peux pas y échapper en tant qu’artiste. C’est comme quelqu’un qui veut vendre ses toiles, s’il n’y a pas internet aujourd’hui, il fait que des galeries et il sera en galère.

A part dans la voiture, personnellement j’écoute rarement des playlists, mais j’écoute des albums de la un à la quinze.

Warren : Moi je trouve cela très bien que les grands artistes tels que Neil Young, CSNY ou Adele ouvrent leurs gueules quand des plateformes font un peu n’importe quoi avec l’artistique.

C’est donc l’heure du mo’ de la -presque- fin !

K20 : C’est un exercice bizarre pour nous. Non mais déjà, sortez voir des concerts, que ce soit nous ou d’autres groupes. Pour nos fans, hâte que vous découvriez notre nouvel album et puis… achetez des vinyles ! (rires)

Warren : Et pour ceux qui ne nous connaissent pas -bon je trouve que c’est une connerie- mais libre à vous, n’hésitez pas ! (rires)

© Alice Grégoire

Et donc notre dernière question, nous sommes RockUrLife, donc qu’est-ce qui rock votre life chez KO KO MO ?

K20 : Moi c’est KO KO MO et ma fille.

Warren : ‘tin j’allais dire la même chose !

(rires)

K20 : Et ma femme bien sûr ! Sinon elle va gueuler. Ce qui rock ma life c’est ma vie de famille et ma vie de famille (ndlr : regard dirigé vers Warren) sur scène.

Warren : C’est vrai que cette communion-là, depuis qu’on s’est rendu compte que c’était fragile, à quel point cela nous boostait.

K20 : Je ne sais pas si c’est forcément la scène ou le public, mais quand le truc s’arrête du jour au lendemain, et que ce n’est pas de ton fait, là tu te dis effectivement qu’il y a un truc qui manque dans ta vie, qui te fait vivre et vibrer, qui est le sens de nos vies.

Warren : Qui est essentiel pour nous.


Site web : ko-ko-mo.com