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GODSMACK (31/01/23)

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Godsmack sort un ultime album studio intitulé Lighting Up The Sky. RockUrLife est revenu avec le batteur Shannon Larkin sur cette décision et de ce moment si spécial pour la carrière du groupe.

Vous avez récemment déclaré que Lighting Up The Sky serait le dernier. Le saviez-vous avant d’entrer en studio ?

Shannon Larkin (batterie) : Oui, c’est notre dernier album. Nous le savions en entrant en studio. Nous en avions parlé et nous avons tous nos raisons pour lesquelles nous sommes en paix avec cette décision. Nous sommes tous dans la cinquantaine, c’est encore assez jeune. Nous avons ce disque que nous aimons. Nous allons le sortir et on va tout casser. Mais le hard rock, le punk rock, le heavy metal, c’est avant tout une question d’énergie, d’agressivité, de pisse et de vinaigre, si tu vois ce que je veux dire ? Je pense que nous avons assez de disques et assez de chansons pour jouer sur scène pour le reste de nos vies. Donc, nous n’avons pas l’intention d’arrêter de jouer, c’est un peu notre récompense. C’est ce qui fait que tout en vaut la peine. Donc, l’âge était une première raison évidente. Ensuite, chaque fois que nous parlons à nos fans après un concert, ils disent : “Pourquoi n’avez-vous pas joué “I Stand Alone” ou un autre morceau ?” Nous avons fait vingt chansons et nous n’avons pas de place pour tous nos succès. Imaginez la setlist que nous pouvons écrire après avoir été là pendant plus de vingt ans. Nous avons tourné pour chaque album et à chaque fois c’est un cycle et nous avons appris à connaître nos fans, et ce qu’ils aiment. Maintenant, notre focus n’est plus sur les disques, mais plutôt sur le fait de faire une compilation de tous les plus grands moments de nos concerts. Nous avons survécu à tous les hauts et bas de cette industrie et à être dans la machine, comme l’a dit Roger Waters. Maintenant, nous pouvons réellement sortir de la machine et continuer avec la meilleure des récompenses : jouer en live. C’est de cela qu’il s’agit. Certaines personnes aiment faire des disques, mais c’est là que la pression prend le dessus. Tout doit être parfait et cela n’a jamais été plaisant. Ce n’est pas la partie fun du rock n’roll. La création de l’album est fun, quand nous sommes tous les quatre dans la pièce et que ce riff arrive ou que cette mélodie vient et que tout d’un coup la magie opère. Mais une fois que c’est écrit, tout est question de pression. Nous sommes vieux et nous n’avons pas besoin de pression. Donc plus de disques, mais si The Rock nous appelait et dans deux ans et nous disait : “Hey, je fais Le Roi Scorpion 6, je voudrais que vous me fassiez un morceau“, nous irions direct en studio pour écrire la B.O. du Roi Scorpion 6. Donc nous ne disons pas que nous ne sortirons jamais une nouvelle chanson.


Cela doit être confortable d’arriver à un niveau où il est possible de se concentrer uniquement sur la partie qui vous plait et profiter pleinement du succès. Vous allez devoir faire de la place sur les setlists pour les nouveaux titres. Il y a d’excellents morceaux ici, comme l’entame “You And I”. Il y a cette ambiance très old school, on a l’impression que vous canalisez presque une sorte d’ambiance à la Black Sabbath ou Led Zeppelin avec cette intro progressive et la voix qui entre et tout ce qui suit. Qu’en penses-tu ?

Shannon : Oui, c’est absolument old school. J’ai l’impression que c’est quelque chose que nous n’avions pas vraiment fait auparavant en prolongeant la lead section pour que Tony puisse vraiment construire cette section principale. Il y a le drop dans le premier couplet qui tombe et le chant arrive. C’est un mouvement rock old school et cela marche tellement bien. Pour moi, cette chanson c’est surtout ce gros riff au début du morceau. Je pense que ce serait un bon titre pour démarrer un concert et remplir l’Aréna avec du gros son.


C’est l’ouverture parfaite pour lancer un concert. Tu as l’air de prendre du plaisir à jouer de la batterie sur “Soul On Fire”. On aime vraiment le rythme que tu y mets. C’est un son différent pour Godsmack et on a l’impression que vous avez pu composer ce genre de titres parce que vous ne ressentiez pas ou plus de pression, que vous étiez juste dans le plaisir du moment. Mais peut-être qu’on a tort.

Shannon : Non, tu as raison. Nous avions terminé neuf des dix chansons et nous étions déjà en train d’enregistrer en studio. Cependant, nous avions besoin d’une chanson de plus. Donc c’est toujours un peu à ce moment-là qu’on se dit qu’on va enregistrer les neuf morceaux qu’on a avant de se réunir pour écrire un titre de plus en espérant que cela va le faire. Quand je suis arrivé au studio, Tony et Sully étaient déjà là. Ils avaient déjà cette introduction de début ensemble. Et dès que je l’ai entendue, pour une raison quelconque, j’ai pensé à la chanson “Rock’N’Roll” de Led Zeppelin et à la façon dont John Bonham commence la chanson. Nous avons tous adoré et nous avons terminé le titre très rapidement pour l’enregistrer le soir même. Tout s’est fait comme par magie avec une énergie incroyable.

“Best Of Times” a quelque chose de particulier tant dans son rythme que dans sa mélancolie et son groove. Pourquoi ce morceau sonne différemment ? 

Shannon : C’est drôle que tu aies mentionné ces deux morceaux parce que ce sont les deux derniers morceaux que nous avons faits pour l’album. “Best Of Times” est la neuvième chanson à avoir été composée. Ce que nous essayons de faire, c’est écrire un album qui t’emmène dans un voyage de quarante-cinq minutes avec des vallées et des sommets et on reste avec toi tout le long du voyage. Sully est venu nous voir et nous a demandé une ambiance trippante et hypnotique. Tony et moi, qui avons écrit des centaines de chansons ensemble au fil des ans, avons passé en revue les compos trippantes et hypnotiques que nous pensions avoir et nous avons atterri sur cette chanson. Sully est rentré chez lui avec le morceau ce soir-là et il a eu une idée vocale qu’il aimait vraiment. C’est l’essentiel. S’il écoute une chanson que nous lui donnons et qu’il a une idée vocale, alors cette chanson va être sur le disque. Il est tellement prolifique. Il écrit tellement de chansons. C’est difficile pour nous d’avoir un titre sur l’album parce qu’il aura produit tellement de morceaux qui seront tous géniaux. Alors quand il m’a dit : “les gars, j’ai quelque chose et vous allez adorer cela“, nous étions juste heureux d’avoir une chanson sur l’album. C’est pour cela que cela sonne un peu différemment, c’est parce que ce n’est pas sa chanson.

C’est une belle histoire, d’autant plus que les paroles sont tellement émouvantes.

Shannon : C’est touchant, n’est-ce pas ? La plupart des groupes n’ont pas ce genre de longues carrières. Et quand cela arrive, alors c’est Joe Perry, Steven Tyler. Ils ne s’aiment plus vraiment. Nous avons de la chance. Nous nous aimons tous comme des frères. Donc, pour cette chanson, il a sorti tout le monde du studio sauf nous et on s’est assis devant la table de commandes. Il nous a donné les paroles de la chanson et a commencé à chanter pendant que nous lisions les paroles. Je suis batteur, je suis émotif, alors j’ai commencé à pleurer. J’ai eu les larmes aux yeux parce que les paroles sont comme une lettre d’amour de sa part. Il nous remercie d’avoir supporté toute sa folie, d’être un connard et d’être le meilleur gars de tous les temps. Ce sont les vallées et les sommets dont je te parlais. Cette chanson a fini par être spéciale pour nous quatre, parce que c’était notre leader intrépide qui nous remerciait et nous disait que nous avions eu de beaux moments et que d’autres seraient à venir.

© Kamal Asar


On espère que ce sera aussi une chanson spéciale pour vos fans. Vous avez également des morceaux qui sonnent déjà comme des classiques comme “Surrender” ou “What About Me”. Ces chansons sont intemporelles, vous auriez pu les faire au début du millénaire ou dix ans plus tard. La façon dont vous composez la chanson, la façon dont vous la produisez ainsi que le texte amène une approche directe et efficace.

Shannon : C’est un grand compliment et je te remercie. Je ressens la même chose. J’espère que tout le monde le ressentira. Nous avons notre propre studio d’enregistrement depuis longtemps, quinze ans probablement. Il est passé de Los Angeles à Boston à Nashville, de retour à Boston, et puis finalement pour celui-ci, notre dernier album, Sully a dit : “Je vais déménager en Floride et nous allons construire notre studio là-bas et faire cet album chez vous les gars“.  Et c’est exactement ce qui s’est passé. En fin de compte, sachant que c’était notre dernier disque et que nous avions environ 1 000 000 $ d’équipement de studio que nous avons acheté au cours des vingt dernières années, nous avons réalisé que nous n’en avions plus besoin. Une fois que l’album a été fait et que tout le monde était parti sauf le groupe, nous avons décidé tous les quatre de le démonter. Nous avons commencé à démonter tout le matériel. Nous avons littéralement désassemblé notre studio d’enregistrement et tout notre équipement et nous avons tout empilé. Nous avons réalisé à ce moment-là que c’était notre dernier album. C’était un moment très privé, très spécial.


La bonne nouvelle est que vous aurez plus de temps pour préparer la scénographie. Vous faites des show spectaculaires aux US, à quoi pouvons-nous nous attendre pour cette tournée ?

Shannon : Je ne sais pas. Nous avons beaucoup d’idées folles. Nous avons de nouvelles batteries et je ne peux pas vraiment parler de tout cela, mais ce sera excitant. Nous faisons toujours une mise en scène complexe avec un show aussi spectaculaire et divertissant que possible. Malheureusement, quand nous sommes venus en Europe, nous n’avons pas pu faire mieux qu’un tapis sous la batterie. Notre notoriété progresse au fil des ans pour devenir assez grande en Europe, mais pas encore assez pour pouvoir organiser nos concerts extravagants que nous faisons ici avec des vidéos, de la pyro, des lasers, des solos de batterie, des plates-formes mobiles, des écrans vidéo mobiles, tout cela.

Dernière question : nous somme RockUrLife, alors qu’est-ce qui rock ta vie, Shannon ?

Shannon : Qu’est-ce qui rock ma life ? C’est toujours la musique d’abord avec moi. La musique c’est ma vie. J’ai un groupe en parallèle depuis dix ans qui s’appelle le Apocalypse Blues Revival. Je compose tous mes morceaux, c’est trippant, psychédélique, c’est du blues rock. Cela rock ma life mais, à l’insu de la plupart des gens, j’ai des étangs de carpes koï et des étangs de tortues. Donc, chez moi ici en Floride, j’ai ces deux étangs de carpes koïs reliés à une rivière qui traverse toute ma cour. Trente-cinq mille gallons, vingt-six poissons koï qui sont de bonne taille J’ai ces poissons depuis six ans maintenant. Je connais chacun de leurs noms. Et puis mon étang à tortues est un étang à tortues de cinq mille gallons avec des cascades. J’ai beaucoup de races différentes de tortues du monde.

© Kamal Asar

Site web : godsmack.com

Marion Dupont
Engagée dans la lutte contre le changement climatique le jour, passionnée de Rock et de Metal le soir !