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GOJIRA (10/04/13)

A quelques heures du second Bataclan, RYL! s’est posé, l’espace d’un instant, avec Mario Duplantier, batteur de la formation ô combien appréciée, Gojira !

Salut Mario ! Comment vas-tu ?

Mario Duplantier (batterie) : Très bien merci !

Comment s’est passé la première date hier ?

M : C’était incroyable, vraiment l’accueil du public, génial ! On juge une date souvent à la façon dont laquelle se comporte le public; c’est ça qui nous fait dire si c’est une bonne date. Et hier, c’était incroyable, un public plein de générosité, la salle était pleine, pour nous c’était une belle réussite.

D’ailleurs, comment se passe cette tournée française ?

M : Très bien; on a fait des villes un petit peu désertique type La Souterraine; il y avait un petit peu de monde, mais pas trop, par contre Perpignan, Lyon, Toulouse, c’était la folie furieuse.

Une différence entre jouer à Paris et en province ?

M : Je dirais que, on a joué à La Souterraine, et je les ai trouvés plus exigeants qu’à Paris. A Paris il y a une sorte d’enthousiasme, parce que les gens sont dans la culture, voient plus souvent des concerts, il n’y a pas un rapport de gêne vis-à-vis du spectacle. On adore jouer à Paris, à chaque fois c’est une source de stress forcément parce qu’il y a tous nos partenaires, les médias, la presse : on est stressé comme jamais. Hier, c’était l’horreur de ce point de vue-là, mais c’est l’envie de bien faire. Il faut pas se louper à Paris, c’est ça qui est chiant et en même temps, c’est ce qui est génial, un accueil phénoménal.

Enfin de retour à Paris ! Après avoir joué au Stade De France avec Metallica. Quels souvenirs gardes-tu de cette soirée ?

M : Stade De France, c’est un lieu mythique, comme un rêve de gosse. Pour tous les musiciens français, jouer dans une enceinte comme le Stade De France, c’est monumental. Pour nous, jouer dans cette enceinte en plus d’ouvrir pour Metallica, c’était un honneur, une réussite.

Votre dernier album “L’Enfant Sauvage” a reçu de bien belles critiques de toute part. Qu’est-ce qui selon toi, rend si spéciale votre musique aux yeux de tous ?

M : Ça fait 17 ans que le groupe existe, je pense qu’on a une identité au jour d’aujourd’hui. On a acquis une maturité, on sait comment aller droit avec nos propres codes. Les gens savent maintenant qu’il y a une personnalité, derrière Gojira.

Du coup, un processus d’écriture chez Gojira, ça se passe comment ?

M : Normalement c’est dans notre local de répétition dans le sud-ouest de la France, là où on est bien, là où il y a du silence. C’est là qu’on répète et qu’on assemble nos idées. On prend le temps, on a besoin de ça pour composer. Il s’avère qu’on est tout le temps, tout le temps sur la route; on a fait 150 dates en un an, donc on a pas le choix que d’aménager un petit espace de 1m² dans le bus et de commencer à trouver des idées, moi je tape sur mes jambes, l’autre prend sa guitare, etc.

Vous avez enregistré le dernier album à New-York, des différences par rapport aux autres ?

M : Ouais c’était un peu différent, mais en même temps, une fois devant une batterie avec des micros, c’est ça qui compte. L’énergie vient du cœur tout simplement, après oui, le cadre change mais la composition de notre dernier album a été faite à la maison.

Avec votre signature chez Roadrunner Records et vos dates en compagnie de Metallica, votre notoriété à l’international a explosé. Aurais-tu imaginé cela à tes débuts ?

M : Non pas forcément. Moi j’avais le nez dans le guidon, j’ai commencé la batterie, je savais que c’était mon truc. Par contre, j’avais beaucoup d’ambition, c’est-à-dire que je me suis dit que ça serait ça ma vie. Je n’ai pas réfléchi une seule seconde, je me suis pas dit “attention, fais des études” : j’ai foncé tête baissée avec mon frère. C’est une expérience qui nous a emmené là où on est. C’est aussi ce côté un peu “tête brulée” qui nous a emmené là.

Quel accueil avez-vous eu avec le public nord-américain, aux US et au Canada ? Est-ce comparable à celui en Europe ?

M : Ca dépend, l’Europe c’est quand même différent. Il y a différents territoires, différentes cultures; il y a des ruptures entre les pays. La Norvège, les norvégiens ne se comportent pas comme les espagnols, les allemands ne se comportent pas comme les anglais. Ce qui fait que, par exemple en Scandinavie, pour nous ça cartonne, les gens ont un respect total pour Gojira. En Espagne, on est moins connu, en Angleterre, c’est encore une autre mentalité, en Allemagne, ils sont un peu plus réservés; donc si tu veux, l’Europe, tu te confrontes à plusieurs sortes de territoires et de gens. Les Etats-Unis c’est un pays, donc il y a un mode, un comportement là-bas qui est bien à eux. Ils ont une spontanéité désinhibée; l’accueil à chaque fois est impressionnant. Ils sont beaucoup plus expansifs que les européens. Pour nous, ça marche très bien aux Etats-Unis, on vient de rentrer d’une tournée headline, où il y avait entre 1000 et 1500 personnes à chaque concert, c’était fabuleux.

Si je te montre ceci, ce flyer doit te rappeler quelque chose…

M : Ouais, la tournée qui a été annulé cet été. On a beaucoup pensé à Randy (ndlr : Randy Blythe, frontman de Lamb Of God). On le sentait venir parce qu’il a eu ce procès un mois avant la tournée. On sentait que ça allait sans doute être annulé. Nous avons juste focalisé nos esprits, notre attention sur Randy, lui souhaitant tout le meilleur, parce qu’on savait qu’il était innocent. On connait ce mec là et c’est quelqu’un qu’on adore, qu’on respecte, c’est un grand sensible. C’est un accident, c’est très triste pour le gamin qui est décédé mais Randy est loin d’être un criminel; donc on savait qu’il allait être innocenté. Et puis, pour le tour, ce n’est pas grave, ça arrive.

 

Fin 2012, au cours d’une inteview, Max Cavalera nous disait être fan de vous. Il aimerait aussi collaborer avec vous, qu’en dis-tu ?

M : Et bien c’est déjà fait, enfin c’est en cours plutôt, car on a enregistré des morceaux, un EP pour Sea Shepherd, qui va sortir donc, et il a déjà posé ses voix.

Y a-t-il des groupes avec lesquels tu aimerais collaborer ou tourner ?

M : Deftones, Tool et Meshuggah.

Voilà qui est clair net et précis !
Vous allez faire votre grand retour au Hellfest cette année ! Que penses-tu de l’affiche 2013 ?

M : Je n’ai pas tout regardé, je ne peux pas dire, mais le Hellfest progresse d’année en année et ça devient incontournable et c’est super de jouer là-bas !

A la vue de votre parcours, quels conseils pourrais-tu donner aux jeunes formations françaises, qui sont en quête de notoriété ?

M : Je dirais de bosser dur, dur, dur, dur; il n’y a pas d’autres mots. Et puis, avant l’ambition, avant les Facebook, les Myspace, avant tout cela; bosser ses compositions et c’est les compositions le nerf de la guerre. Un groupe qui a de bonnes compos peut s’en sortir. Un groupe qui a de belles mèches et qui a des beaux tatouages, ça peut être très éphémère. Il faut faire des compositions qui soient puissantes.

Est-ce que tu penses que de jouer du metal ou du hard rock en France, comparé à d’autres pays en Europe, soit plus difficile afin de sortir du lot ?

M : Oui c’est plus dur, parce que la France n’a pas de culture rock comme les autres pays européens. On commence à voir la différence justement, c’est immense. Tu regardes les Victoires De La Musique en France, tu vois la section rock, c’est pas représenté. Alors que tu vas en Angleterre, aux Etats-Unis, tu vois là on est nominé pour un Golden Gods Metal, à Los Angeles, tout cela, c’est des choses qui n’existent pas en France. Donc, on est dans un autre schéma, la France c’est très respectable aussi mais c’est la musique traditionnelle, la chanson française et tout ça. Du coup, notre culture est vraiment à part, donc c’est plus dur par définition. Ceci dit avec l’essor d’internet et la mondialisation, je pense qu’on fait plus la différence; un groupe peut très bien sonner même s’il est français, suédois etc. La preuve, Hypno5e c’est un groupe qui sonne super bien et eux n’auront aucun souci pour jouer à l’étranger. Maintenant, faut juste se battre, faut y aller !

Y a-t-il des groupes français qui, selon toi, promettent de belles choses musicalement ?

M : Ah ouais, il y en a plein. Hypno5e, Betraying The Martyrs. Il y a beaucoup de groupes black metal, je ne connais pas forcément tous les noms; il y aussi Trepalium, Klone, Dagoba; il y en a plein des groupes qui ont le potentiel international. Hacride aussi.

La prochaine étape pour vous ? Vous bossez sur un nouvel album, d’avantage de tournées ?

M : Ouais, on va faire plus de tournées, on va repartir aux Etats-Unis vers les mois de novembre/décembre; on risque aussi de faire une tournée canadienne et on va aussi aller en Australie, Japon, Nouvelle-Zélande.

Peut-être dans le cadre du Soundwave ?

M : Peut-être le Soundwave, on ne sait pas encore. Mais en tout cas, on a beaucoup à faire encore, beaucoup de territoires à couvrir. Mais on est déjà en train d’avancer des riffs.

Un petit mot pour l’ensemble des fans parisiens et français ?

M : Merci beaucoup à tous, prenez soin de vous et à bientôt sur la route !

Finalement, nous sommes “RockYourLife!”, donc qu’est ce qui rocks ta life Mario ?

M : Qu’est ce qui rock ma life ? Aller sur scène et de faire du body board dans l’océan !

 

Site web : gojira-music.com