Interviews

FRANK CARTER AND THE RATTLESNAKES (30/01/17)

English version

Quelques semaines après la sortie de “Modern Ruin”, nous avions eu l’occasion de tailler le bout de gras avec l’inénarrable Frank Carter. L’occasion pour nous d’évoquer avec lui le succès probant de son dernier projet, ses goûts vestimentaires ainsi que le regard qu’il porte à sa carrière dans l’ensemble. Let’s go!

Pour commencer, nous aimerions savoir où trouves-tu tes incroyables costumes ?

Frank Carter : (rires) Je fais énormément de shopping. Mes deux derniers costumes venaient de chez Gucci et d’une marque qui s’appelle The Kooples. 

Nous nous étions déjà croisés lors de la sortie de “Blossom” et, que de succès tu as rencontré depuis ! Comment l’expliques-tu ? 

Frank : J’en ai aucune idée ! C’est un peu flou je dois dire. C’est génial, je pense simplement que les gens se sont bien connectés à nos chansons. Nous sommes très chanceux. Dans la musique, c’est un mélange précis entre un bon timing, un peu de chance, de bonnes chansons. Et nous avons la chance d’avoir de bonnes chansons ! Ensuite, le timing était bon et les gens sont montés à bord ! C’est passé bien plus vite que nous l’aurions imaginé. Mais ça part dans le bon sens !

Nous avons lu que “Modern Ruin” était prêt en janvier 2016, ce qui veut dire, moins de six mois après la sortie de “Blossom”, votre premier album. Pourquoi avoir enchainé si vite ?

Frank : Je ne sais pas vraiment, nous avions les chansons, nous avions la passion et l’enthousiasme et nous ressentions le besoin de bouger rapidement. C’était dans l’idée de montrer assez vite ce vers quoi nous nous dirigions. Nous ne voulons pas que les gens nous bloquent dans un seul type de son. Ces deux albums c’est un peu la première plateforme qui compose notre groupe. Ce sont les deux parties d’une seule et même plateforme. 

Sur “Blossom”, le public a semblé heureux de te retrouver jouant des chansons plus énervées mais “Modern Ruin” n’a pas confirmé cette tendance. Pourquoi cette évolution ? 

Frank : Comme je l’ai dit, nous avions besoin d’établir une plateforme suffisamment large pour accueillir toutes nos idées. Tu ne peux pas définir le son d’un groupe en seulement douze chansons. Il te faut plusieurs albums pour ça. Avec “Modern Ruin”, nous avons introduit beaucoup d’éléments. Beaucoup de ces choses s’emboitent parfaitement avec des éléments présents sur “Blossom” d’ailleurs, mais oui ils sonnent différemment. Nous sommes des musiciens, nous voulons faire la musique que nos envies nous dictent, nous voulons être libres de le faire comme ça. Et nous continuerons jusqu’à ce qu’on meurt. 

Ca veut donc dire que le troisième, et peut-être le quatrième, album est déjà écrit ? 

Frank : (rires) Non ! Nous allons prendre notre temps, je crois que nous l’avons mérité. Nous prendrons un peu de temps off et puis nous écrirons un nouvel album ensuite. C’est très excitant !

 

Est-ce que ça ne t’énerve pas d’entendre les gens parler de Gallows encore maintenant ? 

Frank : Oh non ! Ils parlent toujours de Gallows et ils en parleront toujours, tout comme de Pure Love. Ce sont des éléments qui font de moi la personne que je suis actuellement. Mais je pense que c’est juste du journalisme un peu fainéant. Je veux que les gens parlent de l’album que je viens de sortir car c’est extrêmement important pour moi. Si tu es défini par ce que tu as fait il y a dix ans, ça veut dire que les gens ont loupé le fait que tu as énormément changé en dix ans. 

Donc tu ne te dis jamais que c’est parce que ce que tu as fait il y a dix ans est mieux que ce que tu fais maintenant ? 

Frank : Aucune chance, je suis meilleur de dix ans ! 

Tu n’as donc pas le sentiment que tes fans ne gardent en mémoire que ce que tu as fait il y a dix ans ?

Frank : Non. Regarde, avec Gallows nous avions atteint la dix-neuvième place des charts. Avec The Rattlesnakes, “Blossom” m’a permis d’atteindre ma meilleure place dans les charts, c’est à dire la dix-huitième. Et avec “Modern Ruin” nous avons donc atteint le Top 10 !

Quel est le sens derrière “Modern Ruin” ?

Frank : C’est un album à propos de l’ensemble des relations humaines. C’est à propos de toutes les interactions que nous pouvons avoir avec nos amis, notre famille, les êtres aimés et même les étrangers et les ennemis. Cela représente le champ de ruines qu’est notre société actuelle. 

On ne dirait pourtant pas un album politique.

Frank : C’est normal, c’est parce que c’est un album humain.

Tu es très généreux avec tes fans. Même si tu es une sorte d’icône du rock désormais, est-ce toujours important pour toi de tisser ces liens avec les gens ? 

Frank : Oui, je suis seulement dans un groupe. Quand tu forme un groupe, tu veux que ta musique soit propagée tout autour du monde et que tout le monde l’écoute. Donc, quand ils commencent à l’écouter, tu dois les traiter avec respect car sans eux tu ne serais rien. C’est ce que j’essaie de faire, j’essaie de leur donner le plus possible, que ce soit du temps ou de l’énergie parce qu’ils le méritent ! Je me sens incroyablement reconnaissant de les avoir dans ma vie.

 

Quand nous nous étions rencontrés il y a deux ans, tu nous avais dit que l’honnêteté était toujours une bonne chose. Etre honnête est pourtant plus compliqué que jamais dans un monde qui te dicte sans cesse ce que tu dois être.

Frank : Le problème est que la stupidité est bien plus encouragée que l’honnêteté. C’est une situation difficile. J’aime à penser que j’ai été bien élevé, à accepter les gens peu importe leurs races, leurs sexes, leurs genres ou leurs religions. Parler avec mon coeur, c’est la meilleure chose que je puisse faire puisque j’aime à penser que je suis une bonne personne. Si tu es une mauvaise personne, je pense qu’il y a de grandes chances pour que tu ne sois pas une personne honnête non plus. 

Quand on écoute l’album, musicalement, il nous rappelle des groupes anglais pourtant pas si vieux.

Frank : Je ne sais pas, pour moi cela m’évoque juste Frank Carter And The Rattlesnakes ! Les gens veulent toujours associer ta musique parce que c’est plus simple pour eux de la comprendre par ce biais. Tu ne comprends pas notre son parce que nous sommes encore un jeune groupe, donc tu l’associes à des choses que tu connais car c’est plus confortable pour toi. Mais nous ne sommes pas un groupe confortable, nous sommes un groupe dangereux. Nous avons notre propre son et nous appartenons à notre propre monde. Dans dix ans, des nouveaux sortiront et tu viendras les voir en leur disant “Hey ! Vous sonnez comme The Rattlesnakes !” !

Ce n’était pas vraiment pour l’associer mais plus pour cerner vos influences.

Frank : Je suis influencé par toute la bonne musique que je peux écouter. Mais nous essayons d’écrire des choses originales. Ce sont de supers groupes, je suis heureux d’être cité à coté d’eux. Mais ce que je veux, c’est être reconnu pour ce que je suis. Quand nous sortons une chanson, je veux que ça sonne comme nous. Et c’est cette forme là que ça prendra dans le futur. 

Comment va ta fille ? 

Frank : Elle est géniale. Elle grandit si vite, elle apprend beaucoup, elle parle déjà deux langues ! Elle est vraiment géniale, c’est déjà une personne très spéciale. Elle me manque énormément. C’est la partie la plus difficile de la vie de musicien. Je ne vois pas ma fille autant que je le voudrais, je ne vois pas ma femme autant que je le voudrais et ce n’est pas une situation simple. Mais bon, c’est comme si j’avais signé pour ça ! Il faut que je l’accepte. 

Pour finir, notre site s’appelle “RockUrLife”, donc nous devons te demander qu’est ce qui rock ta life ? La dernière fois tu nous avais répondu ta fille.

Frank : Etre en tournée avec de supers groupes comme Biffy Clyro et avoir mon album dans le Top 10 des ventes ! Je suis vraiment heureux de vivre tout ça.

 

 

Site web : andtherattlesnakes.com

Nathan Le Solliec
LE MONDE OU RIEN