Interviews

CANCER BATS (20/04/15)

De retour dans nos contrées après plus de deux ans d’absence, Cancer Bats remet les pieds à Paris avec un dernier album plus mûr et plus abouti musicalement. L’occasion pour nous de rencontrer le chanteur le plus sympa de l’histoire du hardcore : Liam Cormier.

Salut Liam ! Heureux de revenir en France ?

Liam Cormier (chant) : Oui bien entendu ! On est toujours très heureux de jouer en France même si cette fois-ci nous sommes un peu tristes, car nous n’avons qu’une date, ici à Paris. On aimerait jouer dans beaucoup d’autres villes de France comme Lyon, Marseille, Bordeaux, Toulouse. On a déjà visité ces villes-là lors de nos tournées avec The Dillinger Escape Plan ou lors de notre tournée en tête d’affiche avec Vera Cruz. Je trouve dommage que les tournées ne passent souvent que par Paris. Lorsque l’on joue au Luxembourg, il y a beaucoup de Français qui viennent nous voir par exemple.

Vous avez donc prévu de revenir en tête d’affiche plus tard dans l’année ?

L : Oui ! J’ai envoyé beaucoup d’e-mails aujourd’hui, car dans toutes les interviews que j’ai pu faire, tout le monde nous a demandé si on avait prévu de revenir en France. Du coup, j’ai dit à nos bookeurs qu’on voulait revenir jouer plus de concerts en France car je dois pratiquer mon français !

 

 

Votre album “Searching For Zero” est sorti il y a maintenant six semaines, quels sont les premiers retours que vous avez pu avoir ?

L : Alors on a joué notre premier concert pour cet album dans notre ville, à Toronto. Evidemment c’était la guerre dans la fosse, les gens s’amusaient, donc c’était parfait. On a enchainé sur une petite tournée aux Etats-Unis, puis nous voilà en Europe. Les concerts en Europe sont parfaits. Il y a beaucoup de monde, le public chante nos nouvelles chansons. Tout le monde vient nous voir en nous disant “oh on adore le nouvel album !” du coup, c’est magnifique pour nous.

Dans ce que tu sembles dire, il y a comme une différence entre les Etats-Unis et l’Europe.

L : Oh oui ! (rires) Le plus grand concert que l’on a pu jouer aux Etats-Unis, c’était à New-York et c’était devant 130 personnes ! Et on est super fiers de dire «”wow c’est le plus grand concert que l’on ait joué en tête d’affiche aux Etats-Unis !” (rires) Alors, c’est cool, les gens viennent faire la fête et on est très contents. Mais quand on arrive en Europe, on joue devant trois-cent ou quatre-cent personnes tous les soirs. Je pense que c’est lié au fait qu’ici on accorde beaucoup d’importance aux groupes américains ou canadiens. Aux Etats-Unis, il y a beaucoup plus de groupes, donc tu n’as pas besoin d’aller chercher ailleurs. Si tu aimes le stoner, rien qu’à Boston il y a au moins dix groupes formidables de stoner, donc tu ne vas pas aller chercher en France ou au Canada des groupes de stoner. C’est pour ça que venir en Europe c’est mieux pour nous. Les gens cherchent des choses plus variées, ils sont moins sectaires sur les nationalités des groupes qu’ils écoutent. Les gens de Paris ne peuvent pas se permettre de n’écouter que des groupes de hardcore parisien, puisqu’il n’y en a pas suffisamment pour aller en concert tous les soirs.

 

 

Par hasard, tu nous parles de stoner parce que Cancer Bats devient petit à petit un groupe de stoner, non ?

L : Aaaaaaaaah (rires) je reconnais que c’est un peu ça ! Le dernier album est un peu plus stoner que les autres. C’est sûrement parce qu’on est un peu plus vieux. Quand tu arrives dans la trentaine, tu regardes le stoner d’un autre oeil. Quand tu écoutes Clutch à vingt ans, tu vas trouver ça cool puis tu vas passer. Mais quand tu écoutes Clutch à trente ans, là tu vas vraiment prendre ton pied !

Est-ce que c’est le fait d’avoir joué beaucoup de concert avec Bat Sabbath (ndlr : Cancer Bats qui devient un groupe de reprises de Black Sabbath) qui vous a rendu un peu plus stoner ?

L : Alors on adore reprendre du Black Sabbath, mais on ne le mélange pas à Cancer Bats. Pour nous ça reste juste du fun et des occasions particulières. Si on le faisait tout le temps, les gens s’ennuieraient et ne s’intéresseraient pas à nous. On deviendrait un groupe de reprise de Black Sabbath parmi des milliers d’autres. Pourtant, partout où on va, tout le monde aimerait nous voir en Bat Sabbath du coup je ne sais pas trop comment le prendre ! C’est un peu comme notre reprise de “Sabotage” (des Beastie Boys) que l’on joue chaque soir et c’est tout le temps la guerre ! On reprend ces groupes là car on adore Black Sabbath et Beastie Boys. C’est la seule raison et du coup, on est enchantés quand les gens prennent autant de plaisir que nous.

 

 

Qu’est ce qui vous a poussé, selon toi, à devenir un peu plus stoner ?

L : Le simple fait de devenir des musiciens ayant plus confiances en eux-mêmes et en leurs fans je pense. Sur chaque album nous avons essayé de repoussé les frontières de notre musique, il y a avait déjà des parties très stoner sur “Dead Set On Living” et c’est juste la continuité. Il y a aussi que l’on a observé les chansons de notre répertoire qui étaient le plus demandées par nos fans. Des chansons comme “Hail Destroyer” par exemple. On adore les chansons typées punk rock, mais aujourd’hui nous prenons vraiment du plaisir à être un peu plus stoner, à créer des parties de chant plus mélodiques par exemple. Lorsque nous avons joué “Drunken Physics” (présente sur “DSOAL”) sur scène et que les gens ont adoré et donc, ça nous a vraiment poussé à continuer d’expérimenter dans cette voie. Il y a aussi que nous sommes devenus de meilleurs musiciens ! Tout le monde pense que le stoner est facile à jouer car c’est plus lent alors que c’est l’exact inverse. Je pense que c’est plus simple de jouer vite et fort car lorsque l’on joue plus lentement, on doit réfléchir à chaque son de batterie, à chaque note de guitare… Et nous n’étions pas d’assez bons songwritters avant pour mener ces expérimentations à bien. C’est pour ça que ce sont généralement des mecs plus vieux qui jouent dans les groupes de stoner ! (rires) On commence à peine à savoir jouer de nos instruments. C’est comme les joueurs de blues. Il faut être un maître de ton instrument pour jouer du blues, pour rendre ça beau et complet. Je n’étais pas assez confiant en moi avant pour chanter une chanson comme “Beelzebub” par exemple. On adore cette chanson et on la joue chaque soir ! Et c’est d’autant mieux que je peux dire que nous n’aurions pas pu écrire cette chanson avant. Je me mets vraiment à nu dans ma manière de chanter et dans les paroles de cette chanson. Cela me rend très vulnérable mais extrêmement confiant en moi-même aussi, c’est génial comme ressenti.

Donc vous êtes les prochains Queens Of The Stone Age…

L : Aaaaah non ! (rires) Remarque j’adorerai ! Si j’avais l’opportunité de jouer devant des centaines de milliers de personne en festival, je le ferai ! Mais, je vais te laisser nous arranger ça et tu me préviens quand c’est bon !

 

 

Toute bonne chose a une fin, qu’est ce qui rock ta life en ce moment ?

L : Et bien je dois dire que c’est l’interview que j’ai pu faire aujourd’hui durant laquelle j’ai le plus parlé français. Ca tient du fait que j’avais pas l’impression de faire une interview, mais plus une conversation entre potes donc, merci pour ce moment super cool ! Sinon, rendez-vous dans la fosse pour bouger et pour que ce soit la guerre !

 

 

Site web : cancerbats.com

Nathan Le Solliec
LE MONDE OU RIEN