Interviews

BLEEKER (24/03/17)

English version

Juste avant le premier concert de Bleeker à Paris, nous avons rencontré Mike Van Dyk, le sympathique bassiste du groupe à la salle des Etoiles. Il nous a parlé de l’enregistrement de “Erase You”, le premier album des Canadiens, de ses influences, de cette première fois à Paris, de boîte de céréales, de baignoire et de homard. Oui, tout se tient.

Ce soir, c’est votre premier show à Paris. Vous êtes impatients ? Un peu anxieux ?

Mike Van Dyk (basse) : Très très impatients. Pas vraiment anxieux ou nerveux, non. On n’est jamais très nerveux avant nos concerts. On est vraiment impatient. On ne sait pas trop à quoi s’attendre. On m’a dit qu’on avait vendu pas mal de tickets et qu’il y aurait beaucoup de gens de l’industrie, des amis d’Olivier (ndlr : leur attaché de presse), des rédacteurs en chef et des gens de Live Nation donc ça va être une sorte de showcase mais oui, j’ai hâte. Ce genre de concerts sont généralement ceux où on s’amuse le plus. On a un peu la pression. (rires)

Vous êtes maintenant connus en Europe, c’est un peu une surprise pour vous.

Mike : Oui, c’est très surprenant pour nous. De faire tous ces plateaux télé, toutes ces interviews comme celle-ci. C’est comme si on était plus aimés ici qu’à la maison. (rires)

Contrairement à Taylor et Cole, tu n’as pas commencé quand tu étais ado ?

Mike : Non, j’ai d’abord commencé à jouer de la guitare et je les ai rejoints ensuite. Je faisais partie d’autres groupes quand j’étais au lycée, au moment où Taylor et Cole ont commencé. Je les ai rejoints fin 2009. Ils avaient besoin d’un bassiste, ça marchait pas avec le leur donc je leur ai dit “bien sûr”. J’adore ces mecs, je les connais depuis toujours alors pourquoi pas ! (rires)

Comment votre musique a-t-elle évoluée depuis que Dan et Dustin ont quitté le groupe ? (ndlr : Dave et Dustin Steinke étaient les autres membres de Bleeker Ridge)

Mike : Ils ont tous les deux travaillé sur cet album. On a mûri en tant que personnes donc ça a influencé ce léger changement musical. On n’essayait pas d’écrire des chansons formatées, un certain genre de chansons rock. C’était bien plus amusant pour nous parce qu’on faisait vraiment ce qui nous semblait bien et pour moi, en musique il faut laisser couler afin de pouvoir vraiment s’exprimer. Donc on a ces chansons très rock, directes, à la Queen, ces riffs à la AC/DC et puis des chansons plus douces comme “We’re Not Laughing Now”. J’aime aussi “Everytime You Call” parce que c’est du rock couillu mais au milieu du pont, c’est très doux avec le piano et après on a en quelque sorte construit là-dessus. J’ai l’impression que cet album est plus naturel en fait.

Comment s’est passé l’enregistrement de l’album ?

Mike : C’était très décontracté. On l’a enregistré chez James Michael (ndlr : chanteur de Sixx:A.M. et producteur) à Los Angeles. Il a un plus petit studio qu’il a aménagé à côté de sa maison, c’est très tranquille. C’était cool parce qu’on a fait ça chansons par chansons, c’est plus sympa de cette manière plutôt que d’enregistrer la batterie pour vingt morceaux, et après la basse pour ces mêmes morceaux où tu perds un peu ta façon d’appréhender les chansons donc c’est vraiment bien qu’on ait travaillé d’arrache-pied sur chaque morceau. C’était très décontracté, très amusant. On a fait à peu près dix-huit morceaux en vingt-six jours.

Qui est James Michael d’ailleurs ?

Mike : C’est le chanteur de Sixx:A.M., le groupe avec Nikki Sixx et DJ Ashba. Et Dustin (ndlr : Dustin Steinke, un ancien membre de Bleeker Ridge) joue pour eux depuis un de leurs concerts à Tokyo. James est super, il a travaillé avec Papa Roach, il fait pas mal de trucs pour Mötley Crüe. C’est vraiment un amour, un mec très sympa, très talentueux. C’était intéressant de les voir travailler ensemble avec Taylor parce que James est aussi chanteur. C’était vraiment facile pour tous les deux.

De quoi parle vraiment l’album ?  

Mike : Wow. C’est plus une question pour Tay. Taylor écrit la majorité des paroles.

Toutes les chansons semblent connectées.

Mike : Oui, c’est vrai. C’est vraiment à propos du fait de ne pas hésiter, de changer, de passer à autre chose, de s’exprimer, de s’amuser et de pas vraiment se retenir. (rires)

Pourquoi avez-vous choisi d’intituler votre album “Erase You” ? Qui essayiez-vous d’effacer ?

Mike : Je ne sais pas, je pense pas que c’était quelque chose en particulier. C’était le nom d’un des morceaux. Je pense que c’est un peu en rapport avec le fait qu’on changeait le son du groupe, qu’on s’exprimait vraiment, qu’on ne s’enfermait pas dans une case, on sortait vraiment de cet état d’esprit “vous devez sonner de cette façon”. On travaillait avec de nouvelles personnes et avec un nouveau label.

Parce que sur l’artwork de la pochette, il y a un visage qui est effacé comme si c’était celui de quelqu’un dont vous ne vouliez plus dans votre vie.

Mike : (rires) Oui, oui, mais c’était vraiment pas en rapport avec des relations amoureuses.

Ah bon ? Parce que l’album parle beaucoup de filles.

Mike : (rires) J’imagine, des relations amoureuses très anciennes alors.

Donc Taylor écrit les paroles.

Mike : Taylor écrit la majorité des paroles, oui. On lui laisse gérer ça. Je crois que Cole a écrit celles de “Emergency”, celle-ci est… (rires) Je devrais la réécouter pour voir de quoi elle parle.

Quelle est ta chanson préférée de l’album ?

Mike : Je dirais, “Where’s Your Money?”. “I’m Not Laughing Now” est aussi une très bonne chanson, une très bonne chanson pop. J’aime beaucoup “Everytime You Call”, la dernière du disque, à cause de la façon dont la voix de Taylor arrive et se mixe à la guitare et ce “ta da da da da” (ndlr : il imite le son). Et puis à la fin du morceau, ça monte en puissance, en crescendo, et tout devient de plus en plus gros jusqu’à atteindre l’apogée.

Est-ce que les chansons que tu adores sur l’album sont les mêmes que tu aimes jouer en concert ?

Mike : C’est un peu différent. On vient à peine de commencer à jouer “I’m Not Laughing Now” en live. Elle est un peu plus dure à jouer, c’est compliqué de l’interpréter comme sa version studio car il y a des notes de piano et aucun d’entre nous ne peut en jouer en live. Donc on la fait de la même façon en acoustique, sans batterie. Je m’occupe de la basse et après c’est à Taylor et Cole de jouer. C’est assez spécial. En dernier, on joue “Where’s Your Money?” parce qu’elle a ce côté hymne de stade assez sympa.

 

 

Le batteur Chris Dimas vous a rejoints. Il était présent à OÜI FM lorsque vous avez joué en acoustique. Quand vous a-t-il rejoints ?

Mike : Je crois que c’était en janvier. On avait besoin d’un batteur et ça s’est fait par bouche-à-oreille. Notre amie Rose, de Toronto, qui est la manager du label a posté sur Facebook : “Hey, on cherche un batteur”. Un(e) de ses amis connait Chris de Regina, à Saskatchewan, un endroit au milieu du Canada. On tournait notre clip pour “Highway” à Los Angeles et il était aussi là-bas donc on s’est rencontré autour d’un dîner et on lui a demandé s’il voulait être dans notre clip. Juste après, on a commencé la tournée et ça s’est super bien passé.

Donc il n’a pas participé à l’enregistrement de l’album ?

Mike : Non, il n’était pas sur le disque.

Mais il va rester dans le groupe et il sera là pour le prochain album par contre ?

Mike : Ah oui, c’est vraiment un batteur talentueux et en fait, il fait pas mal d’enregistrements. Il y a toujours des groupes dans son studio chez lui.

Certaines chansons comme “Close My Eyes” sont un peu mélancoliques. C’est un peu surprenant car toutes les chansons sont joyeuses, énergiques et catchy. Comment expliques-tu cette mélancolie ?

Mike : Ça c’est plus une question pour Tay parce que c’est lui qui écrit les paroles.

Est-ce que c’est quelque chose que vous avez découvert après avoir enregistré les chansons ou était-ce une volonté dès le début ?

Mike : Sur cette chanson en particulier, je dirais que c’est quelque chose que j’ai certainement découvert après l’enregistrement. Je ne sais pas comment répondre à cette question. (rires)

Est-ce que ça correspond à vos personnalités ? Quelque chose que vous vouliez tous sur le disque ou que Taylor voulait ?

Mike : Oui, c’est sûr que c’est bien d’avoir ce genre de sentiment à un moment dans un disque. 

On a lu que Taylor et Cole ont commencé alors qu’ils étaient adolescents en faisant des reprises de Jimi Hendrix. Je suppose que tu es fan aussi ?

Mike : Oh oui, on est tous de gros fans d’Hendrix. Je parie que quand Taylor a commencé à chanter et à jouer de la guitare et qu’il apprenait à faire ce chant très sauvage, il devait faire des reprises de “Red House” avec ce son blues d’Hendrix. Il était très fan de “Castle Made Of Sand”; ça fait longtemps que je ne l’ai pas écouté la chanter mais… (rires)

Pour l’album, vous avez choisi de faire une reprise de “Radio, Radio” d’Elvis Costello. Qui en a eu l’idée ?

Mike : En fait, c’est le patron du label qui nous l’a suggéré. Pendant des années, on n’a pas vraiment fait de reprises. Alors que quand on a débuté, on en faisait plein. Mais celle-ci, on l’a faite après avoir enregistré l’album. Personne n’avait vraiment eu l’occasion de se plonger dans du Elvis Costello. Personnellement, je suis tombé instantanément amoureux de cette chanson; elle est plein d’énergie, joyeuse et positive. Et j’ai trouvé ça assez ironique que le mec du label veuille qu’on reprenne “Radio Radio” parce que c’est un peu “va te faire foutre toi-même”. (rires)

Après ça, as-tu plus écouté Elvis Costello ?

Mike : Oui, ses premiers quatre ou cinq albums, je suis très fan, évidemment. Tu viens de me le rappeler, je vais l’écouter sur Spotify jusqu’à la fin de la journée. (rires)

Quels autres groupes ont influencé l’album ?

Mike : Beaucoup de projets de Chris Cornell : Audioslave… AC/DC. Ce genre de trucs avec de bons riffs de guitare. Un peu de Beatles, on en est tous très fans. Quand on écrivait la musique, Taylor s’est vraiment plongé dans des compositions de Paul et de John. Ils ont été de grosses influences.

Parce que, beaucoup de chroniques d’album vous comparent à The Black Keys, Royal Blood, The Rolling Stones, Jet. Donc est-ce que le rock n’roll sera toujours à propos de regarder en arrière, dans le passé ?

Mike : Je pense qu’avec n’importe quel style de musique, c’est une manière simple d’expliquer comment la musique d’un groupe sonne. Je fais ça tout le temps et je pense que la plupart des musiciens se disent : “oh ça sonne comme un riff de Black Sabbath” ou “ça sonne comme Royal Blood”. Le rock n’roll était génial avant mais je pense que c’est aussi plutôt sympa maintenant. Il y a tellement de bons groupes : Kings Of Leon par exemple.

On avait l’impression que The Black Keys était l’une des influences principales de l’album. C’est vrai ?

Mike : Je pense que ce style l’a été, c’est clair.

Parce que “Highway” fait penser à eux.

Mike : Oui, ça a le même genre d’ambiance.

 

 

On a lu que sur “I’m Not Laughing Now”, vous avez utilisé des sons de boîte de céréales et de baignoire ?

Mike : Oui ! (rires) Le titre de départ était en fait “Cereal Box”. Taylor passe beaucoup de temps dans sa baignoire (rires) et il était en fait dans sa baignoire quand cette mélodie lui est venue. Ça avait un bon style donc c’est devenu une sorte de batterie. Et il était probablement en train de manger des Cheerios dans sa baignoire, il avait la boîte donc il a enregistré une demo rapide avec ça dans une baignoire vide. Il était genre : “quel son de batterie de fou!”. Et ils avaient ce vieux piano dans la chambre donc il a enregistré ces simples notes de piano. En fait, on a enregistré ces sons et on les a utilisés sur l’album.

Donc vous allez les utiliser ce soir ?

Mike : Non, pas en live ce soir. (rires) On va les incorporer, on a utilisé quelques échantillons, c’était assez cool à l’oreille.

Tu penses que vivre au Canada a influencé votre musique ?

Mike : Je pense, oui. Des morceaux comme “Free” et “Erase You”, qui parlent de se libérer, de faire les choses différemment. On vient d’une petite ville de 35 000 habitants (ndlr : Orillia, Ontario). C’est une ville charmante, il se passe pas mal de choses mais on se disait : il faut sortir, faire quelque chose, s’amuser, rencontrer des gens, ce genre de trucs fun. Maintenant qu’on est allé dans d’autres endroits et d’autres villes au Canada et aux Etats-Unis, qu’on a vu tous ces endroits incroyables comme Paris, ça nous fait encore apprécié notre chez-nous.

Allez-vous faire d’autres concerts en Europe dans les semaines à venir ?

Mike : J’espère oui ! On n’a rien réservé pour l’instant. C’est notre petit voyage en France. On reviendra sûrement à l’automne. On va faire les premières parties de certains groupes et faire d’autres concerts.

Ça va être très différent : au Canada, quand vous jouez à un endroit, vous devez faire presque huit heures de voitures pour jouer dans un autre endroit.

Mike : Oui, ici c’est quelque chose comme quarante-cinq minutes. La semaine dernière, on était en Allemagne pour de la promo et le plus long trajet a duré deux heures et demie, ce qui est rien du tout pour nous. (rires)

Quels groupes écoutes-tu en ce moment ?

Mike : Je parle pour les autres gars aussi, on écoute tous beaucoup de hip hop : Kendrick Lamar, Chance The Rapper, Kanye. Mais j’aime toujours mon punk et mon metal. Queens Of The Stone Age. “The Stranger” de Billy Joel : j’ai montré ça a Taylor l’année dernière et le vinyle n’a pas quitté son tourne-disque depuis. Il doit écouter l’album au moins une fois par jour. (rires)

Notre site s’appelle “RockUrLife”. Donc, qu’est ce qui rock ta life ?

Mike : Le rock, jouer live et je parle encore pour les autres mais on adore faire des concerts, sortir et se lâcher, aussi cliché que ça puisse paraître. Nos concerts sont très énergiques et on se nourrit de la foule. Rencontrer des gens aussi, faire des interviews comme ça. J’adore voyager et manger, j’adore cuisiner. Cette semaine, j’ai cuisiné pour les gars du groupe. Il y avait une cuisine là où on séjournait. On a fait pas mal de pâtes. La nuit dernière, Chris, Cole et moi sommes rentrés d’un concert et on avait pas mal bu donc on a réveillé Taylor et je leur ai fait du fromage grillé à deux heures du matin. (rires)

Avez-vous eu le temps d’aller manger dans un restaurant français?

Mike : Oui. Olivier (ndlr : leur attaché de presse) nous a emmenés dans un endroit super sympa, un restaurant de fruits de mer et Taylor et moi avons mangé du homard. J’avais déjà mangé de la queue de homard avant mais jamais un homard entier que tu dois ouvrir en deux. C’est une tonne de boulot. J’ai fait manger des bulots et des huitres à Taylor, il n’en avait jamais mangé. Et, je ne sais pas vraiment comment ça s’appelle en français, mais j’ai mangé une sorte de hachi parmentier, fait de patates très crémeuses et pleines de beurre mixées avec du canard cuit doucement et c’état irréel. Je ne pouvais presque pas le manger parce qu’il y avait mille saveurs. Mon cerveau était en surcharge. (rires) La nourriture est incroyable ici. Et tout le monde est tellement gentil, le personnel aussi. Je n’ai rencontré personne qui a été acerbe. C’était super ! 

Et votre fan base française ?

Mike : Tout le monde a été très positif. J’aimerais avoir encore plus de retours. Il y a peut-être la barrière de la langue mais n’hésitez pas à nous envoyer des messages. (rires)

Site web : bleekerofficial.com