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EPICA (20/03/14)

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Avec la sortie de leur sixième album, “The Quantum Enigma” marque une nouvelle étape dans la carrière d’Epica. A l’occasion de sa sortie, Coen Janssen et Simone Simons nous en disent un peu plus.

Bonjour comment-vas-tu Coen ?

Coen Janssen (claviers) : Je vais bien, merci.

Votre nouvel album “The Quantum Enigma” est maintenant disponible, heureux du résultat ?

C : Je suis entièrement satisfait du résultat et le peu de retours qu’on a des fans est, pour le moment, très bon, les gens sont très enthousiastes. Nous sommes donc très fiers de produit fini.

Epica voulait gravir une marche supplémentaire musicalement, comment pourrons-nous le ressentir ? Nous les fans.

C : Tu pourras d’emblée le ressentir, nous avons adopté une toute autre approche durant la production et l’enregistrement. Nous avons travaillé avec une nouvelle équipe, donc le son pourra sonner différemment mais je pense qu’ainsi, il est plus moderne et plus attrayant.

Quelles furent les lignes directrices et l’état d’esprit dans lequel était le groupe ? Lorsque vous avez commencé à travailler sur cet album.

C : L’unique et principal élément qui nous tenait beaucoup à cœur était de travailler davantage encore en équipe. Généralement, on s’envoie des idées par mails, on bosse dessus chez nous et il est souvent rare de nous croiser durant l’enregistrement or cette fois-ci, nous avons travaillé sur les nouvelles compositions tous ensemble, en studio, durant des jams avant de les retravailler. Au final, le résultat est bien plus qualitatif.

Que penses-tu des groupes qui travaillent de A à Z, tous ensembles, comme nous le disait Tony Kakko dernièrement, à ceux qui restent à la maison, utilisant sans cesse les mails et autres systèmes ?

C : A vrai dire, c’est assez difficile de tous se retrouver car certains vivent aux Pays-Bas, Simone vit en Allemagne et Mark est la plupart du temps en Italie. On prend donc notre temps avant de tous se retrouver histoire de finaliser certains points et d’avoir l’avis de chacun bien sûr. C’est un processus bénéfique à l’album car les détails sont davantage travaillés et de plus, tout le monde est satisfait de la manière dont le processus s’est déroulé.

Vous avez changé de producteur pour cet album, comment Joost s’est-t-il retrouvé aux manettes ?

C : Premièrement nous connaissons Joost puisqu’il jouait au sein d’After Forever, puis c’est un collègue car il est également claviériste. Il n’est pas novice en la matière, il a produit Revamp et beaucoup d’autres groupes néerlandais et pas seulement des groupes de metal. Nous nous sommes rencontrés à l’occasion d’une émission de télé, qui se déroulait dans son studio, et le feeling et la vibe y étaient très bons. L’idée est alors venue d’éventuellement enregistrer et travailler avec Joost. Nous en avons beaucoup discuté avant de lancer quoique ce soit et tout s’est très bien passé.

Idem pour le mixage avec l’arrivée de Jacob Hansen aux commandes, pourquoi ce choix ?

C : Arrivé à l’étape du mixage, nous avons envoyé un de nos titres à plusieurs personnes dont certains aux Etats-Unis, de même qu’à Sascha et Joos. Nous avons choisi Jacob car il a effectué le mix qui nous convenait le plus et il a naturellement été engagé pour mixer l’intégralité de l’opus, nous en sommes aussi très contents, comme à toute étape citées précédemment.

L’album est très dense à l’écoute, quels seraient les trois morceaux qui, selon toi, définissent le mieux votre nouvel album ?

C : C’est difficile à dire car j’écoute l’album tous les jours, forcément quelques titres ont ma préférence. Je pense que “The Essence Of Silence”, d’un point de vue du texte, possède tous les éléments que l’on peut attendre d’Epica. Ce titres est très compact vis à vis des autres mais est très attrayante et possède un groove exceptionnel; chose que j’adore nous l’appelons même “le beat d’Europe de l’est”. Le refrain est très accrocheur, il y a beaucoup de chœurs aussi puis cette intro au piano, il s’y passe énormément de choses ! Ensuite, je pense que le titre éponyme est un morceau typique d’Epica, il résume parfaitement ce que nous faisons musicalement. “Natural Corruption” est également attirante même si tu es surpris au premier abord. De plus, l’interlude combiné au titre suivant est typique d’Epica, atmosphérique à souhait, symphonique, telle une bande originale sans oublier la musique metal qui t’explose en pleine figure.

Un mot à propos de “The Fifth Guardian – Interlude” ? Avec ces influences chinoises.

C : Tout le monde n’arrête pas de m’en parler (rires). Je ne pensais pas que cela serait aussi intéressant que ça, mais je suis plutôt ravi lorsque les gens m’en parlent. Isaac a composé “Chemical Insomnia” et la mélodie principale du refrain est dans la même tonalité, que nous avons au final transformé en intro. Lorsqu’il me l’a joué, je me rappelle avoir réagi de la même façon “ça sonne très chinois” très asiatique, j’ai donc décidé de m’inspirer de cet élément pour composer une énorme introduction à l’atmosphère asiatique. Le résultat est bluffant. On aurait pu mettre cette intro en ouverture mais nous ne sommes pas allés au bout de cette idée car cela aurait imprimé une atmosphère bien définie qui ne se trouve pas forcément dans le reste de l’album; cela n’aurait pas du tout eu de sens.

Parlons maintenant de “The Quantum Enigma – Kingdom Of Heaven II”, la première partie est sur “Design Your Universe” (2009) qui est également “A New Age Dawns, part V”. Premièrement, quel est ce délire avec toutes ces parties et sous-parties ? Puis, comment penser à une seconde partie à un titre, dont la première figure sur un album sorti cinq ans auparavant sans oublier qu’il y a un album entre ces deux ?

Simone Simons nous rejoint alors.

Simone Simons (chant) : Mark est celui qui compose/décompose les parties, les prequels, les sequels, les trilogies et que sais-je encore. Il aime faire référence à d’anciennes compos, faire le lien entre; de plus il est fasciné par la physique quantique et ce fut déjà le cas avec “Kingdom Of Heaven”, cet élément revient sur le nouvel album. “Quantum Enigma” possède quelques similitudes musicales. Epica s’inspire de thèmes récurrents d’album en album. Cet album apporte une touche plus spirituelle à cette science. Néanmoins les fans sont ravis d’apprendre qu’il y aura une troisième partie pour tel ou tel titre.

C : En effet, cela rend les choses plus intéressantes.

Vous avez cherché les instruments et le matériel idéal pour avoir LE son mais, comment allez-vous le reproduire sur scène ?

C : On verra. (rires)

S : Un bon ingénieur du son est un atout indéniable !

C : Tout comme la horde de fans, histoire de rien entendre.

S & C : (rires)

S : Nous allons devoir beaucoup répéter. Nous avons maintenant six albums à notre actif donc un dernier d’une durée de 74 minutes, bien qu’il ne soit pas joué dans son intégralité. Il faudra également choisir ceux des autres opus pour compléter la setlist pour la tournée à venir. Nous allons répéter et essayer d’envoyer bien plus encore que sur l’album… ce qui semble être impossible, mais nous essayerons. (rires)

Simone tu es récemment devenu mère, est-ce que cela as affecté ton chant/ta vision créatrice ? Etait-ce difficile de travailler avec un (ici une) membre ayant un enfant ?

C : A vrai dire, je suis également papa, donc je sais exactement ce que c’est d’être parent. Néanmoins, cela ne nous a pas vraiment dérangé, l’unique chose était qu’on ne pouvait partir en tournée, tout à fait logique soit disant passant. Nous avons donc pris notre temps, travaillant davantage et cela a porté ses fruits.

S : Donner naissance à un enfant est une étape très importante dans la vie d’une femme, seulement si l’envie y est. J’ai heureusement accouché dans d’excellentes conditions, sans aucun problème alors que j’étais effrayée. C’était très inspirant car tu sais et tu es faites pour donner la vie mais les gens ne racontent que de mauvaises histoires, lorsqu’il s’agit d’accouchement et je voulais partager ma positive expérience, c’était magnifique et j’en suis très fière. J’en ressors plus forte que jamais et j’ai perçu de nouvelles émotions, je peux d’ailleurs le sentir lorsque je chante et beaucoup me disent “tu ressembles vraiment à une maman, en raison de ton regard là”, c’est une nouvelle étape de ma vie. Bien évidemment, je me suis servi de ces nouvelles émotions, de force, de cet enrichissement, tout cela sera perceptible à travers l’album.

“The Quantum Enigma” en trois mots ?

S : Etonnant putain d’impressionnant !

S & C : (rires)

C : Pratiquement putain d’épique !

S : Dans ta face !

Autrement, qu’avez-vous écouté récemment ?

S : Les pleurs d’un bébé, les rôts d’un bébé et la digestion d’un bébé. (rires)

C : (rires) Des chansons destinées aux enfants. A vrai dire c’est assez marrant car lorsque tu débutes le process autour d’un nouvel album, je ne cherche pas spécialement à écouter d’autres musiques, car tu focus sans cesse sur ton travail. Lorsque je suis en voiture, je lance toujours le CD histoire de prévoir les choses ou de me faire de nouveaux avis comme “ah oui c’est vraiment cool là” ou “comment va-t-on jouer cela live ?”, beaucoup d’interrogations.

S : Il est tout de même parfois appréciable de faire une pause et de laisser tes oreilles souffler. J’adore la musique jazz par exemple, et j’en écoute souvent d’ailleurs mais j’en mets également pour mon fils, afin qu’il s’habitue à différentes sonorités et musiques. Son père l’emmène parfois et il lui joue de la musique, il adore ça ! La musique rythme nos vies et j’espère que nos enfants en feront de même.

Que pensez-vous de l’actuelle scène metal “à chanteuse” ?

C : C’est bien évidemment la meilleure au monde ! Dix ans auparavant, je me souviens de personnes définissant ce style comme “la scène gothique”. Within Temptation est toujours là, Nightwish et de nombreux autres groupes également. Lacuna Coil a sorti un nouvel opus, nous aussi, Delain également, cette scène est toujours aussi vivante.

S : Elle prend d’ailleurs de plus en plus d’ampleur.

Nous avions déjà posé la question à Anneke mais : pourquoi toutes ces formations sont originaires des Pays-Bas et pourquoi les frontwomen sont-elles toutes rousses ? (rires)

S : On me pose souvent cette question et je n’ai toujours pas su y répondre. (rires) Je ne saurais dire pourquoi. Anneke est magnifique, est une formidable chanteuse et bien que The Gathering avait un chanteur, ils ont littéralement changé de style à son arrivée et ont tout explosé. Ce style est devenu très populaire du coup et beaucoup ont lancé des projets musicaux en s’inspirant de cela. Ils ne se sont pas tous inspirés de The Gathering -“Mandylion” (1995) est l’un de mes albums préférés d’ailleurs. Je suis rousse en effet (rires) et je connais Anneke, nous sommes très amies et je lui ai dit une fois “tu es la Madonna du metal, à chaque nouvel album, tu changes de coupe” mais elle peut se le permettre, contrairement à moi, de plus c’est en quelque sorte ma marque de fabrique.

Et pour conclure, nous sommes “RockUrLife” donc qu’est ce qui rock votre life Simone et Coen ?

C : Et bien d’une part le groupe bien sûr et d’autre part ma famille. C’est tellement amusant d’être père et d’assister à tant de choses, c’est juste super.

S : Je répondrais de la même manière. Combiner la musique et la créativité que cela implique, toute l’envie investi aussi à la naissance d’un enfant, tu vis de nouvelles choses et tu appréhendes le monde de manière différente à présent. C’est amusant de communiquer avec ton enfant tout en ayant la responsabilité de l’élever convenablement pour qu’il devienne un bon citoyen et qui sait peut-être musicien. J’aime me projeter dans le futur et penser à ce qu’il nous offrira.

 

Site web : epica.nl