Interviews

HELL OF A RIDE (20/11/15)

Quelques jours après les sinistres événements survenus à Paris, RockUrLife a pu s’entretenir avec le groupe Hell Of A Ride afin de faire le point sur la situation, mais aussi de faire la promotion de leur nouvel album “Bête Noire”.

Bonjour. Comment allez vous ? Si l’on peut demander ça après les récents événements…

Lone Wolf Low (guitare) : C’est sûr. Mais ça va bien.

Djej Rider (chant) : Plutôt bien, même.

Comme vous pouvez vous en douter, nous allons un peu parler d’actualité.

D : Oui vas-y, bien évidemment, ça ne nous dérange pas.

Avec ce qui vient de se passer, comment pensez-vous que le milieu de la musique va se porter ? Et vous, par rapport à ça, comment comptez-vous réagir ?

L : Plus de bruit !

D : Oui, plus de bruit, plus de musique, plus de tout !

L : Le milieu de la musique c’est un petit milieu en France, au niveau du rock, du metal, même si ce sont des gros concerts qui sont visés, c’est le public, c’est les acteurs qui en font partie. Au fur et à mesure du temps, c’est un peu les événements et la claque que ça met, même si on est plutôt très extérieurs à ça, mais moi je ne me sens pas, j’ai pas peur, juste un contrecoup à prendre et se dire “OK c’est ce qui nous fait vivre, ce qui nous fait nous lever le matin et si on s’attaque à ça, ça fait toujours mal, très mal, mais là il faut juste arriver à faire le deuil et se dire “OK vous avez voulu ça ? On va vous en donner le double, même fois dix !” Et il y a des choses positives à faire, beaucoup de choses à développer dans ce milieu en France, les choses évoluent, surtout que ça mettra aussi malheureusement en lumière la scène, ce courant musical, parce que j’ai entendu beaucoup de conneries sur ce concert, que c’était attaqué parce que c’était soit-disant du death metal. Donc OK, vous avez commencé à lire un nom, mais maintenant il va falloir lire le reste et apprendre : c’est du rock’n’roll. On n’est pas du tout dans un truc où l’on est en train de sacrifier des gens, ou insulter qui que ce soit.

D : Des bébés sur scène. (rires)

L : Voilà, c’est un concert de rock, c’est un groupe hyper second degré, c’est que de l’amour ! Derrière ça, ça veut dire qu’il y a des inconnus à travers de ce milieu musical, du grand public, et en espérant que ça ouvre les yeux aux gens sur le fait que ce soit un milieu de fête, de vie, et que ce n’est pas quelque chose qui est censé être attaqué.

D : Et le petit milieu de cette scène aussi, et là je parle par rapport à la scène française, parce que, malgré tout, ce sont des gens qui se déplacent pour aller voir des groupes américains, mais ce sont aussi des gens qui écoutent la scène française. Cet événement est tragique, je le répète un peu dans toutes les interviews, on a perdu onze personnes proches ou moins proches au Bataclan, on connaît tous quelqu’un qui connaît quelqu’un qui connaît quelqu’un, j’en connais aussi qui s’en sont sortis et qui ont pu miraculeusement pu sortir de la salle. Ca nous a tous marqués. Bien évidemment, il y a aussi des dates annulées. Nous, la veille, on jouait au Divan Du Monde en première partie de Wednesday 13, et forcément on se dit que ça aurait pu nous arriver. Autrement, il y avait moins de monde, mais certes, ce n’est pas le problème. Mais là pour le coup, c’était vraiment un groupe de metal américain, bien maquillé, donc on se dit voilà. On devait jouer le lendemain, bien évidemment la date a été annulée. Demain, la date est annulée aussi parce que les gens de la salle là bas connaissaient des gens qui étaient au Bataclan et ne s’en sont toujours pas remis. Je ne sais pas vraiment si c’est une histoire de rebondir, on a clairement l’envie d’y aller à fond comme disait Lone. C’est sûr, plus de son, plus de liberté, plus de picole, plus de tout. Vivre, vivre pleinement, parce qu’on ne sait pas ce qui va nous arriver demain. Aussi bien personnellement que par rapport à tous ces événements provoqués par ces cons qui ont une cause débile. Voilà.

Vous revoyez-vous jouer au Bataclan ? C’est un souhait pour vous ?

D : Complètement.

L : C’est une salle que j’adore. Les premiers gros concerts que j’ai fait sont là bas, j’y ai vu Faith No More, le gros concert qu’ils avaient fait juste avant leur split en 97-98, je crois 98, c’est une salle que j’adore, par l’acoustique, la programmation, et même si ça fait super mal qu’elle ait été touchée, qu’il soit arrivé ces choses-là, c’est quelque chose qu’il faut outrepasser. Il faut passer au-delà car son histoire ne s’arrête pas là. C’est une salle dans laquelle on rêve tous de jouer, c’est une très grosse salle, très belle salle pour son histoire et les groupes qu’elle a accueilli, il faut arriver à aller au-delà de ces événements pour lui redonner son importance, à cette salle.

D : Même si rien ne sera plus jamais pareil. Il y a un avant, qui reste un avant, et il y a un après. Mais bien sûr, je pense que toutes les personnes qui dorénavant, en tous cas c’est tout ce que je souhaite, viendront faire plus de bruit au Bataclan, et continueront de faire vivre cette salle, il y aura toujours une pensée pour ça. C’est obligé. On n’oubliera jamais, et on ne pourra jamais oublier. Je vois des gens qui nous traitent de mouton parce qu’on mettra le drapeau français sur notre profil sur les réseaux sociaux. Nous traiter de moutons. Enfin, je ne sais pas, je n’aime pas la politique, du tout, je ne m’y intéresse pas. Personnellement, je serais plus comme les gens qui vivent au jour le jour. Ca pourrait être n’importe quel gouvernement, je continuerai à vivre ma vie, à essayer de vivre de mes passions, ça ne m’empêcherait pas de sortir, de continuer. Maintenant, non, je ne suis pas un mouton parce que je me sens d’un élan patriotique. Ce n’est pas parce que je vais partager un drapeau français sur ma page que je suis FN, je suis machin, je suis fasciste. C’est juste que je suis touché, et qu’ j’ai envie de montrer que… Oui, voilà, puis malgré tout, on est français ! C’est tout.

L : C’est une question de citoyenneté !

D : Voilà, c’est un geste citoyen ! C’est pas quelque chose pour représenter quelque groupe politique que ce soit. Je dis ça, bien que ce soit une parenthèse, car on a eu des messages nous disant que c’était totalement hyporite. Il faut arrêter, un peu ! Il y en a qui vont malheureusement s’en servir pour aussi peut-être leur cause politique, pour quoi ou qu’est-ce, pour faire des amalgames, on en a vu un nombre incalculable sur les réseaux sociaux, mais pour nous c’est un geste citoyen parce que l’on est français, parce que l’on a perdu des connaissances là-bas. Point barre, c’est tout.

Très bien. Parlons de choses plus réjouissantes maintenant. En abordant le sujet de solidarité justement, votre album a été financé en partie grâce au crowdfunding. D’où vous est venue cette idée ?

D : Globalement, c’est comme ça que beaucoup de groupes fonctionnent, comme ils ne sont pas aidés, représentés, et qu’il n’y a pas de label qui va y mettre de l’argent, ils comptent sur leur fanbase. C’est aussi comme ça que l’on peut continuer à exister, que l’on peut toujours offrir un bel objet, offrir le meilleur. C’est aussi grâce à eux que l’on peut produire ça et en même temps continuer de tout faire nous mêmes. On veut toujours continuer de proposer, en termes de visuel et d’image, sans parler du son encore une fois, proposer un bel objet aux personnes qui vont nous acheter l’album.

L : C’est vraiment le fait d’aller au-delà de juste le support CD, et de se dire voilà il y a un CD avec des chansons dessus. Le digital a une grosse importance dans le côté pratique, mais voilà, il y a la qualité qui n’est pas la même sur un CD, et il y a aussi le fait que ce soit l’objet en lui-même, et que ça complète tout ce qu’on a construit jusqu’à présent. C’est-à-dire que si l’on n’avait pas pu faire de crowdfuning, on n’aurait pas pu faire l’album sous cette forme là.

D : L’album, ni même les droits SDRM, ni même la promo. Voilà, ça fait partie de tout ça, et tous les gens ont participé à ça.

L : A développer tout ce qui est à côté, tout ce qui est au sein de l’album, du digipack, toute l’histoire à côté, l’extrapolation de ce qu’on a commencé sur “Fast As Lightning” qui est là pour…

D : Pour donner une autre dimension.

L : Voilà.

Est-ce vraiment une volonté pour vous de tout faire vous-mêmes ?

L : Ouais.

D : Comme je dis, on a la chance d’avoir dans le groupe un graphiste, moi je suis dessinateur, donc oui, on essaie de faire un maximum de choses nous-mêmes. Après, en effet, on a buté sur certaines choses qui ont fait que l’on a dû faire appel à des personnes extérieures, en l’occurrence le réalisateur Vincent Lecrocq pour le clip de “Fast As Lightning”, Ingrid Cottencin pour le clip “Aphrodisiac Cadillac”. Donc même si Noré notre guitariste, c’est lui qui a fait tous les textes, les paroles, les animations qui s’affichent sur la charmante demoiselle (rires) qui se déshabille dans la voiture, il n’avait jamais fait ça, on a regardé des tutos et tout, on apprend au fur et à mesure, même nous dans le groupe on a participé au montage du clip de “Aphrodisiac Cadillac”, on essaie de faire tout. On a la chance de gérer déjà tout ce qui est un peu dessin, artwork, typo et compagnie, ce qu’on trouve aussi bien sur le T-shirt, la future page qui va arriver, même les pages déjà existantes avant, et en l’occurrence aussi bien l’EP que l’album. Mais c’est aussi je pense pour ne pas avoir de paramètres éventuels de stress ou de peur, en se disant qu’on ne va pas avoir ce que l’on veut.

L : Et il y a une sorte de volonté artistique, un peu comme David Bowie, où ils vont faire au-delà de la musique, il y a toute une image à développer, toute une expression artistique, lorsqu’il fait de la performance par exemple. Là c’est le même principe, c’est dépasser ce que l’on sait faire des instruments, pour l’amener sur un niveau visuel.

D : Oui, c’est très important pour nous.

Au niveau du titre, pourquoi avoir choisi un titre en français, alors que tout le reste est en anglais ?

D : Je te laisse commencer ! (rires)

L : D’accord… Quand on a composé l’album, on est parti sur des plans en se disant qu’on allait se donner une direction, sur l’émotion. On travaille vachement sur l’émotion quand on compose. Ce n’est jamais une partition écrite, ce n’est jamais des gammes, on n’est pas du tout dans la technique, mais dans l’émotion. Donc on s’est dit, par rapport à tout ce que l’on a pu vivre, entre l’année qui a suivi le lancement digital de “Fast As Lightning” qui a permis de nous développer au niveau de la scène, et le début de la composition de l’album, on a tous vécu des choses plus ou moins pas cool, et on avait le besoin comme une sorte de thérapie, de les coucher sur un disque, et quand on a commencé à travailler sur l’écriture et la composition, on s’est dit que l’on allait travailler sur tout ce qui était émotions : nostalgie, colère, revanche, le désir aussi, et on s’est dit qu’à partir de là, on allait continuer sur les aventures du personnage de “Fast As Lightning”, on va lui faire vivre tout ça. On s’est rendu compte qu’à chaque fois c’était un combat contre lui-même, ses peurs, et qu’il était sa propre bête noire. C’était le mot qui revenait chaque fois dans notre façon de travailler.

D : Même si l’on était parti chaque fois sur le fait d’essayer de trouver un titre anglo saxon.

L : Oui, et c’était dur de trouver un titre anglo saxon qui voulait dire ce que “Bête Noire” disait. Et ce qu’il y a, c’est que même les anglo saxons n’ont pas de mot pour dire “Bête Noire”, ils l’utilisent tel quel.

D : Comme d’autres expressions francophones que les Américains utilisent “déjà vu”, tout ça, il y a beaucoup de termes qui n’ont pas d’équivalent américain et qu’ils utilisent tel quel. En l’occurrence, “Bête Noire” s’est imposé comme ça. Et malgré tout, nous sommes français, c’est un petit peu ça aussi.

L : Oui, ça a été assez vite finalement. Ca nous plaisait, ça collait, et ça permet d’un certain côté de rappeler qu’on est un groupe français, et pas qu’on se dise “oh tiens c’est un groupe américain”, non en fait c’est français, fabriqué ici. Et il y a quelques autres touches digipack avec des petits rappels comme ça, discrets, et que l’on comprend que “oh tiens, Tour Eiffel”, et d’autres détails comme ça.

Pourquoi ne pas écrire vos textes en français du coup ?

L : Alors on a déjà essayé. Et la musique en français, j’en ai déjà fait beaucoup.

D : Oui, oui, moi aussi !

L : Donc avec nos précédents groupes, nos précédentes expériences, le problème c’est que ça ne collait pas du tout, mais pas du tout au projet Hell Of A Ride. Parce qu’on a des extraits avec un langage très cru, et en français ça ne collait pas du tout.

D : Par rapport à ce style de musique, ça le fonctionnerait pas. En tous cas, niveau textes, je me sens plus à l’aise en anglais, surtout parce que c’est estampillé de ce style de musique rock US, et qu’à partir de là, je ne me serais vraiment pas senti capable d’écrire un texte en français là dessus, même si je l’ai déjà fait auparavant. Enfin, je ne sais pas, mais même Lone, tu te sens plus à l’aise en anglais qu’en français, non ?

L : Oui, j’ai déjà travaillé en français, pas mal en anglais aussi, et pour avoir fait l’exercice par le passé, sur ce genre de musique là, c’est difficile. Sur un style un peu rock plus doux, ça marche, moins metal.

D : Je pense qu’on tomberait du coup dans du rock français, qui s’apparenterait du coup plutôt à un texte revendicatif. Je ne me sens pas d’écrire un truc comme ça, pour être honnête, je n’y arrive pas. C’est pas mon délire.

L : Il y a des groupes français qui le font très bien !

D : Oui, voilà, certains le font bien.

L : Par exemple le groupe The Arrs.

D : Oui, ou hardcore !

L : Mais pour nous, ça ne collait pas !

D : Non, même pour l’univers, je reviens dessus, mais pour le visuel, on est parti sur un style plutôt “Grindhouse”, avec ce style empli de références à Tarantino, Rodriguez, et je pense que ça aurait été très bizarre, de passer de ce style que l’on revendique, à aimer, avec des références américaines, sans prétention encore une fois, parce que c’est ce que l’on aime : les films que l’on aime regarder, la musique que l’on aime écouter, et que ça aurait fait quand même très très bizarre. Malgré tout, je n’aurais pas vu une deux chevaux dans le clip “Fast As Lightning”, quand même, tu vois ! (rires) Non mais c’est tout con, mais c’est ça. Au final, c’est quand même un clin d’oeil.

L : (rires) Les poursuites en deux chevaux !

D : Course infernale en deux chevaux et 4L !

C’est vrai. Du coup pour en revenir à ce que l’on disait, pour le titre vous avez expliqué que vous étiez partis de ce que ressentait le personnage de “Fast As Lightning”. Donc “Bête Noire” est-il une continuité ? Faut-il prendre les deux comme un tout ?

L : Oh oui, ça va dans la suite. On n’est pas obligé de connaître l’EP pour apprécier “Bête Noire” pour autant. Il y a beaucoup de gens qui découvrent l’album et qui ensuite se disent “tiens”, puis regardent en arrière et voient l’EP, se disent qu’il y a une ligne, et comprennent. Après, ça a été un élan. “Fast As Lightning” a été un élan pour la composition, pour ce que l’on voulait faire ressortir, c’est comme une série dans laquelle il y a plusieurs saisons, et chaque saison a des rebondissements. L’EP est l’épilogue, l’album est toute une saison, on va dire, et puis ça ouvre sur autre chose, quelque chose qui pourrait être complètement dans d’autres émotions, raconter tout autre chose.

D : Et peut-être même, pourquoi pas, dans un tout autre style ! Sortir de ce côté “Grindhouse”, où encore une fois, on n’a rien inventé. On se base sur les choses qui nous touchent, que l’on apprécie pour inspirer notre musique, mais malgré tout ça reste 100% Hell Of A Ride.

Au niveau des inspirations justement, à côté de l’EP et de cet album, vous avez fait une reprise de Lana Del Rey, et pour Noël vous avez repris “Let It Snow” !

D : Ah oui, c’était pour le Noël du Bus Palladium !

Du coup, comment situez-vous ça par rapport au reste de vos travaux ?

L : C’est à part, c’est un plaisir.

D : Oui, mais par exemple pour Lana Del Rey, c’est une proposition, ensuite il y a toujours un espèce de brainstorming. C’est sûr, des fois on aime reprendre ci et ça. On aime bien faire des cover, on en a fait d’autres dans des lives acoustiques, et ça vient de là le fait de reprendre Lana Del Rey par exemple, parce qu’à la base on le faisait version branchée, version rock, elle est d’ailleurs accessible gratuitement maintenant. Il y avait aussi un morceau charnière, aussi qu’on trouve en téléchargement gratuit, qui s’appelle “Holding Back The Years” qui fait le lien entre l’EP et l’album, au niveau même de la composition, on sent qu’il préfigure le style de l’album. Il a aussi été remasterisé.

 

 

Donc comptez-vous en refaire d’autres ? Des idées ?

D : Oui, pourquoi pas ! C’est marrant, ce matin, pendant les quatre heures de voiture que l’on a fait pour venir à Paris (et pourtant, on n’est pas loin), je discutais avec Noré le guitariste, on se disait que si un jour on avait la possibilité de faire ressortir éventuellement un EP avec quasiment que des cover, des reprises, ce serait chouette parce que l’on aime bien ! C’est amusant de remettre à notre sauce, c’est sympa, parce que reprendre tel quel ça n’a aucun intérêt, ça ne nous intéresse pas en tous cas, il faut vraiment que l’on arrive à donner notre pâte à ce morceau, mais malgré tout qu’il soit reconnaissable tout de suite !

L : Après oui, pour la composition pure, l’idée c’est de continuer, de se challenger parce que c’est toujours compliqué de composer, car il y a toujours ce que l’on veut raconter, ce que l’on veut faire ressortir, mettre en avant, et il faut arriver à faire un mix de tout ça. Mais là on a réussi à se mettre dans une bonne lancée sur cet album parce qu’il nous plonge dans une ambiance, il y a un côté très nuit. Il y a un côté aussi où l’on a l’impression d’être face à un miroir, de se regarder et de voir toutes ses angoisses, et c’est un retour en pleine tronche, mais quand il se termine, sans vouloir faire de spoilers, il ouvre sur autre chose, et on peut se demander avec un gros point d’interrogation. Et cette ouverture, c’est une liberté, de se dire que si l’on veut faire quelque chose derrière, on sait qu’on ne va pas refaire cet album là, mais on sait que ça peut nous donner une autre direction.

D : Un peu comme l’EP, ça termine sur un gros cliffhanger, comme la fin d’une saison, et on se demande “bon, la suite, c’est quoi ?”. On retrouve la même chose sur l’album lui-même, après la ballade.

Pourquoi avoir fait ce choix du storytelling, est-ce que ça vous permet de vous mettre à distance ? De ne pas vous mettre en avant ?

L : Ce n’est pas vraiment pour se cacher derrière, parce que l’on dit tout le temps que le personnage est un avatar de nous cinq, en fait.

D : Mad Dog, le personnage, c’est nous tous, c’est un mélange de nous cinq.

L : Un pot pourri de nous tous ! (rires)

D : Ohlala, ça doit être un de ces bordels ! (rires)

L : Ce n’est pas spécialement pour se cacher derrière lui, c’est juste qu’il nous représente bien, c’est un personnage sur lequel on peut s’attacher et ce n’est pas non plus pour nous mettre en avant nous, mais simplement pour dire “voilà ce que l’on est, ce que l’on ressent et que l’on veut exprimer. Attachez-vous à cela si vous voulez”. Ce n’est pas pour dire “c’est moi ! Toi là bas, si tu as aimé la chanson, viens me voir !”, non pas du tout, c’est vraiment histoire de dépersonnaliser. On n’est pas en avant sur la pochette, comme beaucoup de groupes le font.

D : Ouais, mais on est quand même dedans, hein ! (rires)

L : C’est un fil conducteur, en quelques sorte !

Justement, par rapport à la pochette, il y a la “Bête Noire” derrière, le personnage, et la lumière devant, et au-dessus, il y a votre nom. Donc, est-ce que vous pensez que votre musique peut aider, à faire partir toutes ces peurs, toutes ces bêtes noires pour aller vers la lumière ?

L : Alors, bonne question. Il y a un truc, si tu regardes le CD, c’est pas volontaire au début, c’est pas quelque chose qui est sorti du premier geste, c’est quelque chose d’inconscient. En fait, le phoenix, c’est l’idée du renouveau, de la vie. La Bête, c’est l’ombre, la mort. Et en fait, tu as ce combat là, l’équilibre des structures.

D : Le yin-yang !

L : Oui, en fait. Et c’est peut-être quelque chose qui permet d’équilibrer cette rencontre, cet affrontement, entre en haut ce que représente la lumière et la vie, et en bas la mort et l’ombre, de se dire qu’en fait, il y a un mec au milieu. Il essaie de se tenir debout au milieu.

D : Et il se retourne en se disant “Ohlala, tout cette ombre reportée derrière moi !” (rires)

L : Et voilà, il essaie d’avancer sur cette route, de rester debout, et de continuer vers la lumière qui est devant. Toujours du troisième sens ! (rires) Franchement, ça j’aime bien, c’est pour ça qu’on aime bien faire ce genre de choses, ça permet d’aller au-delà du “tiens, c’est cool, on a pris une belle photo, on l’aime bien, on va la choisir !”. On n’essaie pas forcément de plaquer un sens, mais justement ce genre de choses permet de laisser traîner des messages codés.

D : On a un côté très premier degré bien sûr, tu prends le clip, c’est des grosses bagnoles américaines, t’as un héros qui est plutôt anti-héros, t’as des belles pépés, on les retrouve aussi dans la pochette. Il y en a qui se disent que c’est très premier degré, cet espèce de mac avec les pussy riders qui ont volé la voiture de Mad Dog.

L : Mais ça sert au fond. C’est une forme qui sert au fond. C’est plus dans ce sens-là. On n’est pas ce genre de mecs qui se la raconte, qui se la joue, avec des grosses caisses, des nanas partout en bikini. C’est juste tout simplement la forme au service du fond. Et je trouve ça intéressant justement, quand tu bosses quelque chose d’artistique.

D : Mais il y a aussi le fait que ça colle avec le style ! C’est rock n’roll, il faut du rock, des filles, des voitures. Peut-être qu’on va s’en détacher encore une fois, je ne sais pas, on commence à se détacher de cet esprit “Grindhouse”, déjà entre le clip de “Fast As Lightning” et la lyrics vidéo un peu améliorée, on essaie un peu de se sortir de ce côté “Grindhouse”, même si on aime toujours bien évidemment ! Mais on verra la suite, après cet album. On va le laisser vivre, le défendre sur scène. Et j’espère sur un max de dates, dès que possible.

L : Et des cordes cassées ! (rires)

D : Oui, plein de cordes cassées ! Pas la voix, s’il te plaît, mais plein de cordes !

L : Les cordes vocales.

D : Non, de guitare !

Justement, sur scène, y a t-il des premières parties que vous visez ? Des groupes avec lesquels vous voudriez jouer ?

D : Oh oui, plein ! Ceux qui veulent, en fait. On aimerait surtout faire des premières parties de groupes ricains que l’on kiffe depuis des années, il faut parler franco ! Aussi bien des anciens qui sont toujours là que des nouveaux qui marchent. Tout simplement une pure rencontre, ça nous est arrivés, avec Black Stone Cherry à La Maroquinerie, c’était un truc tout à fait incroyable, surtout qu’à la base on n’était pas prévus sur cette date, on nous a appelé trois jours avant, un truc comme ça, cinq jours avant peut-être ! On a dit oui tout de suite ! On aurait vendu nos mères pour ça, c’était un rêve. Il y a plein de choses qui sont parties à partir de là, personne ne nous connaissait. On reste un jeune groupe, on a beau avoir de la bouteille, ça reste un jeune groupe et il faut défendre notre musique. Là, la première partie de Black Stone Cherry, on était inconnus, et le premier retour qui m’a vraiment fait le plus plaisir, c’est qu’un des mecs qui a fait le live report de Black Stone Cherry a écrit “avant que le chanteur interpelle la foule en français, on n’aurait jamais cru que c’était un groupe français” ! Il était persuadé qu’on était un groupe américain. Eh bah non ! Donc voilà, c’était déjà très gratifiant pour tout le travail qu’on avait accompli avant cette fameuse date. On a eu beaucoup de retombées grâce à cette première partie.

Pour en revenir à la remarque du journaliste en question, qu’est-ce qui, selon vous, vous distingue des autres groupes ? Qu’est-ce qui fait votre spécificité par rapport aux autres ?

D : Je pense que malgré les changements de line up, on arrive vraiment, surtout maintenant, à une vraie cohésion, aussi bien musicale qu’humaine, malgré les différences d’âge au sein du groupe, c’est épidermique, même si ça va paraître un peu bizarre. On se donne à 200%, on s’appelle les frérots, ce sont mes frères, et quitte à paraître bizarres ou nian-nian, on est vrais. Et on essaie de transmettre cette honnêteté, cette franchise, le plaisir que l’on a, autour de nous, quand on est sur scène, transmettre ça aux gens qui nous écoutent dans la fosse, ou même chez eux. Faire participer les gens, partager pour que tout ça soit une grande fête, et voilà parce que c’est le rock n’roll et qu’il faut vivre à fond. Je pense qu’il y a de ça.

Vos projets pour la suite ?

D : On travaille dessus, on est à fond ! Pour l’instant continuer, on est dessus. Comme plein de groupes bien sûr, on aimerait faire les festivals de l’année prochaine, faire une tournée d’abord dans l’hexagone peut-être d’abord, puis dans les pays limitrophes, Allemagne parce qu’on sait que ça marche beaucoup : on passe la frontière et là d’un coup ça prend une importance, même la Belgique, Luxembourg, bien évidemment. Après pourquoi pas essayer de s’exporter encore plus loin, avant même de pouvoir espérer pouvoir toucher le territoire américain, pourquoi pas la Chine, le Japon, continuer à fond, à fond, à fond !

Sur ces mots très rock’n’roll, notre webzine s’appelle justement “RockUrLife”, alors qu’est-ce qui rock votre life actuellement ?

Les deux : Oui, on connaît bien RockUrLife !

D : Du coup oui, notre passion !

L : Oui, pouvoir parler de ce que l’on fait, de ce que l’on aime.

D : Aujourd’hui ! Toutes ces interview, ça rock notre life, on pourrait faire ça tous les jours.

L : Oui c’est vrai, exactement !

Merci à vous.

Les deux : Merci à toi.

Site web : hellofaride.fr