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DIAMOND HEAD (27/03/19)

English version

Diamond Head sortira son nouvel album le 24 mai prochain. L’occasion est donc parfaite pour en parler en compagnie du mythique Brian Tatler et de Karl Wilcox !

Bonjour messieurs, comment allez-vous ?

Brian Tatler (guitare) : Bien. A vrai dire, j’ai une petite douleur articulaire à ce pied. (rires)

Karl Wilcox (batterie) : Merci monsieur, tout va bien !

Votre nouvel album sort en mai et ce sera le second avec Rasmus au chant. Comparé à votre première collaboration, comment était-ce ?

Karl : Tu es davantage exposé à ses influences et ses idées. Tu en apprends également plus sur lui, en tant qu’être humain. De ce fait, la relation de travail qu’on a eu devenait plus personnelle encore. Le respect qu’a Rasmus envers Brian, le groupe et sa vibe, et celui qu’on éprouve à son égard, est je pense plus évident encore. Tout d’abord c’est le chanteur, deuxièmement c’est le producteur et troisièmement, c’est un humain comme nous. Cette association est tout simplement excellente. On l’a vu grandir et évoluer. De ses débuts en 2014, remplaçant Nick sur une tournée, jusqu’à son intégration définitive, “The Coffin Train” est la finalité de tout cela.

Brian : On souhaitait améliorer certaines choses depuis le précédent opus. Le rendu de la batterie par exemple et Ras’ a, davantage encore, saisi l’essence du groupe au fil des années. Il savait comment tirer le meilleur de chacun de nous, de s’inspirer des idées passées pour les retranscrire dans l’avenir : “L’album de 2016 est bon MAIS on pourrait faire mieux en faisait ci et ça etc.”

Le premier titre que vous avez dévoilé fut “Belly Of The Beast”. Pourquoi ce titre là en particulier et non un autre ?

Brian : En premier lieu car c’est un titre rapide. C’est aussi le premier titre de l’album. C’est une bonne manière d’introduire le reste et de présenter l’album aux fans. Il y a des titres plus lents, mid tempo, d’allures différentes tout au long du disque. Je pense que ça aurait été une erreur de dévoiler des titres pareils d’emblée. “Belly Of The Beast” était un choix évident au final.


Un mot sur “Serrated Love”. Bien que très heavy, elle reste plutôt calme et propose beaucoup de variations. Il y a également cette outro, avec les guitares acoustiques. Quelle est l’idée ayant mené à ce morceau et à cette fin ?

Brian : Tout est parti d’un riff que je jouais dans ma chambre. J’utilise un AxeFX et il y a une tonne d’effets dans ce machin. Il y avait cette sorte d’octaver et j’ai commencé là. J’en ai fait une petite démo et ensuite j’ai construit le titre autour de cette idée. Par la suite, j’ai transmis un CD à Ras’ avec tout plein de riffs et il m’en a fait un retour, sur chacun d’eux. L’une des choses qui revenait souvent c’est : “J’aime bien mais il n’y a pas de refrain”. (rires) Donc on travaillait davantage sur les refrains etc. On voulait associer ce titre à “The Coffin Train” et amener les guitares acoustiques également. Cela n’a pas très bien marché au final, nous avons donc dissocié les deux. La dynamique du morceau est vraiment intéressante. Je vis dynamique depuis toujours ! Je suis d’ailleurs plus partisan à retirer des parties que d’en rajouter davantage; lorsqu’un morceau est quasi terminé.

Quelle est la ligne directrice de cet album ? Car on fait presque face, musicalement, à un concept album. Il y a un véritable déroulé du premier au dernier morceau. D’ailleurs, il faut démarrer l’écoute dès le premier titre, arriver en plein milieu n’a aucun sens.

Brian : C’est intéressant d’avoir un avis pareil ! Nous n’avons pas fait cet album en pensant à un concept album, mais peut-être que côté lyrics, il pourrait y avoir du liant oui. Je ne m’en occupe pas des paroles, c’est Rasmus. Ceci dit, tu n’es pas la première personne à penser ainsi.

Karl : Ras’ est davantage connecté au monde, à l’actu. Je pense que c’est plus simple pour lui de poser des mots sur le papier et d’en faire quelque chose de réussi. C’est un parolier engagé et il s’exprime, tout simplement.

Brian : Il est très passionné et s’y emploie. Il voulait que ses paroles aient un sens, portent un message qu’un simple : “Tu es mon amour” et…

Karl : “Je suis de retour dans ma caisse, un pack de bière sous le coude” tu vois ce que je veux dire ?

Brian : (rires) Il s’est arraché pour rendre son propos puissant et profond.

Quels sont vos trois titres préférés et pourquoi ?

Brian : “The Coffin Train”, le titre éponyme est mon préféré. J’en suis très fier. Il est vraiment excellent. Je suis fan et adepte des dynamiques. C’est d’ailleurs la raison pour laquelle je suis tant fan de Led Zeppelin. Ce sont des maîtres en la matière. La manière qu’ils ont de monter et descendre en émotion et en intensité, de passer de l’acoustique à l’électrique qui crache tous les watt possibles. Aujourd’hui, peu de groupes en sont capables et c’est une réelle honte. “The Coffin Train” commence doucement, les guitares sont cleans, le pont monte progressivement et le refrain est énorme. Il mène d’ailleurs la suite du morceau, avant un léger redoux et termine en beauté. Tout est une question de dynamique.

Ensuite je dirais “The Messenger” car son refrain est d’une puissance. J’ai trouvé ce riff. En fait, j’ai vu ce groupe -je ne dirais pas qui- (rires) et j’ai vraiment apprécier un des riffs. Il me rappelait “Tobacco Road” de The Nashville Teens et je voulais faire un truc dans cette veine là. J’ai donc travaillé ce riff, dans cet esprit là, pour en faire un refrain et la voix de Rasmus sur ce passage est fantastique. Ce gros refrain là, il va bien marcher en live, j’en suis certain.

“The Sleeper” en trois. Encore une fois, ce titre est vraiment intéressant et présente de surprenantes variations. Ça démarre calmement, puis le titre se construit petit à petit… et la fin part à toute vitesse ! On a d’ailleurs fait une vidéo paroles pour ce titre. Elle est très réussie. Les fans vont kiffer. “Kiffer” (rires)

Karl : Je ne peux pas te répondre puisque je n’ai toujours pas écouté l’album ! Vu que je déménage actuellement, et que je vais m’installer en France, j’ai passé mon temps à éclater les murs et le sol. Cependant, durant les captations pour les différents clips, ces titres sonnaient vraiment bons. Il y a un peu de tout : du groove, des dynamiques, différentes signatures, différents tempi, des orchestrations. La production de Ras’ y joue pour beaucoup et beaucoup de ces choses n’étaient pas présentes sur l’album précédent.


Brian tu parles beaucoup de variations et de dynamique. Que recherches-tu lorsque tu composes un morceau ?

Brian : Tout d’abord, je cherche un riff. J’enregistre beaucoup de riffs. Je prends une cassette, je la remplie de riffs et j’y reviens quelques jours plus tard, avec un regard nouveau. Sur quinze riffs, je ne vais en garder que trois. Si ces riffs sont toujours aussi cools, au travers d’une écoute nouvelle, alors je vais commencer à penser au reste. J’ai grandi avec les riffs, avec Black Sabbath, Judas Priest, Led Zeppelin. Ce sont mes goûts personnels, et je ne peux les expliquer. Je ne cherche pas à deviner ce que les gens aiment et j’estime avoir de plutôt bons goûts musicaux. (rires)

Tu as déclaré dans une interview : “C’est ce qu’ils veulent entendre” durant vos concerts, au sujet de votre ancien répertoire. Quel est donc l’intérêt à faire de nouveaux albums ? L’envie ? L’opportunité ?

Brian : En effet, on joue pas mal de vieux titres en live pour les fans, et savons que cela leur plait. De plus, en festival, c’est ce qu’ils veulent entendre. Ce serait bizarre de ne jouer que des nouveautés. La curiosité et l’attente créées par le titre suivant, il pourrait être le meilleur titre que tu n’aies jamais composé. C’est cette étincelle créative que j’apprécie. Ce serait présomptueux de penser que ces albums sont faits et rangés au placard et ça te donnerait envie de faire un nouveau disque. Surtout si tu veux faire mieux encore ! Tu as envie de créer quelque chose qui va perdurer, encore plus si tu veux être aimé. C’est peut-être aussi simple que ça en fait. Ras’ voulait faire un autre album, mais je n’étais pas très confiant à l’époque. On est parti en répétition, avec toutes ces idées et au bout d’une semaine, on a senti qu’on pouvait faire quelque chose d’intéressant. Qu’on pouvait faire un nouvel album.

Karl : Le charme de jouer les classiques réside aussi, dans le fait, de les jouer dans endroits où nous ne sommes jamais allés. On a des fans qui nous disent qu’ils ont attendu quarante ans pour nous voir en concert ou ceux qui arrivent avec quinze vinyles sous les bras pour se les faire dédicacer. C’est plaisant de jouer les classiques à ces fans là. Puis il y a aussi tous les jeunes qui n’ont jamais eu l’occasion de nous voir jouer “Am I Evil?”. Ok ils ont vu Metallica le faire, mais on ne la joue pas de la même façon. Puis en ajoutant de nouvelles compositions, on espère que la sauce prenne et que cela invite les gens à découvrir nos disques les plus récents. Les classiques seront toujours là, surtout en festival. Ils sont faits pour ces occasions.

Comparé au précédent opus, la production est époustouflante ! Qu’avez-vous changé ? Nouveau studio ? Plus de budget ?

Karl : Tout.

Brian : Rasmus a tout produit. C’était compliqué de faire pareil auparavant. Il venait d’arriver et il ne pouvait pas prendre les commandes d’emblée. Avec le disque précédent, il a réalisé, que pour le prochain, qu’il devait s’impliquer davantage dans la production.

On a commencé par améliorer le son de la batterie. On a réservé un studio à Birmingham, pour celle-ci. Tout le reste a été fait au même studio que “Diamond Head” (2016) car l’endroit est génial et l’équipe sur place l’est également. Juste que la batterie était un peu…

Karl : Morte. Il n’y avait aucune réflexion du son. Il fallait donc l’améliorer et on a réservé un studio, pour trois jours, afin de faire les batteries. J’ai fini mes prises en deux jours et cela a laissé un peu de temps à Brian pour tester quelques sons pour les guitares.

En effet, la batterie sonne mieux, mais les guitares sont modernes, tout en restant heavy aussi.

Brian : Oui, c’est la production. Ras’ s’est vraiment donné durant le mixage. Il y a passé un mois. J’ai même reçu un appel de sa femme me disant : “S’il te plait viens l’aider, il est entrain de perdre la boule”. (rires)

T’attendais-tu à ce niveau de production ?

Brian : Non, pas vraiment. Je savais qu’il était perfectionniste mais je ne m’attendais pas du tout à ce résultat là. Et je dois avouer que ça dépasse largement mes attentes initiales.

La NWOBHM est plus proche de sa fin que de ses débuts. Que restera-t-il de cette période ? Est-ce la meilleure époque du rock n’roll ?

Karl : Wow. C’est certainement l’une des plus influentes. Je pense que tout ce qui est arrivé ensuite, a à un moment donné puisé quelque chose d’un groupe issu de la NWOBHM. Les gens débattent de Diamond Head, Iron Maiden, Saxon.

Brian : Def Leppard.

Karl : Même Girlschool. Le nombre de groupes entièrement féminin qu’elles ont influencé, c’est juste énorme ! Mais pour la NWOBHM… Personnellement je voulais juste faire comme UFO, Thin Lizzy et Deep Purple. Ce sont les journalistes qui sont arrivés avec ce nom et cette définition disons. J’essayais juste de reproduire ce que je voyais. Faire parti d’un groupe, faire de la musique et être sur scène. Lorsque tu vis cette époque-là, tu ne te poses pas la question de savoir si c’est l’une des périodes les plus influentes du rock n’roll.

Brian : Impossible de se projeter de cette manière. Ca fait quarante ans maintenant ! La plupart des groupes NWOBHM ont disparu, autour de 1985/86 sans même avoir essayé quoique ce soit. Certains ont survécu : Iron Maiden, Saxon, Def Leppard. Ensuite beaucoup ont lutté et certains sont retournés à leurs anciennes vies, à leurs boulots réguliers. J’ai toujours pensé que si tu ne prenais pas de suite une grande ampleur, tu devais remballer et rentrer chez toi. Je n’ai pas saisi qu’il était possible de faire carrière sans pour autant être un très grand groupe. Tu peux user des différents leviers que tu as à ta disposition, sur ton budget, et y arriver aussi. J’ai appris ça au fil du temps. Peut-être que cet aspect a également influencé certains groupes dans leur fonctionnement. Tu n’as pas à être le plus grand groupe du monde, tu peux user de différents stratagèmes et toujours y prendre un plaisir fou !

Et donc que restera-t-il de la NWOBHM une fois tous ces groupes à la retraite ?

Brian & Karl : Les albums.

Brian : Le rock va et bien, pareil pour la pop donc… Donc à part les albums, tu auras aussi les groupes qui diront : “J’avais pour habitude d’écouter Iron Maiden”.

Karl : Les chansons. Une chose très importante aussi, c’est d’avoir un peu hérité de l’époque punk. Cet état d’esprit de tout faire en DIY, comme les albums. On essayait de tout faire par nous-même, comme le riser de Cozy Powell. Nous étions les premiers groupes à essayer, d’imiter, de faire comme les grosses boites de production, les grosses mises en scène, mais tout de nous-même. Tu vas voir Judas Priest et tu comptes : “1, 2, 3,…, 9, 14 Marshall !”. Si on pouvait au moins avoir un full stack pour notre guitariste, ça serait déjà aussi bien que Judas Priest ! Puis les groupes de thrash ont fait pareils comme Overkill. On était, nous-mêmes, une inspiration pour eux, de tout faire en DIY. A l’époque, les maisons de disque balançaient des contrats à tout va.

Brian : Certains ont été signé mais chaque label ne signait qu’un groupe issu de la NWOBHM. Un seul, pas plus. Les quelques labels rock ont signé certains groupes et ça s’est arrêté là. Lorsque Iron Maiden a débuté, il avait ce logo, très basique, ils l’avaient sans doute fait eux-même. Mais à nouveau, cela montrait ce qu’ils allaient être par la suite. La grosse scène, le grand Eddie, les énormes lights. Tu ajustes tout en fonction du budget, et lorsque l’argent arrive, tu peux te permettre de faire des choses pareilles.

Et que pensez-vous de la scène actuelle ? Y a-t-il des groupes qui ont retenu votre attention et qui vous plaisent ?

Brian : Monster Truck ! Il y a aussi RavenEye. J’écoute pas mal de ces nouveaux groupes mais je cherche vraiment quelque chose d’original et de frais, au point même de m’en inspirer si je peux. Mais tel ou tel groupe sonne comme untel. Donc ça ne me convient pas tellement. Je suis dans le milieu depuis tellement longtemps qu’il est, aujourd’hui très compliqué d’être original.

Tu citais Led Zeppelin, au sujet des dynamiques notamment. Quel avis portes-tu sur Greta Van Fleet ?

Brian : Oh ok. Je trouve qu’il a une bonne voix. Je pense aussi qu’il y a une grosse hype autour d’eux. Il suffit de les laisser grandir et on verra ce que ça donne. Mais si tu les exposes d’emblée sur les couvertures de “Classic Rock Magazine” et que tu leurs files un Grammy, comme quoi ce sont les sauveurs et qu’ils ont sorti le meilleur album rock de l’année. C’est prématuré je dirais. Il pourrait céder sous la pression.

Le chanteur de Rival Sons est fantastique mais j’attends toujours LE titre qui me fera décoller. Un peu comme Robert Plant avec “Dazed And Confused”, sur le premier album.

De toute évidence, il te faut un bon chanteur, et le chanteur de GVF est un bon chanteur. De plus, il est plutôt beau gosse, donc ça aide aussi. Mais cette hype. Je n’ai jamais vu une telle hype autour d’un groupe, du niveau de Greta Van Fleet.

Nous sommes “RockUrLife” donc qu’est-ce qui rock Brian et Karl de Diamond Head ?

Brian : Okay. La musique ! La musique a été mon premier amour. J’écoute sans cesse des CD, des vinyles. J’aime aussi les bons films, les bouquins, l’art. Mais rien n’égal la musique. Ça m’obsède depuis mes douze ans. Acheter les CD et aller aux concerts. J’ai vu des centaines de groupes. Aujourd’hui ce n’est plus vraiment le cas, puisque mon ouïe n’est plus aussi bonne. Mais j’adore la musique, j’adore, j’adore j’adore !

Karl : Tout pareil, la musique ! Puis j’emménage en France là, à la campagne, après quatre ans à Vegas. (rires)

Parles-tu un peu le Français ?

Karl : Un Français de niveau scolaire. J’en apprends davantage là mais je dois aussi m’habituer au patois en Normandie. Lorsque j’achète une baguette, il me regarde d’un air étrange, et je dois pointer la baguette pour me faire comprendre. Mais ils ne comprennent toujours pas ! (rires) LA, CE QUI EST LA-BAS ! Est-ce que je m’exprime correctement ? Sans doute pas. (rires) Donc en ce moment, j’en profite et mon petite studio est presque prêt, je vais pouvoir écouter l’album dans les meilleures conditions possibles !

Cette dernière question est un peu cliché mais on est obligé de vous la poser… Are you evil? (rires)

Brian : Oh. (rires) Je ne pense pas ! C’est Sean qui avait écrit les paroles et il arrivait souvent avec “les paroles diaboliques les plus adaptées” pour ce riff. Puis ce riff devait indéniablement mené à un titre pareil. Donc non, je ne suis pas maléfique MAIS quelqu’un m’a déjà défini comme aussi malsain que de la confiture de fraise. (rires)

Karl : Wow ! (rires)

Site web : diamondheadofficial.com