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GRAVE PLEASURES (03/10/15)

English version

Changement de line up, nouveau nom et tout nouvel album “Dreamcrash” : il est plus qu’évident que Grave Pleasures renaît et que le groupe est plus que prêt à monter sur la scène de La Flèche d’Or, après un concert notoire au Hellfest cet été. C’est à cette occasion spéciale que RockUrLife a eu le plaisir de s’entretenir avec trois des membres du groupe, dont les deux maîtres à penser, Mat “Kvohst” McNerney (chant) et Linnéa Olsson (guitare).

Le nom du groupe fait penser au “Unknown Pleasures” de Joy Division, qui parfois se rapproche aussi de votre musique. Était-ce conscient de votre part ?

Mat “Kvohst” McNerney (chant) : Pas du tout. La référence à Joy Division était présente depuis le début. À vrai dire, je n’ai pas d’album de Joy Division et je n’écoute que quelques chansons que j’aime bien. Je pense que Joy Division, en tant que groupe, est une influence omnipotente, c’est comme quand tu es chanteur, tu mentirais si tu disais que tu n’étais pas influencé par Frank Sinatra, Elvis Presley, parce qu’ils ont touché à tellement de genres musicaux différents que maintenant on est toujours influencé par eux de manière inconsciente.

Uno Bruniusson (batterie) : Quand j’entends la référence, je ne m’y reconnais pas. J’aime bien Joy Division, mais je ne les entends pas dans notre musique. J’entends plutôt Alice Cooper. (rires)

Linnéa Olsson (guitare) : Le nom, on s’en est rendu compte après : “Oh, putain, “Unknown Pleasures”, bien sûr”.

M : “Pleasure” est un mot qui va tellement bien quand il est associé à de la musique sombre. Employer ce mot de cette façon-là embête les gens. Je trouve ça cool.

U : Peux-tu dire “happiness” en français ? (rires)

Joie !

M : Joie Division !

Exact, Joy Division en français est “la division de la joie”. Ce qui fait votre force et vous démarque est que vous venez tous de l’univers metal sans que Grave Pleasures n’appartienne réellement à cette scène, puisque vous êtes plus post punk et deathrock. Qu’en pensez-vous ?

U : Je pense que l’on continue toujours à écouter du metal. On écoute aussi du punk par exemple.

L : Je pense qu’on était d’accord avec le fait que cet album ne soit pas un album metal. On aurait bien pu en faire un si on le voulait, mais il y a quand même des éléments metal dans l’album.

M : Nous sommes un groupe de rock. Il y a plein de façons d’enfoncer un clou dans un trou. Que tu utilises une masse ou un petit marteau, tu vas quand même y mettre le clou au final. J’ai appris ça quand je peignais. Si tu utilises des couleurs différentes dans ce noir, tu obtiens une image plus juste du noir, ce qui veut dire que la tristesse et l’obscurité n’ont pas nécessairement besoin d’être construites à partir du noir. Quand je joue du black metal sur scène, je ressens la même magie que quand je joue avec ce groupe, mais on utilise simplement des outils différents pour arriver au même résultat.

L : On aurait pu faire l’album autrement, mais je pense que l’on voulait montrer l’obscurité d’une façon différente.

U : Nous sommes en tournée depuis trois semaines environ et chaque soir, le public est principalement metal.

Alors peut-on dire que les metalheads sont en train de découvrir le post punk grâce aux groupes comme Grave Pleasures ?

M : Oui, c’est une combinaison de ça, mais c’est aussi parce que nous vivons dans une époque où les personnes sont plus ouvertes. La scène musicale s’ouvre et la scène metal a tellement changé depuis les années 90, quand j’ai commencé à m’y intéresser. Aujourd’hui, même les gamins qui portent des patchs, on sait que leurs goûts sont beaucoup plus variés que dans les années 90.

Quel est la symbolique de la boite noire perdue dans le désert qui est sur la pochette de “Dreamcrash” ?

L : C’est une métaphore très poétique de quelque chose qui tourne mal. Et dans cette boîte, il y a toutes les raisons pour lesquelles ça s’est mal fini. Quand on faisait l’album, on parlait beaucoup de qui se passait dans notre vie personnelle, créative et subconsciente et notamment sur le concept de chute, d’échec à grande échelle, de catastrophe et sur ce qui en restait après. Matt a trouvé ces images de boîtes noires et elles étaient très chargées d’émotions. Ce sont simplement des boîtes, mais tu les regardes et elles te mettent mal à l’aise.

Comment est-ce que vous avez connu Jessica93 ?

L : On a des amis qui ont travaillé avec lui, son label et son agent. Là aussi, on aurait pu avoir un super groupe de metal sur la tournée, mais on a voulu essayer quelque chose de différent et c’est super ! On le connaissait déjà avant la tournée et c’est nous qui avons décidé de l’emmener avec nous sur la tournée car on aimait bien ce qu’il faisait.

M : On ne le connaissait pas en personne, mais il est une créature vraiment attachante.

Quel souvenir gardez-vous de votre passage au Hellfest ?

M : C’était une expérience très spéciale. On n’a pas tous les jours l’opportunité de jouer devant une telle quantité de personnes qui se montrent enthousiastes de nous voir. C’était une surprise d’aller sur scène et de voir tous ces personnes qui chantaient nos titres, qui avaient une réaction accueillante vis-à-vis des nouvelles chansons.

A propos de ce concert spécial avec King Dude en Allemagne. Comment cette idée de roaster a-t-elle vu le jour ?

M : Je pense que c’est Linnéa qui a eu l’idée. Elle a eu l’idée de faire un concert ensemble. Je connaissais le mec depuis longtemps, mais je ne l’avais jamais rencontré. On s’était envoyé des e-mails pendant longtemps et j’imagine que l’on avait parlé de l’idée de jouer ensemble, mais je pense que l’idée a vraiment vu le jour grâce à Linnéa.

L : Le groupe a passé beaucoup de temps à répéter avec nous à Berlin. Du coup, Berlin est un endroit spécial pour nous et c’est pour ça que l’on voulait faire un concert spécial là-bas.

M : Et ça a été une soirée magnifique, parce qu’on aurait dit que tout pouvait arriver. C’était aussi l’endroit parfait, dans un vieux théâtre. Et King Dude est un genre de personnage assez dynamique. L’avoir à nos côtés a donné une autre vision de ce que l’on fait.

Est-ce le type d’artiste avec lequel vous pourriez collaborer ?

M : Je ne sais pas parce qu’on vient de sortir cet album et le processus a été stimulant, alors j’ai hâte de faire le prochain.

U : Évidemment, je ne dis pas non, mais d’abord je voudrais faire plus de concerts avec lui !

L : Je pense qu’on a tous l’impression qu’on est en train de “s’échauffer”, donc explorer ce que l’on peut faire ensemble me semble bien. Et en plus, les collaborations doivent venir de manière super naturelle. S’il y a un bon ami dans le studio, peu importe si c’est King Dude ou si c’est mon putain de voisin, si ça marche, c’est que l’on doit le faire.

Comment était-ce d’avoir Nergal (Behemoth) dans le public ? On est plus habitué de le voir sur scène.

(rires)

M : Je l’ai plus souvent vu sur des photos en fait ! (rires)

U : J’ai déjà tourné avec lui et je l’ai probablement vu dans le public cinquante fois avant. Il nous apporte beaucoup de soutien et a vraiment les pieds sur terre. C’est un mec génial.

 

 

Est-ce difficile d’avoir trois nationalités différentes dans le groupe ?

U : C’est super drôle !

L : C’est vraiment drôle. En plus, l’équipe de la tournée vient aussi de différents pays et le groupe est composé de personnages si différents et c’est…

M : Personnellement je déteste ça ! Je me sens malheureux.

(rires)

C’est pour ça que tu habites en Finlande ? (rires)

M : Oh putain de merde, j’ai hâte de retourner en Grande-Bretagne ! (rires). Je plaisante, je rigole vraiment !

U : Sur cette tournée, on a deux Français, un Italien, un Anglais, deux Suédois et trois Finlandais. Ou deux Finlandais et un entre les deux.

Un entre les deux ? (rires)

M : Je pense que ça fait du bien prendre de la distance avec soi-même et de ressentir les choses à travers les yeux des autres. En tant qu’artiste, c’est la chose la plus inspirante d’être dans cette situation où tu réalises que non, le monde ne tourne pas autour de ta personne.

Est-ce que vous êtes, de près ou de loin, inspirés par les serial killers ? (ndlr : paroles de “Fear Your Mind”)

L : C’est une question très pertinente.

M : Je suis beaucoup plus intéressé par la réaction de la société vis-à-vis des ces personnes. J’ai commencé à me pencher là-dessus avec mon ancien groupe, je lisais ce genre de choses. Je pense que c’est vraiment flippant parce que plus tu lis à ce sujet, plus tu t’identifies à ces gens-là parce que tu les comprends en tant qu’humain. Je pense que c’est beaucoup plus intéressant de se pencher sur le contexte. Le chanson tourne plus autour de l’hystérie vis-à-vis des serial killers que les serial killers eux-mêmes. J’ai utilisé plusieurs noms parce que je ne me concentre pas sur un, mais sur la question de comment tu peux arriver à cet état. On est arrivé à un stade où il y a tellement de fusillades que les gens commencent à réaliser que ce n’est pas le problème d’une personne mais de ce qui se passe autour.

U : C’est très pertinent. L’autre jour, il y a eu une fusillade dans une école dans l’Oregon et on a vu sur un site que, quelques jours avant la fusillade, le tueur avait uploadé sur un site de torrent des documentaires et un album… “Dreamcrash”. On ne sait pas quoi faire de cette information.

Quelque chose de prévu avec Hexvessel (ndlr : autre projet de Mat) ?

M : Oui, on a un album prévu pour janvier.

Quels sont vos projets après cette grosse tournée ?

M : On a des projets de concerts, notamment une autre tournée en janvier et il devrait y avoir d’autres concerts entre les deux, peut être au Japon.

L : Et on sera de retour à Paris le 26 janvier !

Pour finir, notre webzine s’appelle “RockUrLife”, qu’est-ce qui rock votre life ?

(Ndlr : Un homme arrive pour leur dire que le diner est prêt)

U : La bouffe ! (rires)

M : Boire un “pastis” en France.

L : Boire des bières avec tes amis.

M : J’aime voyager. Cette vie en tournée est comme une relation amour/haine, mais je ne pourrais pas vivre sans !

U : La vie dé-chire !

Tous : Merci beaucoup !

Site web : gravepleasures.com