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BLACKRAIN (19/01/16)

Quelques mois avant son grand retour, RockUrLife a pu s’entretenir avec BlackRain pour parler de son nouvel album “Released”.

Bonjour comment allez-vous ?

Max 2 (guitare) : Très bien !

La sortie de votre album “Released” est prévue pour le 25 mars

Swan (chant) : Yes !

Comment vous sentez-vous à quelques mois de la sortie ?

M : Bien, super heureux ! Après presque un an d’attente. Parce qu’en fait, on a enregistré il y a un an, puis ça a été un an de démarchage pour obtenir une signature, donc voilà, on est très heureux d’avoir signé avec ce label, UDR.

D’où la sortie tardive.

M : Oui c’est ça, c’est le temps d’avoir trouvé ce que l’on recherchait. En fait, on cherchait une sortie européenne, tout en étant international, donc il y avait des labels qui ne nous proposaient pas ça. Donc voilà, ça a mis du temps.

Comment avez-vous réagit face à la réponse positive à votre crowdfunding ?

S : Ca a été une bonne surprise. C’est quelque chose qui n’est pas très répandu en France pour le moment. Nous, notre fanbase est plutôt française, ce qui est normal, donc on ne savait pas trop comment ça allait marcher et c’est vrai que le fait que ça ait marché aussi vite, aussi bien, ça nous a un peu tous surpris très positivement, donc on était super content que les fans se soient impliqués dans notre projet comme ça. Ca nous a beaucoup émus en tous cas.

Est-ce que vous comptez réutiliser cette stratégie pour plus tard ?

S : Ah ça on ne sait pas, l’avenir nous le dira. En tous cas, moi ce que je sais, c’est qu’il y a beaucoup de groupes qui le font. Quelque soit la taille du groupe, maintenant tout le monde le fait. Maintenant quasiment à chaque album. C’est à cause, je pense, des changements de l’industrie musicale sûrement, donc peut-être ouais ! Il ne faut jamais dire jamais, donc oui, on y aura peut-être recours, pas forcément pour un album, mais peut-être pour un clip ou je ne sais pas, une tournée, peut-être. On ne sait jamais.

Le titre “Released” vient du fait que vous souhaitiez vous exporter à l’international. Pourtant, lorsque l’on voit l’artwork, on a l’impression qu’il y a une toute autre signification derrière ce mot, avec les menottes ouvertes. Quelle est l’intention derrière cela ?

S : En fait, cela fait référence à un événement qui s’est passé au sein du groupe par rapport au groupe et par rapport à la structure qui entourait le groupe il y a de ça quoi… deux ans ? Un an et demi, deux ans ?

M : Un an et demi, ouais.

S : Enfin, on était déjà dans l’écriture de “Released”. Donc il y a quelque chose de très significatif qui s’est passé dans le groupe et dans son entourage. Puisqu’on s’est retrouvé à travailler par nous-mêmes, finalement. En gros, on a changé de management, ça nous a beaucoup inspiré pour cet album, donc c’est ça le rapport en fait. Maintenant, je ne tiens pas à rentrer plus dans les détails. Mais ça fait référence à ça. (rires)

Et le fait d’avoir travaillé par vous-mêmes, est-ce que ça en fait pour vous un album plus personnel, dans la mesure où vous avez pu exprimer davantage votre identité sans être bridé ?

S : Oui, ça a changé beaucoup de choses. A tous points de vue. Ca a été très important car ça nous a permis de nous rendre compte qu’on faisait aussi bien les choses par nous-mêmes, et qu’on n’avait pas forcément besoin de quelqu’un derrière nous pour tout ce qu’on fait. C’est important d’être entouré pour certaines choses, car on ne peut pas tout faire, chacun son job, mais c’est vrai que c’est vachement bien d’être autonome aussi bien sur la musique que pour l’image, pour la direction artistique, pour l’équipe, pour plein de choses, c’est important de le faire soi même.

M : C’est ce qui s’était passé pour les albums avant “It Begins”, c’est qu’on travaillait seul à cette époque et ça se passait très bien, on se débrouillait. Ensuite, il y a eu une transition, donc on revient un peu au fonctionnement dans lequel on était il y a six ans on va dire, mais avec des choses en plus. C’est-à-dire que pendant ces six années, on a appris plein de choses, qu’on a gardé. Mais voilà, on a gardé la liberté. C’est-à-dire que là on a la technique plus qu’avant, mais avec la liberté qu’on avait peut-être un peu moins il y a trois ans.

Avec cela, votre son a vraiment changé, vraiment évolué. Notamment le chant, qui est beaucoup moins aigu en général.

M : C’est parce qu’il boit trop, il n’arrive plus à faire les notes, il faut le dire ! (rires) C’est comme Phil Anselmo dans Pantera, maintenant c’est vachement…

S : Non, non ! C’est quelque chose de voulu, ouais. Et je pense que j’en abusais beaucoup avant, peut-être que je ne l’ai pas assez utilisé sur cet album, je ne sais pas. Mais je pense que l’on préfère tous comme ça, c’est moins désagréable.

M : Moi, ce que j’aime bien, c’est que ce soit bien placé. En fait, quand quelqu’un est capable de faire des notes bien poussées, bien aigues, s’il l’utilise tout le temps, après ça gâche le plaisir car c’est un artifice auquel tu vas t’habituer, et ça ne va plus le mettre en valeur. Par contre, au contraire, si le gars, de temps en temps en fin de chanson, te fait un truc, tu vas te dire “oh p*tain, il est AUSSI capable de faire ça ?!”. Et c’est ça que j’aime bien dans cet album là, c’est qu’il chante avec une voix à peu près normale, et puis de temps en temps à la fin d’un refrain il va te balancer un truc, et ça va attirer ton attention. C’est ça que, des fois, je regrettais, c’est que quand c’est trop dans les aigus, tu t’habitues à l’aigu et tu ne te dis plus “ah ouais p*tain, c’est énorme, sa note !”. Donc voilà.

Et même, niveau instrumental, il y a également eu un changement. Vous avez ouvert le champ de vos influences, c’est beaucoup plus large. Qu’est-ce qui vous a inspiré, pour ça ?

M : C’était déjà un peu le cas sur “It Begins”, on commençait doucement à faire ça. C’est ce qu’on souhaitait, commencer à rajouter des pianos. On a toujours voulu rajouter un peu des cordes, des trucs comme ça. Après, on le fait de plus en plus, car au tout début, on ne le faisait pas peut-être parce qu’on n’avait pas forcément non plus les moyens de le faire. Des fois ça demande des moyens de mettre des pianos, des cordes, car il faut le programmer, il faut le faire. Mais je crois que dans le rock, ça a toujours été un peu présent. Je crois dans Aerosmith, dans Guns, les Beatles évidemment.

S : Ce ne sont jamais des choses prévues à l’avance, en fait. On le fait au fur et à mesure des albums, des évolutions. Ce sont les envies du moment, les humeurs aussi. Quand il y a besoin, on en met, quand il n’y a pas besoin, on n’en met pas.

M : Peut-être qu’un jour ce sera une guitare acoustique, et puis un sceau, et puis voilà, on ne sait pas !

S : Peut-être qu’un jour on fera du disco ! (rires)

M : Pourquoi pas ! Comme Kiss. Tu ne danseras pas, par contre !

S : Ah non,  ça je ne pense pas ! Même si je le voulais, je ne pourrais pas.

Au sujet de difficultés, en avez-vous rencontrées lors de l’enregistrement et de la composition de l’album ? Comment ça s’est passé de façon générale ?

S : Oh non. Par rapport à l’enregistrement, ça s’est passé quand même assez vite, et puis après on a enregistré dans la foulée. Ca s’est fait pour la deuxième fois avec Jack Douglas, donc on a été à Los Angeles. Ca s’est passé super bien, et comme pour “It Begins”. Bon, c’était beaucoup mieux que “It Begins”, parce qu’on était beaucoup mieux dans le studio à Los Angeles, il n’y a pas photo !

Mais vous n’avez pas tout enregistré là-bas.

S : Oui, il faut préciser quand même qu’on n’a pas tout fait là-bas, on a fait la basse et la batterie avec notre ingé son d’ici Bryan Pachaud, et puis on a fait tout le reste à Los Angeles : le mixage, le mastering, et puis enregistrer les guitares et les voix. Donc voilà, après c’est une grosse expérience, et on se sent quand même vachement privilégiés de pouvoir faire ça avec quelqu’un comme Jack Douglas.

M : Ah, tu enregistres, en fait ? Parce que je me disais, en fait.

S : Elle retient tout ! Moi aussi je me posais la question !

M : Je me suis dit “elle retient tout, elle est forte !” (rires)

Et pourquoi avoir séparé l’enregistrement en faisant d’un côté la basse et la batterie, et de l’autre le reste ?

S : C’est un côté purement pratique, c’est par rapport à ce que ça coûte. Enregistrer un album coûte très cher, et comme on n’avait pas de label à ce moment-là, on n’avait pas d’aide, donc c’est pour ça qu’on a fait du crowdfunding aussi. Et qu’on essayait de faire ça au mieux. On ne pouvait pas se permettre de tout enregistrer à Los Angeles.

M : En gros, on avait le budget pour un mois d’enregistrement à Los Angeles. Donc s’il avait fallu enregistrer la basse, plus la batterie, on n’avait pas le temps.

C’est la deuxième fois que vous enregistrez avec Jack Douglas, mais également avec Warren Huart. Qu’est-ce qu’ils vous ont apporté, comment ont-ils fait évoluer vos enregistrements ?

S : Déjà ce qu’il faut savoir, c’est que quand on amène les morceaux, ils sont quasiment déjà finis, il n’y a quasiment rien qui change. Ce qui a vraiment beaucoup changé par rapport à celui d’avant, c’est qu’on était là bas, donc on est restés jusqu’à la fin. Donc ça veut dire que le mixage, sur “It Begins”, on n’y était pas. Ca s’est fait à distance, c’est un truc que je n’aime pas du tout, parce qu’à la fin on se met d’accord sur des compromis. Ce qui ne peut pas te satisfaire pleinement à chaque fois. Donc là, on a quand même suivi le processus jusqu’à la fin, ça s’est beaucoup mieux passé. Donc le résultat final, moi personnellement, je suis beaucoup plus satisfait que la dernière fois. Principalement, c’est ça que ça change. Après, il n’y a pas grand chose à faire. Travailler avec ces gens-là, de toute manière, ils ont tellement d’expérience, ils savent tellement de choses. Nous on est arrivé avec ce qu’il y avait à faire exactement, donc il n’y a pas de question à se poser. On arrive, on sait qu’il y aura le son, on sait ce qu’on doit jouer, donc ça va très vite. Il n’y a jamais de problème.

 

 

Par rapport aux thèmes qui sont abordés dans l’opus, de ce que vous voulez faire passer à travers votre musique, on y retrouve beaucoup de choses, un large choix de thématiques, mais traitées ici de façon peut-être plus originale, comme notamment “Eat You Alive” avec sa connotation du cirque. D’où vous est venue cette nouvelle inspiration ?

S : “Eat You Alive”, c’est l’histoire d’un groupe sur la route en fait. Rien de plus, rien de moins.

M : Un groupe de musique, c’est comme des gitans, c’est un cirque quoi, de toutes manières c’est un spectacle. Donc tous les soirs tu vas dans une ville nouvelle, et tu ouvres ton spectacle aux gens qui viennent te voir. Sauf que nous, c’est du rock n’roll, c’est peut-être un freakshow ou quelque chose comme ça, c’est ce qu’on exprime dans “Eat You Alive”.

S : Par rapport à l’album en général ça va dépendre. De toutes manière, ce sont toujours des expériences personnelles et ça décrit des choses qu’on voit, qu’on vit.

M : Mais quand même, le thème de la libération est malgré tout assez redondant. Traité de manière peut-être d’une manière un peu différente, mais quand même on peut le retrouver dans plusieurs chansons. C’est le côté “non mais voilà ça me saoule, et je veux faire autrement” pour caricaturer un peu le truc, mais tu peux retrouver quand même ce thème dans “Killing Me”.

S : C’est un thème récurrent, oui.

M : C’est un thème récurrent, ce côté de liberté.

S : C’est vrai, sans doute parce que c’est arrivé à un moment spécial, c’est pour ça que ça s’appelle “Released”. Mais après moi je conseille juste aux gens d’écouter et de lire les paroles pour comprendre.

M : En tous cas, ouais, c’est un album qui en somme comporte quasiment tout, mais quand même, on se reconnaît dans chaque chanson. C’est ça qui est vraiment au centre, et qui fait que cet album est vraiment sincère. Chaque fois qu’il aborde un thème de chanson, on est déjà les premiers concernés, parce qu’on se reconnaît dedans. Par exemple la chanson “Home”, voilà, ça parle de nous, d’être loin de notre chez-nous. Comme on vient tous de notre Savoie, on dit ce que nous, on ne peut pas dire, par nos paroles. Je pense que c’est un album très sincère.

Vous parlez de sincérité, et pourtant, on en parlait avec “Eat You Alive”, vous avez mentionné les thèmes du spectacle, du freakshow, de se donner à voir aux gens. Du coup, à quel point peut-on être honnête ?

S : C’est compliqué. Ce n’est pas non plus comme si l’on jouait un rôle dans cette chanson, on exprime simplement un fait, le sentiment que provoque le fait d’être sur scène.

M : C’est pas non plus qu’on doit faire ça, de jouer un rôle. Il y a le côté, quand on va sur scène, où on ne joue pas un rôle, mais il y a un côté où l’on peut vulgairement se lâcher, et exprimer totalement ce que l’on ressent via notre instrument. Et c’est une heure et demi de truc dans la journée, quand un groupe tourne tous les jours, où voilà, le reste du temps est tout autre chose.

S : En fait, c’est le moment où tu es en échange d’énergie. C’est un moment spécial où il y a un échange d’énergie entre nous et le public déjà.

M : C’est le moment où tu relâches la bête. Où tu peux t’exprimer totalement. Et dans ce cas-là en fait, tu ne joues pas un rôle. Tu exprimes un truc que tu ne peux pas exprimer tout le temps. Donc tu agis forcément différemment. Voilà. Tu ne peux pas, en soirée.

S : Non, tu ne peux pas.

M : Je ne peux pas, par exemple, là monter sur la table, faire mon délire alors qu’ils n’ont pas demandé à me voir faire des solos comme ça.

S : Disons que l’on va se retrouver dehors assez vite.

M : Donc voilà, ça a un côté sur scène un peu hors de la vie. En fait, avant de monter sur scène, le groupe, il faut quand même savoir qu’il se fait chier. Il est dans les loges, il attend tôt, et il y a ce côté où tu as envie d’y aller de plus en plus, et tu t’ennuies dans les loges.

S : C’est l’image du lion en cage.

M : Oui, l’image du lion en cage ! Et que, en fait, c’est aussi important, ce côté “on s’ennuie”, parce que tu craques dans les loges, donc au moment où tu sors, tu es libéré, tu pètes un câble.

A part celle-ci, vous avez mis en avant “Back In Town” et “Our Last Prayer” en faisant des clips dessus. Pourquoi avoir choisi celles-ci ?

S : En fait, “Back In Town” elle a été choisie par rapport à nous, au management. Personnellement, c’est une de mes chansons préférées sur le nouvel album. Et il n’y aura pas que ça comme clip, en fait, il y a aussi pour “Killing Me”. Donc c’est ça, il y aura la lyric vidéo de “Back In Town”, “Killing Me” avec un clip, “One Last Prayer” qui a un clip. Après il y aura encore deux autres clips qui vont arriver.

M : Après, “Back In Town” ça collait grave bien à notre retour ! Les paroles, ça colle vraiment à ce qu’on a vécu. C’est un peu “hey les gars, vous croyiez qu’on était mort, mais non, non ! On est là, on revient et ça va tout buter !”, donc ça, ça me plaisait, que ce soit la première pour notre retour dans la partie.

S : Ouais, en tous cas d’un point de vue personnel, je trouvais que c’était ce qui collait le mieux. Après, “One Last Prayer”, je ne sais pas. En réalité, ce n’est pas tout à fait défini ce qui va être mis en avant au moment de la sortie.

Et pourquoi avoir choisi de faire de “Back In Town” une lyric vidéo, contrairement aux autres ?

S : C’était juste une question de logique. En général, c’est comme ça que l’on fait maintenant, on sort déjà la lyric vidéo pour donner envie aux gens, et ensuite c’est vrai que ça collait bien à la situation.

M : En fait, on voulait sortir “Back In Town” et la mettre en premier, et sur cette chanson en fait, on avait un concept. Donc Math, notre bassiste, qui réalise les clips, c’était de ne pas nous voir. On s’est dit “tiens, on va faire un petit concept original, on est de retour, mais on ne nous voit pas dans le clip”. Donc c’était le concept qui s’est imposé par lui-même : on va suivre une nana qui fait ça et ça. Donc ce serait bien de mettre les paroles en lyrics. C’est vrai que ça s’y prêtait moins pour une chanson comme “One Last Prayer” par exemple. On avait tout de suite l’idée dès le début de voir des choeurs gospel plutôt, on aurait moins vu des lyrics qui arrivent comme ça sur “One Last Prayer”, ça aurait fait bizarre.

Et du coup, au niveau du visuel, vous avez travaillé avec Dean Karr (qui a photographié Tool, Marilyn Manson, ou encore Lenny Kravitz), qu’a-t-il apporté à votre concept ?

S : C’était vachement confortable. C’est comme travailler avec Jack de travailler avec Dean Karr. Il a beaucoup d’expérience, il sait ce qu’il fait, et surtout il est déglingué quoi. Non mais c’est quelqu’un de très attachant, de très marrant, et c’est vrai que c’est pareil, il n’y a jamais de stress, tout va bien, c’est détendu, et du coup les choses se passent bien. Et après, lui il a plein d’idées, il a beaucoup d’imagination, donc c’est vrai que c’est bien. Puis il a l’oeil du photographe.

M : Ouais !

S : Donc c’est vrai qu’on n’a jamais eu autant de photos en une seule séance photo. C’est un truc de ouf.

M : Oui c’est vrai, il est très bon techniquement ! Il est hyper bon ce mec là. Et il a des idées surtout d’endroits, mais c’est quand même surtout à toi d’exprimer. Voilà, il dit “je ne peux pas faire quelque chose d’autre que de te prendre en photo, c’est à toi aussi de faire”. Il ne va pas dire “habille toi comme ça, fais ci, fait ça”, voilà. Il va respecter ce que tu es, en photographe. Non mais de toute façon, je pense que c’est ça aussi. Je pense que certaines personnes aussi demandent parfois trop à un photographe. Le photographe, il va chopper ce que tu es, il ne peut pas te dire d’exprimer autre chose, donc voilà, techniquement il a été parfait. Après, il nous a emmené dans des endroits super marrants. A un moment on était dans une rue à Los Angeles, on était en bagnole, et là tac-tac, il voit un mur, c’était une espèce de pluie dessinée verte, il se dit “ah génial, on va faire une photo là !”, hop il sort le matos et on prend une photo. Donc ça, c’est le genre de trucs vraiment cool, et du coup c’est une des photos que l’on utilise le plus.

S : Sachant qu’en plus il y avait un clochard au départ.

M : Oui et il a donné cinq dollars au clochard pour qu’il change de place.

S : Ouais, comme ça, il sort cinq dollars, et le clochard s’est bougé. Ca, c’est des choses qu’on ne voit pas ici.

M : Non mais c’est très rassurant, et on s’est rendu compte que du coup, quand les choses se passent sans stress, le résultat est plutôt cool.

S : C’est l’avantage avec ces personnes-là. Enfin, après il faut rappeler ce qu’il a fait aussi, c’est quand même lui qui a fait Velvet Revolver, il a travaillé pour Marilyn Manson, il a fait “Sweet Dreams”. Il a fait des clips quand même vachement spéciaux, que tu ne trouves nulle part ailleurs. Ce sont des mises en scène vachement cool, c’est génial. Après, on aime ou on n’aime pas. Donc ouais, quand tu travailles avec des gens comme ça, ils ont plein d’idées, et c’est toujours bien.

Est-ce vous qui avez émis le souhait de travailler avec lui en particulier ?

S : Non, on n’a pas eu l’idée tout de suite, en fait. Mais c’est par connexions interposées en réalité. On avait des amis en commun, et c’est comme ça qu’on a été amené à lui parler. Puis c’est vrai que quand on a su qui c’était, et ce qu’il avait fait, on s’est dit que ce serait quand même bien de travailler avec lui. Et puis c’est vrai qu’on a aussi quand même eu la chance de passer des soirées avec lui avant, donc c’était bien.

M : On a bien rigolé !

S : (rires) C’est vrai que c’était vraiment marrant !

M : La première rencontre, on a pensé qu’on allait parler de concept visuel pour les photos, mais en fait pas du tout, on a parlé de rien du tout. Que de musique et de pizzas, et d’alcool, et on a passé une soirée à regarder la télé, au final. On a bien rigolé. Et après, on a fait des photos.

Vous aviez l’habitude de terminer vos concerts par “It’s A Long Way To The Top”. Pourquoi celle-ci en particulier, et pourquoi l’avoir arrêtée aujourd’hui ?

S : Mais ça c’était avant. On a arrêté parce qu’il faut se renouveler de temps en temps. Mais on va sûrement la refaire à un moment donné, parce qu’on l’aime beaucoup, cette chanson ! Ça définit parfaitement la vie d’un groupe de rock, et c’est une réalité surtout de la vie d’un groupe de rock, ce que les gens généralement ne soupçonnent pas. Les gens qui te voient dans un magazine pensent que tu es millionnaire, et ils pensent que tu es un branleur aussi. Ce qui n’est pas du tout le cas, et en fait, être musicien est un choix, et c’est beaucoup de sacrifices. Puis ça met énormément de temps à se concrétiser aujourd’hui. C’est pourquoi on s’identifie beaucoup à cette chanson.

M : Et puis, que tu remplisses des stades ou des salles de 300 personnes, tu es dedans, tu es dedans jusqu’au bout. Hier, j’ai été voir The Darkness, c’est des mecs qui, il y a dix ans, faisaient des trucs de fou, et hier il y avait 400 personnes. Mais tu vois le concert qu’ils faisaient il y a dix ans, quand ils étaient multi-millionnaires, et maintenant, c’est la même chose. Ils se donnent autant, que ce soit devant 300 personnes, ou devant le Zénith. Donc la ferveur, c’est la même, et c’est ça qu’il faut voir quand tu fais de la musique. C’est qu’entre le mec qui fait des stades, et le mec qui va jouer devant 300 personnes, normalement tu as la même ferveur de jouer.

Et lorsque vous voyez le chemin que vous avez parcouru, et celui qu’il vous reste, est-ce que vous vous dites qu’il y a encore “A Long Way To The Top” ? La route est encore longue ?

S : Carrément !

M : Ouais !

S : Je pense que déjà on n’a pas été très favorisé, du fait que l’on était français depuis le départ, parce que ça n’aide pas du tout dans le monde du rock. Après, c’est comme ça. Nous on s’en est toujours bien sorti, on s’est toujours démerdé. Je pense que ça aurait été cool de pouvoir sortir à l’international avant cet album. Malheureusement, ça ne s’est pas concrétisé avant. Tant pis. De toutes façon on est là, on a fait ce qu’on avait à faire, on a fait nos choix. Donc maintenant, on s’entend tous très bien. On a quand même des liens dans le groupe. Il n’y a pas beaucoup de groupes qui peuvent se vanter d’avoir. Depuis plus de dix ans qu’on bosse tous ensemble, enfin c’est cool. Et puis, de toutes façon, la route est toujours longue, et ce n’est jamais acquis. C’est ça aussi. C’est pas parce que demain l’album ça se trouve va super bien marcher que celui d’après tu ne vas pas te retrouver à la rue non plus.

M : Ouais voilà, c’est comme ça ! Et je pense qu’il faut vivre le moment présent à chaque instant. Ce qui compte, c’est le chemin, ce n’est pas le sommet. Parce que ça se trouve, le jour où sera au sommet, enfin, je fais l’avocat du diable, mais peut-être qu’on s’entendra moins parce qu’on se verra moins. C’est pas parce que tu es au top que les moments sont mieux aussi. Après tu vois bien comment ça se passe dans les coulisses des groupes : il y a des problèmes après quand tu grandis en notoriété qui sont plus compliqués et tout. Donc moi j’adore ce qu’on a vécu, j’espère que l’on va vivre encore des choses mieux, mais je ne crois pas que ce soit vraiment la gloire que l’on recherche, c’est plutôt exprimer ce qu’on a à exprimer, avec les moyens qu’on a.

Et en parlant de groupes qui ont atteint ce top, vous avez fait des concerts avec Papa Roach, Alice Cooper, Europe, Scorpions… Qu’est-ce que ça vous a apporté ? Qu’est-ce que vous en avez tiré ?

M : Au début, ça nous apportait de dire “voilà, on l’a fait”.

S : C’est de la visibilité, de la promotion.

M : Oui, de la promotion, et se dire qu’on est quand même sur la bonne voie. Quand on a joué avec Papa Roach, c’était quand même assez tôt, c’était en 2010, Alice Cooper aussi c’était en 2010. Donc voilà, avant on jouait quand même dans des trucs pas forcément avec des noms connus. Donc c’est vrai qu’à cette époque, quand on jouait avec ça, on se disait quand même “ah c’est cool !”. Puis, ça apporte quand même de la visibilité, certes, mais aussi tu vois comment eux ils bossent, et ça apporte…

S : En fait, ça apporte de l’expérience.

M : Énormément d’expérience, et de connaissances.

S : Et c’est vrai que ce n’est pas le même effet. Je pense qu’il y a quand même un peu plus de stress quand tu débarques devant 15 000 personnes, que quand tu débarques devant 300. Il y a plus d’énergie, et tu ne réagis pas de la même manière. Même si moi, personnellement, le stress est là quoi qu’il en soit. C’est quand même des trucs ouf de te retrouver devant 15 000 personnes.

Qu’est-ce qu’on peut vous souhaiter pour la suite ?

S : Plein de concerts devant 15 000 personnes ! (rires) Non mais que l’album marche super bien à sa sortie partout dans le monde, et que ça nous permette même de le sortir aux States, d’aller tourner partout.

M : Oui, parce que voyager en tant que musicien, c’est vraiment énorme, c’est génial. Pouvoir jouer, rencontrer les gens dans chaque pays, et voilà. Donc nous souhaiter ça, d’avoir la liberté d’exercer cette magnifique chose.

C’est ce qu’on vous souhaite alors. Vous avez déjà des projets pour la suite ?

M : Notre prochain album, déjà, entre autres.

S : Forcément, puisque celui-ci a été enregistré il y a un an, puisqu’on fait toujours de la musique, il y a déjà des choses prêtes, et puis on est sur le prochain.

 

 

 

Pour terminer, notre question traditionnelle : notre média s’appelle “RockUrLife”, donc qu’est-ce qui rock votre life ?

M : L’alcool rock beaucoup notre life ! (rires)

S : Ouais, le vin rouge ! (rires)

M : Non, mais c’est comme toi, ce qui rock notre life c’est d’aller voir des concerts, d’écouter de la zik. Nous on aime bien quand même partir en voiture, avec la zik à fond, et…

S : Et boire.

M : Et boire ! Mais pas au volant, attention ! Avec modération, au volant ! C’est une fois qu’on est arrivé à la fête, après on prend un taxi ! (rires).

C’est crédible. Merci beaucoup pour cette interview, en tous cas !

Les deux : Merci à toi.

 

 

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