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COSSE (07/10/22)

Interview avec les petits prodiges français du “postrocknoise”.

D’où vient le nom du groupe ?

Une Cosse, dans le jargon des électriciens, c’est un bout de métal qui permet de faire une connection électrique et en biologie, c’est une enveloppe protectrice qui permet la création de fruits, de graines etc.
C’est une bonne synthèse du groupe et de la musique en fait. C’est à la fois organique et électrique. Dans notre musique il y a des parties délicates et presque acoustiques qui viennent contraster avec des moments de tension, des sons saturés. C’était parfait pour illustrer cet aspect presque contradictoire de notre musique. Et puis, une Cosse cela protège de l’extérieur, c’est aussi un des aspects où on fait notre son sans trop se soucier de ce qui se fait autour.

Quelles sont les principales influences du quatuor ?

Cela dépend des moments, je dirais que pour l’album qui arrive, The Breeders pour leur capacité avec faire des morceaux super simples mais très profonds, avec une approche hyper cool, genre on a l’impression que certains morceaux ont été répétés trois fois avant d’être enregistrés et cela donne une fragilité et une pureté qui nous touche. Les Melvins pour la lourdeur et le son de drum. Black Country New Road, Psychotic Monks, Black Midi, Gilla Band, Tropical Fuck Storm, Horselords, Aua, Neighbours Burning Neighbours, Don Caballero, Earth. On arrête pas d’écouter des groupes en vrai. Mais je pense qu’on essaye surtout de déterminer notre son et en un sens de ne pas refaire ce que nos groupes préférés font déjà mieux que nous.

Comment vous êtes-vous retrouvés à jouer au Hellfest 2022 ?

C’est une longue histoire, mais en gros on s’est un peu fait arnaquer sur une plateforme qui était censée aider les groupes pendant le confinement en leur offrant la possibilité de faire des lives sessions et des tremplins. On s’est inscrit et on s’est retrouvé avec un engagement pendant un an. Bref, pour pallier à cela, on s’est inscrit dans tous les tremplins possibles. Et on a croisé la route d’un des programmateurs du Hellfest pendant l’un de ces tremplins. Il a eu un gros coup de cœur et nous a programmé. On a finalement perdu à ce tremplin, André Manoukian était dans le jury et il n’était pas fan de notre musique. On ne peut pas plaire à tout le monde. (rires)

Comment s’est passé le set ?

Bien ! Le public était super bienveillant, c’est vrai qu’on ne fait pas vraiment du metal et qu’on sortait un peu du lot même dans la façon dont on s’adresse aux gens. On était la bas pendant quelques jours et j’entendais pas mal de groupe en mode : “How are you doing motherfuckers ?!!! ” et genre c’est pas du tout notre style. Mais je crois que les gens étaient plutôt touchés par notre musique et ce qu’on donne sur scène. Cela reste un super souvenir pour nous en tout cas.

Pourquoi avoir choisi d’enregistrer particulièrement “Crazy Horse” en live session et pas forcément un autre morceau ?

“Crazy Horse” c’est l’un des premier morceaux qu’on ait jamais écrits. Il ouvrira l’album et je pense qu’on avait besoin de le sortir. C’est les prémices du projet et il est fondateur dans notre son. Donc c’était un morceau de cœur pour nous et on avait un peu envie d’annoncer l’album avec cette live session.


Vous êtes en pleine préparation de votre premier album : quel est votre processus d’écriture, de composition ?

C’est Nils qui compose les morceaux, après on les sculpte ensemble, on ajoute des détails, on retravaille les structures, les sons. C’est aussi là que la magie opère mais il faut qu’il y ait une certaine magie de base.
Pour cet album, il nous tenait à cœur de montrer les différentes facettes de Cosse. Que ce soit avec des morceaux longs, avec des parties très contrastées ou au contraire des morceaux très simples plus abordables mais profonds. On ne voulait pas s’enfermer dans une direction trop précise sur cet album pour garder une certaine liberté pour les prochains albums. Les gens ont tendance à s’attacher à un son. C’était important pour nous de montrer qu’il y a de multiples facettes dans notre musique et qu’ils doivent s’attendre à cela pour la suite.

Comment la rencontre avec Floyd Atema s’est déroulée ? Quel a été son impact sur l’écriture et l’enregistrement de votre album ?

On a rencontré Floyd quand on cherchait quelqu’un pour mixer le premier EP. C’est Alicia Breton Ferrer (Sweet Release Of Death, Neighbours Burning Neighbours) qui nous l’avait présenté à cette occasion. Pour l’histoire on a rencontré Alicia parce que Max et Théo de Lysistrata voulaient sortir un de ses albums sur leur label Grabuge Records.

On a tellement aimé comment Floyd avait mixé l’EP qu’on le voulait comme producteur sur l’album. On est donc parti s’enfermer deux semaines aux Pays Bas, dans son studio, perdu au milieu des champs. C’était très intense, Nils a fini malade comme un chien le dernier jour. On a toujours été jusqu’au bout des choses, à chercher le son de chacun des morceaux. Floyd est un super ingé son, il arrivait toujours avec des idées en plus, à mettre des micros dans des tuyaux d’aspirateurs, des casseroles, ou à nous sortir des caisse clair des années trente pleines de poussières avec un son de dingue. Au-delà de cela, il a su pousser la psychologie du groupe à certains endroits. Faire un album c’est pas juste jouer des notes et bien enregistrer, c’est capter une émotion, un instant et il avait les mots pour nous mettre dans un mood particulier, notamment pour l’enregistrement des voix. On était pas loin de la séance de psy mais pour sûr cela a créé quelque chose.

Quels sont vos projets pour l’année 2023 ?

Tourner ! Jouer cet album, le sortir, cela fait un moment qu’il est prêt en réalité. Et continuer de vivre notre meilleure vie. Composer des nouveaux morceaux, rencontrer d’autres groupes sur la route. On a envie de sortir de France un peu aussi et commencer à jouer en Europe.

Notre webzine s’appelle RockUrLife, qu’est ce qui rock votre life ?

C’est drôle, Alicia nous parlait de ce mode de vie genre “deliberate poverty” tu ne roules pas sur l’or mais tu fais ton art, et tu vis ta vis comme tu l’entends. En soit, en regardant autour de nous, le simple fait de vivre comme cela, ce n’est pas rien ! Et sinon on n’est pas vraiment rock destroy, on aime se faire des soirées Simpsons chill, et jouer à The Mind. On ne se drogue pas des masses. On est assez simple quoi.


Site web : facebook.com/cosseband

Laura Navarre
J'ai annoncé à mes parents à 16 ans que mon objectif professionnel était de produire la prochaine tournée de U2.