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HELLDEBERT (14/08/25)

Quelques mois après avoir électrisé les scènes avec son Projet Metal, Helldebert continue d’étonner. Celui qui a bâti son univers autour d’Enfantillages a pris le pari audacieux de se frotter aux guitares saturées, sans jamais perdre son sens de la poésie, de l’humour et de la transmission. Entre collaborations prestigieuses (de Max Cavalera à Serj Tankian), une tournée marathon de Zéniths et une première apparition dans la programmation “officielle” d’un festival 100 % metal, l’artiste prouve qu’il sait fédérer bien au-delà du jeune public. Rencontre au Motocultor Festival avec un musicien qui assume son rôle de “passerelle” entre générations, et qui continue de rêver… en grand.

Comment tu te sens ?

Helldebert : Je me sens hyper bien. Je me sens en vacances, mais dans les festivals aussi, tu as toujours ce côté un peu, on se sent en vacances, tu sais. On descend du tourbus en tongs, il y a plein de copains, c’est différent de la tournée normale où tout est chronométré, mais tu es toujours un peu dans l’entre-soi, tu vois. Et les festivals, c’est ce côté un peu méga grand camping, avec plein de potes. J’aime bien. En plus, quand on a fait autant de featuring que ce que j’ai fait, forcément, tu connais tout le monde.

Et dans le metal, tu as aussi reçu un très bel accueil. C’était une appréhension pour toi ?

Helldebert : Ouais, alors dans le metal pas encore, mais écoute, ce projet a été tellement bien accueilli par la communauté… C’était une de mes appréhensions de me dire : est-ce qu’ils vont accueillir ces chansons et investir l’album ? Finalement, c’est ce qu’ils ont fait, donc on est hyper contents. C’est quand même assez fou, ce succès.

Quand on voit que tu fais déjà une belle tournée, et que là tu vas même faire un Zénith à Paris, c’est assez fou, non ?

Helldebert : Ouais, ouais, ouais. On part pour 30 Zéniths à la rentrée, dont le parisien le 5 octobre. On est tellement enchantés. Tu sais, c’était un peu un risque parce qu’Enfantillages, c’est de la chanson au départ. Même si le Projet Metal, ça reste des chansons avec des textes qu’on met en avant, c’était risqué parce que le metal est une musique clivante, surtout en France. En Angleterre, aux États-Unis, c’est beaucoup moins le cas. Ici, on traîne encore des clichés de musique violente, alors que ce n’est pas ça le délire.

En même temps, le moment est peut-être idéal, avec la mise en avant du Hellfest, la Philharmonie, les médias grand public…

Helldebert : C’est vrai. Les Gojira aux Jeux Olympiques, tout ça, ce sont des marqueurs qui ont ouvert la porte au grand public. Tant mieux ! On entend même dire que le metal devient hype, ça me fait marrer.

Tu dis souvent que le metal a un côté festif et intergénérationnel. C’est ce qui t’a donné envie de créer cette passerelle avec les enfants ?

Helldebert : Oui. J’ai découvert le metal en CM2. Ma porte d’entrée, c’était les pochettes de Maiden. J’ai trouvé une cassette dans la R9 de mes parents, laissée par un grand frère. C’était Live After Death, avec ce diable au milieu de la route, et je me suis construit musicalement avec ça, tout en apprenant Brassens. C’était drôle d’arriver avec ma guitare de gosse de 10 ans à mon prof de guitare classique.

Dans tes textes, tu arrives à mêler poésie, humour et des sujets parfois très intimes. Quels thèmes aimerais-tu explorer encore ?

Helldebert : Plein. Dans Enfantillages, il y a des chansons légères, rock n’roll, où on saute partout. Mais il y a aussi des sujets sensibles : écologie, féminisme, homoparentalité… Comme avec Calogero. Je ne m’interdis rien, tout est possible si tu trouves la clé pour interpeller les enfants. Même sur des sujets complexes comme les conflits internationaux, avec Tankian de System, ça marche. Les enfants comprennent très tôt le second degré.

On sent aussi dans ton projet un côté très visuel, théâtral.

Helldebert : Oui, pour moi le metal, c’est du théâtre. Les décors, les zombies, les univers fantastiques… Gamin, j’ai adoré ça. J’ai voulu rebalancer cette énergie-là : l’horreur, l’heroic fantasy, les histoires. Et les enfants accrochent ! Ozzy l’avait déjà compris : le metal est une catharsis, une façon de se construire et d’affronter la vraie vie avec du fantastique.

Tu as vécu des moments incroyables avec Max Cavalera, Tankian… Ça doit être fou à digérer ?

Helldebert : C’était dingue. À Boston, je devais enregistrer Cavalera et son fils dans une loge, mais le concert a été annulé pour cause de tempête de neige. On a fini dans ma chambre d’hôtel ! Et ce jour-là, je reçois la maquette avec le refrain de Tankian, écrit en arménien et en anglais. J’étais à deux mètres du sol, c’était dur de redescendre.

C’est quoi ton futur idéal ?

Helldebert : J’ai plein de rêves. Déjà, être au Motocultor, c’est fou. C’est notre premier festival vraiment metal dans la prog officielle, pas en “jeune public“. Et puis moi, je reste un enfant, c’est mon métier.

Tes morceaux vont accompagner des enfants qui, dans 30 ans, se souviendront de cette musique. Qu’aimerais-tu qu’ils en retiennent ?

Helldebert : J’espère leur donner le goût de la curiosité. Comme Anne Sylvestre ou Steve Waring pour moi. Les voix que tu écoutes enfant restent à vie, comme celles de Brassens ou Dickinson pour moi. Avec Internet, les enfants ont accès à tout : à nous de leur donner les leviers pour s’ouvrir à tous les styles.

Tu emmènes même tes propres enfants au Hellfest. Comment tu vis ça ?

Helldebert : Mes deux fils ont déjà fait trois éditions. Je me sens plus en sécurité avec eux au Hellfest que dans la rue ! On a même fait notre premier stage diving ensemble sur Maiden. C’était irréel. Et les metalleux les laissent passer devant, ils finissent à la crash barrière devant Judas Priest, photo du trident à l’appui. Incroyable.

Avec tous ces featurings internationaux, tu pourrais aller encore plus loin, même un jour avec Bruce Dickinson ?

Helldebert : (rires) J’adorerais. J’ai écrit une nouvelle où Dickinson sonnait à la porte de ma grand-mère à Noël pour m’emmener en tournée. Je lui ai offert le livre. Peut-être qu’il cale un meuble avec, mais pour moi c’était fou, comme rencontrer Spiderman. Dickinson, c’est un super héros.

Et ce succès, ça te donne envie d’explorer d’autres formats, comme la comédie musicale ?

Helldebert : Pourquoi pas. La forme n’est pas importante. J’ai mis du temps à trouver mon truc, qui est l’enfantillage, parler aux enfants, aux parents, aux grands-parents. Je crois au droit à l’échec, à l’importance d’essayer. C’est un beau sujet de chanson d’ailleurs.

Dernière question traditionnelle. Nous sommes RockUrLife donc : qu’est-ce qui rock ta life ?

Helldebert : Tellement de choses ! Mais surtout mes trois enfants. Je les ai eus tard, ils ont 7, 10 et 12 ans, ça envoie du steak, il faut une bonne mutuelle ! (rires) Mais ouais, les enfants sont des rockeurs, ils sont dans l’énergie en permanence. Et ça, c’est rock.

Site web : aldebert.com

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Marion Dupont
Engagée dans la lutte contre le changement climatique le jour, passionnée de Rock et de Metal le soir !